Abandonnée. J’ai été abandonnée.  Je suis seule au milieu de ce temple. Je ne comprends pas ce que je fais ici. Je ne sais pas si c’est une bonne chose que je sois ici mais malgré tout je souris. Je souris parce que la vie est belle malgré le fait que je sois seule. J’aurais voulu être comme les autres enfants que je vois parfois dehors. J’aurai voulu avoir un papa et une maman. Les prêtres sont gentils mais ils ne me comprennent pas et ils me grondent quand je dis que j’entends des gens me parler ou quand je dis que les dieux ne font pas toujours ce qu’il y a de bien. Ils ne comprennent pas pourquoi je raconte tout cela et j’avoue en pas savoir moi-même. Je demande juste qu’on m’explique mais on ne le fait pas. On me laisse dans l’ignorance.  Je reste avec mes questions qui n’ont pas réponses et malgré tout je ne me gâche pas la vie. Je suis plutôt heureuse au temple. Je sers un dieu bienveillant et j’apprends beaucoup de choses comme l’écriture ou la lecture. Malgré toutes ces bonnes choses, je restais seule et l’on ne me croyait jamais quand je disais ce que je voyais. Alors au fils du temps j’ai appris à me taire et à laisser tout cela en sourdine pour qu’on ne me prenne pas pour une sorcière. Je ne voulais pas finir comme Cassandre…

Quand j’entrais dans l’adolescence je me sentais revivre. J’avais enfin une personne qui comprenait ce que je vivais et qui vivait à mes côtés.  Il était apparu comme cela une nuit sans que je ne sache pourquoi. J’avais l’habitude de voir des esprits mais lui semblait surpris que je puisse le voir. Visiblement il n’était pas venu de lui-même comme les autres le faisaient. Même si j’aurai du avoir peur une petite voix en moi me disait que je n’avais pas à être effrayée. Il ne me faisait pas peur. J’avais confiance en lui. Je faisais bien de lui faire confiance car il m’appris de nombreuses choses concernant mes pouvoirs mais surtout j’avais enfin quelqu’un à qui me confier. Je lui disais tout de ma vie lui racontant comment les prêtes me réprimandaient quand je disais que Zeus devrait être plus clément ou quand je me questionnais sur l’existence des dieux. Je lui disais aussi combien j’attendais sa venue  chaque soir et que c’était la seule lumière dans mes ténèbres. Il semblait heureux et je l’étais aussi. Je n’avais jamais été aussi heureuse que quand il était avec moi. Je me sentais vraiment bien quand il était avec moi.

Puis un jour il ne vient plus. C’était aussi simple que cela. Il ne venait plus. Une peur panique envahissait peu à peu mon cœur mais il y avait également de la rage. Il m’avait menti. Il ne viendrait pas me chercher et pourtant je ne voulais pas m’avouer qu’il ne viendrait pas du tout. Il y avait toujours cet espoir fou en moi. Il m’avait promis qu’il viendrait pour me prendre avec lui que je serai avec lui pour toujours. Il me l’avait juré. Je devenais alors instable criant hurlante pestiférant tout ce que je pouvais contre les dieux contre ma vie contre tout ce qui était autour de moi. Et quand je ne criais pas je pleurais à chaude larmes n’arrivant jamais à m’arrêter. Je ne comprenais pas pourquoi il ne venait plus alors dans ma folie je me persuadais que c’était une épreuve… Qu’il me mettait à l’épreuve pour savoir si j’étais vraiment digne de lui ou non. Alors j’essayais de garder foi en lui mais la folie gagnait peu à peu mon cœur et mon esprit. Un soir je me couchais épuisé n’ayant pas manger une nouvelle fois, ayant juste bu un verre d’eau qui me fit oublier toute ma vie passée sans que je m'en rende compte.

De tout cela je n’en ai plus souvenir. Je me souviens juste d’une vie paisible au temple de Zeus et de cette solitude que je ressentais tout au fond de mon cœur. Je me souvenais également des sourires que les prêtres m’accordaient. Je me souvenais aussi de cet homme, de ce prêtre de Poséidon qui m’aidait et qui était un ami mon seul ami d’ailleurs. Je me souvenais de la quiétude que je ressentais dans ma vie malgré ce vide en moi. Cette vie heureuse je l’avais en tête pendant des années.  Je servais un dieu que j’appréciais et en qui je croyais. J’apprenais également l’histoire des autres dieux comme Poséidon, Héra et Hades pour ne citer que eux.

