La discrétion... On repassera

Naturellement, Regina n'était pas née de la dernière pluie. Je n'en attendais pas moins d'une ancienne reine et, surtout, d'une femme qui avait su pleinement explorer son côté obscur. J'émettais d'ailleurs un doute, que je gardais pour moi naturellement, sur le fait qu'elle puisse vraiment avoir changé au point de devenir aussi gentille qu'elle le laissait entendre.
Parce qu'après tout, s'aurait été un sacré plan de méchante que d'amadouer ainsi tout le monde pour mieux les frapper ensuite.
La notion de pardon est également une chose sur laquelle j'ai un doute. Je veux dire, je crois qu'on peut pardonner, mais pas tout. Moi, en tous cas, je ne pardonne pas grand chose. J'estime qu'on doit assumer ses erreurs. On peut se racheter, mais ça n'effacera jamais le mal qui a été fait. Mais bon, ce n'est pas la question ici et Regina ne m'avait jamais rien fait, à moi.
Elle comprit que, puisque je n'avais pas l'objet, il appartenait à quelqu'un d'autre. J'eus un sourire "innocent".

_ J'ai déjà pris contact avec cette personne, assurais-je, sincère puisque je ne mentais pas.

J'omettais beaucoup, nuance. Je fus même plutôt satisfaite de mon trait d'esprit,
mais ça n'engage que moi...
Elle m'expliqua que les magiciens n'avaient pas besoin de sort pour activer un objet et je fronçais les sourcils. Pas que je ne la croyais pas, évidemment. Juste que je ne comprenais pas. Or, je n'aime pas ne pas comprendre.

_ D'accord, répondis-je. Mais pour qu'une personne non magicienne l'active, il y a forcément un sort ? Une marche à suivre ?

Parce que, avouons-le, savoir comment fait une magicienne je m'en foutais un peu.
Je voulais savoir comment, moi, je devais procéder.
Elle botta en touche en me proposant de boire un "café" (je ne connaissais pas ce truc,
mais je ne m'en inquiétais pas), arguant qu'il faisait froid. Je n'y avais pas vraiment prêté attention. Je dormais dans les bois et j'étais bien couverte, mais si elle avait froid je ne voyais pas comment refuser sans la froisser.

_ Si vous voulez.

Je trouvais ça amusant la façon qu'ils avaient d'inviter de parfaits inconnus à boire un verre. C'était honorable, mais je n'aurais jamais agi de la sorte. Sans doute suis-je un peu trop méfiante...
Nous nous retrouvâmes donc à l'intérieur d'un espace cosy et chaud que Regina connaissait visiblement très bien. J'ôtais mon mantel et hésitais un instant à ne pas enlever une couche de plus, puisqu'il faisait vraiment bon. Mais je choisis de me laisser le temps de voir. La discussion reprit et mes questions aussi.
Je n'aimais guère les réponses qu'elle me donna. Ce fut poli, mais elle me rétorqua que je ne comprendrais rien à ses grimoires et que de toute façon elle ne comptait pas m'y donner accès. Je m'en étais doutée, naturellement. Les personnes qui ont du pouvoir tendent toujours à se l'accaparer. Mais j'avais tenté ma chance. Restait à présent à sauver les meubles. Elle parla des conséquences de la magie, mes yeux prirent une teinte plus sombres. Avec calme, mais fermeté, je répondis.

_ Je sais parfaitement les conséquences néfastes que peuvent avoir la magie...

Parce que j'avais été tout, sauf polie, je me repris.

_ Pardonnez-moi, je sais que vous ne vouliez pas m'insulter mais ce sujet est sensible pour moi. C'est la magie qui m'a arrachée mon frère.

Je pris le temps de maîtriser le trémollo de ma voix avant de relever des yeux plus calmes mais néanmoins déterminés.

_ Croyez-moi, la dernière chose que je souhaite c'est manipuler cet objet. Je ne suis pas naïve : je ne fais pas confiance à la reine des glaces. Mais je sais que son miroir disait la vérité. Si j'avais la moindre autre solution, je me tiendrais le plus éloignée possible de la magie. Sans vouloir vous vexer...

Oula, je négociais plutôt mal mon virage. Parce qu'on vint nous demander ce que nous voulions boire, je saisis l'occasion d'alléger un peu l'ambiance.
Et de ne pas répondre à sa proposition de m'aider "avec l'accord du propriétaire de l'objet".

