Excusez-moi, princesse

Devant l'insistance de la princesse, Petit Jean réalisa qu'il ne pouvait éternellement protégé Belle de cette première expérience avec l'alcool. Ce genre de boissons était monnaie courante sur le campement. Parfois, ils arrivaient à confisquer du vin de qualité, mais il s'agissait le plus souvent du tord-boyaux comme le contenu du tonneau au centre de leurs conversations. Si Belle devait y goûter, autant que ce soit à ses côtés plutôt qu'aux côtés d'autres personnes beaucoup moins bien intentionnées qui y verraient une occasion pour profiter d'un moment de faiblesse d'une jolie demoiselle. Oui, la bande des joyeux compagnons n'était pas composé que d'ange, certains restaient des bandits même si le moindre faux pas était sévèrement puni.

Les effets de cette première gorgée furent rapides. L'Agrabien fit de son mieux pour consoler la demoiselle. Il était toujours maladroit dans le choix dans ses chances, chose qu'il essayait de compenser avec le choix de ce mot en essayant d'insuffler du courage à son interlocutrice. D'une certaine façon, se concentrer à réconforter les peines de coeur des autres lui évitait de penser aux siennes. Il admirait et peut-être enviait un peu ces personnages ayant trouvé l'élu de leur coeur. C'était un cas de figure qui ne lui était encore jamais arrivé. Sa route n'avait croisé une ou deux filles, mais jamais le sentiment ressenti qui correspondait aux chansons clamées avec talent par le ménestrel de la troupe. Petit Jean chassa cette pensée. Chaque chose en son temps. La cause était pour l'instant plus importante que tout le reste. Lorsque Nottingham retrouvera la paix avec un seigneur juste portant la couronne, peut-être songera-t-il à des choses triviales comme trouver l'amour, en attendant... Il adressa un sourire devant les remerciements et tapota sa main comme pour confirmer son soutien moral.

Histoire de continuer cette discussion sur un sujet moins lourd, il proposa un défi. Les enjeux étaient simples : si Belle l'emportait, Petit Jean ne l'appellerait plus princesse, dans le cas contraire, il suggéra que la demoiselle écoute avec plus d'attention ces mises en garde. Au moment de lancer le défi, il n'avait pas songé à ce qu'il aurait pu demander en cas de victoire, pourtant, sur le papier, c'est lui qui avait le plus de chance de l'emporter ! Bizarrement, il s'était concentré sur les conditions de sa défaite. Ainsi, il se montra raisonnable dans son choix de récompense et demanda même l'avis de la princesse. Son sourire s'élargit devant l'approbation reçue. "Marché conclu." Répéta-t-il en serrant la main tendue.

Sur ces deux mots, il remplit les deux gobelets. "Les règles sont assez simples." Commença-t-il à expliquer. "Nous boirons à tour de rôle, le premier qui abandonne ou qui s'écroule à perdu. Sauf si vous préférez que nous buvions en même temps, bien sûr, les deux méthodes fonctionnent. Dans tous les cas, vous avez un verre d'avance sur moi, je vais donc vous rattrapez avant que nous commencions officiellement." Annonça-t-il, fair-play comme à son habitude. Il vida son gobelet d'une traite. Petit Jean fit ensuite une légère grimace et éclata de rire. "Oui. un tort boyau, il n'y a pas de doute." Plaisanta-t-il. Il remarqua alors que la demoiselle avait un peu d'eau avant de commencer le défi. "Vous devriez aussi manger quelque chose avant de poursuivre. L'alcool monte plus vite à la tête avec l'estomac vide." Conseilla-t-il. Il aurait gardé ce conseil pour lui, sa victoire n'en aurait été que plus rapide. Cependant, c'était mal connaître l'Agrabien de l'imaginer recourir à ce genre de ruse. Il voulait que ce défi, bien qu'amical, se fasse le plus honnêtement possible.

