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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Le soleil se couchait lentement sur les beaux paysages sauvages du royaume de Münchia. Bientôt, la peine lune escortée par sa superbe cour d’étoiles ferait son apparition. Il était bientôt l’heure pour moi de quitter la peau du magnifique volatile d’une blancheur et d’une pureté absolue, Une pureté que je lui enviais depuis toujours. Car mon enveloppe charnelle d’humain était, elle, loin d’être irréprochable. Elle était au contraire ornée de profondes cicatrices tour à tour visibles ou invisibles. Péchés de gourmandise, d’envie ou d’orgueil… il me semblait les cumuler tous.
Mais le pire de tous, celui que j’exécrais au plus haut point, était sans nul doute celui de la luxure contre lequel je me débattais depuis l’âge de mes 15 ans. C’était lui qui m’avait renoncé à mon mariage avec ma belle et noble cousine Katharina pour lui préférer mon Sébastian, mon magnifique et adorable maître d’écurie. C’était lui qui m’avait poussé à succomber à ma malédiction qui m’obligeait à passer toutes mes journées dans la peau d’un cygne. Je le haïssais, oh oui je le détestais pour m’avoir conduit à commettre tant d’erreurs au cours de ma vie. Mais je me détestais sans doute encore plus d’être incapable de refreiner mes pulsions. A chaque fois que je croisais le regard d’un beau jeune homme, une envie irrésistible de l’emporter avec dans des nuits remplies de passion l’accompagnait.
J’avais pourtant tout essayé pour ne pas céder à mes envies dégradantes. Des prières, mais il semblait que le Mal était bien plus fort que le Bien. Des hobbys, mais les jeunes acteurs ou chanteurs qui se produisaient sur la scène me donnaient encore plus envie de me laisser aller. Des serments écrits ou oraux, passés avec Sébastian pour nous imposer un jeûne sexuel de plusieurs mois, mais ils ne duraient jamais plus de quelques semaines ou pire, quelques jours. Dans ces conditions, une seule solution s’était imposée à moi. Je ne devais plus voir ou être vus par mes proches ou mes serviteurs. Ayant l’interdiction de s’approcher de moi à moins de trois pas, ils devaient baisser le regard pour éviter de croiser le mien. Des masques loup dissimulaient leur si agaçante et séduisante beauté. Ces mesures drastiques seraient appliquées pour une période de quatre mois jusqu’à la Pâques. Ainsi je pourrais me purifier et paraître aux yeux de mon peuple comme le roi pur et chaste que je devais être à leurs yeux. Un monarque qui saurait donner l’exemple et dont tous pourraient être fiers.
Si je passais mes journées enfermées loin des regards indiscrets, nageant sur mon lac artificiel, mes nuits étaient consacrées à mon travail et à mes délices. Je me trouvais de plus en plus désœuvré, comme si mon gouvernement ne me prêtant plus sa confiance, venait à donner mes responsabilités à d’autres. Il me fallait donc organiser mes soirées de manières différentes. Nous étions alors en hiver et l’envie d’aller faire une petite balade dans mon traîneau personnel, emmitouflé dans mon manteau d’hiver, se faisait obsédante. Soit, c’est cela que je ferais après avoir avalé un copieux petit-déjeuner… j’avertirais Séabstian de ma décision !
Une fois mon apparence humaine retrouvée et des habits dignes de ma condition revêtus, je rentrais dans mon petit château familial. C’était là une bâtisse bien modeste en comparaison à mes projets de palais en construction mais cela faisait parfaitement mon affaire. A peine avais-je eus le temps de poser un pied dans le palais que mon major d’home, ce bon vieux Fritz Mayr, se précipita vers moi. La tête baissée et tout penaud, il s’adressa à moi.
- Sire, un visiteur vous attend dans la salle à manger.
- Mayr, vous savez pourtant bien que je n’accepte plus de visites protococolaire, d’autant moins lorsqu’elles n’ont pas été prévues à l’avance! , répondis-je agacé.
- Je le sais Majesté, mais cela fait des heures qu’il attend dans l’anti-chambre… et il semblait tellement insister… et tellement affamé que j’ai pris la liberté de…
- De déroger à mes ordres ? Très bien j’accepte de le recevoir. Mais à l’avenir ne prenez plus jamais ce genre d’initiatives.
