Une guerre se préparait, c’était certain. Une guerre pour Storybrooke, pour reconquérir la ville, pour y ramener de l’ordre ou la plonger complètement dans le chaos. Je savais que je ne pouvais pas rester neutre dans cette affaire, pas avec l’avantage stratégique que mon chapeau représentait. Un camp ou l’autre trouverait un moyen de me forcer à prendre parti, et Grace serait en danger. Il avait donc fallu que je puise dans tout ce qu’il me restait de courage pour me rendre chez mes anciens voisins, aller voir ma fille et convaincre la petite famille d’aller se mettre à l’abri dans la Forêt Enchantée.

Quand mon trésor m’avait aperçu, elle avait couru vers moi et m’avait sauté dans les bras en me disant qu’elle savait que je la retrouverais. J’avais cru mourir de bonheur quand mes bras avaient enlacé ma fille, mes yeux emplis de larmes. Quand j’avais enfin pu parler, je lui avais demandé pardon une bonne centaine de fois pour l’avoir laissée, pour ne pas avoir eu le courage de venir la trouver plus tôt, pour avoir été un mauvais père, pour l’avoir fait souffrir. Avec son grand cœur d’enfant, elle me dit qu’elle n’avait rien à me pardonner, que j’avais fait ce qui me paraissait le mieux, que maintenant j’étais de retour et que nous allions pouvoir vivre ensemble. Cela m’arracha le cœur de devoir lui dire que j’allais aider Regina à reprendre Storybrooke.

« - C’est pour ça que je vais vous ramener tous les trois dans la Forêt Enchantée. Au moins jusqu’à ce que cette affaire soit terminée. Si je travaille pour Regina, Hadès pourrait avoir dans l’idée de vous faire du mal pour me forcer à prendre son parti ou à rester neutre. »

La famille adoptive de Grace m’avait regardé avec circonspection, mais Grace m’avait demandé de faire attention et de lui promettre de passer la voir de temps en temps. Je le lui avais promis, la main sur le cœur, lui disant que même Hadès ne pourrait m’empêcher de venir la voir.

Après une courte préparation, nous nous étions rendus dans la Forêt Enchantée et avions pris la direction du château de Regina. Ma fille n’avait jamais voyagé par chapeau et elle en fut émerveillée. Nous étions arrivés devant le palais de la Reine et j’avais demandé aux gardes d’annoncer que j’étais venu prendre le thé. Les gardes nous avaient alors escortés jusqu’à une petite antichambre où on avait demandé à mes compagnons et à ma fille de m’attendre. J’avais ensuite suivi les gardes qui m’amenèrent dans les quartiers de la Reine après m’avoir désarmé.

J’entrai donc chez Regina, une expression neutre sur le visage, même si je ne pouvais m’empêcher de questionner mon choix. J’avais pourtant juré de ne plus jamais accepter de l’aider pour quoi que ce fût, la dernière fois ne s’étant pas fini très bien pour moi. Je chassai ces pensées d’un geste agacé de la main. Il fallait avancer, il fallait mettre le passé derrière moi et construire quelque chose de positif. Ma fille méritait un père stable, un père qui s’implique pour rendre le monde un peu meilleur. Mais cette fois-ci je n’oublierais pas qu’elle avait aussi besoin d’un père qui la protège et qui est là pour elle.

J’étais passée par toutes les émotions ces derniers mois. Entre Robin que j’avais cru mort, finalement retrouvé amnésique, avoir dû quitter Storybrooke avec une bonne partie de ses habitants et en catastrophe, tout ceci avait été difficile à supporter, mais il y avait eu quelques étincelles de bonheur : mon mariage avec l’homme de ma vie et le père de mes enfants à naître à ce moment-là, le fait que nous soyions tous réunis, et unis pour former la rébellion pour reprendre notre ville. Même cette nuit passée dans les geôles de Camelot n’avait pu ternir le bonheur immense de la naissance de nos jumeaux. La seule ombre au tableau avait été qu’au cours de cette nuit, Emma avait failli mourir et était devenue l’égal de Rumpel de part l’intervention de celui-ci, demandée par Mary-Margaret pour sauver sa fille. Il en avait résulté un retour de l’ancienne sauveuse à Storybrooke, et malheureusement, mon fils Henry avait voulu la suivre pour la surveiller, s’assurer qu’elle aille bien. Je n’avais pu le lui refuser, je n’étais pas en état, j’avais simplement imposé un miroir magique pour que nous communiquions.