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Excusez-moi, princesse

Il fallait bien avouer Belle avait regretté d’avoir laissé sa curiosité prendre le dessus. Depuis qu’elle n’était plus princesse, elle avait une totale liberté et elle comptait bien en profiter. Elle n’avait donc cessé d’insister auprès de petit Jean, un peu comme une enfant qui faisait un caprice pour obtenir ce qu’elle voulait et ce dernier avait fini par céder. Mais pour le coup, Belle aurait vraiment dû l’écouter. La jeune femme ne savait pas du tout qu’elle effet allait lui faire l’alcool. Elle avait juste constaté que certaines personnes avaient l’alcool méchant et d’autres plutôt gentil.

Belle se mit alors à pleurer sans pouvoir se contrôler. C’était donc ça que ça faisait ? Son masque de femme forte tombait sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. Mais il fallait bien avouer une chose, ça lui faisait du bien de tout extérioriser. Elle avait gardé tout ça en elle depuis beaucoup trop longtemps. Elle n’était pas du genre à se plaindre mais à aider les personnes autour d’elle pour éviter de penser. Elle avait du mal à dormir le soir car elle avait tendance à trop penser. Il lui arrivait très souvent de rêver de Rumple et de leur retrouvaille. Mais qu’elle ne fut pas sa déception quand elle constatait que ce n’était qu’un rêve…. Elle garda sa main dans celle de petit Jean et se contact lui faisait un bien fou. Elle savait qu’il était plein de bienveillance.

Puis, ils arrivèrent sur le sujet du défit. Belle sécha ses larmes et retrouva son sourire. Ils avaient donc mit en place les conditions du pari, à présent, il fallait que la jeune femme apprenne les règles. Elle écouta donc attentivement ce qu’il lui expliqua.

« D’accord, je pense que boire chacun son tour est une bonne idée, je me vois mal descendre ça d’une traite. » Elle sourit et le regarda boire, ça se voyait qu’il avait quand même un peu l’habitude. « C’est un excellent conseil." Ils allèrent s’asseoir et Belle mangea du pain, du fromage et un peu de jambon. Elle trouvait vraiment adorable de la part de petit Jean de la prévenir. Il aurait pu gagner en deux secondes sinon. « Je voulais vous remercier pour tout ce que vous faîtes pour moi. » Lui dit-elle entre deux bouchées. Elle était rassurée de savoir que ce dernier n’était jamais loin, car elle avait remarqué que tous les hommes n’étaient pas aussi bienveillant que lui…



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Excusez-moi, princesse

Petit Jean aurait pu profiter de l'inexpérience de la princesse pour assurer ses chances de victoire ou demander quelque chose de beaucoup plus contraignant en cas de victoire, justement, puisque, même sans ruse, il était quasiment assuré de l'emportant. Pourtant, il décida de jouer franc jeu, en buvant un premier verre avant que le jeu commence officiellement et en proposant à Belle de manger avant. Il agissait ainsi, car son but n'était pas d'obtenir écrasante qui servirait de leçon. Son but était de changer les idées à la princesse tout en lui faisant passer ce qui pouvait passer pour un petit test initiatique.

L'Agrabien ne pouvait éternellement écarter la demoiselle de l'alcool qui pouvait être monnaie courante sur le campement, alors, autant que cette première expérience se fasse en sa présence qu'en compagnie de personne se risquant à en profiter. Petit Jean adorait ces compagnons d'armes, mais il savait que certains n'étaient pas aussi prévenant que lui envers les demoiselles. D'ailleurs, peut-être devrait-il aller trouver ces personnes en question, histoire de mettre les points sur les i, en signalant que tout geste déplacé risquait d'entraîné un réveil douloureux en étant encastrer dans un arbre par ces soins. Le soldat rangea mentalement cette idée dans la liste des choses à faire plus tard.

"Très bien, alors, c'est décidé." Conclut-il alors que son interlocutrice trancha pour la méthode consistant à boire l'un après l'autre.

Petit Jean avait déjà participé à ce genre de concours, surtout quand il croisait la route de Porthos, mais, jamais, ô grand jamais, il n'aurait soupçonné faire un concours de boisson en ayant une princesse comme adversaire. Nul doute que si on s'était risqué à lui raconter la scène qu'il s'apprêtait à vivre, l'Agrabien aurait ri au visage du conteur. La réalité pouvait parfois se montrer plus surprenante que le récit du plus farfelu des ménestrels.