_ Je ne sais pas ce qu'est un "café". Est-ce une boisson typique de ce monde ?

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20/01/13

Aeline avait assuré que si elle ne possédait pas l'objet magique en question qui, d’après elle, lui permettrait de retrouver son frère, elle avait pris contact avec son propriétaire. Regina trouvait louche cette attitude, pourquoi rester aussi évasive concernant les détails de cette affaire, comme la nature de l’objet et l’identité de la fameuse personne qui la possédait. L’ancienne reine avait emmené son interlocutrice au Hare and Tea, le salon de thé de Rozen. Ici, on servait le meilleur thé de la ville, mais le café était tout aussi délicieux et Regina préférait venir ici plutôt que chez Granny.

Une fois installées à une table, Regina retira son manteau qu’elle posa en travers de son dossier, son sac et le sac en papier contenant le nouveau manteau de CJ posé à ses pieds. Attendant qu’on vienne prendre leurs commandes, madame le maire s’affairait à répondre aux interrogations de la demoiselle.

-La magie est une chose complexe, vous savez. Ce n’est pas un sort qui active un objet chargé de magie. C’est la présence d’une personne qui a des pouvoirs qui le fait. Ou alors, il faut que l’objet soit ensorcelé dans le but de s’activer en présence d’une personne précise, dotée de magie ou non. Quel est cet objet ? Et qui le détient à l’heure actuelle ?

Ça n’était peut-être pas Rumplestiltskin puisque même si Regina l’avait trouvée en train de fureter devant la vitrine de sa boutique d’antiquités, Aeline avait dit qu’ils avaient été plusieurs à lui dire de se méfier de cet homme. Qui dans cette ville possédait un objet magique qui pourrait l’intéresser ? Regina ne put s’empêcher de la mettre en garde contre les conséquences de la magie, ce que la blondinette parut prendre assez mal. Face à la réaction un peu abrupte d’Aeline, l’ancienne reine ne put s’empêcher de hausser les sourcils de surprise avant d’afficher son air des mauvais jours, à comprendre une mine de méchante reine qui n’apprécie pas qu’on lui manque de respect. Mais elle se reprit bien vite, d’autant que son interlocutrice lui présenta ses excuses et expliqua la raison de sa réaction.

-Oui, je comprends. Je ne voulais pas vous offusquer, seulement vous mettre en garde. Nombreux sont ceux qui ont connu de grosses désillusions avec la magie. Je ne voudrais pas que cela vous arrive, ou encore que vous vous mettiez en danger. Si je puis me permettre, qu’est-il arrivé à votre frère ?

Aeline semblait en effet se méfier pas mal de la magie et ça se comprenait après ce qu’elle avait traversé. Etre envoutée, enrôlée de force par la reine des glaces devait être déplaisant au possible. Sans compter que là d’où elle venait, la magie n’était pas courante. Elle était voisine de Robin, et ce dernier avait bien souvent dit à Regina, du temps où ils sortaient ensemble, combien il détestait la magie. Et voilà, encore une fois, elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui. Alors que l’on vint s’enquérir de la commande, la jeune femme blonde avoua ne pas savoir ce qu’est un café. Regina fut surprise d’apprendre que le comté de Nottingham n’avait pas cette boisson alors que dans son royaume elle existait.

-En fait, nous en avions dans le nôtre aussi. C’est une boisson chaude noire plutôt corsée que l’on peut agrémenter de lait et de sucre. Dans ce monde, il leur arrive de le boire froid aussi. Sinon, les thés sont excellents ici. J’en prendrai un à la pomme grillée s’il vous plait, ajouta-t-elle en direction de la serveuse.

Ladite serveuse s’enquit ensuite du choix d’Aeline avant de disparaître pour préparer les commandes. Regina espérait que l’absence de cette inconnue qui peut-être empêchait Aeline de parler librement, lui permettrait d’en apprendre d’avantage.

