I Can’t Decide - Scissor Sisters

Après l’incident de porte chez Cly, précédé par ce délicat dépannage de plomberie, il avait pris du temps avant de s’approcher de Rozen à nouveau, et surtout de Mushu ou encore le salon de thé. Non vraiment, il n’avait pas envie, mais alors pas du tout. Ils ne voulaient pas les voir et s’assurer que les jours qui suivront seront plus simples à vivre. Mais très vite sa colère se dissipa. Il est retourné voir Rozen, ne serai-ce que pour lui rendre ses affaires. Il avait attendu que Mushu soit parti pour trouver un élan de courage et la voir. Au final, c’était surtout son acolyte qu’il ne voulait pas croiser. Il avait peur d’avoir encore trop de rancune pour se retenir de lui tordre le cou. Mais quelle chance, il avait fini par quitter le nid et elle était seule. Il pouvait donc lui parler en étant seul avec elle et rien pour le déranger.

Les vêtements soigneusement pliés dans un sac plastique et un autre sac avec une gamelle d’un boeuf bourguignon qu’il avait fait pour elle. Le plat avait eu tout le temps de mijoter et le boeuf fondait en bouche. Il avait été généreux, elle en aurait pour quatre repas. Ce n’était pas tout. Il voulait la remercier d’avoir passé un bon moment avec elle ce jour là, malgré la porte. Elle était venue avec toute sa folie et sa candeur pour essayer la brume sombre qui obstruait son esprit. Il avait rit et s’était amusé. Cela devait faire un bout de temps que cela ne lui était pas arrivé. Il lui avait prit des fleurs. La fleuriste s’était bien moqué de lui. C’était la première fois qu’il l’y voyait. La dernière fois, c’était le jeune Cly Porter pour la tombe de sa mère. C’était un bouquet de tournesol, sans prétention, avec quelques rose oranges. Ils avaient discutés et il a reprit ses bonnes habitudes, passant même plus souvent au salon. Il était même passé chez elle une fois, juste pour lui préparer à manger car elle lui avait demandé avec sa bouille trop adorable auquel il lui était impossible de résister. Elle avait besoin de compagnie, elle se sentait seule. Cly l’avait bien compris, mais ça lui suffisait amplement. Un peu de temps avec elle, rien de bien méchant. Elle était si drôle et imprévisible. Elle lui faisait beaucoup de bien. Elle mettait du sucre et de la couleur sur ses sombres aigreurs.

Ce soir, il travaillait au Libertease. Il y faisait quelques soirs par semaine. Il n’avait pas envie d’être à temps plein au compte de Milady. Si cela ne tenait qu’à lui, il serait parti mais Milady a su être un peu trop convaincante. Encore une chance qu’il aimait bien cet endroit malgré tout. Même faussement, il y avait creusé sa place et malgré la levée de la malédiction, sa relation avec les autres n’avait pas énormément changé. Il veillait toujours sur les danseuses et les serveuse, envoyer chier les clients chiants ou ceux dont la tête lui revenait pas, et essayait toujours de moins boire pendant le service. Il était derrière le bar car c’était son poste. Et parmi le flot de client qu’il avait brassé depuis la fin d’après-midi, la frimousse craquante de Rozen se détacha de tous. Même des serveuses qui n’avaient à envier à personne. Mais c’était Rozen. Ce n’était pas une surprise de la voir mais c’était toujours agréable. Tout en essuyant un verre, il gardait un oeil sur aile pour la suivre du regard.

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La petite frimousse aux cheveux bi-colores, changeant selon les saisons ou l’humeur s’approchait tout doucement de lui. Slalomant et donnant des coudes dans la foule, d’une toute petite poupée, elle devint une jeune-femme déterminée. Elle posait son sac et le saluait, enchainant rapidement sur le motif de sa venue. Cly ne dit rien, la laissant parler. Il avait lui aussi pincé ses lèvres en un rictus amusé. Il se demandait si elle était sérieuse. Il jeta son torchon avant de s’appuyer les mains sur le comptoir et se pencha pour entendre Rozen dans le vacarme habituel de la boîte. Il souriait en secouant la tête las. Elle voulait qu’elle lui invente quelque chose. Il se redressa et croisa les bras un instant en la dévisageant l’air grave. Il réfléchissait et il commença à attraper quelques bouteilles qu’il disposa devant lui.

Il n’avait pas dit un mot, son regard et ses sourires suffisaient. Enfin, il fallait trop souvent s’en satisfaire. Il commença par un peu de vodka au fond du shaker, et elle commença à lui faire la discussion. Cly l’écoutait, tout en s’affairant. Il sourit quand elle disait être chiante. « C’est vrai, mais je t’assure que ça passe » la taquinait-il. Lorsqu’il comprit où elle voulait en venir, son sourire s’était dissipé. Il prit son temps et ajoutant un peu de jus de litchi au reste du mélange, il commenta : « C’est normal quand tu tiens aux gens… » lui répondit-il tout simplement, avec objectivité et sincérité. Encore Mushu. Il fallait qu’il se fasse une raison. Il y avait un truc entre eux. Mais, ça ne changeait pas que son égo était jaloux. Il en avait marre ! Les gentilles et jolies filles comme elles, ce n’était pas pour lui. C’était fini. Il n’était pas bien pour elle, il se le disait lui même et d’autre personnes ne cessaient de le lui rabâcher pour finir de l’agacer. Il en avait marre.

