Cela faisait quelques jours que CJ avait passé le reste de la fin de journée avec Neilina et la jeune fille en avait appris plus sur sa marraine de cœur. Bon, Neilina n’était pas une fée, encore moins une fée marraine mais pour l’adolescente, c’était sa tante de cœur et sa marraine de cœur, n’ayant jamais eu de marraine justement. Cela lui avait d’ailleurs fait du bien de la voir et passer un peu de temps avec elle puisqu’elle ne l’avait pas vue depuis leur retour du monde des contes et que l’enterrement de Robin n'allait plus tarder à avoir lieu. Enfin, si on pouvait appeler ça un enterrement vu que le cercueil sera vide.
Aujourd’hui, en revenant de l’école, elle était décidée à demander à sa mère adoptive de lui apprendre la magie. Oh, sa grand-mère, Cora, lui avait proposé de lui donner des cours aussi mais avec ce qui s’était passé en Enfer et puis dans l’océan du monde des contes, CJ pensa que c’était sans doute mieux de commencer avec Regina. Non pas qu’elle ne faisait pas confiance à Cora mais certains actes et comportements de la reine des cœurs lui avaient fait penser qu’elle n’était peut-être pas du côté du bien. Peut-être plus tard, alors elles pourront passer du temps entre grand-mère et petite-fille et faire de la magie ensemble. Pour l’heure, la gamine avait plus envie de se rapprocher de sa mère adoptive après avoir perdu celui qui était comme un père pour elle.
Comme Henry devait passer du temps avec son grand-père maternel, David – qui était très sympathique en plus d’être le mari de Melle Blanchard – ce fut seule et à pied qu’elle rentra à la maison. Cela lui avait permis de bien réfléchir à comment elle allait aborder le sujet mais il y avait aussi un autre point qu’elle voudrait mentionner avec Regina : celui de l’appeler « maman ». Sans doute était-ce un peu trop tôt mais cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait plus appelé quelqu’un ainsi et puis, sa mère biologique ne lui en voudrait surement pas.
Déposant son manteau au porte-manteau situé à l’entrée, elle y laissa son sac de cours et partit à la recherche de Regina. C’était vendredi et donc, le début du week-end. L’adolescente n’était pas trop pressée à faire ses devoirs. Tout à coup, elle eut un message. Elle lut rapidement. C’était le petit Roland. Elle lui avait passé son numéro de portable au cas où il voulait la contacter mais seulement avec l’aide d’un adulte. Ça ne pouvait être que Juliette car CJ ne voyait vraiment pas Petit Jean utiliser un téléphone portable. Allez savoir pourquoi ? Elle lui répondit qu’elle passerait le voir le lendemain si Juliette et Petit Jean étaient d’accord. Elle eut très vite la confirmation qu’elle pouvait venir lui rendre visite. CJ faisait tout pour garder contact avec son « autre petit frère ». Elle l’avait fait quand il était encore avec la fausse Marianne dont elle ne connaissait pas encore la réelle identité, ignorait qu’il s’agissait de Zelena, la sœur aînée de Regina. Eh ben, ça en fait des secrets de famille ici !
- Je suis rentrée ! Regina ?

Regina le savait, CJ finissait plus tôt les cours qu’Henry le vendredi. D’ailleurs, cette semaine qui s’achevait était la première passée à Storybrooke depuis leur retour du tragique séjour dans le monde des contes, et le fils de madame le maire savait qu’elle avait besoin d’un peu de calme et de solitude pour se poser et finir d’organiser les funérailles de Robin. C’était tellement difficile, l’ancienne reine n’aurait jamais pensé devoir faire une telle chose et elle en souffrait terriblement. C’était comme si tout son monde, celui qu’elle s’était bâti en abandonnant les ténèbres, s’était écroulé comme un château de cartes. Heureusement, elle bénéficiait de l’aide de ses amies, certes peu nombreuses, et du soutien de ses adorables enfants. Et puis la fée bleue lui avait annoncé une bonne nouvelle l’avant-veille, telle une lueur dans tout ce chaos. Pour l’instant, seules Eve, puisque c’était elle qui le lui avait dit, et Neïlina savaient que Regina était enceinte. C’était tout récent, beaucoup trop pour que cela se voie et bien trop pour pouvoir l’annoncer aux enfants. Si elle venait à le perdre, malheureusement cela pouvait arriver à un stade encore précoce, ils en seraient affectés tout comme ils l’étaient par la mort de Robin. Qui ne l’était pas, d’ailleurs ? L’archer était tant aimé, et pour cause, c’était l’un des plus grands héros que les contes et légendes aient connu.

