Minou ? Elle court jusqu’au grand arbre et s’y colle, pouffant légèrement en pensant à la surprise qu’elle va lui faire. Elle fait lentement le tour et… BOUH ! Des oiseaux s’envolent en piaillant. Mais Minou n’est pas là. Elle est toute seule. Perdue. Pas de Minou. Pas de Bob Razowsky. Juste Bouh. Ses lèvres tremblent avant que sa bouche ne s’ouvre en une longue plainte. Les épaules secouées de sanglots et les joues baignées de larmes, elle serre ses petits poings en pleurant bruyamment. Il fait sombre, elle a peur. Quand il fait sombre, Léon arrive. Quelque chose frôle sa jambe. Elle sursaute. C’est Léon. Il est venu la chercher. Elle crie. Et elle n’entend que ça pendant un moment, son cri. Et elle ne sent que ça, les battements de son cœur qui accélèrent leur rythme. Et elle ne voit rien, rien que du noir. Mais maintenant, il ne fait plus si sombre. Une lumière rouge passe à travers ses larmes. Elle arrête de crier et regarde sa main droite. Des rayons écarlates s’échappent de ses doigts. Elle lâche son haricot et le regarde illuminer le sol autour d’elle. Elle s’accroupit pour l’observer quand tout à coup, la lumière se fait plus vive et l’aveugle presque. De la fumée s’échappe de la graine. Quand elle se dissipe, une porte apparaît. Elle frotte ses yeux, ses joues la grattent. Elle s’avance doucement vers la porte et essaie d’en attraper la poignée. Elle est trop haute alors elle doit sauter pour l’atteindre. Elle y arrive enfin et la porte s’ouvre d’un seul  coup. Un vent fort et glacial s’échappe de l’ouverture avant de l’entraîner en avant. Elle voit du blanc, beaucoup de blanc avant d’atterrir. Mais ses pieds ne touchent pas le sol. Elle s’enfonce dans l’eau et il n’y a personne pour entendre son cri muet noyé dans les profondeurs.

Après un rude hiver Jack devait finalement rentrer à la maison. Enfin, pour ce qu’il en restait ce n’était qu’un lac gelé au milieu de nulle part. Les maisons environnantes n’étaient que des bouts de ruines qui ne tenaient que par miracle, abandonnées depuis des siècles déjà par leurs habitants originaux qui n’en pouvaient certainement plus de l’hiver sans fin du désert nordique. L’esprit déposais ses pieds sur la neige, ne laissant aucune trace derrière son passage, il était complètement invisible à l’œil nue. Il regardait autour de lui, sourire aux lèvres, content de retrouver ce décor unique qui était sien. Sa main se déposait sur un des arbres l’entourant, le glaçant immédiatement sous le contact de sa peau, créant un sourire sur ses lèvres. Son regard azur se déplaçait alors sur le paysage l’environnement et alors qu’il croyait tomber sur un silence mortel son cœur fit un bond. Quelqu’un, un tout petit être vivant était en train de couler dans l’eau et l’esprit sautait de sa position afin de voler à sa rescousse.

Il empoignait l’enfant, mais sa main intangible passait au travers, relevant une panique sans nom en lui. L’adolescent levait alors les yeux vers la lune et s’écriait. « Laisse-moi l’aider! Je paierai le prix de ton intervention, je m’en fou, laisse-moi faire ça!» l’orbite au-dessus d’eux se mis à illuminer, comme si le message avait été compris, venant éclairer les deux êtres de la douce lumière. La main de l’adolescent saisit cette fois-ci le petit bout de vêtement et il la retirait de sa cage glacée. « … » Il ne savait que dire, prenant l’être contre lui et s’envolant d’un saut gracieux plus loin que le lac. Il la déposait au sol avec délicatesse avant de l’observer, toujours aussi silencieux, ne sachant pas si elle pouvait même l’apercevoir.

