Carrie Zahne &
Jack Frost

Fin Mars 2013;


Il n’en pouvait plus de tous ces mots qui s’envolaient entre eux. Trop de paroles, aucune action, ça le frustrait. L’esprit solitaire sentait la colère parcourir ses veines alors qu’il tentait autant que possible de se canaliser. Rien à faire, on aurait cru que la femme cherchait à le sortir de ses gonds, comme si ce geste lui aurait fait réaliser ses fautes. Le contraire était pourtant entrain de se produire alors que l’adolescent poussait finalement la femme au sol dans son élan, la repoussant le plus loin possible de sa personne avant qu’il ne pose un véritable geste regrettable. S’il s’était écouté elle serait morte à l’heure qu’il est. Il prit une grande respiration, sentant l’adrénaline s’en prendre à lui avec violence alors qu’il laissait son côté chaotique prendre le contrôle. Il repoussait la femme avec sa langue de vipère dans l’intention de l’éloigner. Si elle avait été proche une seconde supplémentaire c’est elle qui aurait subit le coup qui allait bientôt suivre. Tremblant, Jack la dévisageait au sol, comprenant maintenant ce qu’elle venait d’éveiller. C’est à ce moment que l’esprit frappait le mur de brique dans un mouvement d’impulsivité. Il préférait de loin passer sa colère sur un objet que sur un être vivant, mais il n’avait en rien calculer les risques qu’il encourait avec son action. Son visage se déformait sous la douleur, lors d’un moment on pouvait voir toutes les tortures qu’il avait subit depuis des mois prendre naissance sur son visage. Il avait mal, il était vulnérable, le sang qui coulait de sa jointure n’était là qu’un rappel de cette douleur qui s’éprenait de lui. Un choc électrique lui traversait le corps, un rappel que tous ses nerfs étaient à vif alors que les os de sa main s’étaient brisés sous le contact de la pierre. Il écoutait la femme continuer sa plainte, continuer ses mots, mais tout cela n’était à son oreille qu’un chuchotement lointain. Elle tentait de le faire culpabiliser, de lui rappeler qui il était, mais tout cela n’était qu’un échec lamentable. Ce n’était pas de la faute de la fée, elle ne savait pas à quel point Jack avait pu avoir mal en l’absence des gardiens. Elle ne savait pas pour ses cauchemars, pour l’eau qui avait rempli ses poumons, pour ce sentiment qui l’enlaçait par la gorge chaque fois qu’il se sentait un peu plus près de la mort. Elle ne savait absolument rien de lui et c’était pour cette raison qu’elle n’arriverait pas à le raisonner avec de simple mot. Les mots n’étaient plus qu’une illusion, qu’une douce promesse que l’on faisait à un prisonnier au bord de la potence, rien qui ne le sauverait de la corde qu’il avait autour du cou.

« Tu crois que j’étais ici? À Storybrooke?» disait-il d’abord dans un murmure presque lointain. Sa voix tremblait sous cette instant colérique, sa respiration était saccadée par des soubresaut. Il sentait le cœur dans sa poitrine se débattre à milles à l’heure, pompant la colère dans chaque minuscule battement, comme s’il voulait sortir de son emplacement. C’était à en croire qu’il ne voulait même plus son cœur, la douleur qu’il ressentait partirait avec celui-ci, il ne souffrirait plus jamais des sentiments qu’il ne désirait pas. « J’étais là-bas…J’étais seul. » Sa voix n’était plus qu’un faible murmure se perdant dans le vent. Qu’une illusion de paroles ayant été dites, tel un fantôme qui n’aurait été qu’un passager clandestin, sans jamais qu’il n’est de suite. On aurait pu croire à un soupire tellement cette voix avait été basse, brisée, remplie d’une peine inavouée. « Je-je suis tellement… » il voulu prononcer les mots désolés quand pendant une seconde la peine vint l’embrasser, mais celle-ci mourut avant de l’atteindre alors que la froideur refaisait surface.

