La Désillusion et l'Espoir  

Comme tous les mardis depuis mon arrivée dans la ville de Storybrooke, je me rendais au couvent Sainte Meissa. Ces visites étaient devenues pour moi une habitude dont je ne me serais séparé pour rien au monde. Cet environnement sécurisé m’offrait à la fois un lieu de recueillement et un havre de paix dans ma vie quotidienne. Je n’avais jamais été un fervent croyant malgré l’éducation que j’avais reçue de mes parents. Cependant, je ne pouvais nier que le couvent avait sur mon esprit un effet apaisant que je ne retrouvais nul par ailleurs. Comme si la force et la puissance de ce démon vivant à l’intérieur de mon crâne était réduite à néant grâce à l’Amour et la Magie qui régnait en ces lieux.

Demeurant un incorrigible solitaire, il était très rare que j’adresse plus qu’une salutation aux sœurs qui y résidaient. Je n’étais pas le genre d’homme à m’épancher facilement sur mes problèmes. Déjà après la guerre, lorsque je tentais de reconstruire une vie loin de cet avenir de délinquant auquel j’étais prédestiné, il m’était très difficile de parler durant des heures à des psychologues ou psychiatres des problèmes qui m’avaient conduit jusqu’à leurs cabinets. Bien souvent, je me contentais de répondre à leurs questions par des phrases sibyllines ou par des hochements de tête. C’était dès lors aux spécialistes de mettre des mots sur ce Mal que je me refusais à leur confier. L’occasion était parfaite pour moi d’ainsi tester les compétences des différents protagonistes qui se montraient tour à tour incompétents ou perspicaces. Ayant toujours agis ainsi, j’ignorais si je serais un jour capable de faire preuve d’une parfaite sincérité à l’égard des sœurs que je croisais hebdomadairement.

Comme toujours, je m’étais rendu discrètement dans leur petite chapelle. La situation devait sembler des plus cocasses pour des personnes voyant la scène de l’extérieur. Ayant peu à peu oublier les prières et les rites appris dans mon enfance, je me contentais de m’asseoir et d’observer les icônes sacrées autour de moi ou les sœurs plongées dans le plus profond des recueillements. Il m’arrivait parfois, même si la chose était rare, d’apercevoir ou de ressentir la présence de mon très cher Armand à mes côtés. Je savais que le phénomène était impossible, puisque mon frère d’arme était mort depuis déjà plusieurs années. Cependant, j’aimais cette impression que son adorable fantôme puisse me suivre dans chacune de mes errances. Il est aussi vrai qu’il pratiquait sa foi d’une manière bien plus assidue que moi. Je le chambrais très souvent à ce propos, me moquant un peu de ces pratiques qui me dépassaient totalement. Je ne pouvais dès lors m’empêcher de sourire en songeant à sa réaction s’il avait eu connaissance de mon nouvel hobby.

Je me trouvais seul dans mes pensées lorsque j’entendis la porte de bois s’ouvrir. Je n’étais donc plus seul dans mon sanctuaire. Ne me retournant pas, je me plongeais dans mes pseudo-prière avec plus de ferveurs. J’ignorais alors que je m’apprêtais à vivre une rencontre qui bouleverserait ma vie.

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La Désillusion et l'Espoir  

Depuis que j’étais devenue la Mère Supérieure du Couvent, j’avais l’impression que ma vie avait changée, sans doute les nouvelles responsabilités, je n’en sais trop rien. En tout cas, ce qui était sûre, c’est que j’étais heureuse, oui j’étais heureuse d’être là, j’étais au sein d’une vraie famille même si au fond de moi, je sentais qu’il me manquait quelque chose. Je n’en savais trop rien mais j’avais cette sensation demeurante. Après avoir réprimander Sœur Astrid parce qu’elle avait encore gaffée, je décidai d’aller marcher un peu dans Storybrooke, ça me faisait toujours le plus grand bien.

Croisant les habitants, je les saluais avec bonté et bienveillance comme je le faisais toujours. Etrangement aujourd’hui pour rentrer au Couvent, je n’avais pas pris le même chemin, non j’étais passé dans ce quartier que j’avais foulé étant plus jeune, j’avais joué dans l’herbe, je m’étais balancée sur la balancelle, j’avais grimpé sur les barrières et puis j’avais vécu dans cette maison avec le toit blanc. Tout cela me semblait si loin et pourtant si près en même temps. Poussant un profond soupir, je me dirigeai vers la maison que je connaissais si bien jadis et m’approcha de la porte.

Sur le palier, je restais là, la main levée mais je ne vins pas frapper. Une larme roula sur ma joue que je fis rapidement disparaître d’un mouvement de la main avant de tourner les talons pour retourner au Couvent, le vent fouettant les quelques mèches blondes qui dépassaient de ma coiffure. Posant mon regard bleu sur l’horizon, je marchais, encore et encore jusqu’à arriver jusqu’au Couvent. Y entrant, je vérifiai si tout était bien sous contrôle et me rendit finalement dans la chapelle. Ce havre de paix, ce lieu où j’aimais me rendre pour réfléchir.

Oui j’aimais y passer du temps, ça me donnait envie de ne plus penser à rien, simplement me focaliser sur la prière et sur le fait que la pensée était créatrice de tout. Oui par la pensée, nous étions capables de tout faire mais encore fallait-il que nous en ayons conscience. Lorsque je fus à l’intérieur de la chapelle, je vins refermer la porte derrière moi et posai mon regard sur les sœurs qui étaient là et qui avaient apparemment eu la même idée que moi. Puis mon regard se posa sur un jeune homme assis seul, je ne sais trop pourquoi mais mon instinct me poussait à aller vers lui, ce que je fis.

« Je peux m’asseoir ? » lui demandais-je avec un sourire bienveillant.

