Les soirées s’enchaînaient et se ressemblaient ces derniers temps. La nuit dHalloween avait été prolifique grâce aux nouveaux cocktails de Elle, ma mixologue adorée et géniale. Nous avions pu faire un peu de pub grâce aux stands à Central park le jour d’Halloween, et Elle et moi en tenions un, avec des flyers réalisés toujours par ma charmante blondinette qui ne chômait pas. C’était la seule employée fixe que je pouvais me permettre d’avoir depuis plusieurs mois tant les affaires tournaient mal, à cause de Fire Lips et ses activités douteuses.
A présent, les fêtes de fin d’années approchant, j’avais troqué les déco effrayantes contre celles plus douces et aux teints plus clairs rappelant l’hiver. Il y avait toujours un peu plus de monde pendant les périodes de fêtes, et heureusement, cela me permettait de gérer au mieux les commandes, mais ça restait compliqué. Ma fille m’avait demandé de l’argent pour une sortie avec ses amies et j’avais littéralement dû faire les fonds de tiroir. J’avais si peur qu’elle ne tombe dans des travers illégaux comme dealer ou aller danser chez cet enfoiré d’Olympus pour se faire de l’argent facile. Je voulais le meilleur pour ma fille, et les temps étaient difficiles pour moi.
Fort heureusement, ce soir, il y avait un peu de monde ? Je ne chômais pas étant donné que j’étais seule, n’ayant pas prévu une telle affluence, mais j’eus la satisfaction de réussir à servir tout le monde en un temps record. Je m’affairais à ranger un peu mon bar quand soudain, une voix familière m’arriva aux oreilles. Je me relevai tel un suricate et eut un grand sourire en voyant Mercutio.

- Merc’ !! ça fait plaisir de te voir ! Salut !

Je m’accoudai au comptoir, tout sourire, ravie de voir un visage connu et amical.

- ça fait un bail ! Qu’est-ce que tu fais là ?

Je m’attelais, tout en lui parlant, à lui préparer sa boisson préférée. Se souvenir des goûts des clients réguliers faisait partie du métier, un métier que j’exerçais depuis de nombreuses années maintenant, et Mercutio faisait partie des personnes que j’avais l’habitude de côtoyer depuis très longtemps maintenant. Une fois son verre servi, je profitai de l’accalmie pour m’en octroyer un aussi. Être son propre patron avait ses avantages, et je n’allais pas être saoule avec un simple verre de bourbon.

-Alors, quoi de neuf dans ta vie mon mignon ?

Je le savais friand de potins et sans doute aurait-il des info à me filer sur Olympus.

Revoir Mercutio était toujours un plaisir, et étonnamment, même s’il bossait pour la concurrence, j’avais toute confiance en lui. J’appréciais sa compagnie, son humour, sa conversation et ce depuis aussi longtemps que je le connaissais. Il m’expliqua qu’il avait été occupé ces derniers temps, d’où sa longue absence. Je ne le faisais pas de souci pour lui, mais je devais avouer que le voir passer la porte de mon bar, toujours souriant et de bonne humeur m’avait manqué.
Il me faisait rire à répandre des éloges sur le Poisoned Apple. C’était touchant, mais il en faisait trop.

- Allons allons, tu n’es pas très objectif, très cher.

Je trinquai avec lui sans me faire prier, ravie de pouvoir lui consacrer du temps vu que tout le monde était servi et bien occupé à discuter dans son coin.

- A ta santé, mon cher Mercutio !

Je bus une bonne gorgée, passant le bar sous mon regard pour m’assurer que tout allait bien. J’écoutai ensuite l’anecdote du soir de mon cher ami. Je dus me retenir de dire qu’en bossant chez ce connard d’Olympus, de toute façon, il ne pouvait qu’avoir des déconvenues, mais bon, inutile, il savait très bien ce que je pensais de son boss. J’allais lui répondre quand je vis un client approcher.