Glaciale, l’eau emprisonne l’enfant, la recouvre et l’éloigne de la lumière, de l’air et de la vie. La petite panique, elle essaie de respirer mais seule l’eau entre dans ses poumons, un liquide omniprésent, oppressant. Comme sa peur. Elle bat frénétiquement des bras et des jambes, son instinct de survie agissant pour pallier son incapacité à nager. Mais l’instinct, en dépit de sa force, ne peut pas faire de miracle et la petite fille s’enfonce inéluctablement dans les profondeurs obscures et gelées. Et le miracle se produit. Ce n’est pas l’instinct qui la sauve, du moins pas le sien. Une main surgie de nulle part agrippe son col rose et la tire vers le haut, jusqu’à ce que la lumière apparaisse de nouveau, jusqu’à ce que l’eau ne soit plus une masse pesant sur son petit corps. Elle plane un moment dans les airs, son sauveur mystérieux la tenant toujours fermement avant de la déposer délicatement sur le sol. Un sol dur, ferme, qui ne se dérobera pas sous ses pieds cette fois, un sol qui ne cherchera pas à la noyer. La petite se met immédiatement dans cette position naturelle qui vient aux êtres humains avant même leur naissance. Elle se recroqueville et tousse fortement pendant quelques minutes, cherchant à faire fuir l’eau de ce lieu où elle n’a pas sa place, avant de prendre une grande inspiration et de haleter péniblement. Pour l’instant, l’instinct de survie a remplacé la peur et tout le reste. Seule compte sa respiration hachée mais peu à peu régulière. Et quand celle-ci se calme, quand le danger disparaît, d’autres sensations gagnent en importance. Le froid se fait plus mordant, les ténèbres plus terrifiantes, même la lueur de la lune ne parvient pas à rendre les lieux moins lugubres. Alors la petite grelotte, ressentant le froid jusque dans ses os. Son petit corps frissonne brusquement pendant qu’elle tâche de se réchauffer en serrant ses bras nus autour de son torse et en les frottant vivement sur ses épaules. Elle gémit faiblement, un mouvement de tête frénétique indiquant qu’elle cherche du réconfort autour d’elle. « Minou ? » L’appel est désespéré, il n’est pas là. Alors la petite panique, elle est seule à nouveau, dans le noir, et des images surgissent, vagues souvenirs de ces nuits blanches passées à craindre le monstre couvert d’écailles. Mais elle n’est pas seule. Elle a vu quelqu’un, une silhouette. Elle se tourne vers l’endroit où il se tient et distingue une forme humaine et des cheveux blancs brillant d’une lueur argentée. Elle le fixe intensément, à présent accroupie dans la neige. Ses yeux sont pâles aussi, bleus. Pas le bleu qu’elle connaît, mais c’est tout de même rassurant, les souvenirs reviennent et flottent un instant devant ses yeux, souvenirs de chaleur. « ‘ai f’oooaaaa. ».

Son corps était si fragile, elle tremblait de par le froid qui la mordait, elle était bien trop jeune pour mourir si vous voulez l’avis de l’esprit. Il l’avait vite sortie de l’eau, mais le pire restait à venir, puisque désormais ses vêtements allaient se glacer au contact de l’air et elle allait finir frigorifiée. Elle était perdue, seule, c’était à se demander comment elle s’était même rendue ici. Jack regardait autour d’eux avec curiosité, le regard rempli de tristesse, recherchant ce qui avait bien pu emmener la petite par chez lui. Il était rare que quiconque se retrouve près de son lac, encore plus quand il était dans le coin, mais mis à part le silence qui plombait entre eux aucune réponse ne venait éclairer sa lanterne. Les maisons abandonnées étaient toujours vides, la neige recouvrait encore la vie dans la forêt, rien n’indiquait comment diable elle s’était rendue jusqu’à chez lui. Frost baissait pourtant son regard en entendant la petite appeler quelqu’un. Il n’y avait pas une âme vivante en ces lieux mis à part la sienne, alors qui appelait-elle?