Lorsque j’interrogeais Mayr sur l’identité de mon visiteur, ce dernier ne sut me répondre. Cet ignorance augmenta alors mon agacement. Cependant, je ne voulais pas en accable d’avantage mon pauvre et fidèle serviteur. C’était la première fois que Fritz désobéissait à mes ordres. Quelle mouche l’avait-elle donc piquée ? Sans un mot, je me dirigeais vers la salle à manger et tombais sur cet étrange inconnu.
- Eh bien, Monsieur, il paraît que vous teniez beaucoup à me rencontrer. Puis-je en connaître la raison ?
acidbrain
Dernière édition par Ludwig P. Schwarzenberg le Lun 17 Juil - 8:56, édité 1 fois
Au moment-même où je franchis le pas de la porte, je ressentis l’ambiance particulière qui régnait autour de mon invité. Il semblait être doté d’une aura indéfinissable qui le rendait à la fois inquiétant et fascinant. Séduisant ? Oui, il l’était à ne pas en douter ! Je préférais cependant ne pas y prêter attention, faire comme si de rien n’était. Après tout, j’étais en période de jeûne et quelles que soient les intentions de cet inconnu à mon égard je refusais tout simplement de le considérer comme un amant potentiel.
Je l’avais alors accueilli avec une froideur dans le ton de la voix et les paroles choisies. C’est qu’il était si rare que je reçoive des visites dans mes palais. Ils n’étaient ordinairement habités que par des serviteurs et parfois des invités triés sur le volet. Solitaire et introverti, je préférais m’entourer de personnes que je connaissais et dont la confiance n’était plus à éprouver. Or, cet individu avait franchi sans prévenir ma bulle de confort et c’était une chose que j’avais de la peine à accepter.
Malgré tout, je n’étais pas quelqu’un de désagréable, bien au contraire. Oh certes, il m’arrivait de me montrer capricieux et colérique, mais je me rattrapais et m’excusais presque toujours. S’il était une chose que je détestais plus que tout, c’était bien les conflits. Que ces derniers soient armés ou verbaux d’ailleurs. J’étais un roi et comme tous princes bien élevés, je savais me montrer digne de ma maison en faisant preuve de diplomatie et de tact. C’est bien pour cela que je ne lui adressais aucune remarque sur ses manières étranges. Comment pouvait-il se permettre de se mettre à son aise comme s’il se trouvait chez lui ? Pourquoi ne l’avait-on pas initié aux uses et coutumes de cette maison ? Ne jamais regarder le Roi dans les yeux, masquer son visage afin que sa Majesté n’ait pas à souffrir de la beauté de ses interlocuteurs masculins. Était-ce réellement si compliqué à transmettre comme ordre ?
Cette pensée traversa mon esprit alors qu’il se rapprochait de moi. Craignant tout d’abord qu’il finisse sa course trop près de moi, je fis machinalement un pas en arrière. Sentant son regard plongé dans le mien, je détournais les yeux espérant qu’il comprendrait mon malaise à devoir affronter le regard d’un inconnu. Je n’avais jamais su m’apprécier, à vrai dire je n’avais aucune confiance en moi et c’est bien pour ça que j’évitais le contact visuel qui me renvoyait une image personnelle que j’avais de la peine à soutenir. Les yeux tournés vers lui mais légèrement relevés vers son front plus que dans ses yeux, je prononçais quelques mots plus appropriés. « Et bien… je vous remercie. C’est très aimable à vous de vous être déplacé pour me rencontrer, monsieur Bénédicte. » Rabaissant légèrement mon regard, je pris quelques instants pour le dévisager lui et son sourire espiègle si séducteur. « Je vous avoue que je serais curieux de savoir quelle affaire nécessitaient un tel déplacement de votre part. ».