Elle avait peur de lui, n’est-ce pas? Il voyait dans son regard une étincelle de frayeur, ce regard qu’on lui avait lancé un millier de fois déjà, mais jamais il n’était venu naitre dans les yeux de la fée. L’adolescent se demandait avec qui elle devait le comparaître, il aurait pu jurer avoir vue ce regard dans ses yeux envers leur ennemi commun un jour, mais aujourd’hui il lui était destiné. Elle le prenait donc pour l’ennemi? L’esprit solitaire relevait sa tête avec fierté, l’hiver n’avait absolument plus rien à lui envier, il n’avait jamais été aussi froid de son existence. Son regard la suivait alors qu’elle se relevait sur ses pieds, lui faisant face il ne la quittait pas une seule seconde des yeux, suivant le moindre geste qu’elle viendrait poser.

« Je n’ai jamais été des vôtres, non? » dit-il sans laisser percevoir une seule émotion. « Si l’homme de la lune vous indiquait de me détruire comme il l’a fait pour Pitch…oserais-tu lui désobéir? » l’adolescent la fixait de ses yeux assombrit, laissant tomber sa main molle contre son corps alors que le sang coulait doucement des fissures dans sa peau. Il se foutait de la douleur physique. La seule douleur qui comptait était la confiance qu’il venait de briser, cette confiance aveugle envers les gardiens, disparu aussi vite qu’elle était née.

Je n’arrive pas à croire qu’il ait pu porter la main sur moi. Il m’a poussé à terre au point de me faire mal. Et je suis persuadée que c’est ce qu’il voulait faire. Il avait envie que j’ai mal. Mais je n’arrive pas du tout à comprendre pourquoi. Comment est-il possible qu’il ait autant changé ? Il s’est même blessé physiquement… Qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans sa tête ? Son cerveau est gelé ou quoi ? J’aimerais me précipiter sur lui pour venir voir sa main, être sûre qu’il n’a rien de casser mais j’ai peur. Peur de lui oui. Et je déteste cela. Je n’avais jamais eu peur de lui auparavant. J’avais peur pour lui mais pas de lui dans le temps.

Il m’annonce que durant tout le temps où je l’ai cherché il n’était pas dans la ville. Je comprends mieux pourquoi je ne l’ai jamais trouvé. Mais où était-il ? Et pourquoi était-il seul ? Je n’arrive pas à comprendre. Qu’a-t-il traversé ? il a dû vivre quelque chose de traumatisant pour qu’il soit devenu la personne que j’ai en face de moi, mais cela ne justifie pas le fait qu’il s’en prenne à moi. Je n’y suis pour rien dans toute cette histoire. Jamais je n’aurais pu vouloir qu’il se retrouve seul. Au contraire ! J’aurais préféré qu’on soit seul ensemble… Il a dû oublier qu’avant la malédiction je lui ai avoué mes sentiments pour lui. Enfin bon ce n’est pas le moment de penser à ça. Surtout que j’ai bien d’autres choses à penser… Sa façon de parler me donne envie d’aller le consoler, de le serrer fort contre moi et de soigner sa main endolorie mais je n’arrive pourtant pas à bouger…

-Comment pouvais-je savoir ? Je suis désolée de ce qui a dû t’arriver.

Je parle d’une petite voix, j’ai peur de ne pas dire les mots qu’il faut, j’ai peur de faire un geste qu’il interprètera de la mauvaise façon. Comme si j’étais en face d’un animal sauvage, ou en face de notre ancien ennemi… Ennemi incompris et qui refusait de voir la vérité en face. Il continue de parler et annonce qu’il n’a jamais été l’un des nôtres. Bien sûr que si ! L’homme de la lune l’a choisi et même si nous avons eu un peu de mal à l’accepter parmi nous il a fini par trouver sa place. Sans lui nous n’aurions jamais pu gagner le combat contre Pitch. Il fait et fera à jamais parti des Légendes. C’est alors qu’il me pose une question piège. Si l’homme de la lune me demandait de le détruire est-ce que je le ferais… Je ne sais pas… Cela dépend… S’il est une menace pour les enfants nous n’aurons pas le choix… Mais il n’est pas comme cela, du moins il ne l’était pas auparavant ; aujourd’hui je ne sais plus. S’il est le Jack Frost que j’ai connu dans le passé alors oui probablement que je désobéirais mais s’il est celui que j’ai en face de moi… Je ne sais pas. Je pousse un soupir et baisse très légèrement la tête.