Ne voulant pas laisser CJ seule à la maison, Regina s’était arrangée pour rentrer avant elle et avait emporté avec elle ce qu’elle devait terminer pour l’enterrement, à savoir les faireparts. Déjà tout le reste était d’une odieuse difficulté : choisir un cercueil, un emplacement au cimetière (pour ceci, elle avait opté pour une place juste à côté de son caveau, ne pouvant prétendre à mettre son nom avec le sien, au moins serait-il à côté), une date… A présent il fallait adresser une « invitation » à tous ses proches. Madame Mills avait gardé cette tâche, sans doute la plus difficile, pour la fin tant elle ne se sentait pas la force de voir défiler tous les noms de toutes ces personnes affectées par le départ de l’archer. En fait, il s’agissait ni plus ni moins que de toute la ville. Soudain, la voix de CJ la sortit de ses réflexions. Déjà ? Le temps avait filé à une allure folle. Madame le maire fit disparaître toute la paperasse qui se retrouva par magie dans son bureau, et descendit rejoindre sa fille adoptive.

-Je suis là, ma chérie.

Arrivée au rez-de-chaussée, elle prit l’adolescente dans ses bras.

-Tu as passé une bonne journée ?

Elle lui replaça une mèche de cheveux derrière l’oreille et la regarda dans les yeux.

-CJ, je réalise qu’avec tout ce qui s’est passé, nous n’avons pas eu le temps de discuter. Tu dois avoir une multitude de questions et je suis consciente que j’ai manqué à tous mes devoirs en te laissant dans l’ignorance.

La pauvre jeune fille s’était retrouvée témoins de choses horribles dont elle n’aurait jamais dû avoir conscience, mais voilà, ça s’était produit. A présent, Regina avait confiance en elle, et ce même avant la « virée » aux Enfers. Et si avec Robin ils avaient convenu de tout lui dire, les événements s’étaient enchaînés bien trop vite : l’arrivée de la fausse Marianne, la rupture, puis leur « voyage » non souhaité dans le monde des contes qui s’était soldé par des pertes tragiques.

-Je sais que Neïlina passe beaucoup de temps avec toi, et je m’en veux de… ne pas avoir été là. Mais maintenant je suis là, et je tiens à répondre à toutes tes questions.

CJ n’avait pas dû attendre longtemps car Regina descendit peu après, prenant un instant la jeune fille dans ses bras. Celle-ci ne se fit pas prier, appréciant toujours les câlins. Tandis que sa mère lui replaça une mèche de cheveu – décidément, il faudrait qu’elle pense à mettre une pince afin d’éviter d’avoir les cheveux devant les yeux – elle répondit à sa question :
- Oui, ça a été ! ça va mieux avec les autres de ma classe et oh je t’ai pas dit ! Je me suis faite une nouvelle amie pendant l’excursion en forêt cette semaine.
C’était il y a quelques jours mais avec tout ce qu’il fallait faire, cela lui était sortie de la tête. Mais Regina prit ensuite la parole. Elle s’en voulait de ne pas avoir été là pour elle avec ce qu’elles avaient vécu dernièrement en plus de l’avoir laisser dans l’ignorance. Bon, techniquement, CJ n’était pas vraiment dans l’ignorance mais elle ne savait pas comment c’était dans le monde des contes 30 ans plus tôt, ni comment étaient réellement habitants de cette ville. Là, elle avait pu voir le vrai visage de certains si l’on pouvait dire. Et encore, elle n’avait pas vu tous. Cora n’avait pas encore pu montrer son vrai visage à sa petite-fille. Surtout que la reine des cœurs était en partie responsable de la disparition de Robin. Si elle n’avait pas lancé un sort pour énerver encore plus le Kraken, Robin n’aurait sans doute pas trouvé la mort.
La maire termina en affirmant à sa fille qui elle avait des questions, la jeune femme était à présent là pour y répondre. Et la petite en avait des questions. Certaines avaient été répondues par Neilina mais ça ne concernait que celle-ci.
- Ah ! ça tombe bien ! J’en ai pas mal !
Sur ce, elle prit la main de sa mère et l’entraina jusqu’au salon où elle s’assit dans le divan. Pour une fois en plusieurs semaines, elle avait l’occasion d’avoir une discussion mère-fille, ce qu’elle n’avait plus eu depuis un moment d’ailleurs.
- Alors, déjà … commença l’adolescente, un énorme sourire sur le visage. J’ai réfléchi à pas mal de truc et est-ce que tu voudrais bien m’apprendre la magie ? Grand-mère avait proposé mais je crois que ce soit mieux que ce soit toi ! Peut-être plus tard avec grand-mère ! Et au fait, c’est qui qui t’a appris la magie ? C’est grand-mère ? Et y a un autre truc que je voudrai te demander … (se mordant légèrement la lèvre inférieure) Je peux t’appeler … Maman ? Cela fait tellement longtemps que je ne l’ai plus dit et ça me manque et …
En repensant au fait qu’elle ne pourrait pas appeler Robin « papa », cela lui déchira un peu le cœur. Elle regrettait de ne pas avoir posé la question plus tôt.

