half in the shadows, half burned in flames

i know you, i walked with you once upon a dream. La mélodie était douce et attirante, elle envahissait l'espace et s'imposait dans la pénombre familière. Les notes semblaient la happer, l'attirer vers un monde qui basculait dans l'imaginaire. Emma n'était plus la sauveuse, ni une habitante de Storybrooke, l'identité était effacée, remplacée par un fantasme plus profond, par les rêves d'une enfant qui espérait retrouver cette famille qui l'avait délaissée, sans explications, par les rêves d'une jeune femme qui essayait de retrouver les liens dissous, qui aimait ses parents malgré un  coeur aux émotions multiples et mitigées. Le château était vivant, la malédiction n'avait jamais frappée, il n'y avait que le bonheur paisible d'une famille qui n'avait jamais été séparée par le désir de vengeance d'une Reine qui dans cette version n'avait étreint les affres du mal. Emma était la princesse désirée et tant aimée d'un royaume sur lequel elle ne souhaitait pour autant régner, ainsi, la fille des Charmants vaquait à une occupation qui était un parallèle à cette autre vie, à ce passé qui ne lui appartenait plus présentement. Elle fuyait la responsabilité de la royauté pour se complaire dans la chasse de ceux qui espéraient passer entre les mailles de la justice, ceux aux coeurs corrompus qui n'hésitaient à soumettre les faibles à leurs crimes et dictatures. Elle retrouvait ces visages qui se pensaient abandonnés et en sûreté et les amenaient ainsi dans ces geôles en attente de leurs sanctions légitimes. La princesse n'était plus qu'un mythe quant celle que l'on nommait tout simplement « Emma » sans autres titres présomptueux était une réalité. Les quelques gains qu'elle recevait, elle ne les gardait pour elle, délaissant les pièces d'ors aux villageois qu'elle rencontrait sur son chemin, en échange d'un endroit pour dormir et de quelques provisions de fortune dans ses nombreuses quêtes. La sauveuse continuait d'exister dans une autre dimension où Morphée l'avait accueillie en son sein, mais ce n'était pas lui l'instigateur de cette mascarade où deux âmes pourtant si différentes seraient liées, le temps d'un soirée et d'une nuit.

Sa silhouette pénétrait dans le lieu d'une démarche assurée et gracieuse, sans précisément savoir comment elle était parvenue jusqu'à ce dernier, les songes restaient mystérieuses et son objectif occupait tout son esprit, ne laissant place aux détails qui n'étaient que futiles et inexistants en cet instant. La robe carmine coulait sur sa peau opaline, esquissant le statut majestueux de son rang. Son visage était camouflé en partie par un masque-loup rougeoyant aux reflets argentés où l'émeraude se peignait, un regard mis en valeur par les lignes en amandes qui agrandissaient ce dernier, camouflant néanmoins la moitié d'un visage rehaussé par quelques artifices. La crinière dorée était nouée en un chignon impeccable où un très fin diadème avait trouvé place, signe d'un passé qu'elle n'avait totalement mis de côté. Une fine mèche caressait sa joue blême, contrastant avec la couleur intense et vivace d'un masque imposé. Elle se noyait dans la foule, frôlait les silhouettes rieuses et exubérantes dont certaines se mouvaient sous le son de la harpe et toujours de ces mêmes notes sulfureuses, celles qui l'avaient entraînée dans les songes d'un autre monde. Elle était l'unique mortelle qui se complaisait parmi les immortels qui l'entouraient, lui donnant un sentiment de mal être qu'elle tentait d'effacer pour se concentrer sur son unique but, sur un autre mortel qui s'était fondu dans ces ombres divines dans l'espoir de se dérober à son regard. Elle plissait les lèvres en une moue agacée, se figeant un instant pour mieux contempler les lieux, pour élaborer une stratégie dans un esprit qui ne s'attardait que sur cette mélodie entêtante. Elle était différente, elle semblait être lointaine, presque inaccessible. Elle tournait légèrement la tête comme pour essayer d'apercevoir l'origine de cette musique qui ressemblait étrangement à...Les pensées s'effaçaient lorsque l'émeraude se posait sur une silhouette qui fendait la foule pour se diriger vers sa position. Il était imposant, exhalait une autorité que certains semblaient respectée car ils s'effaçaient sur son chemin. Elle