Here's to the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes

♕ **INSCRIPTION** : 28/10/2017

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Jefferson & Archie

La soirée du bal avait été une grande réussite, tous ceux qui m’avaient commandé des chapeaux avaient paru très satisfaits et avaient payé rubis sur l’ongle. Grace s’était amusée comme une folle et passée ma première angoisse de me retrouver au milieu de tant de gens, j’avais eu un certain plaisir. Ce qui ne m’avait pas empêché de tomber comme une masse sur mon lit après avoir couché ma fille, l’avoir bordée et embrassée sur le front, et de dormir jusque tard dans la matinée.

Cela faisait quelques jours que la fête était passée et Grace et moi étions retournés dans notre chaumière dans la forêt pour nous retrouver un peu au calme. Ma fille s’occupait bien de Spot et avec l’argent que j’avais gagné en faisant les chapeaux du bal, j’avais voulu lui faire des cadeaux : elle avait demandé, après que j’aie dû insister un peu, des livres et, à ma grande surprise, une petite dague. Apparemment, elle voulait que je lui apprenne à se battre « pour qu’elle puisse me protéger comme je l’avais toujours protégée », selon ses propres mots. Il n’y avait rien à faire, cette petite me surprendrait toujours !

J’étais donc allé au marché, un jour où Grace allait passer l’après-midi au château de Regina, à la recherche de livre qui pourraient intéresser ma petite chérie et surtout lui trouver une bonne dague pour apprendre à la manier. J’avais décidé de lui prendre une dague d’entraînement en bois et une en métal pour lui donner quand elle saurait bien s’en servir. Si ma fille devait avoir une arme, elle méritait la meilleure que je puisse lui trouver. Le prix n’avait aucune importance.

Une fois arrivé sur la place du marché, vêtu d’habits neufs offerts par la reine lors de sa dernière visite et de mon vieux manteau rapiécé – j’étais un peu sentimental, c’est vrai – je me mis en quête de livres et d’une lame. Certaines personnes me reconnurent et me saluèrent poliment, d’autres s’écartèrent en murmurant. J’avais une certaine réputation auprès des anciens habitants de Storybrooke et surtout auprès de certains de ceux qui avaient été à New-York. « Voleur », « fou », « fauteur de troubles », « strip-teaseur » étaient certains des mots que je pouvais entendre dans leurs murmures. Je poussai un long soupir et fis mon possible pour les ignorer en avançant vers un des stands de livres.

Alors que j’inspectais les livres en vente, je sentis une main se poser sur mon épaule, me faisant sursauter. Je me retournai d’un bond, ma main allant directement se poser sur la poignée de la dague à ma ceinture. La surprise de reconnaître la personne devant moi me fit me détendre un peu.

We aren't contractually tied down to rationality! There is no sanity clause! So when you find yourself locked onto an unpleasant train of thought, heading for the places in your past where the screaming is unbearable, remember there's always madness. Madness is the emergency exit… you can just step outside, and close the door on all those dreadful things that happened. You can lock them away… forever.
BANGERZ

Archie était parvenu à passer à travers le portail avant que celui-ci ne se referme. Il n'avait pas été repéré par les autres et préférait d'abord comprendre où il avait atterrit et s'assurer qu'il ne lui arriverait rien avant de se dévoiler. Ou peut-être était-ce juste une sorte de lubie. L'idée de pouvoir observer les autres sans qu'ils ne soient au courant l'amusait assez bien et il faut dire qu'il s'ennuyait un peu avant leur arrivée. Archie avait toujours été comme ça, la raison n'était pas son fort et il faisait tout par simple envie sur l'instant présent. Un véritable enfant sans surveillance...

Plusieurs jours avaient passés durant lesquels Archie et Le Loir avaient essayé de comprendre dans quel genre d'endroit ils se trouvaient. Ce fut chose plutôt aisée, les gens avaient tendance à s'exprimer normalement ici et à répondre simplement, sans se perdre dans des énigmes et devinettes insensées. C'en était presque triste. La Forêt Enchantée. La première fois qu'il l'avait entendu, il avait répondu "De même" avant de comprendre qu'il s'agissait la du nom de l'endroit où il se trouvait plus que d'une formule de politesse.