Le défi officiellement scellé, ils s'installèrent pour manger de quoi leur éviter que l'alcool monte trop vite à leur tête. Petit Jean mordit à pleine dent dans son morceau de pain. Nottingham lui avait appris à apprécier ce genre de choses simples. Avant l'arrivée des merry-mens, pouvoir manger et encore plus manger à sa faim ou quand on le décidait étaient autant de chose rare. Ils luttaient chaque jour afin d'améliorer cette triste réalité de ces habitants.

"C'est tout naturel. Croyez-le ou non, mais j'ai été dans votre situation." Avoua-t-il après avoir avalé un morceau de fromage. "Bien sûr, je n'ai pas de sang noble dans les veines, mais, je sais ce que cela fait d'être loin de chez soi, obligé de m'adapter à une vie très différente de tout ce que j'ai connu, avec un but en apparence irréalisable en tête." Son regard s'attarda sur ces compagnons d'armes, tous occupés dans leur préparatif. "Sans Robin, qui sait ce que je serais devenu." Il se racla la gorge. "Mais assez parler du passé. Si vous avez assez mangé, je vous propose de commencer." Petit Jean remplit les deux gobelets pour officialiser le début du défi. "Les dames d'abord." Proposa-t-il avec un sourire.

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Excusez-moi, princesse

Belle était ravie de passer ce moment seul avec Petit Jean. Il était peut-être un peu trop protecteur par moment, mais même si c’était le cas, la jolie brune appréciait ça, même si elle avait du mal à le reconnaître.  La jeune femme mangea avec appétit. Elle aimait la façon dont les hommes du camp préparaient la viande. En revanche, elle se doutait parfaitement que ce dernier devait avoir l’habitude de boire. Il était clair que ça ne devait être pas son premier coup d’essai.  Mais elle avait quand même bien l’intention de jouer le jeu jusqu’aux bout. Elle avait toujours eu de l’ambition, et ça, ça ne serait pas prêt de changer. Elle était née comme ça.

Quand elle mangeait, un des membres du camp passa non loin d’elle avec vraiment un sourire malsain sur ses lèvres.  La jolie brune ne fut pas rassurée et plongea immédiatement son regard dans celui de Petit Jean. Avec lui, elle se sentait vraiment en sécurité. Il n’était pas facile pour elle d’être l’une des seuls femmes. C’était entre autres pour cette raison que Roland et elle s’étaient rapprochés. Il voyait en elle la figure maternelle qu’il n’avait plus et Belle adorait jouer avec lui et lui raconter des histoires le soir avant qu’il ne s’endorme.

Ils avaient mis en place les règles du jeu et tous deux étaient d’accord. Pour Petit Jean, ça allait vraiment être une promenade de santé, mais étrangement, Belle ferait tout pour ne pas se laisser faire. Elle termina donc de manger convenablement afin que l’alcool ne lui monte pas trop vite à la tête. Elle se sentait un peu comme l’héroïne de l’un de ses livres.  Elle était en forêt, ne portait plus de robe, mangeait parfois avec ses mains. Si son père la voyait, il ferait probablement une drôle de tête. Intérieurement, la jeune femme ne put s’empêcher de sourire à cette image. Son père avait toujours été très tolérant avec elle, mais il devait très certainement avoir des limites à ne pas dépasser.

Depuis que cette dernière était au camp, elle mettait la main à la pâte pour toutes les tâches qui lui était possible de faire. Elle avait apprit à cuisinier du gibier, faire du pain, et elle leur faisait même des tartes quand les hommes lui rapportaient les ingrédients dont elle avait besoin. Elle était heureuse d’apprendre pleins de choses.  Et plus les jours passaient, plus elle s’améliorait en cuisine, pour la plus grande joie des hommes. Le pain que Petit Jean mangeait, faisait partie de la fournée que Belle avait fait plus tôt dans la matinée.

Belle l’écouta avec attention. Lui aussi avait un passé et à en juger par sa façon d’en parler ça ne devait pas être facile pour lui. « Oui, nous avons tous une croix à porter et ce n’est facile pour personne. Je dois bien avouer que je bénis le fait que Robin ait été enfermé dans le même endroit que moi. Sans ça, je serai très certainement morte… Mais vous avez raison, ne parlons pas de sujets qui risquent de nous rappeler de mauvais souvenirs. » Elle le regarda faire et prit le gobelet dans sa main qu’elle leva devant lui. « Eh bien à la vôtre. » Elle but et ne put s’empêcher de grimacer. Elle allait certainement s’y habituer, mais  ça allait lui prendre un petit temps d’adaptation.


