Ivy Belfrey &
Jack Frost

Mars 2013, après les retrouvailles avec Carrie Zahne *Tooth*;

La jointure en sang, les os brisés ainsi qu’une confiance en miette, l’esprit ne s’était jamais senti aussi vulnérable qu’à ce moment précis de son existence. Il y avait quelque chose de déstabilisant à être ainsi rejeté par ses pairs, jeté directement dans la gueule du loup car votre personnalité ne les plaisait plus. Frost se souvenait maintenant toutes les raisons qui l’avait poussé à refuser encore et encore ce titre de gardien. Il savait ce que c’était d’être seul, mais une fois le vide comblé vous aviez une chance de vous le faire arracher des mains, le sentiment qui suivait cet abandon était méprisant. Il tremblait encore de sa rencontre avec la fée, partiellement à cause de la douleur physique qui s’en prenait à lui, mais surtout à cause des mots et gestes qui avaient été échangés entre eux. Des retrouvailles comme celle-là il pouvait bien s’en passer. Bien sûr qu’il aurait voulu que ça se passe autrement, là n’était même pas la question, mais la vie était ce qu’elle était et il devait vivre avec les conséquences des actions du moment. Si l’adolescent regrettait son impulsivité, il ne pouvait s’empêcher de croire que tout cela était pour le mieux, comme ça peut-être que la fée penserait à deux fois avant d’agresser quelqu’un dans la rue. Penchant sa tête de honte, caché sous sa capuche, l’adolescent avançait doucement dans la rue en évitant tous les regards. La vie continuait son cours, le soleil descendait de son orbite, il était aussi ignoré qu’il désirait l’être. Qu’auraient-dit les autres s’ils l’avaient vue dans cet état? Une étincelle sombre dans l’œil, le rappel constant de ce qu’était réellement Frost, voilà qui aurait déplut aux gardiens. Qui aurait voulu rester l’allié de celui dont l’âme devenait noirceur? On aurait pu croire qu’ils étaient des frères jumeaux, les deux ne vivant que de l’ombre des autres, craignant la lumière du jour sur leur personne. Jack craignait de tout perdre ce qu’il avait créé après des siècles, une réputation qu’il avait travaillée pendant si longtemps, mais surtout il craignait de perdre son état physique. S’il quittait Storybrooke là, tout de suite après avoir brisé son alliance avec les légendes, perdrait-il la vie? L’homme de la lune lui ferait-il payer son insolence ou l’enverrait-il dans les abysses d’une nouvelle solitude en guise de punition? Un long frisson vint traverser la colonne de l’esprit de l’hiver, s’imaginant le pire, réalisant que l’homme de la lune pourrait l’abandonner comme il avait si lâchement abandonné Pitch Black. N’avait-il pas été le favori à une époque? Le seul gardien dont ce monde nécessitait, une légende beaucoup plus vieille et puissante que tous les autres. Pourtant l’homme de la lune l’avait haï, remplacé, abandonné comme l’on jetterait un mouchoir usagé. Était-ce là le destin qu’attendait l’esprit une fois de retour sous l’influence lunaire? Cette pensée suffisait pour qu’il se croise les bras sur lui-même, tâchant son hoodie de sang dans son geste, un visage brisé par une peine innommable. Il ne voulait pas être seul, pas encore, il était certain qu’il n’y survivrait pas cette fois-ci. Une goutte d’eau vint glisser le long de la joue de l’adolescent, se rendant doucement jusqu’au menton avant de se transformer en glace dû à la froideur de la peau du jeune homme. Il ne comprenait pas son état, ni sa panique, ni ses larmes. Jack n’avait jamais été dans un état de vulnérabilité aussi grave, pas de ce qu’il se souvenait du moins, mais sa respiration devenait rapidement saccadée par des sanglots qu’il tentait de taire à la source. Son dos se confrontait à la brique alors qu’il glissait doucement vers le sol entre deux boutiques. Il posait ses fesses sur le sol de la ruelle, incapable de calmer sa peine, recroquevillé sur lui-même. Il ressemblait vaguement à un chaton abandonné à son sort, en boule pour se calmer, incapable de s’aider par lui-même.

