L'échange semblait surréaliste, autant que la présence, voir même l'existence d'un être semblable à ce Mushu. Bien plus que le discours qu'il tenait, c'est le caractère magique du « dragounet » qui attisait la haine de Robin à son égard. Une haine qui s'enracine depuis des décennies. L'adroit chasseur est de ceux qui ne prêtent aucune vertu à cet « art » ancestral. Il l'exècre autant qu'il hait le shérif, c'est dire ! Malheureusement pour lui, son manque de connaissances le dessert totalement, à tel point qu'il était et qu'il demeure incapable de saisir les nuances qui opposent la magie blanche à la magie noire. Et son passif n'arrange rien pour ainsi dire. Le souvenir d'une Marianne ensorcelée, succombant, malgré la grossesse, au shérif, est vivace, tellement que lorsqu'il cède à Morphée, il revit encore et encore la scène, incapable cette fois de sauver celle qu'il aime. C'est une torture, une illusion infâme, où il voit le shérif et l'enchanteresse se réjouir de son malheur. Une enchanteresse qu'il a eu l'occasion de recroiser il y a peu. Le shérif a ses fidèles de toutes évidences et cette sorcière en faisait partie. Mais pour l'heure, c'est sur Mushu qu'il devait s'attarder et non sur son passé. L'échange qui aurait pu connaître une accalmie redoubla en intensité à cause de Robin qui continuait à titiller « le petit reptile » Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il savait viser juste, comme avec son arc, en plein au milieu de la cible. Robin, l'observateur, bien que précédemment enclin à la dépression, reprenait du poil de la bête à mesure que Mushu perdait patience. Mais il ne fallait pas le cueillir trop vite, il fallait se montrer patient, retenir les coups, attendre, engrangé les informations, ne rien laisser, passer et frapper au bon moment.

« - J'utilise ma langue aussi bien que la tienne serpent. Je vois que tu as comme qui diraient quelques problèmes de taille » La blague était légère, mais l'orgueil de Mushu en prenait un coup, ça Robin l'avait compris et était bien décidé à s'en servir contre cet autre indéfinissable qui n'avait de cesse de perdre patience. « -Hum je vois, on applique la loi du talion. Je t'attaque, tu m'attaques petite chose insignifiante qui me fais don de sa sacrosainte présence. J'ai de quoi me sentir honoré ! » L'affrontement était intense, bien que non-physique, les mots fusaient entre les deux avec au moins autant de virulence que les coups d'épée échangeaient entre deux ennemis sur le champ de bataille. Robin ne lâchait rien, malgré les attaques du « petit truc » et à son tour, il tâchait de se montrait encore plus incisif pour continuer titiller l'orgueil de son interlocuteur. « - Pour l'heure je ne vois qu'un vulgaire petit lézard qui parle pour ne rien dire. » lança-t-il alors que ce cher Mushu cherchait à faire valoir ses premiers exploits de Gardien et tout le tralala qui va avec. Robin qui continuait à sourire laissa quelques minutes de silence planaient avant de répondre avec audace. « -Mais moi au moins on se souvient de moi, de mon nom contrairement à toi qui n'est rien de plus qu'une toute petite ombre. Et si je me trouve ici, c'est parce que j'ai réussi à accomplir ce que je devais à accomplir. »

Le rire outrageux avait cessé au profit d'un discours très clairement orienté contre le shérif du comté de Nottingham et contre « son » roi qui ne partageait avec feu Richard Cœur de lion, que le lien du sang, rien de plus. Puis il enfonça le clou en se réjouissant de l'emprise de sabotage perpétrée par ses camarades malgré son absence. Le lézard plus en colère que jamais et pour cause, il n'était parvenu à éluder les interrogations qui l'avaient mené jusqu'ici, se lança dans une quête qui enclencha une fois encore les éclats de rire de Robin qui face à tant de bêtises, ne pouvait se retenir de rire à gorge déployée. « - Toi sauver le royaume ?! Tu n'as même pas été capable de sauver son roi petite chose insignifiante et tu t'imagines capable de sauver tout un royaume ! Et tu comptes faire quoi hein ? De friser la moustache ! » Blessé la petite chose insignifiante tira la langue en direction du prisonnier avant de lui faire savoir qu'à son retour, il serait en première loge pour entendre les acclamations de reconnaissance émanant de la population, tout ça avant d'être pendu cela va de soit. « - Le monde aura sombré dans le chaos bien avant petit lézard ! » Telle fut sa dernière provocation avant d'ajouter « -Nous nous reverrons et crois-moi, je te ferais payer ton affront ! À très bientôt lézard !»