What now ?

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What now ?

Libre

Il se croyait en sécurité. Il avait baissé sa garde. J’avais souvenirs de plus de protections, la dernière fois que j’étais allé chez lui. Des glyphes de gardes magiques, des illusions, des sorts pouvant bloquer les portes, tout un arsenal de protection. Mais là, alors que, l’épée à la main, je me frayais un chemin à travers le manoir isolé, je n’avais qu’un mot en tête : « Amateur ! ».

L’homme que je cherchais était celui qui avait empoisonné ma Roxana en cherchant à m’éliminer, moi. Je ne savais pas ce qui l’avait poussé à faire cela et à vrai dire, je n’en avais cure. Je lui avais laissé assez de répit, il avait eu le temps de deux malédictions pour se cacher ou régler ses affaires. À présent, il était temps de payer, comme certains de ses hommes l’avaient déjà fait quand j’avais récupéré mes pouvoirs. J’avais essayé de me monter magnanime, de me concentrer sur le fait d’aller de l’avant pour reconstruire mon royaume, pour être un bon roi. Mais la colère qui grondait au fond de moi ne me laissait plus aucun répit. Il fallait que celui qui m’avait enlevé ma tendre épouse paie.

Je finis par me trouver devant la porte de l’étude de mon ennemi. Je ne sentais rien de particulier en-dehors de sa présence. Pourquoi paraissait-il si insouciant ? Il était parfaitement impossible qu’il n’ait pas conscience de mon arrivée, je n’avais pas essayé d’être discret, alors où étaient ses défenses ? Cela commençait à m’inquiéter, je craignais un piège, mais j’entrai tout de même dans la pièce, poussant la porte d’une main ferme.

Le sorcier était là, attablé à son bureau, une coupe bien remplie à la main, un livre dans l’autre et un air las sur le visage.

« - Vous êtes bien loin de chez vous, Majesté… » fit-il sans même m’accorder un regard, tournant nonchalamment une page de son livre et buvant une gorgée de son verre.

J’eus un sourire amer et m’assit face à lui pour observer la pièce. Toujours rien qui puisse m’inquiéter n’était perceptible. Mon interlocuteur me servit un verre par magie, le regard toujours fixé sur son livre.

« - Il me semble, à moi, que je n’ai jamais vraiment quitté ce manoir… une partie de moi y est demeurée depuis ce dîner. »

« - Vous devriez savoir, maintenant, que si j’étais arrivé à mes fins, vous n’auriez pas du tout quitté ma demeure. Vivant, du moins. »

« - Je le sais. D’ailleurs, je n’aurais pas aimé être à votre place si cela avait été le cas. Mon épouse et ma mère vous l’auraient amèrement fait regretter. »

Je faisais tournoyer l’alcool dans mon verre pendant que je parlais, ma voix toujours très calme malgré mon cœur qui battait la chamade.

Le sorcier marqua sa page et posa l’ouvrage pour m’accorder enfin un regard. Derrière la lassitude et la résignation, je distinguai une lueur de moquerie qui me fit crisper la mâchoire.

« - Et si je vous disais que je craignais moins la réaction de votre mère que la vôtre, Méléagant de Gorre ? »

« - Je vous répondrais que vous manquez soit de jugeote, soit de talent pour le bluff, mon cher… »

De tous ceux qui connaissaient ou avaient connus ma mère, je ne voyais personne qui n’aurait pas craint son courroux. Seul mon père avait été assez fou ou courageux ou les deux pour lui tenir tête. Et elle n’aimait personne autant qu’elle m’aimait. Elle n’avait pas eu d’autres enfants et elle avait tout fait pour que je me retrouve à la tête de mon royaume, malgré les efforts de mon père et de sa cour pour m’écarter de mes droits. Si mon interlocuteur avait réussi son coup, je n’aurais pas donné cher de sa peau, de son manoir ou même de ses gens.

Pourtant il éclata de rire et vida son verre d’un trait.

« - Je crains bien que tout cela n’ait plus grande importance, maintenant. J’ai raté mon coup et je dois en payer les conséquences. »

Avec un grave hochement de tête, je me levai de ma chaise et contournai lentement le bureau, le bruit de pas résonnant dans le silence comme le tic-tac d’une horloge. Une partie de moi sourit de voir ma proie frémir au son de mes pas. Lui, auparavant si sûr de lui, semblait maintenant redouter ce qui allait se passer.

Je me plaçai à côté de lui, mon épée à lame noire toujours en main, alors que je posai mon regard froid sur lui.

« - Si… si je puis émettre une requête… le poison a été rapide… Roxana n’a que peu souffert… souvenez-vous-en, je vous en prie… »

Un lâche. Il n’était qu’un lâche, alors.

Lâchant mon épée, je plongeai vivement ma main dans sa poitrine et en sortis son cœur palpitant. Le sorcier me regarda avec choc, alors que je le soulevai par le col de ma main libre.

« - Ce n’est pas la souffrance de mon épouse que je suis venue venger… »

Lui montrant son cœur, je me mis à le serrer lentement dans ma main, mes yeux sombres fixés sur son visage déformé par la douleur. Quand il ne resta que de la poussière dans ma main, je reposai l’homme dans sa chaise et repartis comme j’étais venu. À la différence que des larmes traîtresses coulaient à présent sur mes joues.

Je sortis du château et avançai dans la forêt, le regard dans le vide et les larmes inondant mon visage. Je continuai à marcher, jusqu'à ce que je finisse par m'effondrer, ma colère et ma haine se muant en un vide effroyable. Qu'est-ce que j'allais faire, maintenant que ma femme était vengée ? Je me sentais perdu, seul et vide.

Stop punishing yourself for being someone with a heart. You cannot protect yourself from suffering. To live is to grieve. You are not protecting yourself by shutting yourself off from the world. You are limiting yourself
BANGERZ