Les dieux régirent ma vie jusqu’à ce que je ne puisse plus le supporter. Arrivée à la vingtaine, je décidais de quitter le temple afin de vivre ma propre vie. Je partais dans la nuit et je marchais un long moment jusqu'à un port. Avec l'argent que j'avais volé au temple juste avant de partir je payais un capitaine qui m'amena dans un nouveau royaume que je ne connaissais pas : la forêt enchantée. Je me retrouvais alors dans un royaume que je ne connaissais pas. Je pourrais sûrement me construire une nouvelle vie dans ce nouveau monde... Mais le sort noir me frappa avant que je puisse savoir si j'aurai pu être heureuse dans la forêt enchantée.

J’ai vécu mon enfance à l’orphelinat. Apparemment mon père ne m’a pas reconnu et ma mère est morte ou elle m’a abandonnée les sœurs n’ont jamais su trop me dire. La seule chose qui était certaine était que je vivais à l’orphelinat et  j’étais seule. Je n’avais pas d’ami ou très peu m’isolant du reste du groupe parce que je ne m’y sentais pas à mon aise. J’avais toujours l’impression de ne pas trouver ma place au milieu de tous les autres enfants. Les sœurs me disaient que c’était normal parce que je me plaisais à croire qu’il y avait quelque part une famille qui m’attendait mais que je devais me sortir cette idée de la tête. Cependant je n’y arrivais pas. Je voulais croire que je n’étais pas seule tout simplement. Je voulais croire que j’étais spéciale qu’un jour on m’aimerait pour ce que je suis.

Les années passaient et je n’avais toujours pas de famille. Je voyais des enfants se faire adopter chaque jour contrairement à moi qui restait toujours à l’orphelinat. Lors de mon adolescence, je me mis à m’imaginer une nouvelle vie. Je détestais que l’on m’appelle Macaria alors je commençais à choisir le prénom Emeline ou plutôt Emy car c’est franchement plus court, plus commun et plus cool que Macaria. Je commençais par me faire des idées, à me raconter que chaque soir je devais rentrer chez moi pour retrouver mes parents et peut être un frère ou une sœur. Mais ce n’était pas le cas. Je n’avais que l’orphelinat et quand ma peine se faisait trop grande, je partais. J’essayais de courir le plus vite possible loin de cette ville. Si je devais vivre seule pour le restant de ma vie, je voulais choisir la vie que je voulais et non pas en subir une. Malheureusement à seize ans et bien que je me mettais dans tous mes états afin d’obtenir ce que je voulais rien n’y faisait. Je devrais attendre ma majorité pour partir de l’Orphelinat et pour vivre une vie dite normale à mes yeux… Cela ne m’empêcha pas de fuguer à de nombreuses reprises et de me faire rattraper tout aussi vite par les sœurs. Elles avaient un sixième sens à croire.

Quand je fus enfin considérée comme assez grande pour choisir ma vie, je "fuis" l’Orphelinat. Je prenais le premier travail que je trouvais dans un café - sans que je ne sache que c'était le sœurs qui me l'avaient trouvé - puis je me trouvais un logement après avoir dormi quelques semaines dehors afin d’avoir ce qu’il fallait pour payer mon loyer pour quelques semaines (refusant catégoriquement de me rendre dans le refuge que m'avait conseillé les sœurs). Je me prenais en main et si j’avais les bases scolaires solides je me rendais compte que je ne pourrais jamais faire les études que je voulais si je n’arrivais pas à mettre de l’argent de côté. Alors j’ai commencé par faire la petite souris. Tout allait pour le mieux jusqu’à ce que la malédiction soit levée.

Si tout le monde retrouvait qui il était, je restais dans le flou le plus total. Je savais juste que j’avais servi le dieu Zeus et ma connaissance de la mythologie grecque me frappa à nouveau mais mis à part cela je me retrouvais tout de même seule. La pauvre petite Emy qui ne sait pas qui elle est. La pauvre petite Macaria dont tout le monde se fichait visiblement. Mais c’était un bien pour un mal. Je pouvais me construire la vie que je voulais sans qu’on ne me demande des comptes. Je poursuivais donc mon but de me payer des études de médecine en dehors de Storybrooke dès que je le pourrais. Je continuais à étudier par avance des cours de médecine afin de ne pas être trop larguée – je rempruntais toujours le même livre à la bibliothèque en fait ! Au fond de moi je me disais que si quelqu’un était là pour moi il me trouverait. Sinon, je m’en sortirais toute seule comme je l’avais toujours fait…

Mais c’était sans compté sur l’apparition d’une chose que je ne pensais pas possible. La magie vivait visiblement en moi et c’est un soir dans les ruelles un peu mal fréquentées de Storybrooke que je me rendais compte de ce que je pouvais faire. J’avais mis le feu à une poubelle alors que je pensais qu’on me suivait et que je balisais juste grâce à mon esprit. Si j’avais d’abord cru à une coïncidence je devais me rendre à l’évidence que ce n’était pas du tout cela. Je voyais également des morts ou alors une aura proche des gens qui allaient mourir. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive et je me rends compte que plus j’ai peur, plus je ne me contrôle pas. Je pensais que ma vie serait simple mais visiblement le destin ou les dieux en ont décidé autrement. Si je pouvais simplement avoir une personne qui pourrait me prendre sous son aile… Une personne qui pourrait me comprendre et me guider. C’est tout ce que je demande en fait. Je voulais juste avoir quelqu’un.