Il avait finit par tout servir dans un verre à Rozy et le montait d’une petite brochette de bonbon acidulés. C’était sucré et chargé. Il posa le demi-litre devant la demoiselle, sur un petit repose verre. Cly partit ranger les bouteilles, et en revenant pour le dernier voyage il remarqua qu’un homme s’était installé à côté la brunette. Les mains sur le triple-sec et le sirop de mangue, il l’observait. Il regardait Rozen avec un peu trop d’insistance. Or, il n’eut pas le temps de dire un mot que déjà la jeune-femme le remit à sa place et comme il faut. Elle est tellement craquante. J’étais comme fière d’elle. Genre « Brave fille ! ». Elle me rend dingue…

Le prétendant parfumée à l’alcool ne l’avait pas bien pris. Son visage se tordit en une grimace de frustration pathétique. Il allait prendre son élan pour s’avancer vers elle et l’empoigner, mais il croisa le regard de Cly. Le barman le dévisageait avec un air si exaspéré qu’il sentait bien qu’il n’aurait pas le parti de l’homme. L'ivrogne l’appelait pourtant du regard. « Elle a été déplacée quand même ! » s’offusqua t-il. Il avait honte d’avoir été pris sur le fait. Il allait l’écraser à sa domination patriarcale par une acte primaire. Il était ivre surtout. Cly haussa les épaules : « Non mais… fais ce que tu veux. Enfin, si j’étais toi j’éviterais. Car j’aurais pas besoin d’intervenir. Elle se débrouille très bien toute seule. » et il fit signe au gars de s’approcher, se penchant pour lui parler. « Et même que la dernière fois, j’ai du ramener un sceau de champagne avec des glaçons pour conserver un membre arracher. Je ne te dirais pas lequel, tu risquerais de vomir… » se foutait-il royalement de la tête de l’homme qui devint blême. Il était de bonne humeur et il aimait bien se payer la tête des idiots comme lui. Et pourtant... parfois il ne valait pas mieux. Le client chiant posa un regard plein d’effroi sur Rozen, croisa le sien et rapidement, décida de partir.

Cly attrapa sa bouteille de bière qui trainait derrière le comptoir et la leva pour trinquer avec Rozen. « A la tienne, castratrice ! » continua t-il sur sa mauvaise blague, un sourire en coin. Il but une gorgée et commençait déjà lui faire un autre verre. « Moi, je suis pas contre te faire oublier un peu l’autre... Mais tu ne me retire toute responsabilité du mal de crâne que tu auras demain. » avait-il dit avec un sourire mutin.

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Les deux s’étaient retrouvés au bar pour échanger quelques politesses. A leur manière… Pas le temps de se chamailler un peu plus ou même de partir commencer le cocktail spécial Rozy qu’un homme les dérangeait. Enfin, techniquement, il dérangeait surtout la demoiselle. Cly, il supportait pas qu’on dérange les demoiselles. Et encore moins celles qu’il portaient dans son coeur. Il savait bien que la petite brune savait largement défendre son honneur et toute seule, comme une grande. Or c’était plus fort que lui de devoir la protéger, même un petit peu. Il était comme ça de nature, à vouloir protéger les plus démunis, ou faibles, en position d’infériorité, … Quoi ? Quoi ? Quoi ? Quoi ? Pardon ? On n’a dit quoi ? Oui… Pour lui Rozen était « faible », car une femme même si elle était capable de vider un chargeur de paintball sur un jeune-homme. Derrière ses coqueterie, ses sourires innocents quand elle rit à pleine dent, sa bouille, il ne pouvait pas s’imaginer autre chose qu’une adorable fille. C’était pas plus compliqué que ça dans sa tête : ravissante jeune-femme égale toujours en détresse. Un primate.

Et donc, le primate à voulu défendre la jeune-femme, en disant qu’elle pouvait très bien se défendre toute seule. C’était pour dire que les gros bras du barman, ils soutenaient la brunette. Pour appuyer l’idée, il le dévisageait, accoudé auprès de Rozen et posait le verre devant elle. Vraiment, il était de ce côté. Elle le jaugea. Elle se demandait bien pourquoi il avait sortit cette histoire. Un rapport à elle, ou simplement pour faire peur au client lourd ? C’était un peu des deux. Il en avait ce genre d’image, mais avait exagéré les traits pour que l’homme fuit. Il valait peut-être pas que Rozen lui pose la question, elle pourrait mal le prendre, surtout avec sa délicatesse incarné pour dire les choses. Et qu’il n’avait pas tant exagérer que ça de son point de vue. Rozen en remis alors une couche. Cly la regardait avec un grand sourire. Il avait presque envie de rire. Elle était folle et il aimait ça chez elle. Elle n’avait peur de rien, en haut de ses hauts talons, ses yeux de biches et ses cheveux, à chaque jour sa demie-couleur. Cly était sous le charme. L’homme finit par partir.