Les lèvres closes, il n’osait pas prononcer le moindre mot, se rapprochant de la petite en voyant ses vêtements devenir frigide ainsi que glacé. Il se mordait la lèvre inférieure, sachant très bien qu’il n’avait aucun moyen de la réchauffer, jusqu’à ce que sa petite voix ne vienne déposer un air surpris sur le visage de l’adolescent. Elle semblait le regarder lui et il se regardait par incertitude. Jack s’approchait, tendant une main hésitante vers elle, avant de s’apercevoir qu’il était bel et bien tangible quand il pu toucher son épaule à nouveau. « Oh…tu es gelée » dit-il d’instinct en empoignant le vêtement rigide dans sa paume. Il retirait instinctivement son pull pour le présenter à la petite. « Retire tes vêtements et enfile celui-là. » L’adolescent se relevait et dans un bond disparaissait. Il allait chercher du bois avant de revenir près d’elle dans la grâce d’un félin, ne déplaçant même pas le moindre flocon lorsqu’il reposait son pied au sol. Il déposait le bois et frottait deux pierres ensemble dans l’intention de partir un feu. « Viens par ici petit monstre, ce sera chaud bientôt… » enfin il l’espérait de sa voix trahissant sa peur. Frost n’avait jamais sauvé une âme du froid, alors il craignait qu’aujourd’hui serait identique à tous les autres jours, mais son cœur espérait même pour une seconde de la sauver.
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Elle ne bouge pas, figée par le froid qui l’enveloppe lentement mais sûrement, et fixe toujours l’inconnu qui s’avance vers elle, jusqu’à lui toucher l’épaule. Sa main est aussi gelée que la neige autour d’elle mais le contact réchauffe tout de même la petite, du moins intérieurement. Il y a une présence ici, un autre être vivant tout aussi gelé qu’elle et néanmoins animé, vibrant de vie. Elle n’est pas seule et elle s’accroche à cette certitude comme à une bouée, appréciant le contact lorsque le garçon empoigne son vêtement et la tire vers lui. Il lui parle, un flot de mots qui n’atteignent pas tous sa conscience et dont elle ne retient qu’une voix douce et enfantine, une voix qu’elle ne connaît pas mais qui la guide. Il lui tend un tissu épais, froid et sec, avant de s’en aller avec agilité. Elle se réfugie dans le doux habit bleu sombre, plonge dans ce pull bien trop grand pour elle, se perdant à l’intérieur, dans un noir qui la fait paniquer un instant alors qu’elle se débat pour trouver la sortie, tâtonnant avec ses petites mains qui finissent par se dégager par le col tandis que sa tête demeure coincée à l’intérieur. Cette position lui permet néanmoins de voir les environs et de s’apercevoir que son sauveur n’est pas en vue, elle se tourne sur elle même, apeurée par cette solitude qui l’étreint de nouveau et se prend les pieds dans le tissu si long qui l’entoure, tombant à la renverse. Le sol glacé heurte le bas de son dos et elle crie de douleur, les larmes prêtes à sortir mais ne pouvant même couler sur ses joues avant de geler. Et soudain, il est à nouveau là et une douce chaleur se répand dans l’air, des crépitements emplissant les oreilles curieuses de l’enfant et une lueur orange fait bientôt place à la lumière blafarde de la lune. Elle rejoint le grand devant ce foyer, cette lumière rassurante, chaleureuse, qui réchauffe autant qu’elle fascine le petit être transi qui observe les flammes avec attention, s’en approchant peu à peu, irrésistiblement attirée par ces formes dansantes écarlates. Elle approche ses mains, savourant cette chaleur intense qui les entoure, comme une bulle de bien-être dans un océan glacial, essaie de les toucher pour profiter encore plus de cette sensation si agréable.

Il retirait son hoodie dans une rapidité inconnue, voulant le donner à la jeune enfant avant qu’elle ne meure gelée. Alors qu’il partait à la recherche de bois, il revint vers une petite tentant de trouver la sortie de ce morceau de vêtement avec une panique apparente. Le cœur de Frost se pinçait sous cette vision et il n’attendait pas pour intervenir. Ses sourcils se fronçaient sous sa crainte alors que ses mains se déposaient sur le vêtement afin de le replacer sur elle, histoire que sa tête sorte par le bon trou. Dès qu’il réussi il vint lui sourire tendrement avant de placer son pouce sur sa petite joue. S’il avait pu la réchauffer il l’aurait fait, mais il savait mieux que quiconque que son toucher même serait mortel pour elle, voilà pourquoi il se retirait aussi vite en retournant son attention vers le feu allumé près d’eux. La petite semblait apprécier la chaleur désormais présente dans ce décor hivernal qu’était le royaume de Frost. S’il avait su qu’il aurait des visiteurs, il l’aurait rendu accueillant, mais cet endroit n’était rien si on le comparait aux autres esprits. Il était simpliste notre adolescent, ne restant jamais bien longtemps sur place de toute façon, tout était mieux que ce domaine de solitude.

L’adolescent regardait la petite quand sa voix se fit de nouveau entendre. « Que fais tu ici? Comment tu es arrivée? » Bien que le vocabulaire de l’enfant fût limité, il était assez patient pour prendre le temps de la comprendre. Son regard perçant fixé sur elle, les bras croisés sur son torse d’une pâleur extrême, la tête légèrement penchée par curiosité. « Moi c’est Jack Frost. » dit-il doucement à l’égard de cette enfant en tentant de créer une atmosphère de confiance.