-Je ne sais pas. Il y a quelques minutes j’aurais dit oui, je désobéirais pour te sauver, pour sauver mon Jack. Mais… Je ne sais pas. Je ne sais plus. Tu as tellement changé…

Je sens les larmes me monter aux yeux. Je suis entrain de perdre le seul ami qui comptait réellement pour moi alors que je viens juste de le retrouver. La vie est tellement injuste et nous devons tout cela à Regina. C’est de sa faute s’il n’est plus lui-même. Mais je ne sais même pas comment cela a pu se produire. Je ne peux rien faire pour l’aider et je dois dire que j’ai peur de l’aider. La preuve, sa main saigne et je ne peux pas le soigner… J’ai si peur de faire un pas vers lui pourtant je le fais ce pas. Mon regard ne quitte plus sa main ensanglantée. Sans doute parce que j’ai bien trop peur de voir ce que je pourrais lire dans son regard.

Carrie Zahne &
Jack Frost

Fin Mars 2013;


Jack laissait un souffle d’exaspération se faire entendre dès qu’elle ouvrait la bouche pour répondre. À proprement parler Tooth avait parfaitement raison, elle n’avait eu aucun moyen de savoir ce qu’il était advenu de Jack et encore moins ce qu’il avait dû subir dans l’absence des autres gardiens. Tel que tous le connaissaient il se débrouillait très bien dans la solitude et pouvait même en sortir grandit une fois l’épreuve passée. Personne ne savait réellement ce qui se passait dans sa tête omis, bien sûr, lui-même. La fée avait donc un bon point, mais malgré ses excuses, malgré la douceur de sa voix elle faisait apparaitre une grimace de désapprobation sur le visage de l’esprit solitaire. Il n’arrivait simplement pas à calmer la colère qui s’éprenait de lui, le tiraillant de par ses entrailles même, provoquant une nausée qui s’arrêtait à sa gorge. Si la fée avait les yeux humides de par la tristesse qui l’enlaçait, l’adolescent lui avait envie de vomir tout ce qui l’agaçait depuis des mois. Jour après jour il avait cherché les autres, cherchant le moindre espoir de leurs présences, priant la lune de l’aider à croiser leurs chemins. Il s’était retrouvé agenouillé, vaincue, suppliant l’univers de lui donner une seule chance afin qu’il puisse prouver qu’il avait la force nécessaire pour trouver et rapporter les gardiens à leurs fonctions originelles. Pourtant quand tous les signes pointaient dans la direction de la jeune femme il tournait le dos bêtement. Le temps autour de lui semblait vachement ralentir alors que ses tempes cognaient du tambour contre son crâne. Son corps tremblait encore du coup qu’il avait laissé tomber sur le mur à ses côtés et elle pouvait se compter chanceuse qu’il ait retenu le pire contre un objet inanimé. S’il avait eu le plein contrôle de ses pouvoirs, si sa magie était à son paroxysme, alors il aurait assurément plongé cette ville entière dans un chaos sans nom. Les rumeurs allaient de bon train dans la ville comme quoi un coup d’état se préparait, mais qui aurait pu se préparer contre l’improbable? Tous auraient été pris au dépourvue dans la rage de l’esprit, mais les frissons parcourant l’arrière de son crâne en faisant naitre une horrible migraine lui rappelait son impuissance en ces lieux. Heureusement, puisque sans cela il se serait déchaîné dans sa colère. Pour remplacer ses pouvoirs il usait de la prochaine meilleure option, il bloquait entièrement ses sentiments, enfouie dans la parcelle la plus sombre de sa poitrine. Il se retournait vers elle de glace, de cruauté, sans le moindre signe d’une pitié apparente. Il n’était fait que de rage, de haine, d’impulsivité à l’instant même. Il redorait sa toison véritable, les couleurs lui ayant été donné le jour de la création, le chaos ainsi que la malice l’habillant avec une grâce impeccable. Voilà ce qu’il était n’est-ce pas? Voilà ce que l’homme de la lune avait créé près de quatre siècles plutôt, un esprit apte à combattre sa création favorite, le seul qui puisse réellement faire le poids contre la peur elle-même. Est-ce que l’homme de la lune s’était penché sur son idée en se posant la seule question qui prouvait tout le danger qu’il mettait au monde? Qu’arriverait-il le jour où la peur et le chaos deviendraient alliés? Jack Frost avait crainte que le monde aurait très bientôt la réponse à cette question et que celle-ci allait en déplaire une tonne.

