Et une nouvelle journée merdique. Ils se ressemblent tous les unes aux autres en fait. Il n’y a pas un matin où je me réveille et où je me dis que j’aurai enfin une excellente journée. Non. Je sais d’ores et déjà que ma journée sera merdique et que je ne rencontrerai que des gens tout aussi merdiques. Je crois bien que je n’ai pas choisi la bonne branche lorsque j’ai décidé de travailler dans la police. Et encore moins lorsque j’ai décidé de faire carrière chez les stups. Non mais vraiment. Quelle idée avais-je au moment de mon choix de carrière ? Je ne sais vraiment pas. Quoi que, j’imagine que je me suis un peu laisser entrainer dans ce que mon père adoptif a voulu que je devienne. J’aurai bien préféré soit une carrière artistique, soit en lien avec la mer. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours eu une grande fascination avec l’océan. Les fonds marins. Les bateaux. J’aurais peut-être dû prendre un emploi qui y soit lier. Ça aurait toujours été mieux que ma vie merdique du moment. Mais il est trop tard j’imagine. Alors je fais avec ce que j’ai. Un travail que je déteste plus que tout et que j’aimerais bien pouvoir abandonner, même si je ne le ferai jamais. Je ne suis pas comme cela. J’ai décidé de devenir flic, eh bien je fais le métier corps et âmes. Personne ne pourra me reprocher d’être quelqu’un qui abandonne en cours de route.

Mais je dois dire qu’aujourd’hui était l’une des pires journées que j’ai eu jusqu’à présent. Une nouvelle chasse à l’homme. Un nouveau dossier qui s’accumule sur mon bureau. Il n’en fini plus. J’ai l’impression que je n’ai pas le temps de clore une affaire que mon superviseur m’en donne une autre. Pour me demander ensuite de me dépêcher à écrire mon rapport. Franchement, puis-je avoir un peu de congé parfois ? Est-ce trop demandé que d’avoir au moins une journée de repos entre les criminels que je coffre ? Je veux bien que je déteste ma profession, mais je ne suis pas si mauvais que ça. Je ne comprends pas pourquoi ils veulent absolument que tout soit fait dans la même journée. Certains des criminels que nous chassons nous donne du fils à retorde, nous prenant souvent quelques jours, quelques semaines voire quelques mois à capturer. D’autres nous prennent que quelques heures à peine. Et ceux-ci sont ceux que je préfère le plus. Au moins, je peux classer le dossier rapidement.

Aujourd’hui, je devais infiltrer un groupe de trafiquant de la ville et trouver qui était le grand patron de ces maltraitants. Autant dire que cela ne m’enchantait guère. Moi qui préférais largement rester seul. Je ne suis pas quelqu’un qui aime parler avec les autres. Je parle déjà peu avec mes collègues, alors imaginer des inconnus complet. Et j’ai beau le dire à mon patron, il s’en fiche complètement. Je dois remplir la mission et la commencer aujourd’hui. Pas moyen de faire marche arrière. C’est moi et ce ne sera personne d’autre. Ce qui m’enrage intérieurement. J’ai l’impression qu’il veut me voir disparaitre et veut une excuse grandiose pour me renvoyer. Je le vois bien qu’il ne m’aime pas. Que personne vraiment ne m’aime dans le département. Je suis le petit nouveau. Celui que personne ne connait. Ils voudraient tous me voir échouer. Mais cela n’arrivera pas de sitôt. Et je leur prouverai que je suis quelqu’un qui mérite d’être parmi le service de police. Ils ne me croient pas compétent et incapable de faire mon boulot, mais je leur montrerai que c’est tout à fait le contraire. Même si je n’aime pas mon métier.

Alors ma journée a été un vrai merdier à cause de tout cela. Je n’ai même pas pu trouver une cible pour infiltrer le gang. Non. Je me suis fait interrompre avant même de pouvoir repérer qui que ce soit. Un voleur qui a décidé de braquer un commerce de rue me passe sous le nez et j’entends crier pour de l’aide. Au moins, je me retrouve dans un coin de la ville qui n’a aucun rapport avec les délinquants que je dois trouver. C’est donc en soupirant que j’offre aussitôt mes services et que je me mets à courir après le dit voleur. Ce n’est pas vraiment mon boulot, mais je ne peux pas rester à rien faire alors que quelqu’un a besoin de moi.

Heureusement pour moi, une bonne samaritaine m’aide à attraper le malfrat. Je ne sais pas trop comment elle s’y est prise, mais j’ai pu rattraper le voleur rapidement et lui passer les menottes aux mains. Et puis, j’ai relevé les yeux vers la femme qui m’avait aidé pour la remercier. Mais avant même d’avoir pu ouvrir la bouche, elle m’appelait par un prénom que je n’avais jamais entendu. « Hum. Pardon ? Je crains que vous ne me confondiez avec quelqu’un d’autre. » Dis-je un peu maladroitement. « Cependant, je vous remercie grandement de m’avoir aidé. » Dis-je cette fois en affichant un sourire. L’homme s’agite un peu, mais je le remets rapidement à sa place. Il a plutôt l’air en colère que la dame qui l’a intercepté et cela ne me plait guère. « Tu l’as plutôt cherché. Un malfrat dans ton genre n’a que ce qu’il mérite au final. » Dis-je à l’homme qui se débattait plutôt férocement. Je me permets alors d’appeler du renfort. Et puis, comme ça, quelqu’un d’autre pourra le ramener au poste de police pendant que je continue mes recherches pour les trafiquants de drogue.