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Excusez-moi, princesse

Quand on parle du loup... Alors qu'il songeait justement à ce qui se serait passer si la première expérience de la princesse avec l'alcool corsé s'était faite en une présence moins amicale, justement une présence de ce type passa à proximité. Aussitôt, le visage de Petit Jean se rembrunit. Il se contenta de regarder cette personne droit dans les yeux, accompagné d'un signe négatif de la tête. Tout dans son attitude trahissait un message clair et net : n'essaye même pas ou tu auras affaire à moi. Il n'en fallut pas plus pour que la personne déguerpisse en regardant ailleurs. Dès que le malandrin eut passé son chemin, l'Agrabien retrouva sa figure joviale comme s'il ne s'était rien produit de fâcheux.

"Excusez-le." Dit-il, se disant qu'il était de son devoir de le faire à la place de l'homme fautif. "C'est un brave gars, mais il faut parfois combler ces lacunes en ce qui concerne l'attitude à adopté en présence d'une dame." Par cette phrase, il insinuait que Belle ne devait pas hésiter à venir le trouver si jamais elle devait subir ce genre de grossièreté.

Après cette petite précision, il annonça les règles du défi. Petit Jean ne fit pas l'affront de laisser une dernière possibilité à son adversaire de renoncer. Il avait déjà fait l'expérience de l'entêtement de Belle et savait perdue d'avance toute nouvelle tentative de la faire changer d'avis. La seule solution était d'aller jusqu'au bout de ce jeu. Il essayait de prendre ce concours de boisson du bon côté, comme un divertissement ou une espèce de bizutage, cependant, une part de lui redoutait par avance l'état dans lequel risquait de finir la princesse... Sans parler du sien, bien qu'il avait une plus grande marge que son adversaire du jour.

Le passé revint sur le devant cette conversation, le soldat chassa vite ce sujet avant d'être pris par les remords de son ancienne vie, une ancienne vie qui était parsemés de mauvais choix avant sa rencontre avec Robin. Il remplit les gobelets en déclarant le jeu officiellement ouvert et en proposant à Belle de commencer. Il eut un sourire en acquiesçant alors que la princesse but de son verre. "A la vôtre." Dit-il à son tour en vidant son gobelet d'une traite. "Ah ! Mille serpents du désert, je ne m'habituerais jamais à cet arrière-goût." Tonna-t-il en tapant du plat de la main contre la table avec une bonne humeur qui contrastait avec son commentaire. Petit Jean remplit immédiatement les gobelets pour le deuxième round. "Toujours d'attaque ?"

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Excusez-moi, princesse

Etre la seule femme dans un camp composé uniquement d’hommes et du fils de Robin, n’était pas une situation évidente pour Belle. Mais heureusement pour elle, Petit Jean avait toujours veillé sur elle et elle se sentait en sécurité avec lui. Elle espérait vraiment que ce dernier se trouve une femme et fonde sa propre famille. Ce dernier avait des valeurs que Belle aimait beaucoup et elle était en train de se dire que Petit Jean ferait vraiment un père merveilleux. Sans le savoir, il avait un très fort instinct paternel, la jolie brune le voyait quand il s’occupait de Roland. Elle ne put retenir un sourire quand elle vit l’homme qui avait voulu l’aborder, déguerpir juste en voyant le regard de Petit Jean. « Oh ne vous en faîtes pas pour ça, j’en ai vu d’autres, mais je vous remercie beaucoup. » Elle lui fit son plus joli sourire.