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Les questions et les réponses s'enchaînaient. Plus je bottais en touche, plus les interrogations de Regina se renforçaient. Je comprenais pourquoi, soit dit en passant, mais je n'étais pas prête à lâcher le morceau. Je poursuivais donc, espérant que cela finirait par suffire et qu'elle me laisserait tranquille. Dans le cas contraire, je devrais partir, au risque de me la mettre à dos...
Elle m'expliqua comment les objets magiques fonctionnaient... Ce qui n'arrangeait pas mes affaires. Frustrée, je pris quelques instants pour rassembler mes idées, remettant à plus tard de trouver une solution alternative si le médaillon ne s'activait pas en ma présence.
Regina visait juste dans ses questions, ça devenait un vrai tour d'équilibriste.

_ Donc je le saurais quand je le toucherai, déduis-je. Je vois...

En vrai, je ne voyais pas grand chose mais peu importait. Soudainement, une question me tarauda. Etait-ce à cause du médaillon que la proximité d'avec Robin me troublait ? Etait-ce la magie de l'objet que je sentais, d'une manière ou d'une autre ? Comment expliquer, sinon, le fait que je perde partiellement mes moyens en sa présence ?
Que je me perdre dans son regard pour mieux y trouver une familiarité inconnue ?
En attendant, il me fallait calmer l'impatience de la jeune femme. J'optais pour une stratégie qui en valait certainement d'autres.

_ Je ne peux pas vous dire qui possède cet objet simplement parce que je ne sais pas s'il souhaite ébruiter cet état de fait. J'irais voir la personne et je lui demanderais son autorisation. Ca me paraîtrait malhonnête de procéder autrement...

C'était risible. Pas que je riais hein ? Juste que, souvent, je m'étonnais moi-même de la mauvaise foi dont j'étais capable. Pour une fois, c'était pour la bonne cause. C'était loin d'être toujours le cas.
Je réalisais néanmoins, avec un temps de retard, que j'avais donné un indice à Regina en disant "il". Mais bon, c'était très mince, ça n'excluait que la moitié de la population...
Ensuite, elle tapa là où ça fait bien mal. Pas que ce ne soit son but... Enfin, je ne crois pas. Mais elle me demanda comment Maël avait disparu. Je restais à nouveau silencieuse un long moment, puis je repris la parole. M'enfermer dans le silence n'était pas un luxe que j'avais en cet instant.

_ Le danger, c'est un petit peu ma vie... Je suis mercenaire depuis que je suis en état de lever une épée. Mais, vous avez raison : ce danger là n'a rien à voir.

Profond soupir avant de me lancer.

_ Maël est tombé dans un piège magique. Il est mort sur le coup. Il n'avait pas la moindre chance.

C'était principalement pour cela que je ne parvenais pas à accepter sa mort : parce qu'elle était injuste ! S'il avait péri l'épée à la main, après un long et valeureux combat, peut-être aurais-je pu le tolérer. Mais là...
Non, c'était impossible.
L'émotion m'étranglait et je détournais un moment le regard. Ravalant mes larmes comme je savais si bien le faire, je repris finalement contenance en détournant le propos vers celui de la boisson.
On fait avec ce qu'on a...
J'aurais bien pris une bière en cet instant, mais c'était visiblement trop demandé...

_ Je vous prendrais un thé noir avec du gingembre, s'il-vous-plaît, lançais-je après les explications de Regina et un sourire devant sa commande.

Ce n'était clairement pas le genre d'endroit que je fréquentais en temps normal, mais bon. J'essayais de ne pas faire trop tâche dans le décor avec ma tenue et j'adoptais mon attitude la plus civilisée qui soit. Il était grand temps de faire la causette, sur des sujets plus neutres.

_ Amusant d'avoir un thé baptisé en votre hommage, soulignais-je.

Je n'ajoutais rien parce que je ne voulais pas trop exprimer ce que je pensais. Du genre "en même temps vous dirigez la ville donc..." ou encore "Amusant surtout que la méchante reine soit aujourd'hui si populaire. Vous les avez encore ensorcelés ?" ou enfin "Chez nous, les sorcières, on les brûle quand on le peut, mais ici ça a l'air d'aller pour vous...".

