conversation au clair de lune

astrid & harold ✻  and when everything is going down, i know i can relay to you, no matter what.

Les derniers temps avaient été durs. Les chasseurs de dragons prenaient du terrain et nous n’avions aucune idée contre qui nous nous battions, ni contre quoi on avait affaire et toute cette histoire m’inquiétait. J’avoue que je n’avais pas fait attention à cela lors de mon retour et que je ne réalisais que maintenant que ce qui nous avait attaqué Krokmou et moi lors de notre retour sur Beurk, c’était en fait des chasseurs de dragons. Et ils savaient ce qu’on faisait pour sauver ces créatures de leurs griffes. Je me rappelais aussi de ma rencontre avec Maléfique quand j’avais découvert Krokmou. J’avais peur. Oui, il y avait bien un tas de choses qui me passaient par la tête, de ces temps-là. Je ne savais pas comment gérer tout ce stress et même voler était rendu trop dangereux pour tout le monde, même pour mon père qui avait maintenant Crâne-crusher pour protéger Beurk. Ce n’était plus suffisant. On devait tous s’attendre au pire et c’était assez inquiétant pour l’avenir des dragons et du reste de nos vies. Nous étions peut-être la cause même du pourquoi ils étaient là aujourd’hui et pas un autre jour. Je ne voulais pas qu’on reste là sans rien faire.

Mais je ne savais pas comment m’y prendre. Et plus cette histoire me trottait dans l’esprit, plus je me disais qu’il fallait qu’on aille voir d’autres horizons pour essayer de voir si quelqu’un était au courant de quelque chose. Je ne savais pas quoi faire et même en ayant cette idée en tête, je savais aussi que mon père ne me laisserait pas partir aussi facilement. Après tout ce qui était arrivé avec la malédiction, me laisser explorer d’autres horizons n’était peut-être pas une option, malgré le fait que Beurk se remettait des deux malédictions qu’on avait subi à travers la Forêt enchantée. Et je me retrouvais à nouveau sur une île, en compagnie de Krokmou, en train de penser à tout ça. « Quoi faire dans ce genre de situation? Je sais qu’on ne nous laissera jamais partir, mais je peux pas rester là sans rien faire alors que ces chasseurs font la loi ailleurs. » C’était surtout pour les autres dragons que j’avais peur. Et pour Krokmou, comme il était le seul furie-nocturne qu’on n’ait jamais rencontré, ils étaient peut-être à sa recherche à lui. Je me remémorais cette rencontre avec Maléfique et j’avais peur. « Je veux pas rester ici les bras croisés, alors qu’on sait pas à qui on a à faire, mais... c’est tellement compliqué. » Je n’avais pas osé parler de cette histoire à personne. Je gardais tout à l’intérieur sans me douter que j’avais de la compagnie.

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Nous étions loin d’être invincibles, avec ou sans magie. Les choses n’allaient pas en s’améliorant, telles que nous les avions prévues. Bien au contraire, il y avait trop de choses qui nous tournaient autour et je voulais faire quelque chose. Mais je ne savais pas par où commencer exactement. Ce n’était pas facile de penser à tout le monde, ni même de penser simplement à moi. Beurk avait toujours été ma maison, mais je savais aussi que je me devais d’essayer de voir ailleurs, de découvrir d’autres dragons. Et avec ces nouveaux ennemis qui étaient à nos portes, je me disais simplement que le simple fait de m’en aller ailleurs me procurerait plus de tranquillité. Le problème dans toute cette histoire, c’était mon père et le reste de Beurk qui comptait sur nous pour diverses tâches par-ci et par-là. Depuis toutes ces malédictions, même si Beurk avait continué de rester debout, j’avais des doutes sur la suite des choses. On était un petit village qui ne faisait pas attention aux alentours, on avait des alliés et des alliances. Ce n’était pas toujours facile, mais on pouvait toujours faire avec. Et puis, je pensais aussi à Astrid. Dans toute cette histoire, on n’avait plus le temps de se parler et je n’avais jamais osé lui parler de ce projet que j’avais en tête depuis quelque temps. Je ne trouvais jamais le temps de pouvoir lui en parler ou lui en glisser quelques mots.