Mais à présent, l’heure n’était plus aux compliments, mais à l’action et la jeune ferme comptait bien allait jusqu’au bout de son pari. Elle espérait qu’elle ne serait pas malade, car elle voyait que l’alcool en grande quantité, ne réussissait pas vraiment à la plupart des hommes du camp. En revanche, ce qui était drôle, c’était que peu importe l’état dans lequel ils finissaient, ils recommençaient quand même, et ça, c’était une chose que la jeune femme avait un peu de mal à comprendre. En revanche, elle se doutait que son corps allait lui dire : euh je serai toi, j’éviterai de continuer… Elle saurait alors que là, elle pourrait s’arrêter. Elle ne put s’empêcher de rire en voyant la réaction de Petit Jean. « Je suis d’accord avec vous, c’est vraiment horrible… Je n’ose même pas imaginer ce qui doit y avoir à l’intérieur. »

Ils n’avaient bu que deux verres pour le moment, et Belle ne put s’empêcher de se demander si elle allait réussir à aller jusqu’au bout. Mais elle avait encore son côté Princesse qui avait tendance à reprendre le dessus, il était donc clair qu’elle n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Pour répondre à sa question, elle remplit les deux verres une troisième fois et prit le sien en main. Elle esquissa un petit sourire et le but, mais cette fois, elle réussit à le boire d’une traite. Le liquide était en train de lui brûler la gorge et elle ne put s’empêcher de faire une grimace et de tousser. Ce n’était certainement pas digne d’une dame, mais ça avait vraiment été plus fort qu’elle. Elle sentit des larmes couler sans qu’elle ne puisse les contrôler. « Bon sang mais que c’est fort ! »



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Excusez-moi, princesse

Trop tard pour faire marche arrière, le défi était lancé. Petit Jean ne pouvait même pas limiter les dégâts. Il soupçonnait que chaque phrase de mise en garde ne ferait que renforcer l'entêtement de la princesse. Maintenant qu'ils étaient lancés, tout ce qu'il pouvait espérer, c'était que Belle en tiendrait une leçon. Au pire, il resterait certainement plus sobre des deux, il pourrait intervenir si ce petit défi dérapait. De la même manière qu'il avait recadrée en silence la personne qui s'était approché de trop prêt.

L'Agrabien fit un commentaire sur la boisson après avoir bu son verre quasiment d'une traite, ce qui fit rire son adversaire improvisé. Il rigola de bon coeur en réponse. "Parfois, il vaut mieux ne pas savoir." Plaisanta-t-il.

Ils n'en étaient qu'au deuxième verre. Ce n'était qu'une mise en bouche pour Petit Jean qui avait l'habitude de ce genre de compétition amicale. Ce ne serait certainement pas la même chose pour la demoiselle qui lui faisait face. Le soldat gardait un oeil sur la princesse, près à tenter une remarque s'il voyait des signes que Belle avait atteint sa limite. Il se permit une boutade et Belle répondit comme il s'y attendait en remplissant d'elle-même leurs verres pour le prochain round. "A votre place, je ne..." Commença-t-il avec un geste de mise en garde alors qu'il devinait ce que la princesse voulait faire. Trop tard, Belle avait but d'une seule traite le contenu du verre fraîchement rempli. "Bravo." Complimenta-t-il avec un sourire en tapotant doucement le dos de la demoiselle. Il vida également son verre d'une traite.

"Chez moi, les alcools les plus fort contenait une goutte de poison du cobra du désert. Quand ce n'était pas le serpent entier qui macérer dans la bouteille. Là, je vous garantis que c'était une autre histoire." Il poussa un bref soupir de nostalgie en posant son verre. "Mais passons... Reprenons plutôt notre jeu." Dit-il en remplissant de nouveau les verres.

Le défi se poursuivit bien au-delà de la prudence, surtout en ce qui concernait une novice. Petit Jean commençait à sentir ces joues chauffées, signe que même pour lui, l'alcool commençait à faire son effet. Pas encore suffisant pour lui brouiller les pensées, mais pas loin. "Je crois qu'il est temps de finir ce petit jeu, princesse." Avertit-il en commettant l'erreur de prononcer de nouveau le fameux mot qui était à l'origine de cette situation.

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Belle n’avait vraiment pas l’habitude de boire, en tant que princesse, elle avait déjà eu de l’alcool durant des fêtes et pendant les repas, mais elle n’avait jamais bu plus que de raisons. Au mieux, elle buvait deux verres mais elle ne dépassait pas ça. Cette fois, elle était bien décidée à se lâcher sans vraiment réaliser que lorsqu’on consomme beaucoup d’alcool, ça peut-être relativement dangereux. Elle n’avait jamais vu personne saoul donc elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre.