Je me remettais de mon accouchement et nous avions pu reprendre nos conseils de guerre et entraînements, j’en étais ravie, nos trouves étaient motivées. Nous nous devions de les encourager, Robin et moi, au mieux. Le but était de reprendre la ville en évitant le plus possible les blessés. Nous devions être les plus nombreux et les plus forts pour faire céder Hadès. Oui, j’avais appris par mon fils que l’ancien dieu des Enfers avait pris la place de Frollo. Était-ce un mal pour un bien ? Je n’en avais aucune idée mais je voulais retrouver ma ville. Je voulais que mes enfants y grandissent et aient le choix par la suite. Je savais que CJ était heureuse de découvrir notre monde des contes, de vivre comme une vraie princesse telle qu’elle en avait imaginé dans ses livres. Malgré tout, je restai inquiète pour l’avenir de mes enfants. Storybrooke était ma ville, même si elle avait été fondée dans de noires circonstances, depuis, des gens y étaient heureux, y avaient trouvé un refuge. C’était là que j’avais rencontré l’Amour de ma vie, j’y avais de beaux souvenirs, je voulais y retourner.

Je prenais un peu de repos dans mes appartements avec les bébés tandis que Robin s’entraînait et entraînait les autres au tir à l’arc, quand on vint m’annoncer un visiteur. Un nouvel allié potentiel ? Quand on m’évoqua « le thé », je compris immédiatement de qui il s’agissait. J’appelai une nourrice pour surveiller Lina et Richard tandis que je me changeai en un claquement de doigts pour aller voir ce visiteur que j’avais immédiatement identifié comme étant le chapelier.

- Bonjour Jefferson, lançai-je en entrant dans la pièce.

Nous avions un passé compliqué, lui et moi. Nous nous connaissions de longue date et je devais reconnaître que je n’avais pas été très honnête avec lui avant de lancer le sort noir. On nous apporta rapidement de quoi prendre un thé et quelques pâtisseries avant de nous laisser seuls. J’invitai le chapelier à s’asseoir.

- Que me vaut le plaisir de ta visite ?

J'espérais qu'il viendrait nous prêter main forte. Ou qu'il m'apportait des nouvelles de Storybrooke.

Les gardes m’avaient amené dans une sorte de petit salon où on me fit signe d’attendre. Comme par instinct, je me mis à observer la salle, regardant les petits objets qui s’y trouvaient et sifflotant « Twinkle, twinkle little bat ». Je me remémorais la première fois que j’étais venu dans ce palais, bien avant que je rencontre ma douce Priscilla : j’y avais amené le bon Docteur, à la demande de Rumple – officieusement -  et de Regina – officiellement – dans le but que ce dernier brise tout espoir pour la jeune reine de pouvoir revoir son grand amour. C’était un stratagème assez cruel et je me rappelais avoir ressenti un soupçon de remords en voyant les larmes de la jeune femme ; j’étais un jeune chien fou à l’époque, mais je n’étais pas complètement dénué de cœur. Cependant les affaires de cœur d’une ingénue ne me concernaient pas et j’avais simplement besoin de l’or de Rumple et du passeport royal que Regina m’avait fourni. Les remords n’avaient pas duré très longtemps et ce n’était que lorsque j’avais moi-même perdu mon amour que je m’étais rendu compte de l’atrocité de ce à quoi j’avais participé.

La voix de Regina me sortit de mes souvenirs et je lui fis un signe de tête respectueux. Nous avions un passé lourd tous les deux, mais j’avais tout de même du respect pour ce qu’elle avait accompli.