Ce jour la il se trouvait au marché. Il y avait la des tas d'étales sur lesquels, s'il était assez discret et habile de ses mains, il pouvait se servir. Il avait profité d'une diversion pour s'emparer d'une pomme qu'il avait aussitôt rangé dans la poche de sa veste. Il s'avança un peu plus dans le marché et sa foule avant de la ressortir et croquer dedans. Mais tandis qu'il était occupé à la grignoter, il remarqua plus loin, de dos, une silhouette connue. Ce vieux manteau il pouvait le reconnaître entre mille. Il délaissa un instant sa pomme pour aller le voir. Ce bon vieux Chapelier était sans doute la seule personne qu'il connaissait dans ce monde et il n'avait pas envie de le laisser filer une nouvelle fois.

Il arriva dans son dos et posa sa main sur son épaule pour l'interpeller. Lorsque Jefferson se retourna, Archie eut l'impression le temps d'une demi-seconde qu'il allait lui arracher la tête.

- Chapelier !!!

Il était heureux de constater qu'il ne s'était pas trompé d'individu. Sans lui laisser le temps de réagir, il l'enlaça comme on enlace un vieil ami. Il le relâcha ensuite et se recula d'un pas ou deux.

- Cet endroit est bizarre. Par la il voulait dire trop normal. Ca fait longtemps, je suis heureux de te revoir.

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Jefferson & Archie

L’étreinte me prit de court et je me tendis comme la corde d’un arc, mais la surprise me fit poser les mains sur le dos du baron, lui rendant son câlin. Un flot de souvenirs me revint en mémoire, des souvenirs que j’aurais préféré garder enfouis, comme c’était souvent le cas depuis la Malédiction de Regina. Le baron venait du Pays des Merveilles, c’était le fameux Lièvre de Mars avec qui, selon l’histoire, j’étais censé passer mon temps à boire le thé et à raconter des énigmes sans queue ni tête. Il m’avait vu tenter de fuir la Reine de Cœur à de nombreuses reprises, toutes ces tentatives qui s’étaient terminées avec ma tête tranchée et posée de manière à ce que je voie toujours mon corps décapité et inerte. Je me souvenais avoir passé des jours entiers à ne pouvoir rien faire d’autre que fixer le reste de mon être, au point que je suppliai qu’on me tue réellement. Puis un jour, le Lièvre m’avait aidé à m’enfuir et j’étais parti sans demander mon reste. Avec le recul, je me disais que je lui devais au moins des remerciements, mais sur le moment, je n’avais eu qu’une idée en tête : quitter ce pays de malheur le plus vite possible et retrouver ma petite fille, ma Grace adorée.

Quand le baron me lâcha et recula, je fis de même, le regardant toujours avec surprise et une pointe de crainte. Que faisait-il ici ? Comment était-il parvenu dans la Forêt Enchantée ? Un portail, sans doute, mais lequel ? Il ne semblait pas m’être hostile, mais on parlait du Lièvre de Mars, tout de même ! Sans m’en rendre compte, je m’étais mis à trembler en repensant au Pays des Merveilles et à ma première rencontre avec le baron. Ce maudit pays ne me quitterait donc jamais ? Je haïssais vraiment le Pays des Merveilles et je serais heureux si mes pas ne me portaient plus jamais là-bas.

Je m’efforçai de lui sourire poliment et le saluai d’un signe de tête, en me maudissant d’avoir négligé de porter mon écharpe pour cacher la cicatrice de mes nombreuses décapitations.

« - Mon… monsieur le Baron… votre Excellence… le plaisir est partagé. Bien… bienvenue dans la Forêt Enchantée. Vous… vous avez fait bon voyage ? »

Me rendant compte que je devais ressembler à un lapin pris dans les feux d’un semi-remorque, je me râclai la gorge et pris une grande inspiration pour me calmer, faisant mon possible pour ignorer les quelques regards perplexes que je sentais sur nous.

