Cela faisait une semaine que la malédiction avait été levée et avec elle la paix. Si Lucy avait été la femme d'un riche homme qui lui laissait passer beaucoup de choses et lui offrait ses domaines et tout ce qu'elle désirait pour ne pas s'ennuyer, la compensation était douloureuse. En ne disant que cela tout le monde ne comprendrait pas pourquoi la jeune fille pouvait se plaindre de sa vie passée mais voila, être la femme de la Barbe Bleue n'a pas que des avantages. Certes ainsi personne n'osait lui faire de mal, personne ne venait se moquer d'elle et personne n'avait le courage de venir lui tenir tête mais elle devait vivre dans la terreur car si Barbe Bleue était un homme charmant lorsqu'on pensait le connaitre, il était en réalité tel que la première impression qu'il donnait. Un homme fort, impressionnant et dangereux. Le mettre en colère était la pire des idées et le contrarier même si la plus petite chose valait des regards suffisamment noirs pour faire regretter les flammes de l'enfer. Pire que tout, il était de ces hommes dont l'emprise malsaine ne peut être brisée. Pourquoi l'avoir épousé ? Lucy s'était laisser prendre au jeu et tel un poisson attiré par la lumière elle avait été prise dans ses filets avant d'avoir put réaliser qu'elle l'avait épousé. Il faut dire que les promesses étaient plaisante. Si elle l'épousait non seulement elle serait à l'abris de tout besoin, mais également la famille qu'il lui restait. Sa mère et sa soeur vivaient des jours heureux depuis que l'argent de Barbe Bleue leur était parvenu. Lucy elle vivait l'enfer... jusqu'à ce que la malédiction la libère. A Storybrooke elle avait eut une vie paisible mais depuis la levée de cette fameuse malédiction elle ne savait plus quoi penser. Barbe Bleue était-il lui aussi en ville ? La cherchait-il ou l'avait-il oublié ? Elle n'en savait rien et elle n'était pas prête à laisser tomber sa nouvelle vie au profit de celle du monde des contes. Coute que coute elle s'attacherait à sa vie de Lucy Scarlet, la femme de ménage et rien de plus.


D'ordinaire, lorsque Lucy venait faire le ménage chez les Mills, la maire était à son bureau. La maison vide elle pouvait ainsi travailler librement pour tout nettoyer, sans avoir la pression d'un regard au dessus de l'épaule. Lucy possédait donc les clés de la villa. Sans se douter que la maire était présente, elle entra comme à son habitude dans la bâtisse et plaça ses écouteurs dans les oreilles, une manie assez cliché mais qui avait son utilité. Entendre à longueur de journée l'aspirateur c'était bon pour devenir sourd ou faire une dépression profonde. Pour que le travail lui soit plus agréable elle avait pour habitude d'écouter les musiques qu'elle aimait le plus, souvent du rock.

Tandis qu'elle se rendait à l'étage, emportant dans ses bras le dit aspirateur - il était plus pratique de commencer par l'étage pour ne pas s'y retrouver plus tard bloquer à cause d'escaliers qui sèchent - elle passa devant la porte de l'enfant, Henry Mills. La porte était ouverte, c'est de cette façon que la femme de ménage remarqua que la personne présente dans la pièce était un peu trop grande pour être un enfant. Madame le maire ne semblait pas être au meilleur de sa forme. Lucy retira ses écouteurs et l'entendit sangloter. Si elle était payée pour passer l'aspirateur et non pour jouer les psy, Lucy possédait suffisamment d'humanité pour l'interroger.

- Vous allez bien ?

Question stupide... C'est après tout bien connu que les personnes qui pleurent sur les oreillers de leurs enfants sont les personnes les plus heureuses du monde...

-Vous êtes là, vous ?!

Toujours aussi charmante... Lucy était sur le point de faire demi tour, de rapidement terminer son travail sans y mettre vraiment tout son coeur et de laisser cette maison et cette femme derrière elle pour revenir une semaine après effectuer son boulot sans plus d'attention. Hors Regina la stoppa, s'excusa même ce qui surprit la demoiselle. Si elle avait connu la maire intransigeante, droite et parfois rigide elle ne l'avait jamais entendu s'excuser pour quoique ce soit. Les bruits sur la Méchante Reine étaient bien pire, on la décrivait comme un véritable monstre qui, si elle s'excusait, le faisait le plus ironiquement du monde. Qu'était-il donc arrivé à cette figure crainte de tous ? N'avaient-ils pas un peu exagérés leurs propos ? Aux yeux de Lucy elle n'avait rien d'effrayant, rien d'effrayant comparé à son époux. Lorsqu'on a vu le diable en personne il est difficile de fondre d'effroi devant une personne plus.... humaine.

Lucy resta donc sur place et écouta la dame. Si au départ son excuse avait été plus de politesse, elle lui présentait à présent des excuses sincères pour ce qu'elle avait put faire. Mais si Madame Mills ignorait de quelle histoire Lucy venait, à quoi rimaient ces excuses ? La femme de ménage ne voyait pas ce que la reine avait à se faire pardonner auprès d'elle. Elle eut beau réfléchir elle ne voyait pas.

- Vous excuser ? Pour quoi ?

Si pour beaucoup le retour de leurs souvenirs étaient une bonne chose, pour Lucy c'était tout à fait différent. Sa nouvelle vie avait été bien meilleure que son ancienne et elle aurait préféré continuer de la vivre plutôt que de se souvenir du visage hideux de son époux. Son histoire dans le monde des contes s'était arrêté au meilleur moment, juste avant qu'il ne la tue. Ce qu'elle ignorait cela dit c'est ce qu'il serait advenu si l'histoire ne s'était pas arrêtée si soudainement. Si dans les livres on pouvoir lire la fin de son conte, Lucy elle ignorait qu'elle allait se faire sauver par ses frères, les pensant trop loin que pour venir à son secours. Lucy n'avait aucune envie de revivre cette frayeur, la première fois avait déjà été de trop. Si elle pouvait tout recommencer elle refuserait d'épouser l'homme qui avait tenté de la tuer et ce même si cela voulait dire que sa famille resterait à jamais dans le besoin et le déshonneur.

