Les journées se suivaient et se ressemblaient toutes. Je vivais désormais avec la jolie Miss Bennett dans le plus pure des pêchés et même si je savais qu’elle attendait que je me déclare à elle, il faudrait un petit temps avant que je ne le fasse. Pour tout dire, je voulais d’abord faire mordre la poussière à ma sœur Athéna mais également à mon père. Comme je pouvais le détester cet espèce de vieux loup solitaire. Fait ce que je te dis pas ce que je fais voilà qu’elle était sa politique. Je le détestais de m’avoir banni même si j’étais ressorti plus grand de cette histoire.

Ce matin là je voulais aller vérifier une information. Il paraissait qu’on avait aperçu Poséidon en ville et si mon oncle était là je pouvais m’attendre à ce que mon père débarque aussi chose que je ne voulais sûrement pas. J’avais enfin mis la main sur Athéna et je voulais pouvoir m’occuper de son cas sans prendre le risque d’énerver le très haut. Du coup je devais me rendre dans cette poissonnerie où on l’aurait aperçu. S’il était vraiment là-bas je pourrais me moquer de lui pour l’éternité et l’appeler face de poulpe comme je le faisais souvent quand j’étais gamin.

Cependant, je ne trouvais personne à la poissonnerie et mon humeur devient beaucoup plus morose. Je n’avais retrouvé personne de l’Olympe en ville si ce n’est cette casse pied d’Athéna et j’avais de plus en plus de haine envers ceux qui avaient fait le choix pur et simple de m’oublier. Pourquoi avaient-ils tous laisser mon père me punir ? Pourquoi ma mère n’était-elle pas intervenue ? J’avais tant de questions sans réponse et cela me ronger vraiment de plus en plus.

Je marchais tranquillement donc dans la rue afin de me rendre à mon bureau et reprendre mes affaires d’avocat quand je sentis une présence me suivre. Je ne la reconnaissais pas ou du moins je ne voulais pas me permettre de la reconnaître. Si ce n’était pas elle je pourrais être extrêmement déçu. La personne me fit face et je croisais le regard d’un homme que je n’avais pas croiser depuis des décennies.

« Hadès. »

Je sentais mon souffle se couper sous l’effet de la surprise. La question qui suivit son appel me laissa de marbre. Je ne m’attendais pas à le retrouver ici et je sentais mon coeur se gonfler de joie. Il était celui que j’aimais le plus sur l’Olympe. Il était le seul à me comprendre. Je finissais tout de même par reprendre mes esprits quand il prononça le mot paternel. Je vis une main se tendre devant moi et je la saisissais un instant.

« Ma liberté, je la regagne petit à petit mais surement pas grâce à mon père. Quand je serai fin prêt, soyez assuré mon oncle que Zeus ne sera plus qu’un ornement sur une pierre tombale. »

Je souriais mauvais à mon oncle. J’avais toujours été très honnête avec lui et je n’allais surement pas changer maintenant mon comportement.

« Et vous ? Que faites-vous ici ? »

C’était étrange je ne le percevais plus comme avant. C’était vraiment très étrange. Que lui était-il arrivé ?

J’écoutais mon oncle. Il semblait ne pas avoir changé d’opinion sur quoi que se soit depuis notre dernière conversation. Il semblait toujours aussi noir, toujours aussi mauvais et ça me plaisait de retrouver mon oncle mais il y avait quand même un changement… Il était clairement diminué et cela le rongeait. Toute personne saine d’esprit serait rongée par cet état et pour le dieu des morts c’était encore plus flagrant.

« Pas encore totalement mais ça revient petit à petit. »

Je ne pouvais pas le nier. Je n’allais pas lui mentir. Pas maintenant. Il me parla de la ville et je souriais. Il n’y avait donc que ça qui l’intéressait ? Il ne me demandait même pas comment j’avais retrouvé mes pouvoirs. C’était peut être cela le plus étrange à mes yeux.