CJ avait l’air d’aller bien, mais Regina ne pouvait s’empêcher de se demander si ce n’était pas qu’une façade. Avec Henry, elle avait bien pu expérimenter le fait que les enfants savaient parfois bien cacher leur jeu. L’adolescente faisait partie de cette famille depuis peu, sans doute avait-elle été perturbée par les événements récents. Qui ne l’aurait pas été en se retrouvant dans les Enfers, témoins de choses terrifiantes comme une attaque de Cerbères, de chimères et furies et enfin voir mourir celui qui était en quelques sortes devenu une figure paternelle pour elle ? Mais la jeune fille continuait d’être pétillante, une véritable bouffée d’air frais et c’était pour Regina un réel bonheur de l’avoir avec elle. Cette petite demoiselle l’aidait beaucoup, par son simple tempérament, à relativiser et se sentir un peu moins mal. Enfin incapable de vraiment sourire malgré la nouvelle qu’elle avait appris la veille grâce à la fée bleue, l’ancienne reine hocha la tête à l’annonce de CJ qui s’était fait une nouvelle amie.

-C’est merveilleux ma chérie. Comment s’appelle-t-elle ? Elle est dans ta classe ? J’espère que tu me la présenteras.

Machinalement, l’entendre parler de l’excursion en forêt la fit penser à Robin. S’il avait été là, nul doute que ç’aurait été lui qui aurait encadré les enfants pour cette sortie, lui qui aimait tant la forêt. Madame Mills fit un effort pour essayer de balayer de son esprit l’image de l’archer, ça lui faisait trop mal et elle ne voulait surtout pas se mettre à pleurer devant CJ. Elle comprenait désormais pourquoi elle avait tant de mal à retenir ses larmes, sans doute que son état y était pour quelque chose. Elle s’empressa alors de dire à sa nouvelle fille qu’elle était prête à répondre à toutes ses questions, loin de s’imaginer qu’elle savait déjà beaucoup de choses sur la vérité à propos de Storybrooke. La demoiselle annonça qu’elle en avait beaucoup, et toujours aussi débordante de vitalité, elle entraîna sa mère adoptive au salon où elles prirent place toutes deux sur le canapé. Regina croisa les jambes et se tourna vers CJ, attendant qu’elle commence. Mais la première question fut loin d’être ce qu’elle attendait. Regina eut cette désagréable sensation d’assèchement dans la bouche. La magie… Pourquoi donc CJ voulait-elle apprendre la magie ? L’adolescente évoqua Cora.

-La magie ? Mais… Pardon ? Ma mère t’a proposé de t’apprendre la magie ? demanda-t-elle en question rhétorique.

Décidément, Cora ne pouvait pas s’empêcher de se mêler des affaires des autres. Mais la suite arriva, Regina avait tendance à oublier que parfois avec les enfants, les questions déferlaient, se suivant sans se ressembler. La dernière demande la toucha en plein cœur, à tel point qu’elle en eut les larmes aux yeux. Elle lui prit les mains et esquissa un petit sourire, sans doute le maximum de ce qu’elle pouvait donner au vu des circonstances.

-Oh CJ, je suis très touchée par ta demande. Si tu penses, si tu ressens que c’est ainsi que tu veux m’appeler, alors oui, tu peux.

L’ancienne reine songea à Roland qui lui avait demandé la même chose quelques temps auparavant, avant que Marianne, du moins la fausse, ne revienne et que Robin ne la quitte.

-Quand je te proposais de répondre à tes questions, je pensais davantage à des questions concernant… enfin tu vois, les gens d’ici, ou ce que tu as pu voir quand nous étions dans les Enfers.

Elle déglutit.

-Concernant la magie, CJ… ce n’est vraiment pas une bonne idée. Avec la magie, il y a toujours un prix à payer. Pour répondre à ta question, ma mère ne m’a pas appris la magie, en fait au départ, je ne voulais surtout pas être comme elle. Et puis, il s’est passé des choses, j’ai commencé à changer, et malheureusement pas en bien. C’est Rumpelstiltskin qui m’a appris la magie, en profitant par la même occasion pour noircir mon cœur encore davantage. Cela faisait partie de son plan pour nous faire tous venir ici.

