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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Nous aurions donné une piètre image de nous-même, s'il s'était trouvé quelqu'un pour nous voir en cet instant... Une reine et une marquise, cela aurait sans doute fait jaser dans le monde magique. Mais tout était différent, ici et en cet instant. Et pus, qui aurait été là pour nous observer ? Nous n'étions que deux anonymes de plus, plongées dans un univers diamétralement opposé à ceux qui nous avaient vu grandir. Cette certitude me conféra une force qui faisait défaut à mon amie, exprimant son manques d'espoir et la triste possibilité que Romain nous ait quitté, lui aussi.
_ Je n'y crois pas, lançais-je avec une conviction sans doute étonnante à entendre. C'est une force de la nature, il aura forcément survécu !
Au fond de moi, je savais bien que cela n'avait aucune incidence et que, lorsque notre heure sonnait, on n'y pouvait rien faire. Mais je refusais la résilience, pas ce soir !
_ Il a oublié, comme nous tous, ce qui explique que tu n'aies pas encore eu de ses nouvelles. Mais tu vas le retrouver et toutes ces années de souffrance seront derrière toi. Ca sera doux et bon, même si ça sera demandera sans doute quelques ajustements au début.
Qui essayais-je de convaincre ? Elle ou moi ? N'étais-je pas en train de la torturer avec de faux espoirs ? Non... J'avais au contraire l'impression qu'elle en avait besoin plus que jamais. Pour ne pas sombrer. Pas si près du but. Elle enchaîna ensuite et en vint à me parler de hamac. J'eus un rire sincère. J'avais beaucoup de qualités, mais pas vraiment le goût de l'aventure.
_ Je ne suis pas convaincue, je dois bien l'avouer, répondis-je. Et tant que je pourrais me passer de l'expérimenter, je te croirais sur parole !
Et une botte en touche, une ! Mais quelle élégance... J'en fis moins usage pour la suite, même si j'avais tenté de la conserver au maximum. Juliette avait compris que quelque chose clochait chez l'homme dont le lui parlais, mais ce n'était probablement pas sorcier. Et puis, elle avait toujours eu de l'instinct en plus d'une intelligence développée.
« Cet homme ? C’était qui ? »
_ Celui-là même qui avait dérobé mon coeur la première fois... avouais-je péniblement.
Puis elle me demanda si je l'aimais toujours. J'eus un rire triste, laissant tomber ma façade de femme du monde maîtresse de ses émotions.
_ J'ai l'impression que je ne cesserais jamais de l'aimer... Pendant la malédiction, j'avais l'excuse de l'oubli, mais à présent... Je me souviens de tout. De chacune des larmes qu'il m'a fait verser, chaque élan de rage et de douleur qu'il a provoqué en moi. Pourtant, je tremble à l'idée qu'il ne repasse plus jamais cette porte et mes yeux le cherchent à chaque fois que je sors dans la rue.
Je lui repris ma main, en douceur, mais parce que j'avais du mal à supporter sa compassion alors que tout me semblait être de ma faute.
_ Je ne suis pas digne de ta pitié, murmurais-je. Et je le mérite sans doute, d'une façon ou d'une autre.
Oh oui, j'étais bien bas... Mais je refusais que ce soit une excuse.
_ Mais cela importe peu ! Nous devons trouver Romain. Ca te fera le plus grand bien et à moi aussi ! Mais tu devras te passer du hamac, à deux dedans, vous risquez bien trop de tomber en vous adonnant à des acrobaties !
J'avais retrouvé le sourire, faux naturellement, mais tout de même. Il masquait mes larmes qui menaçaient de s'échapper. Il niait ma solitude autant que mon désespoir.
Le passé est une chose doublement terrible. Tout d'abord parce qu'il est révolu et qu'on ne peut plus rien y faire. Mais surtout parce que son ombre pèse sur le présent tout comme le futur. On n'y peut rien. Je sais que nombre de personnes parlent de résilience, mais je n'y croyais plus vraiment à présent. J'avais fait le deuil de mon mariage après le départ de mon époux. Sa fuite, son abandon, pour être plus précise. Puis la vie me l'avait ramenée et j'avais choisi de le laisser revenir à nouveau à mes côtés. Malgré mes résolutions, il avait repris une place dans mon coeur, et j'avais été à nouveau heureuse, au moins un peu. Et le destin s'était encore joué de nous pour nous séparer de l'oubli, cruel passé qui avait le don de se répéter. J'étais tombée amoureuse de lui, pour la troisième fois. A présent, les souvenirs entachaient ce qui avait été une douce évidence. Etais-je destinée à ce jeu morbide ? N'aurais-je jamais que cela comme amour ? J'en étais là dans mes pensées quand j'en revins à l'instant présent. Je n'avais pas à me plaindre, surtout en comparaisons avec ma pauvre amie. Elle avait subi tellement pire et, pourtant, elle avait trouvé la force de continuer, malgré tout. Si ça n'était pas de l'amour.