L’expression de mon visage changea du tout au tout lorsque Absolem me parla de mon ermitage. S’il était bien une chose dont j’aimais parler en dehors de la musique c’était bien l’architecture. J’étais très fier de nos palais familiaux qui faisaient l’admiration de tous. Une lueur espiègle brillant soudainement dans mes yeux, je lui adressais un sourire des plus charmeurs. « Oh détrompez-vous ! S’il est vrai que la bâtisse de mon père est moins décorées que le sont les miennes, elles n’en demeurent pas moins surprenantes. C'est elle qui m’a inspiré ma passion pour l’architecture. » Je relevais alors un index vers le mur qui me faisait front. Elle était recouverte de personnages peints sur le mur. Elles représentaient des fresques de grands héros et chevaliers issus de légendes qui avait bercés toute ma vie. « Regardez ces peintures par exemple, elles sont l’exemple même de ce que vous pourrez trouver d’étonnant dans cette maison. D’ailleurs, si vous prêtez plus attention aux meubles de cette pièces, vous constaterez que ces derniers sont sculptés avec grand soin. Si j’aime tant me trouver ici, c’est pour l’imagination sans borne qu’il m’inspire. » Me rendant subitement compte de mon emportement, je rougis légèrement. « Oh pardon, peut-être que mes propos vous ennuient. Je m’en excuse. »
Retrouvant mon air grave, j’indiquais alors du regard la table en bois massif et tendis ma main vers la chaise qu’il occupait auparavant. « J’imagine que vous avez dû faire un long voyage jusqu’ici. Puis-je vous proposer de vous joindre à moi pour mon petit-déjeuner ? » L’envie n’était pas forcément là mais c’était les usages. Et puis, j’étais incapable de réfléchir le ventre vide.
Je le regardais alors s’asseoir tout en le dévisageant discrètement sa silhouette. Je m’assis ensuite sur le siège royal qui m’était habituellement destiné. Nous ne nous trouvions alors pas face à face mais chacun à un angle voisin de la table. Cette position avait été expressément calculée pour me permettre de tourner à ma guise mon regard dans une autre direction que la sienne. Ainsi si notre confrontation me rendait mal à l’aise, je pouvais à tout instant porter mon attention vers autre chose. La table était alors déserte, à l’exception d’une petite cloche de métal doré qui reposait en son milieu. « Je vous parlais auparavant des merveilles de la bâtisse, ceci en fait partie ! ».
Le meuble reposait en réalité sur une sorte d’ascenseur. Lorsque l’heure des repas était arrivée, des serviteurs faisaient descendre la table un étage plus bas où ils pouvaient déposer la nourriture sans me déranger par des allées et venues incessantes. La table reprit ensuite sa place originelle, un étage plus haut. Je remarquais alors que mes serviteurs avaient eu bon goût d’ajouter un couvert au cas où mon invité voudrait déguster quelques plats. La tables était alors recouvertes de corbeilles de fruits, du pain, des confitures, des pâtisseries et des laitages. Je me servis alors de quelques fruits et de pâtisseries avant de me servir un verre de jus de fruits. Mon invité était tout à fait libre d’en faire de même s’il le désirait.
Je reportais alors toute mon attention vers mon invité. « Si vous me parliez plus en détails des affaires que vous évoquiez ? »
acidbrain
Dernière édition par Ludwig P. Schwarzenberg le Lun 17 Juil - 8:58, édité 1 fois
Emporté dans un élan d’explication descriptive sur mon château, j’avais subitement oublié toute ma gêne et ma timidité. Je possédais depuis toujours un tempérament passionné hérité de mon grand-père. D’apparence peu loquace en ce qui concernait la politique de mon pays, je m’enflammais dès que le sujet dérivait sur ces Arts qui étaient ma véritable raison d’être dans ce monde. Il arrivait bien souvent que ce brusque changement d’attitude surprenne mes interlocuteurs. Apparemment cela avait été le cas de mon invité-surprise. J’avais pris cela pour un encouragement. C’est pourquoi je m’étais lancé dans un grand monologue sur les merveilles de cette salle à manger.
Il s’agissait de la pièce sans doute la plus intéressante du palais puisqu’elle racontait la légende de Lohengrin, le mystérieux chevalier au cygne. Ce dernier avait pour particularité de participer à la quête du Graal. Personne ne savait si cela était exact ou non. Ce qui était certain, c’est que des cygnes avaient été peints ou sculptés dans chaque recoin de la pièce. Triste ironie du sort, mon père ne s’attendait certainement pas à ce que son fils finisse lui-même par faire partie de cette noble race d’oiseau.