« Pourquoi suis-je ainsi ? » murmurait sa voix dans une respiration difficile. Il n’arrivait simplement pas à comprendre ce qui le poussait à être violent, agressif, sauvage, il ne se reconnaissait absolument pas dans cette situation. Où était cet esprit protecteur qui aidait les autres quand on en avait de besoin? Il avait fait preuve de sabotage envers sa propre personne, détruisant ses chances d’accomplir sa mission dans cette ville, repoussant ce qui était selon lui sa seule amie en ses lieux. « Dis-moi quoi faire…pitié. » sa voix était détruite, en miette, tout comme lui. Il s’adressait à l’invisible, rien ne se trouvait devant lui, mais ses yeux scrutaient pourtant lors d’une seconde son entourage dans l’espoir d’y apercevoir quiconque. Elle ne reviendrait pas, ni elle ni les autres, Jack Frost était seul, vulnérable, le seul responsable de sa situation actuel. Il le savait…

Ivy Belfrey &
Jack Frost

Mars 2013, après les retrouvailles avec Carrie Zahne *Tooth*;

Une voix l’appelait, une voix qu’il ne reconnaissait pas, une voix qui appartenait à un corps lui faisant face qui lui était nouveau. Ses yeux se levaient doucement, irrités par les larmes qui coulaient encore sur sa peau, alors qu’il voyait brièvement celle qui était devant lui. Il gloussait, se recroquevillant sur son corps, montrant physiquement qu’il ne voulait absolument pas avoir de contact physique. Sa main brisée se tendait, mais il était désormais impossible pour lui de former un poing, à la place il étirait simplement une grimace de douleur et détournait son visage. Sa respiration était encore saccadée, son regard valsant de gauche à droite alors que sa pupille était dilatée. Devait-il répondre ou rester muet? Devait-il lui dire de partir ou prendre la chance de s’expliquer? L’adolescent fermait alors ses yeux, inspirant l’air du mieux qu’il le pouvait, restant dans la même position vulnérable. « Est-ce qu’on…non…comment me connais-tu? » Les mots furent bref, né dans sa gorge et dévoilé avec douleur d’une voix si faible qu’on le reconnaissait à peine. Il tentait à nouveau de l’observer, du coin de l’œil, comme le ferait un animal sauvage cherchant à en apprendre sur l’ennemi lui faisant face. Elle avait des cheveux bruns, un visage fin, mais son regard s’attardait sur ses prunelles marrons. Elle avait des airs familiers, comme un visage de son passé qu’il avait oublié, mais il n’arrivait simplement à trouver qui elle pouvait bien être. Ses sourcils se haussaient sous son questionnement, sa mâchoire se serrant, mais rapidement une nouvelle vague de douleur vint déformer son visage. Sa concentration était faible, son esprit vagabondait d’un moment à l’autre, il ne pouvait s’empêcher de laisser le flot d’émotions qui surgissaient en lui. Que s’était-il passé? Voilà qui était une très bonne question de la part de l’étrangère. Devait-il aborder le fait qu’il avait menacé de mort la fée des dents, son allié d’autrefois, provoquant ainsi une réaction en chaîne en son être? Ce n’était pas une menace dont il pouvait se remettre, non, il avait attenté à sa vie dans l’intention formelle de n’en faire qu’un souvenir. Pourquoi l’avait-elle provoquée? Était-elle complètement cinglée? Tous ces mots tournoyaient dans sa tête et il vivait des émotions multiples. Il ne savait plus ce qu’il devait vivre en premier, la colère, la tristesse, la haine, la solitude…un ouragan prenant place en lui, provoquant cette crise tant attendue, ces émotions qu’il avait fait taire depuis son arrivée en ville.

« Je…J’ai fais une erreur.» murmurait-il d’une voix presque muette. Il ne voulait pas non plus entrer dans les détails, pas avec une étrangère, pas avec personne. L’esprit de l’hiver voulu se relever en prenant appuie sur ses mains, mais il perdit face dès qu’il appuyait son poids sur sa main gauche. Il se retrouvait alors face contre le sol, immobile pendant quelques secondes seulement, il n’entendait absolument rien autour de lui. Il était étourdi, fatigué, épuisé par tous les évènements précédents. L’adolescent était plus pâle que jamais, car oui c’était probable pour lui de perdre encore plus de couleurs, sa peau se mélangerait presque à la pureté de la neige à ce stade. Son cœur était chaviré, son estomac en flamme et c’est là qu’il vomissait. Il ne mangeait pas beaucoup, le résultat n’étant qu’une flaque de bile au sol, mais il se relevait à l’aide de ses avant-bras et reprenait difficilement sa position assise. Maladroitement, il essuyait son visage avec sa manche droite, stupéfait par ce qui venait de lui arriver. Ce n’est pas tous les jours qu’il était malade, enfaite ça ne lui était jamais arrivé depuis les quatre derniers siècles, la sensation suivant les secondes lui était donc inconnu. « C-Com-…Comment on arrête ça? » disait-il d’une voix spectrale, s’adressant de nouveau à l’invisible dans la ruelle, appuyant sa tête contre sa paume. Il ignorait la présence de la femme, il ignorait tout, ses yeux cherchant à nouveau un réconfort inconnu. Sa respiration difficile, coupée d’un sifflement douloureux, il était bel et bien dans un état de panique.