mirait ce masque d'acier qui recouvrait une infime partie de son visage, laissant l'autre partie visible, lui permettant ainsi de plonger dans les ténèbres d'un regard captivant. Son parfum était épicé, entêtant et la chaleur semblait montée d'un cran à son approche alors qu'elle observait le moindre de ses gestes, gardant une certaine méfiance. Les notes suaves et chaudes s'écoulaient sur sa langue, la faisant frissonné, glissant ses doigts hésitants autour du verre cristallisé subtilisé qu'il lui tendait, ramenant ce dernier contre elle, coulant un regard au liquide similaire à du vin, dédaignant d'en boire une gorgée, reposant son regard sur l'inconnu aux prunelles ardentes et à l'animalité palpable. « Je ne viens pas pour m'amuser, ni pour contempler l'immortalité. » Un murmure, un souffle murmuré, démontrant ainsi une personnalité tempétueuse. Le verre fut reposé sur un plateau, délaissant ainsi cette invitation silencieuse ou peut-être fuyait-elle cette fascination qui se répercutait dans son être et faisait naître une chaleur insidieuse dans entrailles ? « Je suis venue pour retrouver quelqu'un, aussi...Je ne vous retiens pas. » Une infime révérence, princesse entêtée qui se détournait déjà, princesse déterminée qui ne songeait qu'à retrouver l'intrus pour ensuite fuir ce monde qui n'était sien. Mais alors qu'elle était prête à poursuivre ce qui l'avait amenée à frôler cette décadence, elle se figeait, un court instant, l'émeraude se posant sur ce visage attentif aux moindres de ses mouvements, car il lui était familier, des traits perdus dans les songes d'un rêve qui semblait pourtant si réel. « Est-ce que je vous connais ? » Ce n'était qu'un souffle à son encontre, songeur et essayant de replacer ce regard si intense, si troublant, mais elle était certaine de ne l'avoir jamais vu, de ne l'avoir jamais croiser sur son chemin, que c'était la première fois qu'elle posait son regard sur lui, mais l'impression de déjà vu persistait en son fort intérieur, l'empêchant ainsi de se concentrer sur la raison principale de sa venue. i know you, that look in your eyes is so familiar a gleam.

half in the shadows, half burned in flames

L'émeraude et l'onyx se marièrent, s’entremêlaient à travers les masques jouxtés sur des traits dissimulés par ces derniers, gardant ainsi la part d'un mystère qui travaillait son esprit de savoir qui était cet inconnu qui lui faisait face et dont la présence semblait en effrayer certains comme en fasciner d'autres. Le verre fût saisi, les doigts se frôlaient en une caresse éphémère et les frissons parcouraient l'être de la princesse échouée dans ce bal festif qui n'était sans lui rappeler ceux qu'elle avait déjà côtoyer en sa qualité de princesse au sang royal, un rang qu'elle préférait taire plutôt que de l'afficher à tout va. Néanmoins, elle ne pouvait dissimuler ce dernier par ces gestes gracieux et cette noblesse qui s'exhalaient d'eux-même, sans qu'elle ne puisse les retenir. La remarque tirait un demi-sourire, presque trop invisible et éphémère, car la méfiance prônait dans le smaragdin posé sur  le brun au visage partiellement camoufler. « Posez donc vos questions si...indiscrètes et nous verrons bien. » Une provocation à semi-voilée, même si il n'était le temps des jeux et des faux semblants pour la blonde qui ne souhaitait que retrouver celle qui lui échappait depuis quelques jours, jusqu'à venir se terrer dans un monde qui n'était sien, une tactique efficace mais qui ne lui avait échapper. Le verre fût délaissé sur l'un des plateaux qui passait près d'eux, prête à fuir, prête à poursuivre ce dont on l'avait assignée, s'éloignant de l'inconnu à la voix rauque et envoûtante. Quelque chose l'avait retenue, stoppé son être, la figeant au milieu des danseurs immortels, car l'onyx où brûlait une flamme incarnate lui était atrocement familier, mélodie qui semblait comme attirer la princesse déchue, mélodie qui semblait envelopper d'une aura presque protectrice leurs deux corps légèrement éloignés l'un de l'autre. Il s'avançait à sa question sur une familiarité , balayant la faible distance qui existait entre eux, son souffle rebondissant contre sa joue laiteuse, frissons qui parcouraient son épiderme, être tendu, mots qui s'écoulaient de cette langue enchanteresse. Elle se tût, captivée