Lucy ne savait pas vraiment comment réagir à une telle situation. Qu'était-elle sensé dire ? La "Méchante Reine" comme tout le monde l'appellait, elle ne la connaissait que de réputation et n'avait pour ainsi dire aucune raison personnelle de lui en vouloir. Peut-être avait-elle contribué malgré elle à l'un ou l'autre malheur dans sa vie mais elle aurait été bien incapable de dire lesquels. Quant bien même, pouvait-elle vraiment la blâmer ?

- Je.... Ecoutez, ma vie ici a de toute façon été mieux que celle dans l'autre monde. Je devrais d'ailleurs vous remercier pour ça. D'une certaine façon vous m'avez sauvé la vie...

Elle lui avait clairement sauvé la vie même puisque la Barbe Bleue s'apprêtait à la tuer lorsqu'elle était intervenue avec son sort noir. Une malédiction qui pour Lucy avait eut plus des allures de bénédiction.

- Quant à vous racheter, si vous ne le faites pas pour vous même mais pour les autres, que ce soit pour votre fils ou un autre, est-ce que ça compte vraiment ?

Elle était assez perplexe sur le sujet. Lorsqu'on changeait pour quelqu'un d'autre, est-ce qu'on le voulait vraiment ? Et par conséquent, est-ce que c'était vraiment utile et définitif ? Lucy en doutait fortement, pour ainsi dire elle en doutait carrément.

- Si je puis donner mon avis vous devriez arrêter de songer à ce que les autres veulent ou pensent de vous. N'était-ce pas ce que la .... méchante reine faisait ? Penser à la façon dont on la voyait ? Si vous connaissez votre propre valeur il n'est pas besoin d'en faire la démonstration aux autres.

Elle savait que la maire, ses pouvoirs revenus, pouvait la réduire en cendre à tout instant mais étonnemment elle ne se sentait pas en danger, pas pour le moment. Et puis.... ne valait-il pas mieux mourir ici, brûlée par la reine que par les mains et les coups de Barbe Bleue ? Elle ne voulait pas laisser ce plaisir à son époux.
Lucy ne s'en rendit pas compte mais elle avançait déjà vers Regina pour finalement venir s'asseoir sur le lit, à côté d'elle.

- Durant ces années à Storybrooke vous étiez maire sans terroriser les habitants. Ca n'avait rien d'une tyrannie et le fait qu'on ait été sous un sort ne change rien à ça.

Et le fait que Regina elle n'était pas sous l'influence du sort et qu'elle restait par conséquent parfaitement la même n'était pas négligeable non plus. Lucy était le genre de fille à voir le meilleur en chacun ou du moins elle essayait. Elle ne pouvait pas imaginer quelqu'un d'autre comme son époux et s'y refusait et ce même pour des cas comme la Méchante Reine.

Lucy l'écouta parler. Effectivement, les gens d'ici avaient sans doute besoin de voir de leurs propres yeux que Regina n'était plus la même. Lucy n'avait de toute évidence pas connu les même choses que les autres et ignorait donc totalement comment la méchante reine était perçue ou encore l'étendu de ce qu'elle avait put faire aux peuples des royaumes de l'autre monde, celui des contes. Aussi loin qu'elle essayait de s'en souvenir elle n'avait jamais vu de près ou de loin la reine arriver dans son patelin. Le vieux patelin... Elle y était née et y avait vécu jusqu'à épouser la Barbe Bleue. Elle n'avait pas connu grand chose d'autre et c'était sans doute en grande partie pour ça qu'on l'avait toujours considéré comme une petite ignare juste bonne à faire plante verte. Lucy s'en était même convaincue à une époque, persuadée qu'on ne l'appréciait que pour son physique et sa docilité.

- Vous devriez commencer par arrête de trop vous prendre la tête. Continuez juste d'agir comme vous l'avez fait ces dernières années. Jouez votre rôle de maire pour rendre cette ville meilleure. Personne ne le fera à votre place.

Lucy n'était pas très bien placée pour lui apprendre comment agir dans telle situation. Elle même ne sait pas comment elle aurait réagit à la place de la reine. Sans doute se serait-elle prostrée dans un coin, attendant que l'attention se détourne d'elle. N'était-ce pas ce qu'elle essayait de faire en fuyant son ancien époux ? Elle se faisait petite et tenter d'éviter qu'on la remarque. Elle ne voulait pas que la Barbe Bleue mette la main sur elle et il faut l'avouer, sa barbe à la couleur étrange il lui serait bien difficile de l'identifier.

- Vous connaissez déjà vos fautes, vous ne pouvez pas vraiment faire pire à présent. Ca ne peut qu'aller mieux. Si vous perdez espoir alors vous perdez tout simplement. C'est en étant confiante que vous arriverez à devenir celle que vous voulez être. Je pense sincèrement que vous êtes déjà cette personne, prouvez-vous maintenant que vous l'êtes.

Si Lucy la voyait déjà comme une bonne personne elle était persuadée que la reine parviendrait à faire voir à d'autres personnes qui elle était. En réalité Lucy n'en savait trop rien. Elle savait juste que Regina ne lui avait jamais fait de mal et qu'elle ne s'était jamais montré hostile envers elle. Elle voulait par conséquent lui donner un peu d'espoir pour qu'elle puisse accomplir ce qu'elle voulait à présent accomplir, rien de plus.