Le calme venait tout juste de se rétablir dans la ville, retournant à cet état paisible cachant ses secrets dans un placard bien fermé, jusqu’au prochain jour où tout redéraperait. Les secrets, justement, fallait-il encore avoir un placard pour les cacher à la vue de tous. Et pour elle, qui en avait trois plutôt lourd, et dans les un mètre quatre-vingts chacun, la chose n’était pas facile. Quelques jours à peine avaient passés depuis cette funeste nuit où trois hommes avaient eu la bonne idée de s’introduire chez elle, au cœur même d’une nuit sans lune, alors que l’odeur du sang imprégnait déjà tout Storybrooke, pour qui pouvait la sentir, et entêtait la tête de la jeune femme au-delà de la raison. Le carnage qui avait eu lieu dans son appartement lui faisait encore effroi, et elle s’en souvenait parfaitement. Elle n’avait en fait jamais eu une vision aussi claire des choses, un souvenir aussi vif et intact dans son esprit qui ne semblait jamais vouloir s’effacer. Elle avait été à cet instant à la fois quelqu’un d’autre, et à la fois elle-même, comme si le monstre qui se tapissait dans son esprit espérait la confondre en lui ressemblant. Ou peut-être que le monstre, c’était elle tout simplement, même si elle refusait ne serait-ce que d’y penser. La maladie affectait ses pensées, ses actions, et le contrôle était parfois dur à garder.

Les souvenirs imprimés dans sa pupille, il avait fallu au petit matin s’occuper de nettoyer les lieux, et dire qu’elle eut quelques haut-le-cœur en procédant serait un euphémisme flagrant. Encore faudrait-il savoir s’ils étaient causés par le dégout de cette scène, ou à cause de cette envie tiraillante qui résonnait en elle. Les mains pleines de sang, Carmilla avait porté les cadavres – le point positif était qu’après cette nuit troublante, sa force avait décuplé – jusqu’à la rivière, où elle les avait laissé tomber, l’esprit embrumé. Oubliant en même temps que laissés ainsi à l’abandon, ils finiraient par être retrouvé. Mais tout ce qui avait compté à cet instant, c’était de nettoyer les taches de sang qui maculaient son appartement. Elle ne pouvait plus rien pour les trainés séchés sur le béton, là dehors, mais elles ne menaient pas spécialement à sa porte. Juste…. Eh bien elles étaient quand même très près de chez elle. Ses vêtements, ils avaient brulé dans la forêt, et chaque parcelle de son salon astiqués. Et ces actions-là, qui s’étaient déroulés dans un flou artistique pour elle, ressemblaient un peu trop aux méthodes d’un tueur en série, la mettant très mal à l’aise avec elle-même. Elle aurait souhaité pouvoir tout oublier, tout effacer et revenir en arrière, vain espoir.

Des flashs parcourait pourtant son esprit, lui remettant sous les yeux certains moments insupportable. Leur peau déchirée, arrachée et tombant par lambeau, marqué à certains endroits de pseudo-morsure, deux canines tentant de s’y abreuver, et à d’autres de morsures véritablement humaines, mais sauvage et incontrôlé, marques de mâchoires puissantes et dangereuses. Leur visage défiguré, marqué par une peur primaire. Abandonnés à l’eau, et où ils pouvaient être aujourd’hui, elle ne voulait rien en savoir. Carmilla n’était pas idiote, mais on ne pouvait pas dire d’elle qu’elle était la plus intelligente de toute, et croire que plus jamais elle n’entendrait parler de cette histoire était bien naïf. Déjà les dépouilles avaient été trouvés, ramener à la morgue et analyser au mieux. Et si aucun indice menant à elle directement n’avait été découvert, personne n’avait pu ignorer que des mouvements suspects avaient eu lieu dans le quartier, ni que des traces de sang maculaient le sol et qu’ils allaient de la rivière à cet ensemble d’appartement près de l’école.