Certains pourraient penser que CJ, après ce qu’elle avait vécu, aurait été super traumatisée mais cacherait son jeu comme tous les enfants. Oui, cela l’avait beaucoup choquée mais de là à la traumatiser … Loin de là. Elle se remettait doucement du choc d’avoir été prise en otage et d’avoir vu son père de substitution mourir sous ses yeux. Elle avait quatorze ans et dans plus de 6 mois, elle en avait quinze. Elle pouvait faire preuve de maturité malgré son jeune âge mais elle restait une adolescente. Une adolescente qui prenait exemple sur ses modèles, qu’ils soient encore parmi les vivants ou non. En se demandant ce que Robin aurait fait à sa place, elle s’était dite que la meilleure façon était de rester fidèle à elle-même, comme l’archer l’avait été en Enfer et jusqu’au bout. L’image général qu’on avait de CJ était une jeune fille pétillante, toujours le sourire aux lèvres. Si elle se montrait ainsi, cela faisait un peu mieux passer la douleur.
Regina fut très ravie d’apprendre que sa fille s’était trouvée une amie.
- Elle s’appelle Lexie, elle est à une classe au-dessus de la mienne et elle dessine super bien. Elle pourrait venir dormir une fois à la maison. Comme ça, je la présenterai !
Puis, elle parla de la magie et apprendre que Cora avait proposé de le lui apprendre surprit Regina mais au ton de sa voix, cela s’entendait que ça ne lui plaisait pas trop. La dernière question, celle qui tenait beaucoup à CJ, toucha sa mère adoptive. En même temps, quelle mère adoptive ne serait pas émue par une telle demande. La jeune femme lui prit les mains tout en souriant légèrement pour lui dire, les larmes aux yeux, que si la petite ressentait le besoin de l’appeler « maman », elle pouvait.
- Oh merci … Maman !
La demoiselle essuya alors les larmes qui coulaient le long des joues de sa mère, tout en se retenant de pleurer elle-même. Elle devait être forte pour remontrer le moral de Regina mais aussi celui de ses frères.
Regina reprit ensuite la parole, disant que niveau question, elle avait plus pensé à des questions concernant les habitants de la ville ou ce que l’adolescente avait vu en Enfers.
- Ah ça ! Ben en fait, je savais déjà un peu l’histoire à écouter les autres quand j’étais au couvent et faut pas en vouloir à Mushu et Belle. Mushu, je crois qu’il m’avait prise pour un personnage de conte parce que je lui avais parlé de Mulan et tout ce que je savais sur elle. Et Belle, je l’ai un peu coincée en lui posant des questions sur son personnage. Et en écoutant les autres, j’avais compris qu’un méchant personnage avait lancé un sort qui avait envoyé une partie des personnages de conte dans ce monde-ci. D’ailleurs, ça m’a inspiré une idée d’histoire. Si tu veux, je peux te le passer à lire ce que j’ai déjà écrit.
Elle écouta attentivement ce que Regina lui raconta au sujet de la magie et de comment l’ancienne méchante reine l’avait apprise. En même temps, CJ apprenait déjà un peu sur la magie.
- Mais je croyais que c’était toi qui avait lancé la malédiction ! Et il s’appelle comment à Storybrooke le Rumpletil Argh j’ai toujours eu du mal à prononcer correctement son nom ! Ses parents avaient dû avoir un peu trop bu pour fêter sa naissance pour lui donner un nom aussi compliqué à prononcer !
Mais cela fit réfléchir la petite.
- Donc si toi tu es devenue méchante parce qu’il t’a appris la magie, donc la magie noire, grand-mère aussi alors !
Cela lui semblait logique. Mais là, ce n’était pas la même chose. Regina n’était plus une méchante et les intentions de l’adolescente étaient honorables.
- Mais là, c’est pas la même chose. Enfin, euh attends, je t’explique. Si je te demande ça, c’est un peu à cause de ce qui s’est passé en Enfer. C’est vrai que ça m’a choquée, surtout d’être prise en otage par cette andouille de Charles et les paroles qu’a eu Rozen sous sa forme de lapin gothique flippant. D’ailleurs, tant que ces deux-là ne s’excusent pas, je ne leur parle plus. Je dis bonjour par politesse mais sans plus. Mais ça m’a fait réfléchir. Je ne veux plus être la demoiselle qu’on tente de protéger parce qu’elle n’a rien pour se défendre. Je veux aussi défendre et protéger ceux que j’aime. Bon, je sais un peu me débrouiller au niveau du tir à l’arc mais c’est vrai qu’un peu de magie en plus, ça aide. Mais seulement pour aider les autres et faire le bien. Pas pour faire le mal. Comme le dit l’oncle Ben, de grands pouvoirs amènent de grandes responsabilités !