Puis soudain, je m’étais soudainement interrompu dans mon discours. Les joues rougies par la honte de m’être trop emporté, je pris le soin de m’excuser pour mon comportement. Cependant, Absolem me fit l’agréable surprise d’avouer prendre un certain plaisir à m’entendre parler de ma passion. Un sourire reconnaissant aux lèvres, je relevais mon regard vers lui. « Je suis ravi de savoir que mes explications vous plaisent. Ce n’est cependant pas les seules merveilles de cette maison. Je pourrais peut-être vous faire visiter les autres pièces du château lorsque nous aurons fini de parler de ce qui vous amène. Qu’en dites-vous ? ». Je ne devais pas perdre de vue que mon invité était avant tout là pour affaires. Les plaisirs viendraient par la suite ! Cependant, ceux de la table se faisaient pressants et j’invitais mon convive à me rejoindre pour mon petit-déjeuner. C’était un honneur d’autant plus méritoire qu’il avait su s’attirer ma sympathie. J’appréciais grandement les personnes qui, tout comme moi, étaient en quête constante de beauté et de perfection.
Je me sentais très fier de pouvoir lui montrer les prouesses que mes ingénieurs avaient su réaliser avec cette table volante. Il m’arrivait très souvent de lancer des idées plus farfelues les unes que les autres. Pourtant, mes employés parvenaient toujours à matérialiser le moindre de mes désirs ! Ils ne me décevaient jamais et c’est pourquoi je les traitais avec la plus grande des déférences. Absolem lança alors un compliment sincère sur cette magnifique technologie avant-gardiste. Rougissant légèrement devant tant d’admiration, je lui adressais une fois de plus un sourire charmeur. « Vous admettrez que cette réalisation est prodigieuse. J’apprécie beaucoup la technologie. Elle permet de donner vie à mes fantasmes les plus fous sans que la magie, que je ne possède pas, ait besoin d’intervenir ! ». Je l’invitais alors à manger à mes côtés, ce qu’il fit bien volontiers.
Il était à présent tant de rentrer dans le vif du sujet. Sa première requête m’étonna énormément et je portais de grands yeux étonnés dans sa direction. En cet instant, je peinais réellement à trouver mes mots. « Vous… voulez que je conçoive les plans d’un bâtiment… pour vous ? ». Quelque peu gêné par sa demande, je ne pouvais m’empêcher de rougir. « Mais je… Il existe des personnes bien plus qualifiées que moi dans ce domaine. Des experts qui sauront réellement mettre en place vos projets ! Je ne suis pas un architecte. Je… je ne sais si… ».
Tournant mon regard dans le vide en face de moi, je laissais les pensées se bousculer dans mon esprit. Avait-il pleinement conscience de ce qu’il était en train de me demander ? Pourquoi moi, alors qu’il existait tant de personnes qualifiées dans ce domaine ? Pourtant, je ne pouvais nier qu’au fond de moi cette idée m’enchantait. Certes, il me faudrait recourir à l’aide des plus brillants de mes ingénieurs pour étudier la faisabilité de mes idées. Mais dans le fond c’était peut-être possible ! Et n’était-ce pas ce dont j’avais toujours rêvé ? M’éloigner de mon devoir royal pour me consacrer pleinement à mes passions ? Ma créativité était indéniable ! Je l’avais utilisée à tant de reprises pour concevoir mes palais. Et pourtant, j’étais entouré d’un gouvernement matérialiste, bien plus intéressé par les coûts que mes œuvres allaient entraîner que par l’importance de transmettre à mon peuple un magnifique patrimoine architectural. A présent, j’avais enfin la chance de rencontrer une personne qui avait su reconnaître mon talent. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance.
Reprenant lentement mes esprits, je tournais vers lui un visage qui transpirait par tous les pores l’immense gratitude que j’avais à son égard. « Merci mille fois, monsieur Bénédicte. Vous n’imaginez pas ce que cela représente pour moi de faire l’objet d’une telle requête ! Je l’accepte avec joie. Bien sûr, j’aurais sans doute besoin du secours de mes gens pour m’aider dans cette tâche… mais ce serait pour moi un véritable honneur que de pouvoir vous aider. » Reprenant un tantinet mon calme, je pris le temps de boire une gorgée de jus de fruits et de mordre dans une pomme bien mûre avant de reprendre. « A présent, parlez-moi un peu de vos projets. De quelle sorte de bâtiment s’agit-il ? »
Cette prise de contact était tout bonnement un délice. Jamais je n’aurais imaginé que cette rencontre surprise qui au premier abord m’agaçait fortement pourrait s’avérer aussi plaisante. J’aimais ces instants bénis et souvent trop rares ou je pouvais me permettre d’être moi-même sans aucune barrière et sans un fichu protocole à respecter. Je craignais tant que cet homme puisse être un quelconque ambassadeur ennuyeux d’un pays voisin. Or il n’en était rien ! La raison qui l’avait poussé à m’approcher était avant tout architecturale et cette situation me plaisait particulièrement. Je lui avais démontré quelques tours de passe-passe mais j’en conserverais tant dans ma manche. Il me tardait de lui faire visiter ma grotte ou mes surprenants appartements ! L’idée semblait l’enchanter et j’en étais réellement ravi.
