Revoir Juliette délesta Robin d’un poids, bien que la culpabilité soit encore au rendez-vous, il se sentait un peu mieux en présence de la jeune femme, qui en plus de lui rappeler leur monde, lui rappelait également le sympathique trio qu’ils formaient avec Petit Jean. Un souvenir joyeux qui n’en demeurait pas moins amer. D’autant plus que Robin n’avait point trouver le courage de faire mandater un oiseau pour transmettre la nouvelle de la disparition de son ami à la femme de Roméo. Un manque de courage, qui à la moindre évocation de son ami, l’alourdissait d’une culpabilité qu’il pensait mériter. Mais pour l’heure, il consentit, pour mieux profiter de ses retrouvailles, de cesser de porter le poids de son monde sur ses épaules et balaya sa culpabilité d’un sourire avant d’orienter la conversation vers quelque chose d’un peu plus banal. Une banalité qui l’amena à évoquer les futurs logements promis par Regina. Il se reprit d’ailleurs au moment où il flancha sur son prénom. Entre eux c’était encore trop récent pour que la moindre officialisation ne se fasse. Regina préférait, pour le moment, garder cette douce parenthèse entre eux, ce que Robin accepta. Une acceptation qui lui parut salutaire au vu de la réaction de Juliette à l’évocation de la Maire de Storybrooke.

« -Elle n’était pas obligé tu sais ! Je trouve ça vraiment très gentille de sa part ! » commença-t-il presque penaud. La réaction de Juliette, froide, chargée d’une colère qu’elle ne réservait d’ordinaire qu’aux ennemis, ne présageait rien de bon. Robin en arrivait même à se demander s’il était possible que Regina ait fais du même à son ami par le passé. Une hypothèse qui lui déplaisait fortement autant que le ton de la demoiselle qui lui faisait face. « -Enfin bref ! » acheva la conversation autour du sujet. Il était de tout évidence, encore trop tôt pour la confession d’autant plus que la demoiselle avait d’autre préoccupation. La perte de Roméo continuait à hanter Juliette et à flétrir son cœur de mille et une blessure. Robin ne pouvait que comprendre sa détresse et c’était tout naturellement porté volontaire pour aider son amie à retrouver son grand amour, mettant ainsi ses capacités de traqueur à disposition. Mais pour l’heure c’est d’une douce étreinte dont la demoiselle avait besoin et ne manquant pas à son devoir, l’archer serra sa comparse contre lui. Une initiative qui lui valut un léger baiser sur la joue et une magnifique réplique qui lui remit du baume au cœur à n’en pas douter.

« - Et heureusement que je t’ai dans la mienne milady. Quant aux gars, ils sont assez grands pour se débrouiller sans moi de temps à autre et d’ailleurs ils le font très bien, je puis t’en assurer. Ne refuse pas mon aide Juliette, ça me ferait tellement plaisir de t’aider à retrouver Roméo, je t’assure ! » Il était sincère tellement qu’il laissa échapper une réplique qu’il aurait préféré taire après coup. « -Je n’ai pas réussi à sauver Petit Jean, laisse-moi essayer de t’apporter ta fin heureuse. C’est ce que font les héros non ? » Le regard lourd de Juliette, l’obligea cependant à agrémenter sa réplique de quelques explications. « -Petit Jean n’est pas mort, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Un jour, sous peu je retournerais là-bas pour le ramener. Je le retrouverais ! » Il acheva sa réplique avec conviction avant d’accepter une tasse de thé, une boisson très appréciée dans ce monde à en juger par la multitude de choix figurant sur la carte du Grannys.

« -Oui ce monde est déroutant ! » concéda-t-il en laissant la demoiselle lui servir son thé. Robin intriguait, ne put s’empêcher d’humer la boisson chaude, qui dégageait de charmantes saveurs suffisamment agréables pour qu’il tente une première gorgée avant de continuer à donner des nouvelles de Roland et d’évoquer par la même occasion leur intégration. « -un bus ?! Euh… bah c’est une espèce de grosse charrette, sans chevaux dans laquelle les enfants montent pour rejoindre l’école. C’est jaune et ça passe tous les matins et tous les soirs à horaires fixes. » Robin sortit alors son portable pour essayer de trouver de quoi illustrer son propos, mais sa pratique étant trop incertaine, il s’avoua bien vite, vaincu. « -C’est un téléphone portable ! On s’en sert pour communiquer. C’est une sorte de messager moderne. J’ai encore trop de lacune pour m’en servir correctement pour ne rien te cacher, mais c’est très pratique pour les initiés. » D’ailleurs à son tour, Robin s’enquit de la situation de Juliette dans ce monde qui en plus de ne pas être le leur, semblait chaque jour un peu plus hostile. « -Je crois que je m’en sors un peu mieux sans vouloir te vexer. On devrait s’entraider qu’en dis-tu ? » Le sourire aux lèvres, il posa une main rassurante sur son épaule avant de prendre la parole. « -Ce que j’ai fais depuis notre arrivée ?! Et bien j’ai tenté tant bien que mal de faire comprendre aux Merry-Men que nous devons nous rendre utiles pour éviter les amalgames. Plusieurs vols ont été signalé depuis notre arrivée. Par chance, Regina ne nous tient pas pour responsable. Je pense que la bande de malotru qui ont intenté à sa vie. Des enfoirés par dizaines, des lâches en puissance prêt à lui trancher la gorge alors qu’elle fait ce qu’elle peut pour se rattraper. » Le regard brillant, il peinait à refréner sa colère et venait sûrement de se trahir.