Il était indéniable que Regina aimait de plus en plus CJ et que du moment où elle était venue habiter au 108 Miflin Street, elle l’avait considérée comme un membre de la famille, comme sa fille, comme la sœur d’Henry. Aussi, tout comme pour son fils, elle s’intéressait à ce qu’elle faisait et qui elle fréquentait, même si ces derniers temps madame le maire avait beaucoup d’autres considérations bien moins réjouissantes que les copines de sa fille à songer. Mais elle était ravie d’apprendre que sa petite protégée s’intégrait et se faisait des amies. C’était important. A son âge, Regina avait Anne, devenue Neïlina ici, qui était sa meilleure amie, sa confidente, la personne de qui elle se sentait le plus proche, aussi comprenait-elle la joie de l’adolescente qui était heureuse de parler de sa nouvelle amie Lexie.

-Bien sûr, ma chérie, tu peux l’inviter à la maison quand tu veux. Est-ce que je connais ses parents ?

Cette question avait à la fois pour but de savoir à qui donner des nouvelles, et également de savoir si cette famille avait des raisons de lui en vouloir, hormis la malédiction. En clair, est-ce que la méchante reine avait fait du mal à cette famille ?
Ces temps-ci, Regina était bien plus émotive que d’habitude, du moins elle avait bien plus de mal à le cacher qu’à l’accoutumée, et elle avait appris pourquoi l’avant-veille. Mais elle ne voulait pas le dire tout de suite aux enfants, de peur qu’un malheureux accident ne vienne à mettre à mal la joie que l’arrivée d’un bébé pouvait apporter. De plus, elle l’avait complètement oublié mais c’était son anniversaire. De toute façon, avec l’enterrement de Robin à planifier avec l’aide de Durnik, elle n’avait pas vraiment le coeur à célébrer une année de plus. Ce fut donc les larmes aux yeux que l’ancienne méchante reine accepta, avec grand bonheur, que CJ l’appelle « maman ». La jeune fille sécha les quelques perles salées qui s’étaient échappé des yeux de Regina alors qu’elle serrait doucement sa fille dans ses bras.

Puis, Regina lui demanda si elle avait des questions, entendant par là des questions sur les habitants, ce qu’ils faisaient là au lieu d’être dans le monde des contes, ou tout autre interrogation qu’elle pouvait avoir. Mais à la place, elle parla de magie. Et aussi avoua qui avait été à l’origine de ses doutes. Regina sourit, un peu ironique.

-Belle et Mushu alors ? Pourquoi ne suis-je pas étonnée ? En tout cas, tu es très intelligente, CJ.

Regina détourna le regard en entendant de la bouche de sa fille qu’un méchant personnage avait embarqué tout le monde à Storybrooke. Savait-elle de qui elle parlait ? La maire de la ville ne voulait pas la laisser dans l’ignorance et elle espérait vraiment que l’adolescente ne serait pas effrayée.

-Avais-tu compris que ce méchant personnage, c’était moi ?

CJ confessa avoir démarré l’écriture d’une histoire. Regina se sentait si fière d’être la nouvelle maman d’une demoiselle si intelligente et imaginative.

-Oui, bien entendu, ça me ferait très plaisir de lire ce que tu écris.

La jeune fille semblait un peu confuse sur certains points, aussi, Regina voulut-elle l’éclairer.

-Oui, c’est moi qui ai lancé le Sort Noir, mais c’est Rumpelstiltskin qui l’a fabriqué. Vois-tu, il ne voulait pas le jeter lui-même parce que pour cela, il faut sacrifier le coeur de la personne que l’on aime le plus. Alors… tu comprends bien qu’il faut beaucoup de magie noire et de noirceur pour en arriver là. Crois-moi, je n’en suis pas fière aujourd’hui, et c’est pour ça que j’aimerais te préserver de la magie. C’est très dangereux. Et pour répondre à ta question, ici, c’est Mr Gold. Surtout, ne passe jamais de pacte avec lui, tu me le promets ?

CJ semblait soudain se poser beaucoup de questions, et c’était bien normal.

-C’est plus compliqué que ça, ma chérie. Ma mère, Cora, a beaucoup été victime de ses ambitions, et elle en avait beaucoup pour moi également. Je ne te le cache pas, elle a fait de mauvaises, de très mauvaises choses, et c’est pour ça que je préfèrerais que tu ne parles pas de magie avec elle. D’ailleurs, je n’aime pas trop l’idée que tu sois seule avec elle.

Puis, la demoiselle avoua que ce qui s’était passé aux Enfers l’avait choquée. C’était bien normal, le contraire aurait été affolant. Et c’était donc pour ça qu’elle voulait apprendre la magie. Regina s’empressa de la prendre à nouveau dans ses bras, lui caressant le dos.