Le rire de petit Jean avait cette agréable tendance d’être communicatif et la jeune femme ria de bon cœur avec lui. Il avait raison dans ce qu’il disait, mieux vaut ne pas savoir ce que les hommes mettent dans les boissons. Car pour mettre des animaux à l’intérieur, il ne fallait vraiment pas être très net. « Je suis bien d’accord avec vous, dans ce genre de cas, l’ignorance est une bonne chose. »

La jolie brune se sentait observée un peu comme un animal sauvage. Il fallait quand même bien avouer qu’une Princesse qui se prend une cuite, on ne voit pas ça tous les jours. Belle but donc son troisième verres cul sec mais elle avait été un peu trop prétentieuse sur ce coup-là et elle se mit à tousser à s’arracher les poumons. Boire ce genre de boisson comme s’il ‘agissait d’eau. Tout l’intérieur de son corps se mit à brûler et elle commençait à ressentir des fourmis. Comme quoi, elle aurait vraiment dû écouter Petit Jean quand il a voulu la mettre en garde.

Belle se entait étrange, elle avait l’impression que tout son corps était allongé sur un petit nuage. C’était ça les effets de l’alcool ? Elle essaya de se concentrer sur ce qu’il lui expliquait. Non sans rire ? Du venin ? Un serpent dans une bouteille ? La jeune femme se mit à rire. Elle eut une vision d’un homme qui essayait de faire rentrer un serpent dans une bouteille afin d’y mettre ensuite du liquide. « Ah oui… C’est… Original…. »

La jeune femme commençait vraiment à se sentir mal, elle voyait la table tourner et elle voulu se lever mais elle tomba de tout son poids par terre. Heureusement, elle ne s’était pas fait mal, ça la faisait surtout rire pour tout dire. En revanche, elle releva le fait qu’il l’avait appelé Princesse.

« Je ne suis plus une prin… une princesse… »




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Petit Jean pouvait compter sur les doigts d'une seule main les fois où il avait pu goûter l'alcool qu'on buvait dans les hautes sphères de la société. Avec l'alcool qu'il était plus habitué à boire, il était rapidement venu à la conclusion qu'il ne fallait pas se poser trop de questions concernant les ingrédients. Perle de sagesse qu'il s'empressa de transmettre à la princesse. Quand on se montrait trop curieux sur ce sujet, on le regrettait toujours amèrement et à quoi bon ce genre de regret lorsqu'on avait déjà le contenu de plusieurs verres dans le ventre ? Non, dans ce cas précis, l'ignorance était un cadeau.

Leur petit concours commençait à attirer l'attention tant il semblait étrange. L'Agrabien pouvait comprendre les curieux, ce n'était pas tout les jours qu'on voyait une dame, et encore moins une princesse, vider son troisième verre cul-sec. En voyant son attention, Petit Jean commença une mise en garde qu'il n'eut, malheureusement, pas le temps de finir, le mal étant fait. Le soldat lui tapota le dos alors qu'elle donnait l'impression de vouloir cracher ces poumons, puis il glissa une anecdote sur les alcools que chez lui avant de finir son verre. Malgré l'anecdote visant à garder la conversation sur un ton léger, sa mine était soucieuse. Il voyait bien que son interlocutrice avait du mal à se concentrer. Elle se mit à rire devant la remarque du serpent, et Petit Jean quitta temporairement sa mine soucieuse pour sourire. "C'est... C'était pour habituer notre corps au venin, soi-disant, nous endurcir, en cas où on se ferait mordre par un serpent. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier." Commenta-t-il. "Allez savoir si c'est vrai. Sans doute n'était-ce qu'une excuse pour mettre un serpent dans une bouteille. Plus j'y repense et plus je me dis que cela visait surtout à rendre impressionnant le fait d'en boire." Quelle nostalgie de repenser à ces détails de sa ville natale. Quand il buvait, il repensait invariablement à ce qu'il avait quitté.