« La ville n’est pas si mal… Enfin pour une ville de mortel. »

C’était étonnant de dire cela. Hadès ne semblait de cet avis mais nous avions déjà eu des divergences d’opinion et ça ne nous avait jamais empêché d’être complice. Le sujet dériva rapidement sur le désir des dieux d’être humain. C’était crétin de leur part mais c’était logique. Nous convoitions toujours ce que nous n’avions pas. Les dieux étaient immortels et ils voulaient la mortalité… Les hommes étaient mortels et ils voulaient l’immortalité. C’était un cercle sans fin. Une question qui dirige l’univers depuis son commencement.

« Nos pairs la jalousent parce qu’ils ne connaissent pas l’humanité, la vraie. Ils l’idéalisent alors que c’est faux. »

Etre humain ce n’était pas idéal. Tout était extrapolé. Les sentiments étaient beaucoup plus puissants, nous vivions tous avec plus de force. C’était d’ailleurs cela qui tuait les humains rapidement. S’ils apprenaient à être modérés ils pourraient vivre plus longtemps. Mais ils étaient butés.

« Il faut parfois avoir un déguisement pour se fondre dans la masse n’êtes vous pas d’accord mon oncle ? »

Et puis être avocat ça permettait d’avoir le nez dans les affaires de tous. Même si je ne connaissais pas tout le monde en ville, je connaissais tous les noms et je savais surtout qu’un jour ils auraient tous besoin de moi.

« Une porte pour les enfers… C’est tentant mais sans tous mes pouvoirs cela ne me servira pas à grand-chose. Mais tant qu’elle est ouverte cela me fera une porte pour rejoindre l’Olympe ou du moins pour tenter de le rejoindre et de dire bonjour à papa. »

Bonjour à papa… C’était une phrase toute simple mais sonnait faux à mes oreilles. Je me faisais des illusions. Je n’irais jamais dire bonjour à mon père. J’irais plutôt me battre avec mon père que de lui dire bonjour.

« Saviez-vous qu’il y avait en ville une jeune femme qui a les mêmes pouvoirs que papa… ? »

Je lâchais cette bombe tout en lui faisant signe de s’asseoir devant moi. Peut être que nous pourrions trouver une solution ensemble.

Je souriais à mon oncle. Hadès connaissait ce genre de regard. J’étais un conquérant et je le resterais toute ma vie. Je ne pouvais pas aller à l’encontre de ma nature profonde.

« Ce n’est qu’une ville de plus que je voudrais ajouter à ma liste de conquête. »

Et ma liste était quand même plutôt grande. J’avais passé tellement de temps en dehors de l’Olympe que je ne savais plus où se trouvait ma demeure. J’avouais alors aisément que je me sentais plutôt à mon aise dans cette petite ville.

« Il y a des personnes intéressante en ville. »

Je pensais en premier lieu à Elizabeth. Elle était ici en ville et même si elle n’était qu’une humaine je ferais tout mon possible pour la protéger de tous et encore plus de la menace de mon père. Je pensais alors à Juliette et je commençais par en parler à mon oncle. Je voulais voir ce qu’il en pensait et comme je m’y attendais il était au courant de sa présence. Je passais mes mains sur ma barbe naissante avant de lui répondre.

« Elle n’est pas Zeus. Je lui ai parlé et mon père n’aurait pas tenu aussi longtemps avant de se dévoiler à moi et de me prouver à quel point je suis stupide. »

Zeus avait toujours eu ce défaut de vouloir bluffer tout le monde et il ne pourrait pas mentir comme cela. Juliette était une personne totalement différente. Elle était même gentille contrairement à mon père. Si elle était bien sa fille, elle

« Elle me doit un service si cela peut vous intéresser mon oncle. »

Je lui donnais cette information parce que pour le moment je ne voyais pas comment utiliser le service que me devait Juliette. Peut être que mon oncle aurait une idée plus lumineuse que moi. Mais une question me brûlait les lèvres et je me devais de la lui poser.

« Pensez-vous qu’il serait possible que cette femme soit la fille de Zeus et donc qu’elle soit ma demi-sœur ? »

Je regardais mon oncle droit dans les yeux. Il était le seul à ne jamais m’avoir menti et j’avais toujours fait confiance en son jugement. Il ne me ménagerait pas et c’était ce que j’attendais de lui.

« Avez-vous un plan pour mon paternel ? »

Je voulais savoir et me battre au côté de Hadès. Je lui faisais confiance et je trouvais qu’il méritait plus que personne d’atteindre ses objectifs.