« - Bonjour, ta Majesté. Si je puis me permettre cette remarque, je te trouve absolument radieuse. La maternité te va bien. Aussi, je crois que des félicitations sont de rigueur. »

J’étais parfaitement sincère, la reine semblait rayonner. Il me semblait que je ne l’avais jamais vue aussi épanouie. Il y a quelques temps, cette vision m’aurait empli de rage et d’amertume, mais aujourd’hui, je ne pouvais empêcher un sourire de poindre sur mon visage.

Quand elle me fit signe, je m’assis en face d’elle, prenant une tasse de thé et un gâteau.

« - Je suis toujours partant pour boire le thé, tu sais bien. Mais je voulais aussi te proposer mon aide. J’ai appris que tu comptais reprendre Storybrooke à Frollo et Hadès. Quoi que, d’après ce que j’ai entendu, Frollo ne serait plus vraiment dans le tableau ? Je n’ai pas suivi toute l’histoire de très près. Tout ce que je sais, c’est que ma fille adore Storybrooke et que malgré nos antécédents, je préfère un Storybrooke avec toi à sa tête, plutôt qu’Hadès. Du coup, je viens t’offrir mon aide. En échange de la sûreté de ma fille et de ses faux parents. »

Le chapelier avait toujours été flatteur et respectueux de la royauté, mais je ne savais jamais s’il avait une idée derrière la tête ou non. Après tout, il avait un peu perdu la boule au contact de ma mère durant des années… Cela était un peu de ma faute, mais il m’avait berné le premier quand, désespérée d’avoir perdu Daniel, il avait conspiré avec le ténébreux pour me faire perdre tout espoir avec la fausse tentative du savant étrange. Sans doute étions nous quittes à présent ? Malgré tout, je pouvais comprendre que la rancune à mon encontre continuait à l’étreindre, mais la situation à Storybrooke était inquiétante. Deux dictateurs venaient de se succéder à la maire, sur mon siège, en seulement quelques mois. Le compliment de Jefferson me fit sourire, c’était gentil de sa part.

- Je te remercie, répondis-je simplement, ne pouvant réprimer mon sourire.

Alors j’étais vraiment comme toutes ces mères qui rayonnaient de bonheur à la simple pensée de leurs nouveaux-nés. Oui, aucune originalité mais j’étais si heureuse d’être parvenue à cet exploit que je n’aurais jamais cru possible.
Nous étions confortablement installés avec du thé car je connaissais le goût certain de mon « invité » pour cette boisson. Et puis un petit goûter ne me ferait pas de mal après tout. Je pris donc ma tasse et en humai le parfum tout en écoutant Jefferson reprendre la parole. Mon sourire ne quittait plus mes lèvres, mais cette fois ce n’était pas la maman gâteuse mais plutôt la chef de file qui venait d’acquérir un allié volontaire et qui s’en réjouissait.

- Jefferson, tu me fais là un grand plaisir. En effet je prévois de rapidement reprendre la ville avec mes alliés, à présent que j’ai accouché et que je ne risque plus la vie de mes bébés. Storybrooke est ma ville, j’y ai vécu des moments heureux et je sais que bien d’autres aussi, malgré la malédiction. De l’eau a coulé sous les ponts si je puis dire. A présent nous aspirons tous à vivre heureux et en paix. Hadès non.

Je voyais que nos intérêts se rejoignaient, ils voulait une ville sécuritaire pour sa fille, et je voulais la même chose pour mes enfants.

- Nous nous comprenons en tant que parents, toi et moi. Nous voulons la sécurité de nos enfants. Henry, CJ et Roland sont bien à Storybrooke, et j’aimerais que Lina et Richard découvrent le monde sans magie, pour pouvoir faire leur choix de vie en connaissance de cause. Bien entendu que je ferai de mon mieux pour protéger Grace et ses parents de malédiction. Je le ferai pour chacun des citoyens.

Je pris une nouvelle gorgée de thé avant de reposer ma tasse pour me saisir d’un biscuit.

- Vois-tu, j’ai l’intention, si nous gagnons, de faire entrer en vigueur une paix générale sur la ville. La moindre personne qui tenterait de nuire à la paix sera expulsée. Je ne veux plus vivre dans la crainte qu’il arrive quelque chose à quelqu’un que j’aime. Henry est à Storybrooke et je tremble chaque jour qu'il ne lui arrive quelque chose.