Cependant, il s’écroulerait encore du temps avant que je puisse songer à admirer à ses côtés quelques merveilles architecturales de notre meilleur cru familial. Des beautés qui ne cessaient de m’éblouir à chaque fois que les voyaient. C’était comme une éternelle redécouverte si charmante ! Nous nous étions assis à table et après avoir entamer ce repas commun improvisé, il vint à me parler de la véritable raison qui l’avait conduite en ces lieux. L’entendre parler ainsi de mon talent était extrêmement flatteur. Il souhaitait que je me consacre à la création de l’un de ses bâtiments. J’étais alors infiniment curieux d’en entendre plus sur ses projets. Je n’avais aucun recul face à cette situation et comme d’habitude mon côté passionné m’avait poussé à trop m’emporter.
La preuve étant que lorsqu’il m’exposa ses intentions de construire une maison rassemblant aussi bien des salles de réceptions que des locaux réservés aux jeux, je me raidis subitement. Il me semblait alors avoir pris une claque en pleine figure. Le sourire que j’affichais jusqu’alors disparut de mes lèvres. N’avais-je pas accepté beaucoup trop vite ce marché ? Oh certes, ce n’était pas l’idée d’une maison de jeux qui me déplaisait. Mon opinion sur les jeux d’argent n’étaient pas encore très définie. Je savais que dans nombres de Cours que j’admirais profondément, on se livrait couramment à ce genre de pratiques. Cela n’avait rien de vraiment surprenant ou dégradant.
En réalité, ce qui me faisait le plus peur c’était l’idée que mon gouvernement et mon peuple se feraient de ce projet. Car après tout, même si l’idée de vivre dans mes fantasmes était délicieuse, je ne pouvais me permettre d’oublier que j’étais Roi et non un architecte ! Qu’aurait-on pensé de moi si je venais à m’abaisser à jouer un vulgaire rôle d’employé ? Les rumeurs les plus folles circulaient déjà sur mon compte. Je savais que dans mon dos, Le baron Otto von Rotharth avait déjà rassemblé autour de lui des commissions dont le but était de prouver que j’étais fou et incapable de régner. Et tout cela dans le le but était de me faire perdre ma couronne à son profit ! S’ils apprenaient que je me livrais secrètement à de telles activités que penseraient-ils ? Et bâtir des maisons de jeux, alors que mon gouvernement se moquait d’ores et déjà du fait que selon eux, je dilapidais sans compter la fortune du royaume dans des constructions ahurissantes ? Cela n’était-il pas nouer la corde pour me pendre moi-même ? « Non attendez, ce serait une erreur… je crois que je ne pourrais pas ! »
Brusquement, sans ajouter un mot, je me relevais de mon siège. Je me dirigeais vers la baie vitrée de la pièce voisine. Je appuyais alors mon corps contre l’une des colonnes de marbre. Le regard perdu au loin, je caressais la baie vitrée d’une main et observais d’un œil attristé le lac qui me faisait front. Je songeais alors au pauvre cygne que j’étais durant la journée et qui s’ennuyait fermement dans sa grotte. L’Ennui, la Solitude… c’était dont cela le quotidien qui m’était destiné pour le simple fait d’avoir mis fin à un mariage qui n’avait pas de sens ? Méritais-je réellement d’être maudis et de m’auto-punir sans cesse pour ne pas avoir connu de plus grande jouissance que lorsque je me reposais entre les bras d’un homme ? Un roi se devait d’avoir une vie exemplaire pour servir de modèle pour son peuple. Je n’avais pas le droit d’être moi, en rien ! « Croyez bien que ce n’est pas contre vous, mon cher. Vous ne pouvez imaginer à quel point le fardeau d’être un monarque peut être pesant parfois ! Partout on me scrute, on me juge. Le bonheur m’est interdit ! je n’ai pas le droit d’agir à ma guise et faire ce qui me rend heureux. Même pas ici ! Mes détracteurs n’attendent que le jour où je ferais un faux pas pour me mettre à terre. On me traite déjà d’illuminé… Et pour être honnête, je me commence à le croire… ».
