Ce fut une erreur. C’était les mots de Megara et ils étaient justes. Une terrible erreur qui avait mis la vie de Megara sans dessus-dessous. Même si nous n’étions pas les meilleures amies de la terre, il n’y avait pas l’ombre d’un doute qu’à deux nous aurions été plus forte pendant 28 ans. Peut-être aurait-elle pu me soutenir face à mes refus permanent de prendre un nouveau mari et peut-être qu’en temps de recherches ses compétences m’auraient été utiles, bien qu’au final nous n’aurions pas été en mesure de retrouver le roi de Corona. Lorsque je m’excusais pour le mal engendré par cette décision qui n’avait certes pas été de mon fait mais annoncé par mes conseillers, j’apercevais la surprise dans les yeux de la sœur de cœur de Romain. Oui je savais m’excuser, j’étais une reine mais je n’étais pas complètement égocentrique ou déconnecté de mes devoirs, songeais-je sans pour autant relever. Le drapeau blanc était brandi et je souhaitais que ça reste ainsi. Il semblerait que Megara ait le même souhait car elle ne releva pas non plus et se contenta d’un hochement de tête.

Le sujet de discussion dériva vers le prochain souverain de Corona. Posant mes mains sur mon ventre je la remerciais pour les félicitations qu’elle m’offrait, sans réussir à cacher mon inquiétude. Cet enfant n’était pas encore né que sa vie était déjà menacée par une prophétie.

« Merci, j’espère que ça vous arrivera à vous aussi de trouver votre propre « super mâle » »

Déclarais-je en mimant les guillemets pour prononcer le surnom qu’elle avait donné à mon mari. Il n’y avait bien qu’elle pour parler ainsi à un roi. Naturellement, je n’avais pas caché mon timbre de moquerie lorsque j’avais prononcé ce terme, mais ce n’était pas pour être méchante, juste taquine. Megara était une très belle femme, indépendante certes, mais elle méritait de trouver un homme digne d’elle.

Désireuse d’en savoir plus sur ses années d’errance, j’écoutais ses explications avant d’y demander si la personne qu’elle recherchait était Durnik. Cette dernière me confirma cela avant de me demander si je le connaissais et automatiquement je me sentais gênée à l’idée d’y dire que c’était mon supérieur.

« En effet, c’est un ami à moi. Il m’a été d’une grande aide quand je suis arrivée dans cette bourgade. Il est le psychologue de ces lieux. »

Expliquais-je sans être capable de dire ouvertement que j’étais sa secrétaire. Une attitude puérile que je haïssais avoir. Tout le monde savait que j’étais la reine blanche et également la secrétaire de Durnik et jusqu’ici je n’en avais jamais eu honte.

« Pure curiosité, passer entre les mondes nécessites l’aide de la magie et la plus accessible reste le haricot magique. »

Assise sur le banc je caressais Dawn du bout des doigts.

« Et vous logez où ? »

J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas... 

Pando