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Archie relâcha son étreinte. Il n'avait que peu de considération pour l'espace personnel d'autrui et tout aussi peu de filtre dans la vie de tout les jours. Ce qui pour certains semblaient étrange était pour lui tout à fait normal. Archie était spontané, positivement ou négativement.

- Mon… monsieur le Baron… votre Excellence… le plaisir est partagé. Bien… bienvenue dans la Forêt Enchantée. Vous… vous avez fait bon voyage ?

Jefferson semblait hésitant. Peut-être craignait-il que la reine de coeur ne soit elle aussi passé à travers le portail ? Ils en auraient sans doute déjà entendu parlé depuis les quelques jours passés ici, c'est qu'elle n'était pas du genre à passer inaperçue. Les têtes avaient tendance à tomber sur son passage et pour l'heure, Archie n'avait croisé aucune tête parlante ou corps étêté depuis son arrivée.

- Très bon voyage. Je suis arrivé avec Le Loir mais... il regarde autour de lui pour essayer de le retrouver. je crois que je l'ai déjà perdu.

Qu'à cela ne tienne. Le Loir était apte à se débrouiller seule. Il lui suffisait généralement d'un coin où dormir et le reste suivait son cours. Archie ne s'en faisait pas trop pour elle, il s'inquiétait plutôt pour lui même. Il ne comprenait toujours pas ce qui lui avait pris de quitter son petit coin de paradis pour venir ici, dans un lieu totalement inconnu, loin de son manoir en tête de lièvre.

- Ce n'est pas la peine de me vouvoyer, voyons ! Il fit mine, un court instant, d'être gêné par tant de politesse. En réalité ses critères changeaient rapidement en fonction de qui il avait face à lui et de son humeur générale. Sans raison apparente ou plutôt sous couvert de la folie, il appréciait le chapelier chose qui n'était pas donné à tout le monde. Rare étaient ceux à entrer dans les bonnes grâces du baron et à y rester. Il était du genre à s'offusquer pour un rien, par chance il s'extasiait proportionnellement pour un rien. Il était difficile d'arriver à complètement le cerner tant il était imprévisible.

- C'est dans ce monde que tu te cachais tout ce temps ? Est-c.... Est-ce que tu savais qu'ils ne respectent même pas l'heure du thé par ici ?

Une aberration pour le lièvre. Comment pouvait-on louper l'heure du thé ? Et personne ne semblait s'en inquiéter. Sans parler du manque de variété en matière de thés et infusions. Quel monde bien triste que celui-là...

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Jefferson & Archie

Le baron était fort amical pour le moment et j’espérais bien qu’il le resterait. Je n’avais aucune envie de voir ce dont il était capable quand il n’était pas de bonne humeur. J’avais encore souvenir d’une théière lancée en pleine tête d’un garde rouge la première fois que je l’avais vu.

Je m’efforçai donc de lui sourire amicalement, espérant que les gens finiraient par se désintéresser de nous et arrêter de nous jeter des regards curieux. J’avais l’impression d’être une bête de foire et je haïssais profondément ce sentiment. Déformation professionnelle de voleur, sans doute, je n’aimais pas qu’on me remarque sans que je le veuille.

« - Oh, le Loir est là aussi ? Intéressant. Je ne la connais pas aussi bien que vous… que toi, pardon… mais elle m’a paru sympathique. »

Je n’avais vu la jeune femme que très peu souvent et je ne lui avais adressé la parole que deux ou trois fois – le peu de fois où j’avais eu l’occasion de passer vers la table du Lièvre, le Loir était souvent en train de somnoler. J’espérais sincèrement que personne d’autre qu’eux deux n’avaient passé le portail entre le Pays des Merveilles et la Forêt Enchantée. Le Lièvre et le Loir ne m’inspiraient pas confiance, mais ce n’était rien par rapport à la terreur que me donnait la perspective de voir débarquer Cora. Si elle venait ici, personne ne serait à l’abri : ni moi, ni Regina, ni ma petite Grace. Oh mon dieu, si elle mettait la main sur Grace…

