Belle était une femme forte. Je l’avais su à l’instant même où nos chemins s’étaient croisés. Elle voyait le bien dans l’être humain. Elle croyait en lui. Elle croyait en la victoire du bien contre le mal et elle se donnait un point d’honneur à être indépendante. C’est pour ses raisons que je ne m’étonnais pas de la réponse de mon amie lorsque je lui proposais mon aide tout en assurant le soutien de Robin quoi qu’elle fasse contre Regina. Hochant la tête en signe d’accord, je m’humecter les lèvres avant de sentir mon sourire se faner lorsqu’elle annonça avec autorité que c’était mon tour. Levant les yeux vers elle, je demandais :

« Mon tour ... Que veux-tu savoir Belle ? »

 
Je savais très bien que Juliette n’était pas le genre de personne qui aimait se confier et parler d’elle. Je le lui avais déjà fait plusieurs fois la remarque. Mais il fallait que je l’aide et le fait qu’elle garde tout à l’intérieur d’elle, ça n’allait pas non plus l’aider. Je posais alors ma main sur la sienne. J’avais besoin de savoir ce qui avait bien pu se passer, car si elle en venait à perdre le contrôle, ça allait être vraiment dramatique pour la ville. Je savais que cette dernière n’était pas venue me voir par hasard.

« Eh bien, j’aimerai savoir ce qu’il s’est passé. Tu sais très bien que tu peux tout me dire. »

Je lui caressais le dos de la main avec mon pouce, je ne pouvais pas la forcer à parler si elle n’en avait pas envie. Mais je savais aussi qu’elle n’était pas venue me voir par hasard.

Elle voulait savoir ce qui s’était passé. Détournant mon regard, je posais la tasse de thé sur la table avant de partir vers la fenêtre de sa chambre au couvent. Mordant ma lèvre, sous le coup de  l’embarras, je réfléchissais aux dernières informations que je lui avais donné et me retournais vers Belle avant de dire :

« J’ai retrouvé Roméo, ça c’est pas tellement bien passé… »

Me forçant à sourire tout en laissant échapper un rire jaune, je m’humectais les lèvres avant de poursuivre :

« Il ne se rappelle plus de moi. Il me prend pour une parfaite imposture. Je ne m’attendais pas à une telle réaction. Je pensais que j’étais préparée à tout, à sa colère, son rejet, sa haine, mais pas au fait que je sois une parfaite inconnue pour elle. »

 
Juliette m’expliqua qu’elle avait retrouvé son mari. Pendant quelques secondes, j’étais heureuse pour elle. Je savais ce que c’était que de se retrouver loin de la personne que l’on aime. C’est précisément ce que je suis en train de vivre. Mais je perdis mon sourire lorsqu’elle m’annonça que ce dernier avait perdu la mémoire et ne la reconnaissait pas. Ca devait vraiment être une chose horrible. Je ne savais pas si je devais me lever pour aller la prendre dans mes bras, ou rester assise sur mon lit. Me mordant la lèvre à mon tour, j’optai pour la deuxième option.

« Oh Juliette, je suis tellement désolée… Mais que lui est-il arrivé ? Si ça se trouve, cette perte de mémoire est provisoire ? »

Sinon, je suis certaine que l’on pouvait utiliser la magie pour lui rendre la mémoire. Tout dépendait de la situation dans laquelle il l’avait perdue.

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Je voyais le visage de Belle se décomposait un peu plus à chacun de mes mots. J’avais peur qu’elle se lèvre pour me prendre dans ses bras. Si elle faisait cela je savais que je m’effondrerais de chagrin. C’était la dernière chose que je voulais. Je n’avais plus la force de pleurer. Je n’avais plus la force de faire grand chose à dire vrai.

« Je l’ignore, … Il m’a dit qu’il n’avait plus son coeur. Je ne sais rien de plus… »

Serrant mes lèvres les unes contre les autres, je poussais un long soupir, avant de fermer les yeux pour ajouter :

« Ce n’est pas le pire … Enfin, c’est ce qui me fait le plus souffrir mais il y a eu autre chose… »

Une fois de plus je me retournais pour regarder à l’extérieur et lâcher d’une traite :

« Je suis accidentellement retournée dans le monde des contes, j’ai été capturé, enfermée dans un harem, privée de mes pouvoirs et promise à un prince, que j’ai fini par tué dès que mes capacités magiques sont revenues. »

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Il n’avait plus de cœur ? Lorsque Juliette me dit cette phrase, je me doutais tout de suite que Régina devait se trouver derrière tout ça… Je ne savais pas si Juliette avait fait le rapprochement. Je ne pensais pas, car si tel avait été le cas, elle se serait rendue chez Régina sans la moindre hésitation… Il n’y avait qu’elle et le Ténébreux qui pouvait faire ça.