_ Tout ira bien, répétais-je, pour elle autant que pour moi. Un amour comme le vôtre, ça survit à tout !
C'était idiot, j'en avais bien conscience. Son amour, il lui serait bien utile si son mari n'était pas ici... Mais j'avais besoin d'y croire, pour la voir continuer à avancer.
_ Il ne faut surtout pas renoncer, poursuivis-je. Pas si près du but.
Naturellement, je prêchais pour sa paroisse. J'étais en mode "fait ce que je dis, pas ce que je fais" mais, quand elle souhaita que Jack me revienne pour de bon, je ne pus retenir un élan d'émotion. Le voulais-je seulement ? Oui, de tout mon être ! Et, en même temps, cette idée me réveillait la nuit, paniquée de sa présence autant que de son absence.
_ Ne nous attardons pas là dessus, répondis-je. C'est sans importance pour l'instant.
La lâcheté, ce n'était pas trop mon style en général, mais tout le monde a ses faiblesses. Elle s'insurgea contre, d'ailleurs et je lui serrais fort la main, émue qu'elle se souvienne de ce qui, pendant si longtemps, m'avait été volée. Oui, j'avais été une autre personne. Une femme autrement plus forte et importante que celle que j'étais devenue. Pourtant, je ne pouvais pas prétendre ne pas m'être confortée dans cette existence. Pas mentir en disant que son confort m'avait convenu, lui aussi...
_ Ma loyauté te sera toujours acquise, répondis-je seulement, parce que c'était vrai.
La conversation dévia sur un sujet plus léger. Je souris.
_ Je ne m'inquiète pas de ton inventivité ni de la sienne, lançais-je seulement, pour garder quelques instants encore cette légèreté.
L'important était qu'elle soit heureuse : dans un château, dans un taudis ou dans un hamac. Puis elle m'assura que nous retrouverions Jack, j'eus un rire amer.
_ Inutile de chercher bien loin, il tient une bijouterie dans cette rue... murmurais-je, les yeux baissés.
J'aurais sans doute dû en dire plus, mais j'avais la gorge trop serrée. Je choisis à nouveau la fuite, verbale.
_ Je tiens un salon de beauté. J'aide les gens à se sentir mieux en les massant, en leur faisant des soins et en les conseillant. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, dès que tu auras retrouvé Romain, après que vous ayez eu votre compte d'acrobaties naturellement, tu es obligée de venir passer deux heures entre mes mains. Je t'assure que ça te fera le plus grand bien. Et si Romain veut tester, il sera le bienvenu également. De plus en plus d'hommes soignent leur apparence ici.
Et, parmi eux, Jack. C'était ainsi que je l'avais retrouvée, sans le savoir encore.
Mon sourire était aussi faux que vrai. Faux quand je parlais de moi, vrai quand je lui souhaitais le meilleur.
_ Naturellement, vous êtes faits l'un pour l'autre, répondis-je d'un ton aussi évident que cela me semblait être.
Sans doute à cause de notre longue séparation, nous avions ressenti le besoin d'exprimer ce qui était de facto déjà le cas. Quand elle me retourna sa loyauté, ma main serra la sienne, avec toute la ferveur que je ressentais.
_ Je n'en doute pas, murmurais-je, émue.
Puis, parce que c'est était trop, le sujet dériva vers une optique plus légère. Je ris même lorsqu'elle se montra possessive comme je l'avais vue être, par instants.
_ Je n'ai parlé que de massages, taquinais-je doucement. Si tu préfères, je me contenterais de soins du visage et je ne lui parlerais certainement pas d'épilation, même s'il est très agréable de poser ses mains sur des fesses douces...
Naturellement, je la faisais délibérément tourner en bourrique. Si mon métier me faisait approcher, parfois, des corps d'hommes dénudés, je ne les regardais pas. J'étais dans une optique purement professionnelle. Mais je savais que c'était compliqué pour nombre de femmes de savoir qu'une autre posait ses mains sur leur compagnon. Et, dans le cas présent, je pouvais parfaitement comprendre la tension de Juliette. Elle avait été séparée si longtemps de Romain qu'il lui faudrait du temps pour reprendre confiance en eux. Mais je voulais croire que tout se passerait au mieux. Ils le méritaient.
_ Je serais heureuse de t'aider à reprendre confiance et à lâcher prise. Nous en avons tous besoin...
C'était un message subliminal. Je savais qu'elle n'avait pas été élevée pour laisser entrevoir ses fêlures. La vie, ensuite, s'était chargée de lui interdire de le faire, pour des questions de survie, littéralement. A présent, il lui restait encore des défis. Mais je voulais qu'elle sache qu'avec moi elle pouvait baisser la garde, sans la moindre honte. D'aussi fort qu'on soit, il le faut de temps à autre. A présent, c'était mon tour...