Je secouai la tête pour reprendre mes esprits. Ca se serait su si la Reine de Cœurs était ici. Grace ne risquait rien. Grace ne risquait rien. Je sentis mes mains se mettre à trembler, alors je les joignis pour cacher mon malaise. Malgré l’air doux et chaleureux du jeune homme face à moi, il me rappelait des souvenirs très désagréables et faisait partir mon esprit dans une inquiétude sourde.

« - C’est plus compliqué que ça, répondis-je à sa remarque sur le fait que je me cachais dans ce monde depuis si longtemps. C’est bien là que je suis venu après ma fui… ma fuite. D’ailleurs, pardonne-moi de t’avoir faussé compagnie si vite, sans te remercier… c’était impoli et ingrat de ma part.

Pour ma défense, à l’époque, je fuyais pour ma vie, terrifié à l’idée de rester prisonnier de cette garce de Cora et de subir encore une fois sa torture sadique. La politesse n’avait pas été ma priorité, rendu fou par les traitements subis lors de ma captivité. Avec le recul, je me rendais compte que si le Lièvre ou le Loir avaient tenté de m’arrêter, j’aurais été capable de les tuer, à l’époque. Mais maintenant que j’en avais l’occasion, des remerciements s’imposaient, ne fut-ce que pour conserver la bonne humeur de l’instable baron.

Un petit rire m’échappa lorsqu’il évoqua les mauvaises manières en matière de thé qui avaient cours dans la Forêt Enchantée. Je regardai ma montre à gousset.

« - Si tu le souhaites, nous pourrions prendre le thé à l’heure. J’ai quelques courses à faire, mais après, nous pourrions aller prendre le thé chez moi. »

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Si Jefferson ressentait un peu trop tous les regards braqués sur eux, Archie lui n'en avait que faire. Ce n'était pas la première fois qu'on le dévisageait, même pour le Pays des Merveilles il était des plus atypiques, et ce ne serait certainement pas la dernière ! Peut-être même que ça lui plaisait... ou peut-être que non. Avec lui tout dépendait toujours de l'instant T. Un jour il en était plutôt heureux, le jour suivant (voir la minute suivante), ça l'énervait. Pour l'heure, la tout de suite, il s'en moquait royalement.

- Oh, le Loir est là aussi ? Intéressant. Je ne la connais pas aussi bien que vous… que toi, pardon… mais elle m’a paru sympathique. Le Baron acquiesça. Evidemment qu'elle était sympathique ! Ce n'était pas son amie pour rien. Du moins elle était sympathique selon ses critères à lui et principalement avec lui. LA façon dont elle se comportait avec les autres ne le regardait pas et ne lui appartenait qu'à elle.

Le Chapelier s'excusa de lui avoir faussé compagnie par le passé, ce à quoi Archie hocha la tête.

- C'est déjà tout pardonné. Un privilège qui n'était pas donné à tout le monde.

Jefferson ricana légèrement lorsqu'il se mit à aborder la question du thé. Le lièvre arqua un sourcil. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir de drôle à ça ? Le thé est une affaire sérieuse ! Heureusement il se rattrapa en l'invitant à boire le thé chez lui. Archie plongea la main dans sa poche pour en retirer sa petite montre à gousset qu'il observa un instant avant de se rappeler qu'elle était de toute façon bloquée à l'heure du thé et qu'il lui serait donc bien difficile de savoir quelle heure il était. Qu'à cela ne tienne ! Il serait bien la pour le thé, son métabolisme le lui rappellera de toute façon.

- Et bien, Chapelier, ce serait pour moi un immense plaisir que de prendre le thé chez toi !