« Tu ne pouvais pas, tu étais prisonnière de la malédiction… » soufflait-il entre ces dents avant de rencontrer le regard fuyant de la fée. « Mais maintenant il est temps de rentrer. Ceci est la volonté de l’homme de la lune. » il parlait machinalement, sans ne laisser paraitre aucune émotion envers celle-ci. Il ne voyait pas l’intérêt de déblatérer plus longuement sur cette situation désagréable pour tout admettre.

Pourtant son esprit vagabond s’aventurait là où il n’aurait pas dû aller. La curiosité était un vilain défaut à celui qui ne voulait pas réellement de réponse honnête. Il ne pouvait simplement pas s’en empêcher, l’adolescent voulait savoir ce qu’il en était, il voulait absolument comprendre ce qu’il adviendrait de lui une fois de retour au monde des contes. Allait-il être hais pour s’être écarté de la lumière lunaire? La réponse de la blonde, bien qu’aussi vague soit-elle, venait tout de même confirmer les pensées les plus sombres de l’esprit de l’hiver. Le vent se mis à souffler dans leurs directions, dos à elle, alors qu’elle s’approchait dangereusement vers lui. Son regard était fuyant alors que Jack voyait les frissons monter doucement sur les bras de la femme. Elle semblait terrifiée de lui, de ce qu’il représentait désormais et l’adolescent ne pouvait absolument pas dire qu’elle était dans le tort. Elle fixait cette main ensanglantée, ce sang qui dégoutait au sol avec une lenteur admirable dû à la froideur du corps du jeune homme, les jointures décidément éclatées par son geste précédent. Il expirait l’air de ses poumons avant d’étirer une nouvelle grimace de douleur la seconde où celle-ci était trop près physiquement. Malgré la distance raisonnable Frost ressentait la chaleur de la peau de la fée sur la sienne, le contact était fort désagréable, réveillant immédiatement la main endolorie de son sommeil de glace. Pourtant il ne bougeait absolument pas, immobile devant elle comme l’aurait été un mur, à en croire qu’il testait jusqu’où elle oserait se rendre. Il tentait de reprendre le contrôle de son visage, redevenant de glace, mais un rictus de douleur ne quittait simplement pas ses lèvres. Il hésitait s’il devait même répondre à ses mots, s’il devait même ajouter quoi que ce soit à cette conversation qui le détruisait de mots en mots. La confiance qu’il avait un jour eu envers les gardiens se mourrait rapidement, ne laissant derrière son passage qu’un goût amer dans sa bouche, il n’arrivait simplement plus à être partial. Pourtant dans ce silence de mort il retrouvait presque son calme, à en croire que lorsque l’on tuait sa propre voix sa conscience prenait aussi fin. Le problème venait de lui, croyez-moi il était amplement au courant de ce fait, mais il n’arrivait simplement pas à taire sa colère. Elle possédait une voix plus forte que la sienne, plus imposante et elle prenait la place qui lui était dû en son être. Sa voix si douce, si calme se mourrait sous les cries de rage, l’esprit n’avait jamais eu la chance de gagner ce combat longuement perdu. Il y avait en ces lieux des nouvelles émotions auxquelles Jack n’avait jamais fait face, des sentiments d’injustices dont il n’avait jamais connu l’existence avant de se rendre dans cette ville. C’était à en croire que la ville lui redonnait vie et en détruisant son lien avec l’homme de la lune sa magie le rendait humain. Qu’est-ce qui était plus humain en ce monde que le côté sombre de notre personne? Depuis des siècles Jack n’avait jamais pu être en colère ou s’apitoyer sur son sort très longtemps. Il avait toujours trouvé quelque chose pour s’occuper, une personne à protégé ou encore des activités pour s’amuser. L’homme de la lune l’avait influencé à oublier sa colère, à oublier d’être humain afin de ne devenir qu’un esprit qu’il avait forgé dans son idéal de la perfection. Que se passait-il quand la façade qu’il avait construit s’effondrait en ne laissant derrière son passage qu’un gamin complètement détruit par une vie d’ignorance?  Ce qui se passait était juste devant vos yeux, l’exemple même d’un millier d’émotions se fracassant durement contre le récif coupant qu’était Jack Frost. Puisqu’il avait oublié comment gérer une vie, avec tout ce qu’elle comprenait, il était pris au dépourvu sans personne pour le guider.

