isparue ! Je ne saurai dire comment ou pourquoi, c'est arrivé, mais je me retrouve telle une mendiante, penchant un peu plus d'un côté que d'un autre, depuis que j'ai perdu cette boucle d'oreille. Vous pourrez dire que ce n'est rien, une babiole, que je peux en trouver une autre quand je veux et certainement bien plus travaillé que celles-ci, mais... Pour tout vous avouer, il y a une chose que j'ai emporté du monde des contes, une chose que j'ai gardé avec moi quand tout le reste m'a était enlevé par cette malédiction qui m'a volé mon identité. Oui, j'ai dit adieu aux robes aussi brillante et éblouissante que le soleil, aussi douce et chatoyante qu'un clair de lune et tout cela pour... Devenir pâtissière...Bon j'aime ma vie, j'aime mon travail, c'est toujours mieux que d’être coincée dans une cuisine, balayer la cendre et autre, mais tout de même. J'étais fiancée, je devais me marier, vivre heureuse ! Mes années cachées sous la peau d'un âne devaient enfin être récompensées par de l'amour, du bonheur et... Pourquoi je raconte tout ça moi ? AH oui ! La soirée pyjama chez Rozen ! Soirée de folie comme toujours je me souviens plus trop de la fin de celle-ci, mais qu'importe, j'ai perdu une boucle d'oreille qui me venait de ma mère ! La seule et unique chose qui me reste de ma mère ! Alors forcement, je retourne le monde, je retournerais les enfers pour la retrouver ! Mais déjà...Je vais retourner l'appart de Rozen, de toute façon vu le bordel ambiant, elle remarquera rien !
Je me retrouve donc au salon de thé pour lui piquer ses clés et lui amener en compensation un énorme gâteau au chocolat et me retrouve chez elle...ou je me refais la soirée et donc la moitié de l'appart à chercher cette boucle d'oreille avant de me rappeler d'une pièce où j'ai roulé joyeusement sur un lit à moitié pompette... Bon complètement déchirée ! J'en viens donc à ouvrir la porte d'un grand mouvement pour tomber... Sur un Asiatique... Plutôt mignon, en caleçon... Torse nu... Non-pardon ! Une robe de chambre, sûrement celle de Rozen ! Et occupé à coudre une robe selon une photo de...

« Oh on dirait ma robe de... »

Je me tais sur l'instant, posant une main sur ma bouche comme pour m'obliger à me taire avant de cligner des yeux comme une écervelée

« La robe d'une princesse que j'ai vue un jour... Vous êtes qui ? Vous faites quoi chez Rozy ? »

Oui, c'était la question me venait forcément, je ne le connais pas ce mec et pourquoi il traîne ainsi chez Rozen ? C'est son amant ? Je croyais qu'elle se faisait Charlie... C'est quoi ce truc ?

ushu commençait à prendre ces marques dans cette nouvelle. Il en arrivait presque à penser qu'être de nouveau humain, après plus d'un siècle vécu sous la forme d'un dragon, ce n'était pas si mal. En tête de liste : il pouvait de nouveau coudre ! C'était le genre de truc dont on ne pouvait remarquer à quel point cela vous avait manquer que lorsqu'on s'y remettait vraiment. Et, dès l'instant où Rozen lui avait montré ce film, il en prit pleinement conscience.

Il avait regardé ces robes et il avait ressenti comme un picotement à ses doigts. L'envie de produire un oeuvre semblable. Au final, il n'avait quasiment pas prêté attention à l'histoire, ayant passé le reste du film à faire des croquis de ce qu'il voyait tout en gribouillant des idées dans les marges des feuilles. Immédiatement après, Mushu était parti en quête de tissu et en avait profiter pour acheter un mannequin. Voilà une éternité qu'il n'avait pas ressentie cette frénésie créatrice. Comme cela lui avait manqué !

Au soir, il s'était couché en cogitant sur le rendu de la manche et la solution lui était apparue d'un coup, alors qu'il somnolait encore. Mushu avait bien essayé de mettre l'idée de côté, histoire de rester encore un peu dans les bras de Morphée, mais impossible de recéder au sommeil après ça. Le risque de tout oublier si jamais il se rendormait était trop grand. En plus, une longue journée au salon de thé l'attendait. S'il voulait coudre aujourd'hui, c'était maintenant ou jamais. Il ne pourrait pas attendre le soir. Cette pensée le fit lever d'un coup, tel un diable à ressort. L'ex-dragon avait fait un petit crochet vers la salle de bain, après s'être aspergé le visage d'eau froide pour se réveiller et enfiler une robe de chambre, il retourna à sa chambre.

