Il fait si froid. Frisson qui le parcourt. Solitude qui s'insinue sous sa peau. Coule dans ses veines. Étreint sa poitrine. Solitude apaisée par la respiration lente et régulière de son fils endormi. Baelfire est tout ce qui lui reste. Sa raison de vivre. Même si la simple perspective de la mort l'effraie. Il se raccroche à son enfant. Milah partie, à jamais. Milah partie, parce qu'elle le croit lâche. Parce qu'elle le sait lâche. Parce qu'elle aurait préféré qu'il meurt. Sa poitrine se serre à cette sombre pensée. Jamais il n’aurait pu la croire si attachée à une réputation. Jamais il n’aurait supporté, lui, la voir mourir pour ne pas être lâche. Oui, il est lâche. Non, il n'est pas le plus courageux. Non, il n'est pas sans peur. Il aimerait que ce soit l'amour qui guide chacun de ses geste, chacun de ses choix. Que ce soit l'amour qui lui montre le chemin à suivre. Il chérit son enfant comme la prunelle de ses yeux, mais n'agit pas envers lui d'une manière entièrement dictée par l'amour. Il a peur. Il est envahit par la crainte de devenir lui-même comme son père. Plus préoccupé par ses propres déboires que par les besoins de son enfant. Il a peur de ne pas être assez présent. De ne pas être assez aimant. De ne pas être assez protecteur. Il a peur de ne pas être assez, point. Comme son propre père ne l'a pas été. Il a peur de le perdre comme il a peur que Bae le perde. Il a peur de ne pas être capable.

Baelfire est encore jeune. Qu'arrivera-t-il s'il grandit plus vite que la guerre ne se termine? Qu'arrivera-t-il si son enfant est un jour forcé à partir au front? Non. Ça n'arrivera pas. Ça ne peut pas arriver. Mais Rumple saura-t-il le protéger? De la guerre comme des aléas de la vie? Il secoue la tête. Inutile de penser à cela maintenant. Il tente de se convaincre. De se rassurer. Pose les yeux sur Bae, le regarde respirer. Ils sont là l'un pour l'autre. Ça devrait suffire. Il lui suffit de ne jamais le laisser tomber. De ne jamais l'abandonner comme on l'a lui-même abandonné. Un autre frisson le parcourt. Et si ce n'était pas assez? Son regard se pose sur sa cane, tout près de lui. Sa jambe brisée ne lui permettra jamais de défendre son fils comme il se doit. Il ne peut que se bercer d'illusions, car la réalité est bien trop effrayante. Une fatalité qu'il souhaite à tout prix éviter. Mais de quelle façon? Angoisse prenante d'une appréhension envahissante. Rumple ferme les yeux. Serre les dents. Il doit se montrer brave, coûte que coûte, même s'il ne l'est pas. Peut-être que s'il se dévoue suffisamment à son fils, la vie le lui revaudra. S'il se rachète pour son père, le sort cessera peut-être de s'acharner. Lueur vacillante d'espoir dans un sanglot ravalé.