Il trouvait les maisons par ici bien trop fades et était persuadé que celle de Jefferson relèverait un peu le niveau. Le pauvre risquait d'être bien déçu. Ici rien n'était comme au Pays des Merveilles. L'excentricité n'était pas monnaie courante. Sans doute en trouverait-il un peu plus dans le laboratoire d'un savant fou, chez un sorcier un peu facétieux ou dans un palais aux milles portraits mais il avait horreur des palais. Il pourrait volontiers faire une exception si celui-ci regorgeait de portraits de lui mais les chances pour que ce soit le cas étaient particulièrement minces et puis, Archie n'était pas ambitieux à ce point la. Un manoir lui suffisait amplement, pourvu qu'il puisse y choisir les meubles et installer ci et la des miroirs et portraits de lièvres.

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Jefferson & Archie

Après réflexion, je me disais qu’inviter un homme littéralement et littérairement connu pour être instable chez moi n’était pas la meilleure idée que j’aurais eu aujourd’hui, mais l’invitation était lancée et il aurait été impoli – et sans doute imprudent – de la refuser. Et puis, le jeune homme semblait de bonne humeur, le thé serait sûrement plaisant.

Heureusement pour mes nerfs, les gens avaient fini par se désintéresser de notre duo et vaquaient à présent à leurs occupations sans plus nous regarder comme des bêtes curieuses. Je retins à peine un soupir de soulagement quand je ne me sentis enfin plus observé. La pensée qu’à New-York, mon travail avait été de m’exhiber aux regards avides d’un public me donnait des sueurs froides. Je n’avais aucun mépris vis-à-vis des personnes qui choisissaient un tel métier, au contraire, je les trouvais réellement admirables et très courageuses, mais ce n’était clairement pas un métier pour quelqu’un comme moi. J’avais cessé de même envisager que je puisse être attirant quand j’avais perdu mon épouse et je n’avais pas vraiment pris le temps de prendre soin de moi quand je m’occupais de Grace. Au Pays des Merveilles, j’avais perdu du poids à cause de la peur et des tortures, puis, durant la Malédiction j’avais été bloqué dans le temps comme tous les habitants. De plus, mon état mental n’aidait pas à m’encourager à me remettre en forme. Je ne savais pas quel dieu farceur ou sorcier dérangé avait jugé que le meilleur métier pour moi à New-York était strip-teaseur, mais si je lui mettais un jour la main dessus, il allait avoir les oreilles qui sifflent.

« - Jefferson. » corrigeai-je mon interlocuteur doucement, avec un sourire amical. « Mon nom est Jefferson, ton Excellence. »

Les seules personnes à m’appeler « Chapelier » étaient les gens que j’avais rencontré au Pays des Merveilles et cela me rappelait de bien mauvais souvenirs. À chaque fois qu’on m’appelait ainsi, je passai ma main sur ma cicatrice au cou, presque sans m’en rendre compte. En général, je ne sortais jamais sans mon écharpe, mais ce jour-là, j’avais cru pouvoir m’en passer. Ma fille m’encourageait à me lancer des petits défis chaque jour pour essayer de reprendre une vie plus ou moins normale. « Un pas après l’autre, papa. Tu reviens de loin, mais je sais que tu peux t’en sortir » m’avait-elle dit avant le bal. Grands Dieux, que ferais-je sans elle ?

« - Très bien. Tu veux m’accompagner faire mes achats ou on se retrouve ici quand j’ai fini ? »

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Jefferson... Archie allait tenter de retenir mais l'envie de l'appeler Chapelier risquait bien d'être trop grande. On avait tendance à nommer les gens d'une bien étrange façon au Pays des Merveilles. Reine Blanche, Reine Rouge, Reine de Coeur, Lapin Blanc, Lièvre de Mars... En avait-il seulement un qu'on reconnaissait plus facilement par son nom que par son surnom ? Peut-être Absolem. Quoiqu'il en soit, si le Ch... Jefferson voulait qu'on l'appelle par ce nom, Archie essayerait de s'y tenir.