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20/01/13
Plus elle discutait et obtenait des réponses d’Aeline, plus Regina avait l’impression qu’elle cachait quelque chose. Elle finit par se demander si elle n’était pas un peu paranoïaque. Avec ce qui lui arrivait, elle n’avait pas les idées bien clair et manquant cruellement de sommeil, elle préférait laisser le bénéfice du doute à la blondinette plutôt que de porter des accusations sans réel fondement. La pauvre avait perdu son frère, c’était déjà bien assez douloureux, et elle comprenait bien qu’elle veuille par tous les moyens le retrouver. Mais il était mort, et si tel était le cas, l’ancienne méchante reine le savait, il était impossible de le ramener. Objet magique ou pas. La reine des glaces lui avait promis que cet objet magique permettrait de retrouver son frère, mais c’était peut-être métaphorique, ou peut-être que ça la tuerait elle aussi au final ? Encore une fois, Regina mit cette sombre pensée sur le compte de son propre mal-être. Elle avait expliqué à Aeline comment un objet ensorcelé était censé fonctionner. Du moins s’il avait été ensorcelé pour se révéler en sa présence.

-Voilà, s’il a été ensorcelé pour se révéler à votre contact. Sinon, il ne se passera rien.

Alors que madame le maire voulait connaître l’identité de la personne détenant le fameux objet, Aeline lui expliqua qu’elle ne le lui dirait pas. Soit, elle respectait son choix et puisqu’elle assurait qu’elle lui demanderait la permission…

-Oui, certainement. Et puis si un vol survenait, je serais immédiatement mise au courant et tous les soupçons se porteraient alors sur vous, déclara-t-elle le plus simplement du monde. Mais je suis sure que tout ira bien, n’est-ce pas ?

Au moins, c’était dit. Aeline était mise en garde. Regina avait au moins un indice, la personne était visiblement un homme. Eh bien si un homme se plaignait d’un vol, elle irait trouver Aeline pour lui demander des explications, voilà tout. La jeune femme en dévoila un peu plus sur sa vie. Elle était mercenaire, cela expliquait comment elle s’était retrouvée enrôlée dans l’armée d’Ingrid. Ses capacités lui avaient probablement sauvé la vie d’ailleurs. Sans cette utilité, peut-être que la reine des glaces l’aurait simplement faite tuer. La mercenaire dévoila ensuite la cause de la mort de son frère. C’était triste, vraiment.

-Je compatis sincèrement à votre perte, Aeline. Ne prenez pas mal ce que je vais vous dire, je ne voudrais surtout pas vous blesser, mais je sais d’expérience qu’on ne peut pas ramener les morts et qu’on ne peut pas remonter le temps. Je ne sais exactement quels étaient les termes de la promesse que vous a fait la sorcière, mais j’ai bien peur que vous vous trouviez déçue au final.

La serveuse vint prendre la commande et chacune se décida tandis que l’employée du Hare and Tea s’éclipsa pour les préparer. La remarque d’Aeline fit sourire Regina qui savait pertinemment que ce n’était pas un réel compliment.

-Eh bien, je ne pense pas vraiment que ce soit un hommage. Je pense que la gérante est une femme intelligente et qu’elle fait des thés pour tous les gouts sans jugement, s’assurant ainsi la sympathie de tous ses clients.

Regina le savait, elle était loin de faire l’unanimité dans les cœurs des habitants de la ville, malgré les efforts qu’elle faisait depuis des mois, depuis la levée de la malédiction. La plupart commençait à la croire, mais le chemin était encore long, surtout pour ceux fraîchement arrivés du monde des contes qui n’avaient pas vraiment assisté à tout ce qui s’était passé à Storybrooke et qui restaient sur les anciens méfaits de la méchante reine. Maintenant que Robin n’était plus à ses côtés pour la soutenir, lui faire voir le bon côté des choses, Regina avait du mal à continuer à aller de l’avant. Malgré tout, elle essayait, pour Henry et pour CJ. Elle ne pouvait pas se permettre de baisser les bras.

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Je percevais un frisson familier ; celui du danger qui vous guette au tournant. En général, quand mon instinct part dans cette direction c'est que je suis en mission et que la moindre erreur pourrait s'avérer fatale. Ce n'était pas si éloigné, même si la situation n'avait en réalité rien à voir. La menace, tout comme le danger, étaient tacites, implicites, mais non moins réels.
Regina les incarnaient à la perfection mais je ne m'arrêtais pas ce détail, troublée par ce qu'elle venait de dire. Si l'objet n'était pas spécifiquement ensorcelé à mon intention, il ne se passerait rien. Or, je n'avais pas l'outrecuidance de croire qu'il l'était. Donc, mon problème était toujours entier et cette discussion n'avait mené à rien. Je masquais ma déception sous un air imperturbable qui fut mis à l'épreuve juste après par la mise en garde, limpide, que la jeune femme m'adressa. J'eus un sourire aussi faux que son assurance qu'il n'y aurait pas de problème.