-Oh CJ, je suis tellement désolée, jamais tu n’aurais dû te trouver mêlée à tout ça. J’ai manqué à mon devoir, je te demande pardon. Mais écoute-moi.

Elle se détacha d’elle pour la regarder dans les yeux, posant ses mains sur ses épaules.

-La magie ne te protègera pas, au contraire, c’est en l’apprenant que tu risques de te mettre en danger, toi et ceux à qui tu tiens. J’en sais quelque chose, crois-moi. Par contre, ce que je peux te proposer, c’est d’aller discuter avec mon ami Durnik. Tu sais, il est une oreille attentive et toujours de bons conseils. Nous sommes amis depuis des années et il m’aide beaucoup quand je vais mal.

Surtout en ce moment, il fallait bien le reconnaître.

Même si elle n’en avait eu pas beaucoup le temps de s’intéresser aux relations de sa fille, Regina sembla heureuse d’apprendre que CJ s’était faite une amie dont l’adolescente se pressa de lui demander la permission pour inviter sa camarade à venir chez elles. L’ancienne méchante reine la lui accorda, demandant par la même occasion si elle connaissait les parents de son amie.
- Ben, justement, elle n’en a plus ! Elle vit au foyer pour jeunes ! répondit CJ, un peu gênée.
Parler des parents disparus d’une camarade n’était pas facile contrairement à ce qui était de parler de sa famille biologique disparue. Mais elle devait avouer que sa mère adoptive était un peu plus sensible ces derniers temps. Déjà lorsqu’elles avaient débarqué sur le Revenge, Regina avait eu un comportement bizarre par moment et encore dès leur retour. CJ se demandait si elle n’était pas malade, ayant peut-être attrapé un truc aux Enfers. De plus, la maire de Storybrooke était un peu plus à fleur de peau aussi mais la jeune fille mettait ça sur le compte de la mort de Robin. Quand elle fit allusion aux personnes qui l’avaient un peu mise sur le chemin du secret, Regina ne fut guère surprise d’apprendre qu’il s’agissait de Belle et Mushu. En même temps, Belle était l’une des princesses préférées de l’adolescente et Mushu … On va dire que c’était l’un de ses dragons préférés. Mais les joues de cette dernière se mirent à rougir lorsque Regina la félicita pour savoir faire preuve d’intelligence.
Puis, vint le sujet sur la personne qui avait lancé le fameux sort qui avait amené presque tout le monde des contes dans le monde réel.
- Ben, vu comme les autres parlaient de toi à l’école et le nombre de fois que je me suis disputée avec une fille dans ma classe, je me disais que t’avais dû faire un truc qui ne leur avaient pas plu pour qu’ils soient un peu en colère contre toi. Et puis, quand j’ai entendu parler de cette légende de malédiction, je me suis dite « si j’étais le méchant qui lançait un tel sort, je ferai en sorte d’avoir un total contrôle sur la ville et le meilleur poste pour ça, c’était celui de maire ! Mais je ne savais pas encore exactement quel personnage tu étais. Et promis, je n’irai jamais faire de pacte avec Mr Gold.
Lorsqu’elle parla de ce qui l’avait choquée en Enfer, sa mère s’empressa de la reprendre une nouvelle fois dans ses bras tout en lui caressant le dos afin de la rassurer et aussi pour s’excuser de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour lui avoir évité de vivre ça. En se détachant d’elle, Regina tenta de la convaincre qu’apprendre la magie ne l’aidera pas et au pire, la mettra en danger ainsi que ceux qu’elle aimait. Mais même disant ça, elle n’arriva pas à convaincre l’adolescente. Cependant, l’idée de parler à l’ami psy de sa mère l’intéressa. Non sans perdre l’idée d’apprendre la magie mais ça, elle le garda pour elle.
- D’accord, je veux bien aller en discuter avec monsieur De Sanderie. Au fait, je viens de me rappeler d’un truc. Je reviens ! dit CJ avec le sourire.
Elle monta en vitesse vers sa chambre où elle sortit de son bureau un paquet et redescendit aussitôt avec tout en le présentant à sa mère.
- Joyeux anniversaire maman !
Cela lui fit bizarre de dire cette phrase et en même temps, cela rendait heureuse la jeune fille. Malgré ces moments de tristesse et de malheur, elle estimait qu’il était quand même important de fêter des choses heureuses.
- C’est de la part de Henry et moi ! On l’avait acheté il y a euh début du mois passé !

Après avoir demandé des précisions sur la famille de la nouvelle amie de CJ, cette dernière apprit à Regina que la fameuse Lexie n’en avait pas et qu’elle vivait dans un foyer pour jeunes. Attristée par cette nouvelle, l’ancienne méchante reine se dit qu’au moins, cette demoiselle n’aurait rien à lui reprocher. Elle espérait juste que Lexie était sincère avec CJ et que l’adolescente ne viendrait pas à déplorer un chagrin amical.