« Je me lève et je te bouscule tu ne te réveilles pas comme d’habitude…. » Le son de mon téléphone retentissant dans l’ensemble de mon appartement fit apparaître un sourir sur mon visage. J’étais heureuse. Je me sentais bien et depuis longtemps je n’avais pas fait un seul cauchemar de la nuit. Je ne m’étais pas rappelée le temple de Zeuz ou la solitude et la peine qui régnaient alors dans mon cœur à cette époque.  Non ce matin tout allait bien. J’allais travailler et je pourrais mettre de côté encore une fois mon salaire de la journée. Je ne mangerais que peu mais à force de mettre de l’argent de côté je pourrai bientôt me payer mes études de médecine. Je voulais aider les autres. Je voulais leur rendre la vie plus facile mais aussi adoucir un peu leur peine.

C’était un peu comme mon travail de serveuse. Je donnais un peu de bonheur à mes clients en leur servant un café bien chaud avant qu’ils n’aillent travailler dans leur bureau ou pour le maire ou je ne sais où d’ailleurs.  Parfois je me surprenais à rêver de ce genre de vie. Avoir un but chaque jour en se levant aller travailler dans un endroit qui nous plaît…. Oh non pas que le café dans lequel je travaillais ne me plaisait pas mais c’était juste qu’il y avait sûrement mieux quelque part et que je ne me sentais pas vraiment à ma place actuellement. Je voulais faire plus pour les gens et même si le café adoucissait les mœurs de certaines personnes ce n’était pas aussi gratifiant que de sauver une vie par exemple.

Le matin, depuis la levée de la malédiction, j’avais toujours le même rituel. Je me levais de mon lit dès que le réveil sonnait, j’allais me faire couler un bain et le temps que l’eau coule j’allais préparer mon petit déjeuner sommaire comme souvent. Deux tranches de pain avec un peu beurre et un fond de jus d’orange car ce dernier devait tenir jusqu’à la fin du mois. Une fois cela fait, je me dirigeais vers le bain et j’y restais une bonne demi heure. Une nouvelle fois mon téléphone sonna pour me rappeler à l’ordre.  Je ne devais pas arriver en retard pour le travail ! Je sortais du bain et je m’habillais rapidement. Une jupe tube noire et une chemise blanche suffiraient largement. Je prenais mon sac et je me dépêchais une nouvelle fois de me rendre à mon service. Je marchais toujours pour me rendre au café, cela me faisait des économies mais surtout entretenait ma ligne. Tout en marchant je me demandais si je LE verrais ce matin là aussi. Il venait presque tous les matins. Il était bizarre et j’entendais beaucoup de messes basses quand il était assis au comptoir mais personnellement je me fichais de ce qu’on pouvait dire de lui. Il semblait gentil bien que spécial mais il laissait toujours de bons pourboires donc je n’allais pas m’en plaindre.

Arrivée au café, je m’attachais les cheveux en un chignon coiffé-décoiffé et je nouais mon tablier autour de ma taille. Je n’avais pas encore rencontrer de personne que je connaissais à Storybrooke et je me languissais de retrouver des amis du temple ou même de rencontrer des dieux qui sait ! Je commençais part préparer le café tout en chantonnant et quand j’entendis la porte tintée je me retournais vers cette dernière pour voir qui venait de rentrer :

« Bienvenue !"

Je souriais à la personne qui venait de rentrer tout en la reconnaissant. C’était LUI.

« Café noir serré sans sucre je ne me suis pas trompée cette fois n’est ce pas ? »

Je riais doucement avant de lui servir le café et de le poser devant lui. Je me penchais au comptoir posant ma main sous mon menton, m’accoudant afin de pouvoir discuter avec LUI.

« Vous allez bien aujourd’hui ? »

Je souriais gentiment. Il était gentil mais il faisait quand même un peu peur. C’était comme un mélange de fascination et de crainte. Comme si j’avais une petite voix intérieure qui me disait de me méfier et une autre qui me sommait de lui faire confiance à cent pour cent.