_ Vous savez, je pourrais mal prendre le fait que vous me considériez comme une voleuse potentielle, répondis-je simplement. Mais j'apprécie votre franchise. C'est une qualité bien trop rare de nos jours.

J'avais parlé d'un ton calme et posé, dénué d'agressivité. Après tout, sa remarque était cohérente et pas franchement injustifiée. Et puis, je pensais ce que je venais de dire. Au moins, je savais à quoi m'en tenir. Mon sourire disparut dès lors que nous abordâmes la question de mon frère. Ce qu'elle ajouta acheva de me blesser, même si ce n'était pas son intention. Je pris le temps d'encaisser ses paroles et je m'enfermais dans le mutisme.
L'arrivée de la serveuse puis nos commandes me fournirent une excuse pour me reprendre. Intelligente, Regina suivit mon détournement de conversation et je dus me faire violence pour maintenir le cap alors que je n'avais plus qu'une envie : partir lécher mes blessures, seule, dans la forêt. Mais il me fallait faire bonne figure, encore un petit moment.

_ Le sens du commerce est une vertu qui m'est étrangère. Je suis plutôt franche du collet et j'ai la fâcheuse tendance à exprimer ce que je pense, comme je le pense... Quand je le pense, la plupart du temps.

Un sourire étira mes lèvres mais il était ironique à souhait.

_ Au moins, dans mon travail cela ne pose pas le moindre problème.

Je pris le temps de siroter ma boisson et approuvais d'un mouvement de tête.

_ En tous cas, vous aviez raison, c'est excellent.

Finalement, je décidais de changer définitivement de sujet.

_ J'imagine que ça doit demander pas mal d'efforts de gérer une ville comme celle-ci, d'autant plus avec tous les réfugiés que vous avez accueillis. C'était très généreux de votre part.

Voilà, comme ça il ne serait plus question de mon frère.

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20/01/13
Plus l’échange se prolongeait avec Aeline et plus Regina sentait que quelque chose sonnait faux. Ah si seulement elle possédait ce qu’Emma appelait son « super pouvoir », à savoir la faculté de savoir si la personne en face de vous était en train de vous mentir ou non. Mais non, aussi puissante et redoutée fut-elle, l’ancienne méchante reine ne possédait « que » de la magie, de la magie noire, et ne pouvait savoir avec exactitude et précision si oui ou non la jeune femme lui mentait, et si oui, sur quoi. Elle était donc dans l’obligation de lui laisser le bénéfice du doute. Néanmoins, la maire de Storybrooke n’était pas dupe et restait prudente. Elle avait d’ailleurs mis en garde la blondinette en lui disant explicitement que si un vol était commis, elle serait directement en ligne de mire. C’était de sa faute, elle n’avait qu’à pas faire autant de secret autour de ce mystérieux objet qu’elle recherchait et qui, soi-disant, lui permettrait de retrouver son frère disparu. Regina savait ce que c’était que de vouloir ramener à la vie un être cher. N’avait-elle pas, des années durant, essayé de trouver comment ressusciter Daniel, son premier amour si cruellement arraché à la vie et à ses bras par Cora, son odieuse mère? Oui, elle avait belle et bien tout essayé et s’était rendue à l’évidence que c’était impossible. Même Victor Frankenstein, qui prétendait pouvoir y parvenir avec sa science, n’y était pas parvenu… Du moins pas de manière définitive, et Regina avait dû achever elle-même son amour à peine retrouvé avant qu’il ne dégénère totalement et ne devienne un danger pour les autres. Elle savait donc que la quête d’Aeline rimait avait déception, et elle avait essayé de la mettre en garde, mais il semblait que la jeune femme était bien trop déterminée pour l’écouter et abandonner. D’un autre côté, la sorcière pouvait le comprendre, elle-même n’aurait jamais abandonné avant d’avoir vu de ses propres yeux l’échec et l’impossibilité de l’entreprise.
Aeline déclara qu’elle aurait pu mal prendre sa réflexion la concernant, qui n’était après tout qu’une mise en garde. Le sourire qu’elle arborait était contagieux et Regina le lui rendit.