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L’obscurité fait place à l’air frais et à une lueur blafarde tandis qu’elle extirpe sa tête du large vêtement, les mains du garçon guidant ses bras à travers les manches bien trop longues. Un doigt se pose sur sa joue en un geste d’affection glaciale, contact aussi gelé que celui de l’étau gelé qui l’a enserrée un peu plus tôt, si ce n’est que le sourire illuminant le visage rend le froid supportable et presque… chaleureux ? Le toucher ne s’éternise pas et la brise fouette bientôt sa joue de nouveau, plus glaciale que jamais après ce contact humain, aussi frais soit-il. Cet inconfort est provisoire, le feu apportant avec lui son lot de chaleur et de sécurité. L’enfant n’est plus seule, elle n’est plus gelée, elle n’a plus peur et un sourire se dessine sur son visage alors qu’elle contemple celui dont la présence a dissipé ses angoisses. Le regard en face d’elle se fait interrogateur alors que les questions affluent, ce qu’elle fait ici, comment elle est venue. Et brusquement, tout se bouscule et elle ne sait plus, elle tourne frénétiquement la tête en babillant. « La po’ate, la po’ate ! ‘ou la po’te ? » Elle cherche en vain le chemin emprunté pour parvenir à ce lac, espérant le trouver, et voir en surgir des visages familiers. « Minou… Minou dè’ièa-a poate ! ‘vec Bob Razowsky. » Ses mots se perdent dans le vent, charabia qui n’atteindra sans doute pas les oreilles de celui qui dit se nommer Jack Frost. Elle se lève, tournant encore sur elle-même, avant de s’avancer vers le garçon et de secouer son bras. Elle retire vivement sa main, la peau de glace brûlant la sienne, un coup brutal après la chaleur du feu. « Yack ! ‘l’é ou po’te ? »

Si l’esprit demandait des questions compliquées envers l’enfant, il était assez patient pour chercher à comprendre ses réponses, espérant réellement la sauver du froid qui la mordrait tôt ou tard. Elle ne pouvait être venu ici d’elle-même, pas à son âge du moins, surtout pas avec aussi peu de protection contre le froid qui mordait la peau des plus courageux aventurier. L’adolescent cherchait donc à comprendre, son regard se défilant de gauche à droite, mais il ne rencontrait dans l’obscurité que le silence de la mort elle-même. Il soupirait, passant une main vagabonde sur sa nuque, tâchant de couvrir l’anxiété qui commençait à naître. S’il ne trouvait personne il devrait voler avec elle, l’emmener dans un lieu où la vie régnait, mais le vent et l’altitude pourraient être un combo fatal. Il se mordait les joues, les yeux perdus sur l’enfant qui lui souriait doucement.

L’enfant secouait sa tête, une panique venant apparemment de naitre, alors qu’elle semblait lui demander l’indication vers une…porte? Jack plissait des yeux en se demandant si elle était sérieuse. Puis ses mots deviennent trop confus malgré les bonnes volontés de l’adolescent qui la voyait se lever pour secouer son bras. Il se laissait faire, quoi qu’il ne cachât pas la surprise sur son visage alors que ses sourcils s’arquaient, ouvrant la bouche béate lors d’une seconde. Mais aussitôt elle se retirait, surement du au contact de la peau gelé du mort, il s’en voulait presque de ne pouvoir avoir une quelconque chaleur corporelle. « Tu cherche une porte petit monstre? » dit-il doucement en s’agenouillant devant elle dans un très petit bond. « Tu es venu ici par…une porte? » Si l’adolescent avait réussis à formuler cette phrase, il se retrouvait dans l’incompréhension la plus totale, puisqu’il n’avait pas conscience de porte magiques dans son coin de pays. Frost léchait sa lèvre, réflexe lorsqu’il réfléchissait un peu trop, alors que sa tête se tournait vers la forêt en direction du village abandonné des premières colonies. « Tu me permets de chercher? » dit-il instinctivement avant de croiser ce petit regard effrayé devant lui. Il se dégonflait à l’idée de la quitter, même s’il aurait été bien plus rapide, il n’avait pas d’autres choix que de faire appel aux autres gardiens. « Minou » soufflait-il entre ses dents afin de se remémorer les paroles de l’enfant. « Tu aimes les lapins? »

Le visage blafard du jeune se place à sa hauteur alors qu’il reprend ses mots, l’accent incrédule dans sa voix poussant l’enfant à réitérer ses paroles avec une once d’impatience, comme s’il était inconcevable que ce concept si simple soit incompris par d’autres. « Ouiii ! La po’te ! Le placard ! » Son regard sonde à nouveau les environs pour revenir se poser sur les yeux de son sauveur toujours agenouillé devant elle, les scrutant avec espoir pour voir apparaître la lueur de compréhension qu’elle attend. Le garçon semble disposé à l’aider, sa tête se tournant vers la forêt sombre et menaçante avant qu’il ne propose d’aller chercher cette porte. La petite fronce les sourcils, secouant la tête, « Ici ! Ici ! », exclamation pressante faisant autant référence à la porte disparue qu’à la peur naissant en elle à l’idée que Jack décide de l’abandonner ici pour entamer des recherches en d’autres lieux. Mais Jack ne s’éloigne pas, lui posant alors une autre question qui fait diversion auprès de la fillette alors que son esprit divague vers de longues oreilles touffues, un museau rosé et des poils soyeux, l’animal apparaissant dans son esprit comme dans ses yeux brillants alors qu’elle sautille, oubliant le froid, la détresse, la solitude. « Pinpin ! » Le cri joyeux résonne dans le paysage monotone alors que la petite fixe toujours son ange-gardien avec espoir, à la manière d’un enfant devant un magicien et son chapeau d’où peut sortir à tout moment une petite bête au pelage doux.

