Le choix était herculéen pour moi. Rester à naviguer dans les sept mers avec Anne et les autres membres du Revenge ou partir avec ses inconnus qui venaient de Storybrooke. Depuis que j’avais appris le nom de l’endroit d’où ils venaient j’étais intriguée. Durnik, cet homme qui avait hanté un de mes rêves m’avaient également dit venir de là-bas. Cela signifiait-il que je devais y aller ? Était-il réel et non issu de mon imagination ? Dès que je me posais cette question une voix féminine inconnue me soufflait qu’il était bien réel et que je devais aller dans cette bourgade. Je savais que c’était les mots d’une défunte, mais contrairement aux autres esprits cette vois ne me mettait pas mal à l’aise, elle ne me donnait aucun frisson. Elle n’apportait pas la moindre crainte. Les habitants de cette ville avaient déjà traversé le portail, Anne quant à elle nous rassurait sur notre liberté à partir ou non et je sentais un sanglot bloquer ma gorge. J’étais à ses côtés à sa droite, Killian à sa gauche. Posant ma main sur son poignet je lâchais avec une voix tremblante :

« Quelque chose me pousse vers cette ville, mais je ne veux pas te laisser Anne »

Je ne savais pas d’où ce murmure féminin me venait. Je ne l’avais jamais entendu. Je ne ressentais même pas sa présence autour de nous. Ce n’était pas un fantôme. Était-ce mon imagination ? Je n’en savais rien mais je n’arrivais pas à la faire taire. C’était complètement impossible, ça ne marchait pas comme avec les esprits. Je voyais une pointe de tristesse apparaitre dans les grands yeux de la capitaine, avant qu’elle ne me pousse à y aller avec une tendresse purement maternelle. Perdant une larme pour la première fois depuis trente ans je serais mes lèvres l’une contre l’autre.

« C’est certain que je te retrouverais Anne j’en ai fait le sermon ! »

La capitaine défaisait un de ses bracelets dont elle ne se séparait jamais et pour cause, ils appartenaient à son ancienne vie. Je savais qu’ils avaient une forte valeur sentimentale pour elle. Fronçant les sourcils je demandais :

« Es-tu sûr ? Je sais qu’il compte beaucoup pour toi ? »

Retirant à mon tour un collier que ma mère m’avait donné en héritage, je lui mettais dans la paume de sa main.

« Si un jour tu as besoin de moi, utilise-le, pense à moi et les esprits qui nous entourent et qui t’entoure viendront me chercher et je viendrais à toi. »

Je pensais notamment à son fils, avec les années, il revenait. On n’avait jamais pu communiquer correctement tous les deux à cause de son bas âge, mais il arrivait quand sa mère en avait besoin. Ma mère aussi parfois se mêlaient de nos affaires. Elle aimait bien Anne. Certainement, parce qu’elle m’avait accueilli et pris sous son aile pendant toutes ses années, sans jamais rien demander en échange Ma mère nous aiderait j’en étais sûr.

J’étais terrifiée. J’aurais préféré qu’elle suive cette blonde qu’elle avait appelé « sa sœur ». Si Anne avait été avec moi ça aurait été tellement plus simple. J’aurais moins eu peur de ce qui pouvait nous arriver autant à elle qu’à moi. Elle m’offrait le choix de partir. Depuis qu’elle savait qu’une partie de moi souhaitait m’en aller, elle me poussait presque dehors. Elle voulait que je sois heureuse, et ça me touchait profondément, mais comment être heureuse si je perdais tous mes repères. L’océan avait été ma maison pendant tellement d’année, je n’étais même pas sûre de pouvoir m’habituer à vivre en communauté. Elle m’offrait un de ses bracelets pour me permettre de la retrouver si le besoin s’en faisait sentir et je l’accrochais autour de mon poignet lorsqu’elle me confirma qu’elle était sûre de son choix.

« Merci Anne »

En échange je lui donnais le collier de ma mère, je lui donnais les instructions pour user de ce bijou. Il était béni des sorcières de Salem, même si je n’appartenais plus à cette communauté je savais que ça marcherait si elle m’appelait.

« Je te dois tout Anne, quoi qu’il se passe si un jour tu es dans une impasse appelle moi. »

Je sentais des larmes inonder mes yeux. Ma gorge se serrait et je sentais à magie du portail s’amoindrir un peu plus à chaque seconde.

« Ne t’en fais pas, je reste la sauvageonne que tu as sauvé. Prend soin de toi, Killian je compte sur toi pour la garder à l’abri. Prenez soin de vous. »

Déposant un baiser sur la joue d’Anne je lui desserrais la main et sautais dans le portail avant qu’il ne se referme. Seul l’avenir me dirait si j’avais fait une bêtise ou non.