- Jefferson... Il le prononça comme pour le retenir. D'accord mais dans ce cas appelle moi Archie. Il préférait être sur un pied d'égalité, du moins pour le moment. Qui sait ce qu'il pensera de tout ça dans quelques jours ?!

- Très bien. Tu veux m’accompagner faire mes achats ou on se retrouve ici quand j’ai fini ? La bienséance aurait voulu qu'il laisse Jefferson faire ses achats seul, sans le déranger. Mais voila, le Baron avait sa propre interprétation de la réalité mais surtout, il craignait que le Chapelier ne lui glisse une fois de plus entre les pattes. Il aurait été bien dommage qu'il le perde une fois de vue et sans doute bien regrettable pour quiconque se trouverait dans les parages lorsqu'il en serait énervé. S'il n'avait pas de théière à lancer sous la main, il n'était jamais complètement à court d'idée et de ressources. Sauf qu'ici, contrairement à son pays d'origine, il risquait de terminer derrière des barreaux s'il s'offusquait de la même façon. Il n'en était cela dit pas encore conscient. C'est que c'était la première fois qu'il partait si loin de chez lui et il n'était pas du genre très compétent pour s'adapter aux autres modes de vie. Il allait pourtant devoir s'y faire bon gré mal gré.

- Je t'accompagne ! Ce sera l'occasion de découvrir un peu ce qu'il y a par ici.

Il n'était pas encore très coutumier de ce qui se vendait dans les parages. Voir les produits proposés et surtout voir comment quelqu'un qu'il estimait un minimum se comportait avec les gens d'ici l'aiderait surement à comprendre le fonctionnement de la région dans laquelle il se trouvait.

- Est-ce que tu vas souvent dans ces... comment ça s'appelle déjà... marchés ?

Archie n'était pas très aux faits de tout ça. Il était Baron, ne l'oublions pas ! Pour tout dire il faisait de temps à autre aussi son propre marché. Il n'était pas Duc ou Prince, juste un petit Baron mais ses terres suffisaient assez bien à subvenir à ses besoins qu'il ne lui était que rarement nécessaire d'aller dans ce genre d'endroits qui grouillait un peu trop de monde.

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Jefferson & Archie

« - Archie. D’accord. »

J’étais ami avec une reine et je tutoyais et appelais un baron par son prénom. Si on m’avait dit ça quand je vivais encore chez mes parents dont le seul rêve était de coiffer les nobles, je ne l’aurais sûrement pas cru. J’en avais fait du chemin, depuis l’atelier de mon père !

Ainsi, le baron voulait m’accompagner pour découvrir les choses qu’il y avait sur le marché. J’imaginais volontiers que la Forêt Enchantée pouvait paraître plus qu’étrange à un habitant du Pays des Merveilles, particulièrement quelqu’un d’aussi instable qu’Archie. Cependant, je me doutais bien que la raison qu’il avait évoquée n’était pas la seule pour laquelle il voulait me suivre. J’ignorais pourquoi, mais il semblait m’avoir pris en sympathie et, malgré ce qu’il m’avait dit, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il avait peur que je lui fausse encore compagnie. Je n’allais pas faire comme si l’idée ne m’avait pas traversé l’esprit, l’espace d’un instant. Comme très souvent depuis ma fuite du Pays des Merveilles, j’étais extrêmement méfiant. De plus, je ne connaissais que très peu Archie et je ne savais pas comment il pouvait réagir.

« - Avec plaisir, alors ! lui répondis-je avec un sourire que j’espérais enjoué. Je dois juste trouver un ou deux livres et une dague d’entraînement pour ma fille, et ensuite, on va prendre le thé ! »

Je jetai un coup d’œil autour de nous et reportai mon attention sur les livres de l’étal devant moi. Il fallait que je choisisse relativement vite pour ne pas trop faire attendre le Lièvre. Je choisis un livre sur les herbes médicinales et un livre d’histoires à l’élégante couverture.