Je me tus une nouvelle fois, restant seul avec mes pensées troubles. Au fond de moi je savais que la seule chose qui me permettait de me sentir vivant, c’était mes projets de construction. Lorsque j’étais en cygne, la seule chose qui me réjouissait et me faisait avancer, c’était la certitude que dès le soir venu, je pourrais poser sur mes plans les idées qui n’avaient cessés d’harasser mon esprit toute la journée. Désormais que mon propre gouvernement me tenait éloigné des affaires du royaume, de quel droit viendraient-il me priver de me livrer à mes hobbys ? Lentement, mon regard quittait la baie vitrée de la pièce et je retournais tout sourire vers mon nouvel ami. « Je suis d’accord de participer à vos projets, Absolem. J’impose seulement mes conditions. Si je participe à votre projet, mon nom ne devra être mentionné nulle part dans nos écrits. De même vous ne pourrez pas le prononcer en public, pas même une fois ! J'utiliserais un nom d’emprunt pour me faire comprendre. Ensuite, je ne m’occuperais que de réaliser les plans sur lequel se basera votre personnel. Je ne peux me permettre d’impliquer mes gens dans cette histoire. Les bruits de couloir me seraient beaucoup trop néfastes."
Une fois les conditions énoncées, je pris à nouveau place à ma table et mordis dans une jolie pâtisserie posée tout près de moi. Je me concentrais une nouvelle fois sur mon invité. « Si vous pouviez me parler de l’idée que vous aviez pour votre maison de loisir, cela m’aiderait beaucoup ! Ne rentrez pas dans les détails, cela se sera mon travail. Parlez-moi en termes de thèmes, de couleurs, d’ambiance… cela suffira pour commencer ! Je ferais ensuite mes propres propositions que vous pourrez accepter ou non. D'ailleurs combien de pièces comptera votre maison de loisirs».
Les propos que j’avais tenus auparavant raisonnant encore dans mon esprit, je fis part de mes conditions à Absolem avec la plus grande des confiances. Un Roi ne pouvait se permettre de se compromettre dans de telles entreprises. Participer à ce projet de manière anonyme était donc un moyen de contenter à la fois mes ambitions personnelles et l’Etiquette si chère à mon entourage. Je pourrais ainsi conserver ma couronne et mon droit au trône. Même si au fond ces aspect avaient bien peu d’importance tant je ne me sentais pas à la hauteur de ma tâche ! Je n’étais d’ailleurs pas le seul à le penser… ce n’était après tout pas pour rien si mon propre gouvernement voulait m’enlever le droit de régner si mes terres que j’aimais tant. « Ne vous inquiétez donc pas pour moi, mon ami ! La seule chose qui compte à mes yeux c’est que nous ayons tous deux consciences de ma participation à ce projet. Je vous assure que votre contentement sera pour moi la plus grande des récompenses. Je vous serais donc gré de respecter à la lettre mes conditions ! »
Je lui souris alors avec toute la reconnaissance du monde. De tous mes invités, Absolem semblait être le seul à pouvoir sincèrement admirer et respecter mon talent. Il m’offrait un profond sentiment de confiance en moi et je trouvais cela très revigorant ! Que pouvait m’importer alors de plaire à des néophytes si des passionnés de beauté pouvaient appréciés mon talent ? Courir derrière ma propre gloire n’avait jamais fait partie de mes ambitions personnelles.
A présent qu’il était temps de passer à des choses sérieuses, je repris ma place initiale et lui posais rapidement quelques questions sur son futur établissement. Le regard brillant que je pouvais lire dans ses yeux à ce moment-là était des plus charmants. Je ne pouvais nier l’attractivité de son regard pétillant. Cela me troublait quelque peu et si bien que je choisis de fermer mes yeux quelques instants pour laisser mon esprit vagabonder ailleurs, là où devait se trouver sa place en cet instant. Au fur et à mesure de ses descriptions, des images se dessinaient au fond dans ma tête. Des idées que je conservais pour le moment pour moi ! Je ne souhaitais pas lui faire part des premiers jets de mon imagination qui finiraient peut-être par être oubliés lors de la concrétisation de mes plans.