par cette présence, par cet inconnu à l'animalité foudroyante qui glissait parmi les convives après des ultimes paroles sur une aide qu'il pouvait lui apporter. Elle mit quelques instants à reprendre ses esprits, poussant un infime soupir, glissant une mèche rebelle derrière son oreille, mais ses pieds refusaient de se mouver, les iris scrutant la foule comme pour repérer à nouveau cette silhouette effacée, qui n'était plus qu'un souvenir ou bien un rêve. Les lèvres plissées, elle détournait le regard, se concentrant à nouveau sur son objectif, sur cette cause qui l'avait poussée à venir ici, du moins était-ce ainsi que son subconscient l'avait formulé, sans se douter qu'elle atterrirait dans l'Erèbe, happée par une force inconnue, happée par les battements d'un coeur qui n'était le sien, un coeur dont la mélodie continuait de résonner, affaiblissant les conversations et les notes de harpes sur lesquelles elle posait un regard désintéressé. La quête reprenait de plus belle, corps qui glissait parmi les convives, regards qui se croisaient, tantôt glacials et impérieux, tantôt intrigués et appâté par la chair. Levant les yeux au ciel, elle se dépêchait de sortir de l'attroupement des danseurs obnubilés et des rires répercutés par l'influence d'un alcool propre au statut divin. L'escalier s'esquissait de lui-même devant son air intrigué, un escalier qui semblait s'enfoncer dans l'éternel, des marches infinies qu'elle caressait des yeux, songeuse, posant son pieds sur la première marche, troublée par une curiosité sans nom. Une voix attirait son attention, tournant son visage poupin et à moitié masqué vers celui de l'inconnu qui s'avançait félinement vers elle. Un ultime regard vers un étage inaccessible pour ensuite lui faire face. Elle arquait un sourcil, l'esquisse d'un sourire brisant le carmin qui peignait sa bouche mutine. « Donc vous l'avez trouvée ? » L’intérêt rejaillissait, mêlé à d'autres sensations qui nouaient ses entrailles face à une proximité qui ne la laissait indifférente. Les barrières de l'abandon n'étaient plus qu'une utopie dans un rêve qui avait su tisser une vie qu'elle avait toujours souhaiter au plus profond de son être. La protection n'était plus de mise mais la méfiance restait ancrée dans les confins de ses iris. La question la déroutait, moins que ce prénom murmuré, comme si c'était naturel et familier. Elle coulait un regard sur les colonnes qui dévoilaient un paysage spectaculaire. « Comme tout le monde, je suppose et tu sais pourquoi je suis ici. » La réponse était aussi mystérieuse que l'interrogation posée, le vouvoiement tombait de lui-même. L'étonnement scintillait un instant à sa demande, laissant les prunelles accrochées la foule un instant. « Une danse...En échange de l'information désirée ? » Il semblait en savoir énormément sur celle qu'elle était venue traquer en ces lieux, celle dont la description physique était tout ce qu'elle possédait. « L'immortel s'intéresserait-il donc aux mortels ? »  Taquineries, doigts qui glissaient un instant sur le pourpre avant de se décider. « Une danse. » Elle s'avançait, gracieuse, effectuant une légère révérence, par principe, avant que ses doigts ne frôlaient les siens, jusqu'à les enlacer, jusqu'à sentir la pression se raffermir sur ces derniers. Sa peau était douce et tiède, frissons qui parcouraient son échine alors que son corps fut ramené près du sien, une pression effectuée contre le bas de son dos tandis que le rythme commençait, qu'ils valsaient sur des notes qui ne leur appartenaient. Une flagrance qui faisait pensée au feu et à la lavande, épicée et qui attisait le feu dans ses reins créé par un rapprochement significatif. Ses doigts glissaient contre les siens et son regard se perdait dans cette mer ébène et le prénom glissait de lui-même sur sa langue, un prénom qui n'était pas connu par celle qui était en sommeil et qui se gravait dans un recoin de son esprit. « Hadès... » Elle exhalait un demi sourire tout en continuant à suivre les pas en un naturel déconcertant. « Pourquoi le dieu de la mort tient il tant à aider une simple humaine ? » Nouvelle curiosité attisée, se perdant dans une mélodie qui les enveloppaient tout les deux et les éloignaient de ce mirage incandescent, pour ne plus faire qu'exister eux, le temps d'un rêve.