« Je n’ai pas changé Toothiana. » Sa voix depuis longtemps oubliée cassait alors le silence dans une plainte douloureuse. L’intonation qui s’était voulu fière était brisée, entre coupé par une peine évidente, ce même s’il tentait d’être aussi froid que possible. « Je suis l’esprit du chaos qu’il a créé, je l’ai toujours été, tu n’as simplement jamais eu la chance de me rencontrer réellement. »

Où est passé le Jack Frost que je connais ? Celui pétillant de joie et toujours prêt à faire une bonne farce ? Est-ce la malédiction qui lui a retourné le cerveau ou est-ce qu'il s'est passé quelque chose d'horrible pour lui lorsqu'il s'est retrouvé seul je ne sais où ? Si seulement il voulait bien me parler et m'expliquer les choses peut être que je pourrais l'aider. Nous savons désormais que nous sommes bel et bien Thootiana et Jack Frost mais il ne me fait pas confiance et je ne lui fais pas confiance non plus car il me fait peur. Comment avons-nous pu en arriver là ? Si seulement l'homme de la lune pouvait me parler et me raconter les choses... Pourquoi n'aide-t-il pas mon ami, pourquoi ne pas nous envoyer un véritable signe ? Je me sens tellement impuissante face à cette situation. J'étais pourtant si contente d'avoir enfin retrouvé cet homme que je cherchais désespérément depuis trois mois. J'avais hâte qu'on reparte en mission lui et moi pour retrouver les autres et pour procurer de la joie aux enfants. Mais c'est un homme sombre et gelé qui me fait face. Et il est vrai que j'ai peur de devoir me battre contre lui si jamais on m'en donnait l'ordre. Il me fait tellement penser à Pitch en ce moment... Je ne sais pas si je serais capable de m'occuper de lui... Sa question m'a mis le doute et me fait beaucoup réfléchir.

C'est alors qu'il me sort de mes pensée lorsqu'il m'annonce qu'on doit rentrer. Mais comment faire ? Si j'avais pu retourner chez nous je l'aurais fait depuis longtemps déjà même si je sais que beaucoup d'enfants ont besoin de moi ici, ainsi que des adultes pour retrouver la mémoire. Je sais bien que ma magie est faible et que je n'ai plus mes petites fées mais on a encore besoin de moi ici... Je ne peux pas partir et surtout je ne veux pas partir avec Jack, pas quand je ne le reconnais plus. Je n'ai plus confiance et oui j'ai peur que ce soit un piège. Une partie de moi me dit que ce n'est pas le cas mais... Je me pose bien trop de questions à son sujet pour lui faire confiance aveuglément et pour le suivre je ne sais où.