Les rideaux étaient tous tirés dans son petit logement. Cuisine, chambre, salon, aucun rayon de lumière de parvenait à percer la pénombre qui régnait ici. Les coussins roses, et autres petites décorations colorées dans cette couleur qu’elle appréciait, avaient pris une teinte rougeâtre et seules quelques lampes tamisées restaient allumés. Tout pour ne pas agresser ses pupilles devenus extrêmement sensible depuis la terrible nuit. L’avantage du moins de rester chez elle était qu’elle pouvait s’habiller plus aisément que lorsqu’elle sortait, et pouvait quitter ces habits couvrant entièrement sa peau pour une robe plus simple. Ses cheveux blonds lâchés sur ses épaules, elle redevenait l’espace d’un instant Mina, une simple femme du monde, contemplant son journal où elle notait toutes ses pensées. Presque toute. Voilà trois jours qu’il n’y avait que des blancs et des banalités à en pleurer. Hors de question en même temps de noter les terribles actes qu’elle avait pu commettre, c’était bien trop horrible si quelqu’un parvenait à mettre la main dessus.

Un frisson traversa son corps à cette idée. Elle ne ressentait pas vraiment le froid, blottit sur son canapé, une tasse froide de thé entre les mains. Et cette tasse, voilà une heure qu’elle reposait là sans qu’elle ne parvienne à en boire plus d’une gorgée. Son gout avait gout de cendre entre ses lèvres à présent. Déjà depuis son éveil des souvenirs, la nourriture présentait moins d’attrait pour elle, mais depuis ces quelques jours, cela avait empiré. Soupirant, elle reposa la tasse sur le napperon de dentelle blanche tout juste sorti du placard – l’autre avait malencontreusement brulé – qui ornait la table basse en verre, lorsqu’elle entendit des pas près de son pas de porte. Même si elle tentait de lutter contre, ces jour-ci ses sens s’étaient affinés et elle ne pouvait ignorer les informations qu’elle percevait. Et elle se demandait bien ce que voulait donc cette personne qu’elle ne connaissait pas, en ce jour où il n’y avait pas école, tout en rangeant son carnet dans sa chambre, bien naïvement au pied de son lit, sous son matelas. Elle finit par aller ouvrir la porte pour s’enquérir des intentions de l’inconnue qui se trouvait là.  

Un scandale, c’était le mot, je venais de mettre la main sur un des plus gros scandales de Storybrooke : un triple meurtre ! Trois corps, retrouvés dans la rivière de Storybrooke étaient à la morgue. J’ai alors fais marcher mes contacts et je suis allé voir ces trois pauvres corps, gonflés par l’eau, moisis. Mais, ce n’était pas la cause de la mort, c’est là que cela devenait intéressant… Ces corps avaient des traces de morsures humaines sur le corps, comme si ils avaient été mordus par Dracula. Après tout, c’était bien possible, j’ai vu des choses ici à Storybrooke que personne ne pourrait croire dans ses rêves les plus fous. Malheureusement, je n’ai jamais vraiment entendu un te rafus…

Heureusement, mon contact, qui n’est autre que la femme de ménage de la morgue habite à un endroit, en ville où il y a eu des bruits suspects le soir de la mort des personnes, enfin, celle établie par les spécialistes. De plus, des traces de sang séché gisent à cet endroit même : il s’est donc définitvement passé quelque-chose, mais quoi ? Je vais le découvrir évidemment.

J’arrive donc sur les lieux, et effectivement, il y a du sang séché un petit peu de partout. Cela m’en donne froid dans le dos. Je peux m’empêcher de penser que la tueuse ou le tueur ne doit pas être très futé pour laisser autant de traces, et faire autant de bruit. C’est sûrement un meurtre inhabituelle, mais ce n’est sûrement pas de l’auto défense, si cela en aurait été, les trois ne seraient pas morts, et surtout, pas à cause de morsures. J’ai tout de suite penser à Ruby ou Freya, étant toutes deux louves, et puis, ayant fait quelques catastrophes que j’ai couverte durant les dernières années, mais ce ne sont pas des morsures de loups, c’est autre chose…

Les traces de sangs mènent à un palier, j’observe alors tous les endroits et met des lunettes détectant la présence de sang, une habitation y est imprégnée. J’enlève les lunettes, et me dirige vers l’habitation, sourire aux lèvres. Sincèrement, je suis complétement timbrée, mais je compte bien mettre la main sur ce scoop, ou alors, si j’aime bien la personne, la couvrir et lui apporter mon aide. On verra. Je sonne alors à la porte, la personne m’ouvre. J’ai la surprise de voir une jolie blonde, cheveux tombant… Son appartement est tout fermé, comme si elle avait peur de la lumière… Je lui souris, entre en lui passant devant et dit :

« Vous devriez changer de paillasson, et enlever beaucoup mieux vos traces très chère… »