Rozen levait son verre au fuyard tout en complimentant le délicieux cocktail que lui avait préparé Cly. Il n’était pas peu fier. Il ne s’était pas tant casser la tête que ça. Peut-être qu’il avait pensé à mélanger des notes sucrées pour sa candeur et du citron vert pour rappeler son peps. Et l’alcool c’était pour son grain de folie. Elle l’envoyait alors au charbon alors qu’il prenait le temps d’apprécier qu’elle aimait son cocktail. Il était si heureux d’avoir pu lui faire plaisir avec trois fois rien. Mais l’appréciation fut de courte durée. Elle en voulait d’autre sinon, gare à lui. Il la jaugea avec stupéfaction et défi. « Laisse mes boules de Noël tranquille… Mon nez s’en remet déjà pas. Ma porte non plus. » grogna t-il et commençant à aller chercher les bouteilles lorsqu’il vit la descente de la belle.

Quand il revint, elle lui avouait être bien partante pour se changer les idées. Il hochait la tête par automatisme et soudain, il fut pris par l’habit et tiré vers l’avant. Il n’avait pas bougé. Les mains sur les bouteilles posé sur le plan de travail, il avait comme peur qu’elles se brisent. Ce qui était une chose fréquente en général au travail mais Rozen en face, encore plus de risque… Alors je les tenais ! Si ça pouvait les sauver. La question de la demoiselle le laissa encore plus interdit. Au moins, si les bouteilles s’étaient brisées, il n’aurait jamais entendu et peut-être qu’elle n’aurait même pas eu le temps d’aborder le sujet. Il s’empourpra. Mais pourquoi elle veut savoir ? Il ne dit rien. Une seconde, puis deux et trois et… tout plein. « Oui. » finit-il par cracher en détournant le regard. Rozen le libéra de sa prise et il se redressa. Il lâcha enfin les alcools et attrapa un verre. « Je te dirais pas lesquelles, ne cherche pas. Par respect pour elle. ». Il versait le sirop, puis le soft. Elle claquait son verre vide. « Tu sais, j’ai d’autre client quand même. Si tu bois à cette vitesse, je vais pas pouvoir suivre… » lui lança t-il un regard légèrement inquiet.

Elle lui avait demandé pourquoi il travaillait ici. Il avait bien entendu, mais cette question lui avait fait faire un petit saut nostalgique dans ses souvenirs. Il ne s’était jamais vraiment posé la question. Pourquoi au final ? Pensif, ajouta une brochette de bonbon sur le cocktail de Rozen et il lui déposa le verre devant elle, l’air si concentré. Il finit par hausser les épaules. « J’aime être entouré de jolies filles. Et comme ça quand j’ai besoin, j’ai plus qu’à prendre… » commença t-il avec humour. « Tu veux dire quoi par me connaitre un petit peu ? Et que ça colle pas ? C’est assez logique en fait... » On l’appelait. Il roula des yeux. « Je te raconte mon histoire après. Bouge pas ! Et surtout ! » la menaçait-il du doigt. « Ne bois pas trop vite. ».

Il revint après deux bières fraîches servies. « Je disais. Tu sais, je travaille pas là pour pouvoir mater des filles qui dansent en petite tenue, traitées comme des objets par les gars qui viennent. Après, je respecte qu’ils viennent mater. Juste tu restes correct. Je suis plus là pour les filles que servir des boissons... Je les protèges. Je vieille sur elle. Barman, c’est qu’une excuse pour moi. J’ai eu une vie avant d’être mousquetaire. J’ai grandit et travaillé dans un bordel et cet endroit me rappelle un peu cette vie là. Je m’y sens bien et rassuré. C’est familier pour moi ». Il loucha sur le verre de Rozen et s’entreprit de prendre de l’avance et en préparer un autre. « Et un mousquetaire, ça botte le cul des cons ! Moi, quand on m’a proposé le job j’ai dis oui, de suite ! Ca m’a parlé. » se moquait-il un peu d’elle. Dans l’idée, c’était ça. « On m’a dit, tu change de nom, tu renais à partir de ce jour et tu feras des choses qui t’aiderons à faire de toi un homme bien… Et c’était un peu ça… ». Il resta un moment accoudé au comptoir, le regard perdu.

Il se tira subitement un tabouret et dévissa une bouteille de whisky pour s’en servir un fond. Il était officiellement en pause quand une barmaid arriva de l’autre côté, le visage déjà sévère alors qu’elle commençait tout juste son service. Les collègues se saluèrent d’un signe de main et elle enchainait déjà le travail. « Et toi ? Tu vivais comment à Wonderland ? »

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