Il m'explique par la suite qu'il n'a pas changé, qu'il est toujours le même. C'est vrai dans un sens, il a toujours été l'esprit du chaos mais il n'était pas que ça. Il était bien plus. Il a été un héros, une légende, pour tout le monde. Il n'avait pas qu'un seul côté, comme tout à chacun. Nous avons tous en nous un côté négatif mais nous avons également un bon côté, et il l'avait aussi. Pour l'instant il ne l'a plus mais il n'est peut être pas si loin que cela... Pour avoir passé énormément de temps avec lui, et avoir vu certains de ses souvenirs je sais qu'il est un homme bon, il n'est pas que noirceur mais ce n'est pas le moment pour lui expliquer. Je vois bien qu'il ne sera pas prêt à m'écouter et j'ai peur de sa réaction. Il me fait mal au cœur mais il fait cela pour me repousser car il a peur, mais peur de quoi ?

-Oui tu es l'esprit du chaos, oui tu peux être mauvais si tu le désires vraiment mais n'oublie pas que tu n'es pas que cela, tu es aussi quelqu'un de bon. Tu es une Légende. Si l'homme de la lune t'a choisi ce n'est pas pour rien...

A l'intérieur de moi un duel fait rage. J'ai envie de le serrer fort dans mes bras et panser toutes ses blessures, mais une autre partie de moi a envie de le taper, l'assommer et le tenir prisonnier jusqu'à ce qu'il retrouve des idées claires. Je pense même que je pourrais lui retirer quelques dents si parfaites pour lui faire remonter des souvenirs importants, parce qu'il me laisse croire qu'il a perdu ses plus beaux souvenirs ; des souvenirs marquants montrant combien il est aimé et important aux yeux des autres.

Emma, Carrie  &
Jack

Fin Mars 2013;

Elle restait immobile devant lui, mais la peur se ressentait au travers les pores même de sa peau. Elle était terrifiée et Jack n’avait pas besoin d’être un empathique pour le savoir. Était-ce donc là tout ce qu’elle nécessitait pour se mettre à haïr celui qu’elle considérait un ami avec sa voix vibrante? Jack relevait un sourcil à cette pensée, s’attardant sur celle-ci pendant un moment aux vues du silence qui planait entre eux, son regard ne se détachant pas de la fuite de la fée. Avaient-ils mêmes étés amis si elle favorisait d’ignorer le passé de Frost? Ce n’est pas comme si Jack cachait ses actions passées entant qu’esprit destructeur dans le royaume de Beurk. Jokul Frosti était connu de tous, Bunny avait craint pendant des siècles l’esprit chaotique à cause de cette réputation qu’il trainait et il avait entièrement eu raison. Le lapin de paques savait exactement à quoi s’attendre avec l’adolescent alors que celui-ci gâchait des fêtes dans la ferme intention de provoquer la peur dans les yeux des autres. Il savait aussi que l’adolescent avait tenter d’entrer dans l’antre du père noël non pas pour le saluer, mais pour briser la totalité des jouets qui s’y trouvaient. La fée était donc aveugle de qui il était réellement? Elle semblait ne l’apercevoir que sous une seule dimension, celui du gamin perdu qui ne voulait que de l’amour pour grandir, ne se rendant pas compte qu’il était bien plus que cela. Jack Frost était l’esprit du chaos, de la malice, un esprit créé afin de faire de l’ombre à Noirceur et prouver que même le mal pouvait choisir d’être bien. Mais l’adolescent était un égoïste hasardeux, bien connu pour n’agir que lorsqu’il obtenait des faveurs, n’agissant jamais pour le bien de tous. Ne s’était-elle-même pas rendu compte que s’il les avait même aidés ce n’était que pour obtenir sa mémoire perdue? N’avait-elle pas entendu Klaus insister sur le seul point pouvant influencer l’esprit à les aider? Pensait-elle donc de lui qu’il n’était qu’un héros les ayant aidés de la bonté de son cœur? Il se reculait d’un pas en brisant la proximité qui lui était inconfortable à ce point. La fée des dents n’était absolument pas celle qu’il croyait qu’elle était. Cette femme devant lui venait de briser ce mirage qu’il avait créé dans sa tête. Cette image immaculée d’une femme compréhensible, maternelle, la seule qui le comprenne réellement. Elle ne l’avait jamais compris, elle n’avait jamais pris le temps de véritablement le connaitre et il s’était voilé les yeux devant cette réalité pourtant si claire. Cette femme même qui ouvrait la bouche pour lui signifier de ne pas oublier qui il était ne savait même pas exactement ce qu’il était et la vérité était maintenant clair. La respiration de l’esprit repris sa course, dans une complainte saccadée, dans une rage qui refaisait surface. Son corps tremblait encore, l’adrénaline dans ses veines se faisant insistante, alors que la température ambiante descendait drastiquement autour des deux.