-Je n’ai jamais dit que je vous considérais comme une voleuse potentielle, je me suis contentée de vous mettre en garde, comme je le ferais avec n’importe lequel des citoyens de ma ville. Je ne doute absolument pas de vos intentions. Nous sommes nombreux à avoir cherché ou à chercher quelqu’un ou quelque chose. Chaque quête est honorable du moment qu’elle est honnête et ne nuit à personne.

Le sujet du frère décédé d’Aeline arriva sur le tapis et la demoiselle semblait véritablement souffrir d’en reparler. Regina n’insista pas, et les commandes arrivèrent comme si le parfait timing avait été commandé avec les breuvages. Madame le maire en profita pour s’acquitter de l’addition et prit la tasse fumante de thé à la pomme grillée entre ses mains pour les réchauffer. Le temps hivernal était bien installé à présent. La remarque de la belle blonde concernant son caractère franc la fit sourire.

-Je dois bien reconnaître que je suis un peu comme vous, mais j’ai appris, avec le temps, à mettre de l’eau dans mon vin. Il n’y a pas qu’en commerce qu’il faut parfois brosser les gens dans le sens du poil.

Et pourtant, ce n’était pas l’envie d’en secouer certains qui devait manquer pour certains commerçants ou autres métiers. Regina la première d’ailleurs, maire ou pas.

-Oui, le travail que vous faisiez devait vous permettre pas mal de liberté. Avez-vous songé à une reconversion ici ? Ou bien pensez-vous repartir aussitôt que vous aurez trouvé ce que vous cherchiez ?

Le sourire regagna les lèvres de Regina lorsqu’après sa toute première gorgée de café, Aeline approuva. L’ancienne reine n’en revenait pas que la mercenaire ait pu ne pas connaître cette boisson. Même dans la Forêt Enchantée elle en buvait. Mais son interlocutrice la sortit de ses réflexions nostalgiques en parlant de la gestion de la ville et des réfugiés qui y avaient récemment élu domicile.

-Oui, gérer une ville n’est pas de tout repos, je vous le concède. Quant aux réfugiés, je ne sais pas si généreux est le terme. Nous n’avons pas eu le choix et je me voyais mal renvoyer à une mort certaine toutes ces personnes en détresse venues en espérant trouver à Storybrooke un refuge. A présent que le sort de glace est levé, il faut que je fasse un sondage pour savoir qui souhaite repartir et qui souhaite rester. La ville est bien assez grande pour tout le monde et ceux qui souhaitent un nouveau départ sont les bienvenus, évidemment.

Ce qui inquiétait un peu plus Regina, c’était le fait qu’Ingrid était portée disparue. A aucun moment, elle et son expédition n’avaient vu la reine des glaces. Regina redoutait un retour de la reine givrée, mais au moins, maintenant, elle savait qu’il n’était pas impossible de la battre.

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Regina était une femme intelligente. Je l'avais senti avant même de lui parler pour la première fois. Il faut de l'esprit pour atteindre et garder ainsi une position de pouvoir. La naissance ne fait pas tout et la magie non plus. De plus, Regina semblait appréciée de la majorité et respectée dans sa fonction. Si ce n'était pas la preuve absolue d'une approbation, c'était bien la marque d'une intelligence considérable.
Elle balaya ma remarque tout en conservant cette franchise que j'avais salué un peu plus tôt. Amusée, je conservais un petit sourire. Elle avait le verbe facile et l'esprit agile. C'était plaisant de converser avec elle, malgré le danger que cela représentait. Je n'avais pas perdu mon temps finalement.
Je n'avais pas répondu à sa première tirade, ne trouvant rien à ajouter et je n'en fis pas davantage à sa seconde remarque sur le fait de devoir brosser les gens dans le sens du poil par moments. Je le savais, mais je n'en usais qu'avec parcimonie. J'avais pour moi la maîtrise d'un autre langage : celui des armes et de la violence. Je ne l'aimais pas en toute occasion, mais il m'était utile et je savais le manier mieux que les mots.
Naturellement, quand elle me s'enquit de mon désir de rester ou de partir, je ne pus user que les mots. De toute façon, elle n'avait rien fait qui ne mériterait que j'use de mes capacités. Avec elle plus qu'avec tout autre, je devais me tenir sur mes gardes puisque sa magie annulerait aisément mes avantages de combattante...