Le temps fila alors qu'il épinglait, rectifiait, découpait, jusqu'au moment où on ouvrit en grand la porte. "Rozen, d'ordinaire, je ne formalise pas, mais, là, tu pourrais..." Commença-t-il avant de remarquer que la personne n'était pas Rozen. "Oh." Fut tout ce qu'il trouva à dire devant cet inconnu qui était entré sans autorisation.

Il ne songea pas un instant à refermer la robe de chambre dans un geste prude. Passer un siècle dans la peau d'un dragon avait émousser sa pudeur, déjà qu'il n'en avait pas beaucoup à la base... Mushu n'était toujours pas revenu de sa surprise lorsque la demoiselle parla de la robe avant de s'interrompre. L'Asiatique fronça les sourcils de perplexités.

"C'est une étrange remarque pour une personne entrant sans y être invité." Commenta-t-il avec lenteur. "Je m'appelle Mushu, de la famille Fa." Se présenta-t-il avec un instant de retard. "Rozen m'héberge et je travaille pour elle, le temps de régler les affaires qui m'empêchent de rentrer chez moi." Pas poli, plutôt piquant, du ton du propriétaire qui se sentait dans son droit d'être là. D'ailleurs, il ne tarda pas à retourner les questions. "Et vous ? Qui êtes-vous pour entrer sans frapper ? Et de quel droit vous l'appelez Rozy ? Plus important..." Sur ces mots, il tourna un peu le mannequin pour que la visiteuse puisse voir de face sa création en cours. "Donc, elle y ressemble vraiment ? Je n'ai pu faire que quelques croquis et je n'ai pas trouvé un tissu ressemblant exactement, cela dit, je n'ai pas encore terminé." Son ton s'était fait plus amical et passionné, comme à chaque fois qu'il parlait de couture.

a remarque était peut-être déplacée, sachant que j'étais chez une amie et que ce qui peut se passer chez elle ne me regarde pas, qu'elle invite qui elle veut et fait avec cet invité ce qu'elle souhaite. Pourtant, je n'ai pas pu m’empêcher de lui demander le plus indécemment possible, ce qu'il faisait là et qui il était. Ce qui bien entendu me fait rougir lorsqu'il me le souligne. À moins que ce soit le coté idiot de dévoiler à un inconnu total que je reconnais parfaitement la robe couleur de lune qui m'a été offerte par mon père ? Que son modèle y ressemble particulièrement et que je ne sais pas si je peux faire confiance à ce type, même s'il a l'air sympa et particulièrement bien fait de ce que je peux voir sous sa robe de chambre ouverte ?

Je change donc de sujet, tente de faire connaissance ou plutôt de savoir à qui j'ai affaire dans cette tenue en train de confectionner cette autre tenue ! Et la réponse, je l'avoue, me surprend ! Dans ce monde, on connaît bien les contes de tous et chacun, sans parler des dessins animés Disney. Alors à entendre son nom, je n'ai pu retenir un petit sourire amusé, idiote que je suis, imaginant le personnage du dessin animé en robe de chambre à coudre une robe, et ce, malgré le ton plus que piquant du monsieur. Mais non, l'image est juste trop drôle, on y peut rien ! Quant à la raison de sa présence, je ne pouvais pas dire que je ne comprenais pas. Nous en étions tous un peu-là, voulant rentrer dans les royaumes, mais coincés dans cette petite ville du Maine à se demander quelle vie nous préférons. Pour ma part, la réponse est simple, je préfère ma vie ici. Mais cela ne veut pas forcément dire que c'est le cas de tout le monde.
Mais bien sûr, les questions ont toujours un retour et la façon dont il me demanda pourquoi tant de familiarité avec Rozen me fit rire un peu. On aurait de la jalousie mal placé, bien que le sourire s'efface très rapidement à la mention de la robe. Je ne savais si je devais m'enfoncer dans le mensonge ou dire un zeste de vérité. Pourtant, il fallait avancer et autant se jeter dans la fosse non ?