« C’est Régina qui en est responsable Juliette… Il n’y a qu’elle et Rumple qui peuvent faire ça… »

Quoi ? Ce n’était pas tout ? J’écoutais avec attention ce qu’elle me disait. Mes yeux devinrent ronds, comment pouvait-on retourner accidentellement dans le monde des contes ? J’allais avoir besoin d’explications. Elle m’avoua ensuite qu’elle avait tué des personnes, je savais ce que ça donnait quand elle se mettait en colère.

« Quoi ? Mais comment tu es retournée là-bas et comment tu as fait pour revenir ici ? »


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Les suppositions de Belle, me firent frissonner. C’était Regina. Si tel était le cas, elle allait m’entendre chanter. Que Robin soit d’accord où non.

« J’espère que tu as tord… »

Murmurais-je, je savais que si s’était le cas rien ni personne ne pourrais calmer ma fureur. Elle m’avait juré ne pas savoir qui était mon mari. Si elle lui avait arraché le coeur, alors cela signifiait qu’elle m’avait menti. Avec ou sans Robin pour la protéger, je lui ferais payer son mensonge… Je savais qu’un tel acte pouvait me faire perdre mon frère de coeur.
Dans mon moment confession je lui balancé mes aventures des dix derniers jours, le regard fixé vers l’extérieur, avec une voix morte, dénudée de la moindre émotions.

« C’était un accident Rozen m’a jeté un haricot magique mûre quand j’étais en train de faire autre chose, il est tombé et nous avons fini dans les terres du Sud dans un désert aride et peuplé de barbares qui nous ont fait prisonnière et qui avaient réussi à faire disparaitre mes pouvoirs grâce à un maudit bracelet. Nous avons mit du temps pour s’échapper. Quand nous étions en fuite Dawn qui était parti chercher l’aide de mes soldats, nous a retrouvé et mes soldats nous ont ramené à Wonderland. Mes mages m’ont soigné et nous sommes revenues avec un haricot magique il y a quelques heures … »

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Moi aussi j’espérais de tout mon cœur que j’avais tord. Mais je connaissais suffisamment bien Rumple pour savoir qu’il avait apprit à Régina à arracher des cœurs du temps où cette dernière était son élève. Je savais qu’en disant ça, j’avais signé l’arrêt de mort de Régina. Si Juliette se mettait vraiment en colère, je ne pourrais malheureusement rien faire pour la retenir.

« Je l’espère aussi… »

Je ne savais pas dans quelle circonstance Régina l’avait fait. Robin ne cessait de clamer à qui voulait l’entendre, que cette dernière avait changé. Est-ce que c’était vrai ? Sans doute que oui, mais j’étais certaine qu’elle devait lui cacher certaines choses, elle ne lui avait peut-être pas tout dit ou peut-être qu’elle ne voudrait pas tout lui dire. Mais Juliette avait le droit de savoir la vérité. Il allait falloir que je mène mon enquête, ça m’aiderait à cesser de penser à Rumple. Je me levais et allais l’enlacer après avoir écouté tout ce qu’elle avait raconté.

« Oh mon Dieu Juliette… Je suis tellement désolée de tout ce que tu as traversé. Je suis quand même contente de savoir que tu n’étais pas seul durant toutes ces épreuves. Tu dois être épuisée… Tu sais où se trouve ton mari en ce moment ? »

Et si on l’emmenait directement à Régina ? On pourrait voir comment cette dernière allait réagir en le voyant ? Quoi que… Ce n’était peut-être pas une bonne idée… Juliette devait avoir envie de la tuer si c’était bien elle qui lui avait arraché le cœur.



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J’étais tendue. J’étais réellement à bout de force. Fatiguée autant psychologiquement que physiquement. J’avais mal dans tous mes muscles. Mal aux zones où j’avais été enchainé. Je sentais encore le souffle putride du prince contre mon cou. Je sentais le sang chaud de ses hommes couler sur mes mains. Sans crier garde Belle se leva et m’enlaça. Ne l’ayant pas vu ni entendu arriver je me tendais, avant de légèrement me détendre. Serrant les dents, je prenais une grande inspiration :

« Non, je suis même pas sûre qu’il se soit aperçu de mon absence de presque dix jours… »

Laissant échapper un soupir, je regardais les voitures passaient dans la rue avant de demander :

« Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire à Louise ? »
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