-Ah… je vois… répondit-elle simplement.

Madame le maire se nota mentalement d’aller vérifier que tout se passait pour le mieux dans ce foyer pour orphelins. Le Sort noir avait fait les choses de manière aléatoire et il était vrai que depuis la levée de la malédiction et le retour des souvenirs, il semblait plus évident que quelques vérifications s’imposaient, ne serait-ce que par rapport aux normes.

Mère et fille en vinrent à parler du sujet qui inquiétait Regina, à savoir de ce que CJ savait à propos de la véritable identité des habitants de Storybrooke, de comment elle l’avait su, ce qui au final importait peu, et de comment elle ressentait les choses. L’adolescente expliqua qu’elle s’était souvent disputée avec une camarade de classe à cause d’elle. Regina écouta, hocha lentement la tête. Elle pouvait comprendre que les jeunes aient la dent dure envers elle, c’était bien normal, elle reconnaissait aujourd’hui tout le mal qu’elle avait pu faire et ce, très égoïstement, ne pensant qu’à sa vengeance.

-Et aujourd’hui, tu sais qui je suis ? Est-ce que… tu as peur de moi ?

Ce détail l’inquiétait aussi. Des adultes étaient encore parfois terrifiés en la voyant, alors une jeune fille comme CJ pourrait très légitimement se sentir en danger en sachant qu’elle avait été adoptée par la méchante reine qui avait traumatisé tout un royaume. Ce qui rassura la belle brune fut que sa fille promit de ne faire aucun pacte, jamais, avec Mr Gold. Au moins quelqu’un qui ne se ferait pas entuber par le Ténébreux, c’était toujours ça de gagné. Le sujet de la magie sembla écarté, ce qui la rassura aussi. C’était dangereux, et de toute façon, CJ n’étant pas un personnage de conte, il était impossible que de la magie puisse lui venir, surtout dans ce monde. Regina lui proposa quelques séances chez Durnik de Sendarie qui était outre son meilleur ami, le psychologue de la famille. Il avait beaucoup aidé Henry et avait également été d’une grande aide pour elle. CJ accepta. Cette jeune fille avait toujours le sourire et n’était pas contrariante, elle était si vive, c’était une vraie bouffée d’air frais. Toujours souriante, elle disparut, promettant de revenir. Etonnée, Regina la regarda faire. En effet, l’adolescente n’avait pas disparu bien longtemps puisqu’elle revint en vitesse munie d’un paquet dans les mains. Surprise, Regina le prit, bouche bée, tandis que CJ lui souhaitait un joyeux anniversaire. Regina réalisa alors la date, elle avait oublié.

-Oh merci ma puce, c’est adorable. Vous n’étiez pas obligés. Vous avoir auprès de moi est déjà le plus beau des cadeaux.

Elle posa le paquet sur la table et serra doucement CJ contre elle.

-Est-ce que je dois l’ouvrir tout de suite ou attendre Henry ?

Etant donné qu'ils l'avaient acheté ensemble, peut-être que son fils voulait être là aussi, Regina ne savait pas ce dont avaient convenu les enfants ensemble.

CJ fut un peu surprise quand sa mère lui demanda si elle avait peur d’elle après avoir découvert la vérité sur son identité dans le monde des contes. C’est vrai qu’elle devrait avoir peur mais Regina avait changé et elle avait tout de suite senti lors de leur première rencontre que c’était une femme aimable, même si c’était juste pour vérifier que l’adolescente ne savait pas quelque chose pour protéger leur secret à tous.
- Non, j’ai pas peur de toi ! Maman, t’as changé depuis que c’est arrivé ! C’est du passé maintenant ! Tu n’es plus cette femme-là même si je comprends que ça doit être difficile pour toi d’éviter de retomber dans le côté obscur de la magie. Et puis, je me dis que tu devais être vraiment malheureuse quand tu as fait ça !
Comme Henry, la jeune fille avait les mêmes références que son frère. En même temps, rien d’étonnant, qui ne connaissait pas Star Wars dans le monde réel ? Bien évidemment, ceux qui venaient du monde des contes et qui avaient trouvé refuge à Storybrooke ne pouvaient pas connaître. Laissant le sujet sur la magie de côté, CJ se rappela un autre sujet et elle était montée précipitamment dans sa chambre avant de redescendre, un paquet cadeau qu’elle donna à sa mère. Cette dernière la remercia tout en disant que CJ et Henry étaient déjà les plus beaux cadeaux qu’elle ne pouvait avoir. Mère et fille se firent un câlin un bref instant.
- Oh je crois qu’il ne m’en voudra pas si tu l’ouvres avant !
Ils avaient eu l’idée de prendre une photo d’eux lors de leur premier noël ensemble, que la jeune fille avait imprimée en un format plus grand. Ensuite, ils avaient travaillé sur le cadre chez les grands-parents maternels biologique de son frère. Un cadeau d’anniversaire simple mais avec un cadre fait maison. Le frère et la sœur avaient mis quelques symboles comme des petits cœurs autour d’une couronne, une pomme (non empoisonnée), un arbre et quelques courbes pour faire plus joli. La petite brune avait hâte de voir la tête que ferait sa mère. Elle espérait que ça lui ferait plaisir. Au début, elle avait pensé à la photo où ils étaient tous les cinq, Robin, Roland et Regina en plus mais avec ce qui s’était passé, c’était sans doute mieux qu’elle ait une photo de ses deux enfants adoptifs.
- Comme dit Dumbledore, on peut trouver le bonheur, même dans les périodes les plus sombres. Il suffit euh attends, comment il dit encore ? Ah oui, il suffit de se souvenir comme rallumer la lumière. Quand tu as un coup de blues, tu n’as qu’à regarder la photo et penser à Henry et moi ! dit la petite brune en souriant à sa mère.