Jack inspirait profondément, agenouillé à la hauteur de la gamine, voyant que le temps pressait et qu’il devait trouver un refuge ou la réchauffer. Son hoodie n’était qu’une solution temporaire, la chaleur n’étant pas assez grande même avec un feu à proximité et hors de question que l’homme de la lune lui donne la force d’apparaître à un enfant pour le laisser tristement mourir de ses mains. Trop de morts avaient été causés sous le règne d’un viking malin, l’adolescent balayant ce passé sombre, rattrapant ses erreurs de jadis tandis qu’il en avait encore le pouvoir. Il essayait de convaincre la petite de le suivre, chose facile, l’enfant souriant à la mention d’un lapin. Question étant, survivrait-elle au voyage jusqu’au royaume de Bunnymund? Jack plissait son front à cette pensée, son geste trop rapide, il devait trouver quelqu’un de plus près, un royaume voisin peut-être? La réalisation fut soudaine, une lumière de glace se givrant au-dessus des cheveux fantomatique, animation magique se voulant drôle pour la jeune enfant. « On va aller voir quelqu’un qui aime bien craindre son ombre pour… » Jack s’arrêtait. Son langage inapproprié, il ne pouvait quand même pas dire qu’il allait voir un ami à lui qui aimait faire chier Bunny quelques hivers, craignant son ombre afin que Jack puisse allonger la saison de quelques semaines, gâchant ainsi les célébrations du vieux lapin rabougri. Un large sourire se dessinait pourtant sur son visage, le terrier étant largement sécuritaire et chaud. « Un ami à moi. Et à toi! » s’exclamait-il dans un grand bonheur en faisant apparaître du bout de ses doigts une marmotte glaciale qui s’enfuyait rapidement dans la neige. L’esprit de l’hiver cognait son bâton au sol, créant une longue patinoire devant eux, empoignant la petite par la taille et glissant aussitôt sur le chemin de glace.

La route ne pris plus d’une dizaine de minutes, l’esprit créant une barrière avec le vent, l’empêchant de fouetter la petite de plein fouet. Ce n’était qu’une glissade, un amusement, une tentative de voir le sourire sur un visage qui se faiblissait. Ils arrivaient à la fin du parcours, devant un terrier profond, des ronflements accueillant les deux être à son entrée. « P’tit monstre? » disait Jack en déposant l’enfant devant l’entrée. « Marmin sera de mauvaise humeur, mais on va rire toi et moi, ça va être amusant…on va lui faire une très bonne blague. » soufflait l’esprit malicieux, entrant à pas de loup dans la tanière chaude qui contenait une chambre ridiculement humaine pour une marmotte. L’adolescent s’arrêtait au-dessus du gardien printanier, volant par-dessus lui avec ses pouvoirs, observant la gamine dans ses moindres gestes. Il déposait son doigt sur le museau de l’autre esprit, celui-ci se réveillant en sursautant, criant sa frayeur dans la surprise de cette visite.

« ahah, very funny Jack… » laissait grogner une voix rauque d’un animal à moitié endormi. «  A frostbite…on the nose…always original i see. » disait-il en se frottant le museau.

Jack riait à fort éclat, sa blague de quatre siècles toujours aussi hilarants à ses yeux. « Rire à part…j’ai besoin de ton aide. » pointait l’adolescent en riant encore, la marmotte endormie frottant ses yeux en voyant l’enfant. « Elle s’est perdue dans mon royaume, il faut la ramenée chez elle…tu as encore le portail? » Celui que Frost surnommait Marmin la marmotte soupirait, grattant son crâne et frottant son poil se demandant par quel miracle un enfant aurait pu finir dans le royaume perdu d’un esprit solitaire tel que Jack Frost. « Ne me regarde pas comme ça…j’ai aucune idée comment c’est arrivé. » se défendait l’esprit, bras levé. L’esprit printanier soupirait, ouvrant dans sa table de chevet une boule similaire à celle de North, la tendant à Frost.