_ Je ne sais pas encore ce que je vais faire, répondis-je en ne mentant qu'à moitié. Et je ne vois pas encore comment je pouvais me reconvertir. Je n'ai pour seuls talents que le maniement des armes. Sans doute avez-vous besoin de combattants ici aussi. Le calme ne peut pas durer éternellement.

Ce n'était pas une provocation ou une menace mais un véritable constat, nourri par mon expérience de la vie. Chaque situation de paix ne demande qu'à basculer dans les chaos, parce qu'il en va ainsi de la nature humaine.

_ Ces personnes n'étaient pas sous votre responsabilité et un autre que vous aurait pu les abandonner sans plus de considération, rappelai-je parce que c'était vrai. J'avoue avoir été surprise par votre offre, tout comme je l'ai été tout à l'heure de votre attention.

Je terminais ma tasse et la reposais doucement.

_ Mais qu'en sais-je après tout, je n'ai guère fréquenté de dirigeants comme vous pouvez vous en doutez. En tous les cas, je vous remercie pour ce thé et pour vos conseils. Ils ont été entendus.

J'avais l'impression de parler par énigmes, comme une conversation à deux vitesses, mais peu importait. J'avais envie de partir, de retrouver le calme de la forêt pour mieux réfléchir à tout ce qui avait été dit.

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20/01/13

Regina commençait à avoir l’habitude de voir des nouveaux habitants en ville, entre ceux issus du monde sans magie, puis les réfugiés emmenés par Jefferson, et enfin ceux qu’elle et son équipe avaient ramenés avec eux, cela faisait beaucoup de sang neuf à Storybrooke, et si au départ chacun devait faire un petit effort d’adaptation, la plupart s’était plutôt bien approprié la ville, ses us et coutumes et finalement leur nouvelle vie. Madame le maire espérait qu’il en serait de même pour Aeline, qu’elle puisse trouver ce qu’elle était venue chercher, du moment que cela n’enfreignait aucune règle et ne nuisait à personne, et qu’elle choisisse de rester ou non à Storybrooke, son choix serait évidemment respecté. L’ancienne reine l’avait mise en garde contre la magie, lui avait expliqué tout ce qu’elle jugeait utile de connaître par rapport à sa situation, à présent, toutes les cartes étaient dans les mains de la guerrière. La brune avait alors demandé à son interlocutrice si elle savait déjà ce qu’elle ferait ensuite, et il sembla que la jeune femme l’ignorait, d’autant qu’elle ne savait pas en quoi elle pouvait être utile dans cette ville. Regina lui sourit.

-Tout le monde est utile. Avec vos compétences, vous pourriez peut-être prêter main forte au département du shérif ? ici, nulle question de « combattants » mais plutôt de personnes qui font régner l’ordre. Il est évident que vos aptitudes seraient plus que bienvenues, si cela peut vous intéresser. Vous pourriez également enseigner. Les possibilités sont nombreuses.

Elle pensa instinctivement à Robin qui avait pu trouver un poste de professeur de tir-à-l ’arc au collège et qui semblait adorer. Aeline s’étonna alors des propositions altruistes de Regina, d’abord dans le désert de glace quand elle avait proposé aux volontaires de les accompagner dans le monde sans magie, puis aujourd’hui lorsqu’elle l’avait invitée à boire une boisson chaude pour pouvoir discuter. Regina venait de finir sa dernière gorgée de thé et reposa sa tasse en même temps que son interlocutrice.

-Vous savez, nous sommes tous différents, et je n’ai pas toujours été ainsi… comme je n’ai pas toujours été celle que j’étais dans la Forêt Enchantée. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde a droit au bénéfice du doute. J’ai changé, j’ai appris de mes erreurs et c’est ce qui m’aide à voir les choses différemment. Ici, vous trouverez beaucoup de personnes généreuse, cette ville est peuplée de héros, vous trouverez toujours quelqu’un pour vous aider.

Fort polie, la jeune femme remercia Regina pour le thé et les conseils. Madame le maire hocha la tête avec un sourire.

-Je vous en prie. J’espère sincèrement que vous trouverez ce que vous cherchez.