« Je suis Katelyn, une amie de Rozy et c'est moi qui lui fournis les gâteaux pour le bar à thé ! »

Je m'approchais un peu de la robe, l'observant plus en détails, plissant quelque peu les yeux sur certaines finitions.

« Et oui, elle ressemble à sa robe. Je ne l'ai pas bien vu, je faisais le service dans la salle de bal, mais les épaules étaient plus découvertes que cela. Et la tailles un peu plus marquée également. Quant à la matière, on aurait de la soie parsemé de diamant. Presque liquide tant elle était fluide et brillait de mille feux... »

Et voilà, la nostalgie. Le souvenir de cette robe que j'aimais par-dessus les autres, le souvenir du bal et de la danse. La danse aux bras de ce prince au sourire merveilleux, de ses yeux magnifique, de cette impression, le temps d'une danse, de ne plus être la souillon du fond des cuisines, mais bel et bien la princesse que j'étais réellement, une femme vue pour ce qu'elle est, appréciée pour ce qu'elle est. Un petit soupir de regret s'échappa de mes lèvres, avant que je me reprenne à sourire un peu, rougissante.

« Enfin...C'est ce que j'ai vu de loin, après je pourrais pas dire que c'était vraiment ça... »

ushu détestait être interrompu en plein élan créatif. Surtout qu'il venait tout juste de se rappeler de quoi il était capable avec une aiguille entre les mains et quelques tissus. Il y avait plus d'un siècle qu'il n'avait plus cousu, aussi ne mesurait-il que maintenant à quel point pratique cet art lui avait manquer. Il avait oublié le picotement dans ces doigts suite à une inspiration soudaine et qui ne se calmait que lorsqu'on se mettait à l'ouvrage. Vu l'heure, il s'était cru tranquille, mais non, le voilà interrompu par la visite d'une inconnue qui lui posait des questions comme si elle était chez elle et que c'était lui qui était l'intrus. Curieux, mais il n'était plus à une bizarrerie prêt dans ce monde déjà bien étrange.

Son nom arracha un sourire amusé à sa visiteuse. Réaction qui provoqua à froncement de sourcils perplexe de la part de l'Asiatique. "Mon nom était-il drôle ?" Puis il sembla réalisa un détail et leva les yeux au ciel avec une mince grimace d'agacement. "Oh, je vois, vous avez sûrement vu ce... Je ne sais même pas comment ça s'appelle." Ça commençait par un d. En tout cas, ce truc qui révélait un peu trop de détail sur sa véritable apparence et sur les aspects peu glorieux de son histoire le dérangeait fortement. "Et bien, comme vous pouvez le voir, je ne ressemble pas à cette... Cette petite chose ridicule." Affirma-t-il, ce qui était un mensonge, mais il était plutôt bon menteur. La conversation était plutôt mal parti. Surtout qu'elle continuait en étant trop familier envers sa bienfaitrice, Rozen. Ce n'était pas qu'il était jaloux, mais... il voulait juste savoir ce qui permettait autant de familiarité. Ce qui provoqua de nouveau l'amusement de son interlocutrice. Il devait avoir un don comique sans le vouloir. Rien d'étonnant pour une personne aussi talentueuse que lui !

"Oh je vois." Dit-il simplement, bien plus préoccupé par la robe que par l'information qu'il venait d'avoir avec cette présentation. "Je dois bien avoué qu'ils sont délicieux, mais revenons à cette robe." Trancha-t-il avec un geste maniéré en direction de son oeuvre. Il était impatient d'avoir un avis, et un peu nerveux aussi en voyant la visiteuse surprise s'approcher pour observer les détails, même s'il ne l'avouerait jamais. Après tout, il n'avait plus cousu depuis une éternité et il n'avait pas trouvé exactement les mêmes tissus que le modèle.

Croisant les bras avec une mise songeuse, il était rare de voir Mushu aussi attentif devant les paroles d'une autre personne. D'habitude, il ne retenait que ce qui l'intéressait. "Des épaules plus découvertes..." Répéta-t-il. Il retira les épingles sur le bord pour dénuder un peu les épaules. "Comme ceci ?" Cherchant l'approbation de la demoiselle, il vit sa nostalgie en évoquant la robe, ce qui le fit sourire. "Pour que je puisse ajuster la taille, il faudrait qu'elle soit portée. Vous voulez bien me rendre ce service ?" Proposa-t-il d'une manière faussement innocente.