J’étais ravi de voir Regina si décidée à reprendre Storybrooke, car je savais que quand elle voulait quelque chose, elle se battait bec et ongle pour l’obtenir. C’était une des qualités que j’avais toujours admiré chez elle, malgré nos différends. C’était une battante et j’avais un grand respect pour elle. Elle se battait pour les gens, pour leur bonheur, alors qu’Hadès ou même Rumplestiltskin n’étaient tournés que vers leurs petites personnes.

« - Je suis bien d’accord avec toi. Hadès n’a pas ta dévotion envers les gens. Tu es une souveraine, Hadès est un tyran. Alors si tu veux bien de mon aide, elle est à toi. Je te fais confiance. »

Je n’en étais pas encore au point de la voir comme une amie, loin s’en fallait, mais j’étais prêt à lui accorder à nouveau ma confiance, malgré les protestations qu’une partie de mon être pouvait émettre. Après tout, comment savoir si on pouvait faire confiance à quelqu’un sans lui accorder d’abord le bénéfice du doute ?

Je savais pourtant que moi aussi, je devrais sans doute faire mes preuves. Je n’avais pas été un ange moi-même et j’étais connu pour être un voleur et un égoïste. Et c’était vrai, il y avait quelques temps. Durant la Malédiction, je ne m’étais soucié que de mon malheur et du fait que ma fille m’avait été enlevée, je me fichais bien pas mal de la souffrance des autres habitants. Je serais parti avec Grace si Emma avait pu me faire un chapeau magique, j’aurais accepté d’oublier la vérité et de vivre un mensonge avec Grace si Regina avait tenu parole quand elle avait voulu empoisonner la sauveuse. Mais maintenant que ma fille m’avait revenue, qu’elle m’avait pardonné mon abandon et que j’avais compris qu’elle avait plus besoin d’un père, d’un modèle positif plutôt que d’argent et de biens matériels, j’avais décidé de me montrer moins égoïste.

Pour montrer ma bonne foi, je sortis une feuille de papier pliée d’une des poches de mon long manteau et la posai sur la table devant moi en regardant Regina.

« - Il y a des années de ça, j’ai accepté d’aider de mauvaises personnes à te briser le cœur de la pire des manières qui soient en échange de ça. Je ne suis pas fier de ce que je t’ai fait et pour te montrer que je suis prêt à laisser le passé derrière nous, je te rends ça. Comme témoignage de ma bonne volonté et comme cadeau pour sceller notre alliance. »

Le vieux papier un peu jauni par les années était le fameux passeport royal que j’avais demandé comme paiement à Regina pour amener le bon Docteur au château.

J’avais commis de nombreuses erreurs dans ma vie, j’avais été une reine effroyable de par les souffrances qui avaient assombri mon coeur, j’avais bien mérité mon surnom de « méchante reine ». Mais j’avais finalement appris le métier de maire, de leader, j’avais appris à me soucier des autres, à y voir un réel intérêt, et depuis, j’avais réellement changé, malgré quelques petites erreurs de parcours. Je revenais de loin, c’était certain. Jefferson m’avait connue toute jeune, avant tous ces débordements, quand j’étais encore pleine d’espoir et d’Amour, quand je faisais tout pour ramener Daniel à la vie. Le chapelier m’avait vue prête à pactiser avec le ténébreux pour le ramener, et ils s’étaient tous joués de moi, faisant fi de mes souffrances, tout cela pour que Rumpelstiltskin puisse me faire pencher du côté des ténèbres, pour que le désir de vengeance soit plus fort que l’Amour, que mon coeur noircisse et que je puisse finalement lancer son sort noir. J’étais si jeune et naïve à l’époque, je n’avais rien vu venir et m’étais faite avoir. Mais j’étais du genre à apprendre de mes erreurs. Parfois il me fallait les commettre plusieurs fois avant de bien comprendre, mais je finissais toujours par en tirer les leçons.
Aussi, entendre Jefferson me dire que j’étais plus tournée vers les gens que ne l’étaient Hadès et Frollo me fit sourire. J’étais heureuse qu’enfin quelqu’un me voit comme une personne différente de ces méchants qui, eux, n’avaient pas changé. Jefferson avait pris conscience que j’étais une nouvelle personne et je lui en étais reconnaissante.