- Elle est vraiment mignonne ta petite voisine de garder ton chien. Oh... Excuse-moi !

Je me dépêchai d’aller voir ce qu’il voulait. Un autre tournée de bière pour lui et ses potes. Il avait rapporté les verres vides et je m’empressai de lui en remplir des nouveaux, de les disposer sur un plateau et de les emmener à sa table avec un sourire. Puis, je repartis derrière mon bar pour mettre les verres vides à laver avant de rejoindre Mercutio.

- Pardon. Alors tu disais ? Mais c’est complètement dingue ! Ils connaissent pas le téléphone là-bas ? Ça aurait été la moindre des choses de te prévenir. Je crois que tu peux exiger d’être payé quand même, ou partiellement. Après tout tu t’es déplacé jusque là-bas… Enfin, moi je suis contente, grâce à ça je peux te voir.

Mais sérieusement, c’était à tomber des nues cette histoire ! Et dire qu’ « Olympute » se vantait d’absolument tout gérer à la perfection… Bah bravo ! Quelque part, j’étais mauvaise à espérer que ce genre de conneries arrive encore à d’autres employés, ça finirait par pourrir sa réputation, et moi, ça m’arrangerait bien. Mais je n’étais pas là pour penser à ce genre de chose, je préférais écouter mon ami et discuter avec lui.

- Quoi de neuf dans ta vie depuis tout ce temps ?

Allez savoir si la présence de Mercutio portait chance, mais en tout cas, il y avait quelques clients au Poisoned Apple, si ben que Roni dût abandonner quelques instants son ami pour aller servir. Au moins, la soirée ne serait pas trop à perte, c’était ce qu’espérait la tenancière.
A son retour, les deux amis purent discuter de la soirée du danseur qui aurait dû être travaillée mais qui ne l’était pas. Entendre le nom d’Olympus hérissait Roni, ils étaient ennemis depuis si longtemps maintenant.

- Ce mec est un connard, et je dis ça en toute objectivité. Je comprends même pas pourquoi un type bien comme toi va bosser pour lui. Enfin, je te juge pas, loin de là, mais il ne te mérite pas, ça c’est sûr.

Harry Olympus avait déjà la célébrité, l’argent, la gloire, tout, et il avait fallu qu’il vienne ouvrir un établissement peu recommandable où sévissait prostitution et drogues en tous genres. Et pire que tout, depuis qu’il avait ouvert, le Poisoned Apple perdait du chiffre. Ce n’était pas une coïncidence, les deux établissements se trouvaient dans le même quartier. Roni l’avait donc mauvaise.

Elle se servit un verre pour accompagner son ami avant de lui demander de ses nouvelles, qu’elle écouta attentivement.

- Des démêlés avec la justice ? demanda-t-elle inquiète. Explique ?

Elle n’avait aucune idée de son « activité parallèle », elle était en train de s’imaginer toutes sortes de choses, mais Roni était loin de se douter qu’à ses heures perdues, son cher Mercutio était un voleur.

- Oui, comme tu dis, la liberté c’est précieux. Oh moi ? Pas grand-chose… je te dirais que j’ai eu aussi des démêlés avec la justice mais pas dans le même sens… Disons que je me suis rapprochée d’un flic. Chose que je ne voulais absolument pas. C’est trop bizarre, des fois je me reconnais pas. Tu as cette sensation toi aussi quelques fois ?

Il était rare que Roni se confie ainsi, les personnes qui pouvaient se targuer de l’avoir eue en confession se comptaient sur les doigts d’une main : il y avait Elle, sa mixologue et amie, et Mercutio.

- Sinon, encore et toujours des embrouilles avec ma fille. Elle m’inquiète ces derniers temps, j’ai l’impression qu’elle me cache des choses et ça me fait flipper.

Tout ce qu’elle voulait, c’était que Lynaya ne commette pas les mêmes erreurs qu’elle, c’était que ce voulait tout parent pour son enfant après tout.