Avec Juliette, Robin agissait en protecteur, en grand-frère même. D'ailleurs à de nombreuses reprises, l'archer, fils unique, c'était demandé comment aurait-il agis si par le hasard des choses, il s'était retrouvé à vraiment jouer les aînés. Une situation qui avait étayé son sourire à de nombreuses reprises en comparant ça à la relation qu'il avait avec Juliette. Bien sûr, certains Merry-men, au vu de la complicité de leur leader avec la jeune femme, les imaginaient aisément ensemble, à l'inverse de Petit Jean qui avait appréhendé depuis longtemps, la véritable relation entre Robin et Juliette. Petit Jean, une évocation qui avait désormais une amère connotation aux oreilles de Robin qui portait la pleine responsabilité de la disparition de leur ami commun.

« - Cela c'est passé peu après notre retour précipité de Camelot. Cette enflure d'Arthur nous a bannis sans raison. Nous étions tous amers et un peu désemparés face à la situation et aux manques de perspectives. Puis, nous avons trouvé refuge au château du Ténébreux et tout s'est accéléré. Petit Jean est parti jouer les éclaireurs, le Chapelier est quant à lui arriver peu de temps après. Nous devions évacuer tout le monde avant qu'il ne soit trop tard. Et je suis même prêt à parier que tu n'aurais jamais reçu ma missive à temps. Tu sais, il ne se passe pas un jour, sans que j'y pense et que je m'en veuille de l'avoir laissé. Dès que nous pourrons retourner sur place, je promets de faire tout ce qu'il faut pour le retrouver et le ramener et peu importe le temps que cela prendra. Et bien sûr que j'accepte que tu m'accompagnes » Robin était un homme déterminé, il était fort à parier qu'il irait au bout de son entreprise, si l'occasion venait à se présenter à lui, mais pour l'heure, il n'était pas question que de ça, enfin peut-être que si en fin de compte. Il suffisait d'observer Juliette pour le comprendre. La demoiselle était inquiète doublement qui plus est. D'une part l'absence de son mari et désormais celle de Petit Jean. Un constat qui étaya la culpabilité de Robin qui à bien y réfléchir aurait dû opter pour le silence et continuer les « petites » cachotteries. À croire que l'honnêteté peut parfois vous jouez quelques tours.

Silencieux pour un temps, un temps prompt à l'observation de la préparation du thé avant de revêtir sa cape de héros pour défendre Madame le Maire et ses entreprises d'amélioration en termes de confort pour les nouveaux arrivants. Peut-être s'était-il un peu trop enflammé pour le coup, tellement qu'il avait à n'en pas douter titiller la curiosité de son amie qui fit montre de modération et accepta de dévier sur un autre sujet, entre-autre Roland qui semblait s'accommoder de cette nouvelle existence tout comme Robin qui osa fièrement présenter son portable, un présent dont il préféra taire la provenance. Juliette se mit à rire lorsque Robin prit quelques pincettes pour lui faire savoir qu'il s'adaptait mieux qu'elle, mais elle accepta cependant son aide pour mieux s'intégrer. « - Notre binôme de choc reprend du service alors ! C'est donc avec plaisir que j'accepte de t'aider très chère. Bon, il faudra qu'on te trouve un portable à l'occasion. » Afin qu'elle s'accommode de l'objet, l'archer le lui tendit tout en continuant à l'observer, intrigué par sa réaction à venir. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette réaction tant attendue ne se fit pas attendre. « -Oui effectivement, c'est bien plus rapide qu'un corbeau et il y a à priori peu de chance que ton message soit intercepté. Je ne te cache pas avoir rencontré pas mal de difficultés au début, mais une fois que tu maîtrises la chose, ça peut te changer la vie. Je te monterais à l'occasion, ne t'en fais pas. Personnellement, je pourrais m'en passer contraire aux habitants de cette ville. Mais je ne nie pas son efficacité.

Puis il évoqua l'amalgame auquel lui et les Merry-men étaient assimilés depuis leur arrivée. Un sujet qui le mena bien malgré lui, à reparler de Regina et à mettre en évidence un lien de plus en plus difficile à cacher. À son tour, Robin délesta sa tasse d'une gorgée de thé. Une certaine gêne venait de s'installer peu après la dernière réplique de Juliette. Robin posa sa tasse et prit une grande inspiration. Elle était son amie, la plus proche qui plus est et de ce fait, il lui devait la vérité. « -Ecoute… Je ne sais pas trop comment m'y prendre pour te le dire… » Il prit à nouveau une grande inspiration et se lança cette fois « -Il se pourrait que Madame le Maire et moi, nous nous voyons de temps en temps. »