« - J’y allais très souvent, avant mon passage au Pays des Merveilles. Ma fille et moi, on vendait des champignons cueillis en forêt pour essayer de gagner quelques sous. Et c’est là que je venais acheter les provisions qu’on ne trouvait pas dans la forêt. Mais depuis quelques temps, c’était devenu un peu plus difficile. »

Je me rendis compte que le baron ne savait probablement pas tout ce qui était arrivé depuis que nous nous étions quittés, tant d’années auparavant. Ce serait sûrement un bon sujet de conversation autour d’une tasse de thé. Il s’en était passé des choses depuis ma fuite éperdue du Pays des Merveilles. Je n’étais même pas sûr que mon invité me croirait, mais qui sait ?

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Je dois juste trouver un ou deux livres et une dague d’entraînement pour ma fille, et ensuite, on va prendre le thé ! Une dague, quelle étrange idée. Pourquoi diable une enfant, puisqu'il supposait que la fille du Chapelier était encore enfant, aurait besoin d'une dague ? D'entrainement qui plus est !

Jefferson avait vite fait de choisir un livre ou deux. Les herbes médicinales ? Archie connaissait assez bien les plantes même si son intérêt ne se portait pas vraiment sur les médicinales. Jefferson ne lui laissa pas trop le temps de penser d'avantage à ce qu'il pourrait bien faire d'un tel bouquin. Ainsi donc il avait pour habitude de vendre des champignons... Archie l'avait toujours imaginé Chapelier depuis la plus tendre enfance. Soudainement il perdit un peu d'intérêt à ses yeux. Quelle déception, vraiment... Pourquoi les choses et les gens devaient-ils constamment changer ? Archie était loin d'être l'individu le plus stable mais il avait le mérite de rester fidèle à ce qu'il avait toujours été, c'est à dire un être bien à part...
Puis Jefferson lui parla des dernières difficultés rencontrées. Archie releva des yeux pétillants vers son "ami".

- Difficile comment ?

Archie adorait les potins et les histoires en tout genre. Il avait hâte d'entendre ce que Jefferson avait à lui raconter. Est-ce qu'ici aussi la moitié de la région avait été gelée ? Que le chapelier ne s'en fasse pas trop, tout ça était terminé et Archie restait encore persuadé que c'était entièrement grâce à lui ! L'idée que des gens avaient du lutter contre une magie maléfique ou une magie tout court ne lui effleurait toujours pas l'esprit. Pourquoi s'en soucier d'ailleurs ? Tout ce qui lui importait était ce qu'il s'était passé chez lui et le fait que c'était terminé. Certes il adorerait entendre Jefferson lui parler de ce genre de choses aussi mais il savait, ou plutôt croyait savoir, qu'il était celui qui en avait le plus souffert. Après tout ce gel avait figé son ami et l'avait laissé un peu trop longtemps tout seul, la moitié de son terrain terriblement froid.
Il était loin de se douter que non seulement il n'avait rien à voir la dedans et que son "implication" n'était qu'un parfait hasard, mais également que les autres, dans la forêt enchantée principalement avaient subit bien pire que lui dans son manoir tranquille. Des pertes de mémoires et une nouvelle vie dans un monde bourré de technologie... quelle vaste blague.

- Si tu as des problèmes d'argent je peux peut-être te dépanner. Ou du mal à trouver des champignons ? Je connais bien les plantes, je pourrais t'aider à en trouver des bien plus recherchés qui te rapporteront bien plus que quelques champignons fades.

Ohh oui, les plantes ça le connaissait. S'il était plus porté sur les fleurs et les feuilles, il n'en restait pas moins assez calé sur certains champignons qui provoquaient certains effets secondaires palpitants. Pour tout dire, il pourrait même s'il le voulait tuer quelqu'un avec certaines espèces ou par le biais d'un mélange peut conventionnel. Le Baron possédait bien plus de ressources qu'il ne le laissait croire de premier abord.

» Billy - i’m not crazy !
» A little bit crazy I’m hollering at the moon

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