Elle n’en restait pas moins méfiante, après tout, elle ne la connaissait pas et on ne savait jamais réellement sur qui l’on tombait. Il était sans doute temps de mettre un terme à cette petite entrevue d’autant qu’Aeline avait l’air de vouloir partir. Regina se leva et sortit de quoi payer et laisser un bon pourboire. Elle déposa le billet sur la table et salua le personnel avant de raccompagner la blondinette à l’extérieur.

-Je vous souhaite bon courage dans vos recherches, Aeline, et en cas de besoin, n’hésitez pas à venir me trouver à la mairie ou chez moi.

Elle lui sourit une dernière fois.

-Au revoir.

Puis elle reprit sa route en direction de la mairie, le sac contenant le manteau neuf de sa fille adoptive dans la main.

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La discrétion... On repassera

Regina me suggéra de me mettre au service de ceux qui faisaient régner l'ordre et la justice. Cette idée m'aurait fait sourire si je ne m'étais pas maîtrisée. Moi ? Au service de la justice ? Alors que je ne tendais qu'à commettre un vol ?
La seconde proposition n'était pas moins risible. Enseigner ? Moi ? Je n'avais certainement pas la patience pour. Je me voyais déjà hurler sur les malheureux qui joueraient les traîneaux en attendant de se faire tracter par les autres, plus motivées et performants. On ne m'avait pas éduquée ainsi. J'avais tout appris à la dure.
Or, ici, la vie semblait plus simple, plus facile. Les enfants, on faisait des bonhommes de neige avec eux, on ne les faisait pas s'entraîner des heures durant sur des bonhommes de paille pour développer leurs muscles. Non, ce n'était pas fait pour moi. De toute façon, je n'avais aucunement la fibre maternelle et le genre d'instinct qui aurait fait de moi la bonne personne à qui confier ses enfants. Non, vraiment pas...

_ Je vais tâcher d'y réfléchir, répondis-je pour la forme.

Elle m'expliqua ensuite avoir beaucoup changé. Je n'en doutais pas une seule seconde. Sa réputation la précédait, dans la Forêt Enchantée, et elle n'aurait pas pu être plus éloignée de la femme que j'avais en face de moi. Un instant, un instant seulement, je songeais que, peut-être, j'aurais pu à mon tour changer pour devenir une autre et, peut-être, m'accorder le droit de me poser un peu.
Pas même l'espoir d'être heureuse ; juste celui de souffler...
Puis je me repris. Je n'étais pas une pauvre petite chose pathétique qui se morfond ou qui se perd dans les rêves. J'avais depuis longtemps étouffé ces derniers, pour le danger qu'ils représentent. On peut passer sa vie à rêver, mais ça ne sera jamais la vivre. Et j'avais vu trop des miens tomber au combat pour ne pas exister pleinement et profiter de tous les instants comme s'ils étaient les derniers.
Même si, par moment, j'avais un peu l'impression d'avoir enfermé mon coeur dans un igloo sous prétexte de le mettre à l'abri et de me protéger. Mais là n'était pas la question.

_ J'ai remarqué, en effet, que les gens sont particulièrement serviables ici. Et je dois avouer que c'est plutôt agréable de se promener sans avoir à constamment regarder par dessus son épaule.

Je bottais en touche, une fois de plus, mais que pouvais-je faire d'autre ? Elle me souhaita de trouver ce que je cherchais, j'hochais de la tête pour la remercier non verbalement. Il était temps de partir. Nous nous levâmes donc de concert et je la vis payer nos consommations.

_ C'est bien la première fois qu'une femme m'offre à boire, lançais-je, amusée par la situation.

En général, si je n'avais pas d'argent, je pouvais toujours me faire payer un verre par un homme. Ils sont si faibles et si facilement manipulables. Ils cherchent tous la même chose et, parfois, je la leur accorde. Tout dépend de la personne que j'ai en face de moi.
Mais je m'égarais...
Pendant ce temps, elle me réitéra ses bons voeux et son offre d'assistance. Je lui souris sincèrement.

_ Merci encore, Regina. Je saurais m'en souvenir. En retour, si vous avez besoin de muscles qui s'accompagnent d'un cerveau, vous pouvez également me trouver. Au revoir.

Je la regardais s'éloigner et songeais que j'avais plutôt finement joué la partie en dépit des circonstances de notre rencontre. Ne me restait plus qu'à revoir mon plan.
Puis à retrouver mon frère.

Codage par Libella sur Graphiorum