_ Juliette, il y a tant que tu ne sais pas et je ne sais pas par où commencer...
Si, naturellement. Par le début. Je nous resservis et bus lentement pour me donner un peu de courage.
_ Jack m'a quittée, murmurais-je, parce que c'était encore douloureux. Du jour au lendemain, il est parti sans explications. Son maudit chat a couvert ses arrières un moment, entretenant l'espoir de son retour jusqu'à ce que je n'ai d'autre choix que de me rendre à l'évidence : il n'allait pas revenir.
Je vidais mon verre d'un trait, lançais un regard hésitant vers la bouteille. J'avais l'impression de tomber bien bas, ce qui n'était sans doute pas si éloigné de la vérité.
_ J'ai repris les choses en main, appris à tout gérer par moi-même et le domaine a retrouvé son rang et sa prestance. Je t'avoue en avoir tiré une grande fierté.
Happée par les souvenirs, je poursuivis, poussée par un besoin soudain de tout dérouler de ce douloureux passé.
_ Puis, j'ai été informée qu'il avait été arrêté. Il s'était lancé dans la piraterie et était condamné à la pendaison. Je suis partie sans hésiter et j'ai soudoyé le directeur de la prison pour qu'un autre soit pendu à sa place. Nous sommes rentrés et, ce qui devait arriver arriva : je suis tombée à nouveau sous son charme...
Plus d'hésitation cette fois : je repris un verre, mais il resta à tournoyer dans ma main, comme pour m'occuper l'esprit davantage que pour l'endormir, pour l'instant.
_ Nous nous sommes retrouvés ici. J'ai tout oublié, lui aussi, et après un moment je l'ai rencontré. Comme la toute première fois, il a balayé mon univers et je n'étais plus capable que de penser à lui. Tout allait bien et je crois que je n'avais jamais été aussi heureuse. Parce que j'avais mon salon, je n'étais pas qu'une jeune fille qui avait besoin de lui. Dans ce monde, les femmes sont les égales des hommes et tout est différent. Je pense aussi que je suis plus mature à présent, moins dépendante et engoncée dans l'éducation pincée due au rang qui était le mien.
Une gorgée amer m'arracha une grimace, tout comme la conclusion à laquelle je parvenais enfin.
_ Et la malédiction a été levée et tous nos souvenirs sont revenus. Depuis, j'ai soigneusement évité de revoir Jack, et lui aussi d'ailleurs. Voilà où j'en suis, plus perdue que jamais...
Une larme roula sur ma joue, prélude d'une série qui menaçait de s'échapper.
J'avais terminé mon laïus. En un sens, cela me faisait du bien de l'avoir formulé de A à Z, comme un triste bilan de tout ce qui s'était passé. Juliette, ma si précieuse amie, dit qu'elle aurait voulu que les choses soient différentes. J'eus un sourire triste et amer.
_ Moi aussi. Mais ce qui est fait est fait. Et je ne crois pas que j'aurais pu changer quoi que ce soit de toute façon. Je ne peux pas m'empêcher de tomber amoureuse de lui, peu importe les circonstances.
Oui, je l'avais aimé, trois fois, dans deux mondes différents. Si ce n'était pas un signe que je ne pouvais lui échapper... D'ailleurs, quand Juliette me demanda si la fuite était une bonne solution, j'eus un profond soupir, consciente qu'elle avait raison, naturellement.
_ C'est la seule que j'ai trouvé pour l'instant, murmurais-je. Mais je sais bien que c'est inutile, je le sais...
Elle poursuivit en arguant que, si Jack était un lâche, je ne l'étais pas, moi. Elle avait raison, naturellement. Je ne pus que le reconnaître.
_ Oh Juliette, j'en suis moins sûre que toi ! Dès qu'il s'agit de lui, je perds tous mes moyens et toute volonté.
Etait-ce de l'amour ou de la folie ? Cela faisait-il la moindre différence.
_ Je sais que tu ne l'apprécies pas, mais il n'est pas foncièrement mauvais. Malgré tout ce qu'il a fait, je ne peux pas lui attribuer tous les maux de la Terre. Je suis convaincue qu'il fait de son mieux, la plupart du temps. Et qu'il ne souhaite pas véritablement tout le mal qu'il me fait.
Oui, je devais bien être folle à le défendre tout de même. Mais je pensais chacun des mots que j'avais prononcé. Je demeurais convaincue qu'il ne me blessait pas délibérément. Juliette me posa une autre question et je souris.
_ Je ne crains pas de défaillir face à lui, expliquais-je. Juste de tomber dans ses bras... Ce qui arrivera tôt ou tard de toute façon.