Regina fut rassurée d’entendre de la bouche de CJ qu’elle n’avait pas peur d’elle. Elle aurait été horrifiée que sa propre fille la craigne en apprenant qui elle était réellement. Cela aurait pu se comprendre, mais ça lui aurait fait de la peine. Elle avait fait tant d’efforts et continuait à en faire, mais ces derniers temps, c’était vraiment difficile. La souffrance qu’elle endurait par rapport à la perte de Robin la rappelait sans cesse à tout le mal qu’elle pouvait faire aux autres pour essayer d’étouffer sa peine. Pourtant, sa conscience la rappelait à l’ordre, par le passé, cette habitude ne l’avait pas servie, et maintenant, elle avait une raison supplémentaire de s’accrocher au bien et à ce que Robin voulait qu’elle soit.

Entendre l’adolescente dire que sa mère avait changé, qu’elle n’était plus la même que celle qui avait jeté le sort noir, lui fit grand bien. L’ancienne méchante reine sentit son cœur se réchauffer un peu en entendant sa précieuse princesse prononcer ces mots. Elle était si compréhensive malgré son jeune âge, bien plus que certains adultes. Regina hocha la tête tristement. C’était vrai que les circonstances dans lesquelles elle avait emprisonné tout son royaume à Storybrooke étaient un immense malheur ressenti dans son cœur vide.

-J’ai vraiment fait beaucoup d’erreurs, tu sais, et j’ai fait du mal à beaucoup de personnes, tant qu’il m’est impossible de me souvenir du compte exact ni même de tous les noms. J’ai été une affreuse personne et j’ai eu beaucoup de chance qu’Henry ou Robin, et même toi à présent, vous ayez pu voir qu’il reste du bon en moi.

CJ était soudain remontée pour ramener un paquet cadeau, rappelant ainsi à madame le maire que ce jour était celui de son anniversaire. Elle avait perdu l’habitude de le fêter et plus encore cette année, elle n’aurait jamais imaginé que quelqu’un y pense. Touchée, elle prit le présent et demanda si elle devait l’ouvrir ou attendre Henry qui lui aussi avait participé. L’adolescente laissa entendre qu’elle pouvait dès à présent le déballer. Voulant lui faire plaisir, Regina s’exécuta. Elle découvrit, non sans un sourire ému, un joli cadre avec une photo d’Henry et CJ. Avec douceur, elle passa ses doigts sur la petite vitre, caressant fictivement les visages photographiés de ses deux enfants adoptés qu’elle aimait tant. L’émotion se lisait sur son visage, elle se remémorait le moment où cette photo avait été prise : leur Noël tous les cinq. C’était même Roland qui avait pris le cliché, sous l’œil attentif des deux parents. Son regard se posa ensuite sur le cadre travaillé avec des clins d’oeil personnels.

-Oh CJ… merci, c’est magnifique. C’est vous deux qui avez fait le cadre ?

Elle la regarda dans les yeux avec un petit sourire, sans doute le plus grand qu’elle ait pu faire depuis une semaine.

-Merci beaucoup ma chérie, je l’adore.

Elle écouta la jeune fille citer Dumbledore.

-Un sage, ce Dumbledore. Dommage qu’il n’existe pas réellement, je suis sure qu’il aurait beaucoup à apprendre à certains sorciers. Merci d’être ma lumière ma puce.

Elle la prit une nouvelle fois dans ses bras avec tendresse, délaissant le petit cadre posé sur la table.