Du moins, c’est ce que j’avais cru jusqu’à cette nuit-là. Lorsqu’Astrid parla, c’est à ce moment que j’ai réalisé que j’étais peut-être encore trop idéaliste et que toutes mes idées ne tenaient pas debout. Je savais que je ne pouvais pas la laisser en plant ici et encore moins quitter seul, si elle était au courant de mes plans. Ce n’étaient que des idées en l’air que je lançais, mais je voyais l’état d’urgence avec Anne qui avait ramené ces œufs sur nos rives et la population des chasseurs qui grandissait de plus en plus. « Je... je n’ai encore rien décidé, comme tu peux le voir, je suis encore ici, pas vrai? » Je ne pouvais sincèrement la berner sur le sujet parce que je savais qu’elle était capable de lire limite dans mes pensées et que je ne serai pas complètement sorti de cette histoire. Et puis, c’est vrai que je ne pouvais pas aller bien loin sans elle, c’était une évidence même. Malgré toute ma bonne volonté, je restais moi. J’attendis qu’elle me rejoigne, avant de pouvoir ajouter : « Mais j’y pense, Astrid. Les chasseurs... on ne sait pas qui ils sont, ce qu’ils veulent et encore moins ce qui les attire. On a failli se faire attaquer quand on est revenu, tu te souviens? » Et dans le temps, on ne savait même pas qu’ils existaient, ces chasseurs, mais ils nous avaient vus venir. « Avec les œufs qu’Anne a emmenés cette semaine, je me demande de quoi ils sont capables... » Pourtant, je ne voulais simplement pas y penser.

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Astrid était celle en qui j’avais le plus confiance. Bien sûr, nous étions partis sur des bases un peu particulières au tout début de notre amitié, mais elle était devenue ma meilleure amie, ma confidente, avec qui j’avais vécu beaucoup de choses. Je savais que je pouvais tout lui dire, mais je n’avais pas été capable, jusqu’à ce soir-là, lui avouer tout ce que je ressentais face à cette situation avec les chasseurs qui semblaient prendre de plus en plus de terrain. Je savais que nous étions loin d’être invincibles et qu’il nous faudrait en apprendre plus sur eux avant de faire quoi que ce soit. Mais rester sur Beurk me tuait l’esprit plus que d’autre chose et mon père avait d’autres préoccupations diplomatiques plus importantes. Donc, il fallait que je prenne cette cause sur mes épaules. Les dragons avaient toujours été ma priorité. Évidemment, je n’avais pas pu en parler avec ma meilleure amie et celle qui me suivait toujours dans mes aventures parce que je n’en n’avais pas eu l’occasion. Trop de choses me passaient par l’esprit et au final, j’avais bien oublié de lui en parler en personne. J’aurais évidemment préféré le faire dans d’autres circonstances, mais le destin en avait voulu autrement, il fallait croire.

Et pourtant, Astrid avait encore raison. Je ne pouvais pas décider de partir comme ça, sans avoir d’informations de plus et je ne savais pas comment me sentir. Je savais qu’elle avait raison et que c’était du suicide de se lancer dans une telle mission. Mais j’avais espoir qu’on puisse faire quelque chose en dehors et que si c’était nous qu’ils voulaient, que l’on pouvait ainsi se faire une tête en dehors de l’île. Je soupirai, tout en regardant Astrid. « Je sais que tu as raison. Et je sais que tu aimerais que je change d’avis, mais je n’ai pas l’impression que c’est en restant ici sans rien faire que l’on va trouver la solution. » lui dis-je, tout en regardant l’horizon. J’essayais de peser les pour et les contre, mais j’avoue qu’en étant seul, je ne pouvais pas aller plus loin que mes visions à moi. J’étais incapable de penser à autre chose et je ne savais pas comment me sentir ou me positionner pour protéger Beurk et le reste de nos dragons. « J’en sais plus rien, Astrid... ça me semble tellement compliqué. J’aimerais tellement faire plus et j’en suis bien incapable, malgré tous mes efforts. » Je marquai mes propos d’une pause. « Je ne savais pas comment t’en parler. » lui avouai-je, avec regrets.