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La Désillusion et l'Espoir  

Plongé dans mes pensées, j’observais autour de moi les sœurs plongées dans la prière. Bien que je ne comprenne pas exactement ce qui les poussait à adopter cette attitude si cérémonieuse, j’étais très admiratif de leur force et de leur abnégation. Il fallait beaucoup de courage pour oser se soumettre à la volonté divine et accepter tel un cadeau les épreuves qu’il pouvait parfois nous infliger. Personnellement, j’en était incapable ! Ma foi en la destinée et en l’humanité avait disparue lorsque je m’étais retrouvé plongé en plein combat, sous le feu de l’ennemi ! J’avais vu disparaître tant de mes frères d’arme et mes yeux avaient subi tant d’images horribles qui resteraient à jamais ancrées dans mon cerveau. J’ignorais comment je pouvais accepter cela ni même quelle soi-disant « justice divine » pouvait expliquer toutes ces horreurs !

Aujourd’hui encore, alors que je pensais que ma vie serait à jamais embellie par l’arrivée de mon adorable petit garçon de dix ans, je devais affronter les démons intérieurs qui semblaient ne jamais vouloir me lâcher. Je voulais être un père exemplaire pour mon enfant mais la colère et la tentation demeureraient sans doute à jamais des éléments qui me conduiraient immanquablement vers le péché et toutes ses bassesses d’action que me faisaient si honte !

Sortant de mes pensées lorsque l’une des sœurs m’interpella, je la regardais tout d’abord surpris. J’ignorais ce qui l’avait conduite à vouloir s’adresser à moi. Cependant, je me voyais mal refuser une demande si aimable qui m’était adressée. « Je… oui bien évidemment ! ». Je me poussais sur le banc afin de laisser un peu de place pour que la religieuse puisse s’asseoir à mes côtés.  Cette situation me mettait un peu mal à l’aise. J’ignorais quelle était l’attitude la plus appropriée. Fallait-il que j’engage la conversation ou devais-je demeurer en silence et me contenter de prier. Après tout, peut-être qu’elle ne souhaitait que se recueillir dans le silence ? Je ne pouvais cependant m’empêcher de penser qu’elle ne se trouvait pas là par hasard. Après tout, la chapelle était grande et il y avait suffisamment d’espace pour qu’elle prenne place ailleurs, parmi les siennes.

C’est pourquoi, après quelques minutes d’un silence religieux je me permis de lui poser une question qui me brûlait les lèvres depuis longtemps. Je chuchotais alors avec toute la discrétion du monde. « Je n’arrive pas à vous comprendre… Je suis désolé mais je n’arrive pas à saisir votre croyance. Comment pouvez-vous garder foi en l’Humanité malgré toutes les horreurs qui se produisent dans le monde ? Pourquoi acceptez-vous de vous soumettre à une volonté supérieure alors qu’elle ne cesse de jouer avec votre vie ? ». Je me tournais alors vers elle, me rendant compte que mes paroles auraient pu lui sembler trop virulentes. « Je suis navré ma sœur, mes propos sans doute déplacés. C’est juste que… je ne vois pas très bien ce que la prière peut vous apporter ! ».

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La Désillusion et l'Espoir  

Je souris au jeune homme avant de m’installer à ses côtés. Être ici m’apaisait, souvent, j’y venais seule, par moment tardivement le soir car je savais que les Soeurs avaient beaucoup à faire au Couvent, en même temps, c’est moi qui leur demandait. Je vins à fermer les yeux quelques instants, profitant du silence qui régnait dans les lieux mais ne tarda pas à rouvrir mes yeux bleus avant de les poser sur le jeune homme à mes côtés qui semblait vraiment avoir besoin de parler. Un petit rire m’échappa à la fin de sa dernière réplique. « Pardonnez-moi, cela n’est pas poli. » énonçais-je avant de finalement reprendre « il n’y a pas grand chose à comprendre vous savez, notre vie est faite pour aider notre prochain et toutes…toutes, nous gardons espoir qu’un jour, nous aillons droit à des jours meilleurs. il ne faut pas croire en de mauvaises choses, ce serait donner droit à ses mauvaises choses de se produire. »

M’humectant les lèvres, je reprends finalement la parole, toujours un sourire bienveillant aux lèvres « nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui se passe dans le monde, le Seigneur n’est pas apte à tout contrôler, par moment, il faut laisser l’humanité faire face à ses propres démons mais nous gardons toutes espoir, et la foi et surtout la prière sont très importantes dans nos vies. » énonçais-je au jeune homme. Posant mon regard sur les Soeurs qui se recueillaient, je reprends finalement la parole « Quand je n’étais qu’une jeune enfant, elles m’ont recueillies. Mes parents n’étaient pas présents pour moi, j’ai grandie au Couvent, elles sont ma famille, c’est elles qui m’ont appris que la foi était chose importante et que tout chance est donnée à celui qui la mérite, c’est pour cela qu’après mes études, je suis entrée au Couvent pour finir par en devenir la Mère Supérieure. Mon rôle est de guider les âmes égarées. » énonçais-je avant de ramener mon regard sur le jeune homme à mes côtés « Oh ne croyez-pas que je prêche la bonne parole ou quelque chose comme cela, je signifie simplement qu’elles m’ont toujours protégées du danger, que le fait à mon tour et que le Seigneur nous protège, à sa façon, mais il est certain que les épreuves que nous traversons dans la vie sont nécessaires à nous faire grandir. Si j’avais eu une vie heureuse, je ne serais très certainement pas là aujourd’hui, j’ai traversé des épreuves durant mon enfance et mon adolescence mais j’ai toujours gardé la foi et plus d’une fois, cela m’a aidée. Pensez-vous cela peu ordinaire ? » demandais-je finalement.

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