Il s'interrompit en voyant que l'état de la demoiselle n'allait pas en s'améliorant. Il glissa une remarque, en employant malgré lui le mot princesse. "Vous ne devriez pas..." Recommença-t-il alors que Belle essayait de se lever, encore une vaine mise en garde. Petit Jean se leva d'un bon lorsque Belle tomba. "Vous allez bien ?" S'inquiéta-t-il en faisant le tour de la table. Il poussa un soupir rassurant en l'entendant rire. "Dans cet état, certainement." Commenta-t-il alors que la demoiselle assurait ne plus être une princesse. Il tendit la main pour l'aider à se lever et serra l'épaule de Belle avec l'autre main afin de s'assurer qu'elle ne parte pas sur le côté en se relevant. "Trois verres avant de finir dans cet état, j'avoue que je suis impressionné." Taquina-t-il avec un sourire. "Et si nous nous arrêtions là ? Ce ne serait pas raisonnable de continuer." Cette fois, il avait veillé à ne pas dire le fameux mot afin que Belle ne se braque pas dans un avis opposé. Il espérait juste qu'il lui restait encore deux sous de jugeote. Petit Jean savait que, chez certain, l'alcool poussait à faire des folies.

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Belle n’écoutait que d’une oreille les explications de Petit Jean. Elle avait l’impression de l’entendre un peu comme si elle avait la tête sous l’eau. C’était carrément drôle en fait. Quand elle se retrouva par terre, elle ne put s’empêcher de rire de plus bel, elle avait les joues toutes rouges. Elle aurait en effet pu se faire mal, mais heureusement pour elle, elle n’avait rien du tout. Petit Jean était vraiment adorable avec elle et elle se rendit compte qu’une présence masculine lui manquait vraiment, oui, il s’agissait bien de Rumple. Il est vrai que l’alcool peut nous faire faire des choses étranges voir mêmes dangereuses parfois. Mais pour Belle, la seule chose que ça lui faisait, c’était de la faire changer d’humeur en une fraction de secondes. Elle se mit à pleurer sans qu’elle ne puisse contrôler quoi que ce soit.

« Il me manque Petit Jean, je n’en peux plus de cette douleur qui refuse de cesser. Je ne vais jamais le retrouver, je ne vais jamais le revoir, je suis certaine de l’avoir perdu à jamais… » Il était probable qu’il ne sache pas du tout de qui elle parle, ou peut-être que oui, elle n’en savait rien, tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle avait besoin d’extérioriser toute cette tristesse qu’elle gardait en elle depuis beaucoup trop longtemps. Quand il lui fit le compliment que pour une première fois, elle avait plutôt assuré, notre princesse sécha ses larmes d’un revers de main et afficha un fin sourire sur son visage. « Merci beaucoup, mais je ne sais pas si je serai capable de recommencer pour tout dire… J’ai mal à la tête en plus de ça. » Et il était fort probable qu’elle ait mal au crâne encore pendant un temps. Elle allait devoir boire de l’eau afin d’éviter que son mal empire. Puis, commençant gentiment à retrouver ses esprits, elle se mit à se demander si la conversation avec les serpents dans les bouteilles avait vraiment eu lieu ou si c’était le fruit de son imagination. « Attendez, c’est vrai cette histoire de serpent dans une bouteille afin de vous habiter au poison ? »

Si ce n’était pas le cas, elle allait vraiment passer pour une idiote et constaterait que l’alcool pouvait lui développer l’imagination. Belle avait dû mal à imaginer comment un homme avait pu avoir une idée pareille… Tiens, je en sais pas quoi faire de ma journée, et si j’essayais de mettre un serpent dans une bouteille avec de l’alcool de mon cru ? Non, mais ce n’est pas le pire de l’histoire, le pire, c’est qu’il existe vraiment des gens assez malades dans leur tête pour y goutter ! Comment peut-on en arriver là ? La jolie brune se demandait dans quelles circonstances ils buvaient ce genre de mixture ? Elle alla reprendre place à table et ferma les yeux pendant un instant. Elle voyait vraiment tout tourné et ça lui donnait mal au cœur. « Je crois vraiment que je ne recommencerai jamais ça. » Oui, ça avait été une expérience à faire, et d'une certaine manière, elle était contente de pouvoir braver les interdits afin de pouvoir profiter un peu de la vie.


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