- Merci, j’accepte ton aide comme un cadeau précieux. Tu nous seras très utile, sois-en sûr.

J’avais été horrible avec lui en l’abandonnant au Pays des Merveilles, du moins le royaume rouge où ma mère régnait, mais je n’avais pas le choix, je voulais récupérer mon père à ce moment-là. Si j’avais pu le ramener, je l’aurais fait. La haine et la méfiance qu’il avait eues envers moi toutes ces années étaient totalement justifiées, je m’en rendais compte. Aussi, l’entendre dire qu’il me faisait confiance me toucha. Je hochai la tête en signe de remerciement.
Il fit alors quelque chose de surprenant, une chose à laquelle je ne me serais jamais attendue. Il reconnut ses torts et sa participation à l’odieux plan de Rumplestiltskin pour briser le coeur de la jeune fille éperdument amoureuse que j’étais, et me donna le fameux passeport dont il avait écopé en remerciement. Il n’avait plus aucune valeur aujourd’hui, si ce n’était symbolique.

- Je suis touchée par tes mots, Jefferson. Je te fais confiance moi aussi. Je suis certaine qu’en travaillant ensemble, nous parviendrons à faire les choses bien.

Il le fallait, je voulais retrouver ma ville, je voulais que mes enfants puissent continuer à grandir là-bas et que mes deux derniers la découvrent.

- Promettons-nous de ne plus nous trahir, et de nous dire les choses.

Oui, j’avais appris pas mal de choses sur le tard, comme le fait que communiquer pouvait sauver des vies.

Buvant tranquillement mon thé en écoutant mon interlocutrice, je souris doucement à ses mots. Malgré nos antécédents, je savais que je misais sur le bon cheval en me mettant du côté de la jeune femme. Oui, malgré mes bonnes résolutions, je demeurais un opportuniste. On pourrait parler de déformation professionnelle de ma vie de voleur. S’allier avec Hadès était un très mauvais investissement en termes de rapport danger-récompense. Et je savais que malgré tout ce que j’avais pu penser de la Reine, elle n’était pas du genre à menacer mes proches pour me forcer à être de son côté. Ou en tous cas, ça ne l’était plus.

« - Je te promets que mes seuls coups bas seront réservés à ceux qui se mettront entre nous et la reconquête de Storybrooke. Et tant que tu tiens ta promesse, tu peux compter sur ma loyauté, sur mes compétences et sur mon chapeau. Je peux espionner, voler, amener des gens. Même assassiner, si tu le demandes, même si je n’ai pas l’impression que ce soit le genre de la maison. »

Je posai ma tasse de thé sur la table, me relevai et, souriant avec malice, mais sincérité, mis un genou à terre et baissai la tête, me prosternant devant la Reine pour la première fois depuis que je la connaissais. Je ne m’étais jamais soucié d’un quelconque protocole ou d’une quelconque bienséance, que ce soit quand j’étais un jeune voleur insouciant et arrogant, prêt à tout pour mon propre gain, ou quand j’étais un humble veuf vendeur de champignons vivant dans un taudis innommable. La Reine de Cœur avait fait tout son possible pour que j’apprenne la place qu’était la mienne, changeant les règles du jeu d’un jour à l’autre, me punissant sévèrement quand je ne respectais pas ces règles. Mais là, incliné devant Regina Mills, je n’agissais pas par devoir ou par peur. Enfin si, un peu pas peur, mais pas par peur d’elle. J’agissais ainsi parce que je l’avais choisi.

« - Tu m’excuseras, ta Majesté, je n’ai pas révisé le protocole avant de venir, je ne sais pas du tout comment on est censé prêter allégeance à une Reine. Dis-moi si je me trompe. »

Je n’étais déjà pas censé m’adresser à elle avec autant de familiarité, ça je le savais, mais il y avait des limites à ce que je voulais bien respecter du protocole. J’étais un filou, après tout.