Il finit par me faire part de son intention de me laisser développer mes idées personnelles. J’espérais bien qu’il le ferait ! Après tout, il devait apprécier ma créativité. N’était-ce pas en voyant ce que j’avais fait de mes châteaux qu’il avait eu l’idée de me prendre comme « architecte » ? Je n’osais alors pas lui faire de cette réflexion. Après tout, on dit que l’Orgueil est l’un des 7 péchés capitaux, non ? Je me contentais donc de lui adresser un sourire entendu. « Eh bien, je vous avoue que votre confiance me touche. Je ferais mon possible pour ne pas la démériter. »
Après ses quelques paroles, mon partenaire déclara qu’il devait s’en aller. Notre affaire n’étant sans doute pas la seule à occuper ses pensées. J’étais un peu déçu de l’apprendre. Il est vrai que j’appréciais grandement sa compagnie et j’aurais tant aimé pouvoir lui faire découvrir les différentes pièces de ce château si merveilleux. Son opinion d’esthète avait pour moi une grande valeur. Son regard se fixa alors dans mes yeux. J’appréciais ce regard perçant et intelligent, sans doute un peu trop pour mon propre bien !
Rougissant légèrement, je détournais légèrement regard. « Oui bien sûr je vous comprends ! Soit, nous nous retrouverons donc la semaine prochaine au palais de Londirhef… vous qui semblez tant apprécier l’art oriental, je souhaiterais vous faire découvrir mon kiosque mauresque ! je suis persuadé que vous saurez l’apprécier à sa juste valeur ! Mais promettez-moi seulement que la prochaine fois, vous me laisserez jouir de votre compagnie plus longuement. » Dans mon esprit, il valait mieux pour lui qu’il s’y engage. Je ne supportais pas que l’on me pose un lapin ou que l’on me fasse de promesse en l’air ! Je le laissais alors partir, un sourire pleinement satisfait sur mes lèvres.
La semaine qui suivit fut des plus stimulante. Durant 7 jours, je n’étais plus motivé que par le nouveau projet qu’Absolem m’avait commandé. Il donnait un peu de sens à mes habitudes monotones et mon cerveau bouillonnait d’idées que je puisais dans les livres d’architecture de mon immense bibliothèque. Cette nouvelle passion inquiétait un peu mon entourage qui ne parvenait plus à me faire avaler quoique ce soit. L’inquiétude était avant tout exprimée par mon cher et tendre Sebastian qui ne parvenait pas à saisir la raison de cette nouvelle excitation aussi soudaine que passionnée. Il mit cela sur le compte d’une nouvelle passade pour un nouvel amant et se consola en pensant que comme d’habitude je m’en lasserais vite ! Il ne pouvait pas être plus dans l’erreur ! S’il est vrai que mon partenaire ne me laissait pas totalement indifférent, c’était surtout le désir spirituel qui m’intéressait et qu’il avait su attiser mieux que personne. C’était une jouissance intellectuelle dont j’avais bien hâte de faire partager les fruits à mon commanditaire.
Une semaine plus tard, je l’attendais donc de pied ferme dans mon magnifique kiosque mauresque situé non loin de mon palais de Londirhef ! J’avais alors chargé mon cher Fritz de l’accueillir et de le conduire jusqu’à moi. Pour l’occasion j’avais demandé à ce qu’une grande table soit amenée au centre de la pièce. J’avais ainsi pu y déposer la maquette du futur palais d’Absolem telle que je l’avais imaginé. D’immenses coussins avaient été posés sur le sol. Ainsi nous pourrions menés nos négociations assis sur ses derniers, comme il était coutume de le faire dans les pays du Moyen-Orient. Après tout, j’aimais le goût de la mise en scène ! Cette scène de théâtre était très certainement l’une de mes plus grandes réussites. Au moment-même où Absolem apparut dans la pièce, je m’approchais alors de lui tel un enfant ravi de la surprise réservée à l’un de ses parents. « Très cher ami, soyez le bienvenu dans mon royaume des Milles et une Nuits personnel. » Je m’écartais ensuite et reculant légèrement pointait du bras les alentours. « Alors dites-moi, comment trouvez-vous mon paradis ? »