« Si l’homme de la lune m’a choisi c’était pour mon sacrifice. » disait-il d’une voix suppliante alors que la haine lui mordait la langue. « Ensuite il m’a laissé seul, avec comme unique réconfort un prénom, mais ça tu le sais déjà. » Sa respiration se faisait insistante, il reculait un nouveau pas en tentant de prendre une distance raisonnable, mais plus rien ne lui semblait logique. « Je sais qui je suis Tooth et je n’ai certainement pas besoin de m’en rappeler. C’est plutôt toi qui devrais ouvrir tes yeux face à la réalité. » Son regard devenait sombre, le bleu de ses yeux autrefois si clair et perçant devenant les profondeurs même d’un océan sans fond. Il la perforait des yeux, cherchant le moindre signe de cette gardienne qui savait quoi dire autrefois pour le calmer, malheureusement il ne trouvait absolument rien afin de calmer son esprit tourmenté. « Crois-tu réellement que c’est ce que je désire? Que je cherche volontairement à provoquer le mal? Je n’ai, depuis mon arrivé, que chercher à accomplir mon devoir. Je n’ai, depuis que je suis dans cette foutu ville, que chercher à protéger les miens. » dictait-il alors qu’une boule se formait dans sa gorge, les mots l’étouffant comme le ferait l’eau qui le noyait. « Je suis quelqu’un de bon autant que mauvais, je ne suis pas qu’un personnage sans fond n’ayant comme seul caractère que la pétillante joie. Je suis humain, tout comme tu l’as été, mais ça tu sembles l’oublier. » finissait-il son discours en expirant des narines son souffle glaciale. L’esprit sentait pourtant la colère jusqu’au bout de ses doigts, il ressentait cette envie qui était sienne depuis le tout début, il voulait voir le sang couler sur le sol en ce jour. Son regard s’assombrissait de seconde en seconde, son visage cachant la douleur qu’il ressentait alors qu’il serrait son poing brisé, la seule émotion qui restait présente était celle du meurtrier. « Je suis une légende et toi une gardienne…Dis-moi, fée, qui gagnerait si nous venions à nous battre? »

De la glace se formait dans la main encore ensanglantée de Frost, ce qui ressemblait à une dague prenait sa forme doucement et entre le bleu perçant de sa magie se tâchait le rouge écarlate qui venait de lui. Un mélange de couleur aussi beau que tragique, mais sans le savoir Frost avait attiré l’attention de regards curieux avec ses discours et encore plus quand sa magie se mit à se manifester. Même si la scène se déroulant était à en percer un cœur, le décor était stupéfiant, la neige virevoltant autour des deux esprits en abaissant doucement la température des deux personnages. Il y avait une certaine beauté dans l’absolu de cette alliance détruite, ne serait-ce que par le vent qui soufflait sur les deux en leurs permettant de se regarder une toute dernière fois entant qu’alliés. L’adolescent observait ce qui aurait tellement différent, une rencontre qui aurait dû réchauffer ce cœur qui était sien et apporter la joie qu’il avait tant attendue. Il observait chaque seconde lui restant de cette amitié qu’il avait adoré, mais le voile se levait sur ce qui était réellement en face de lui. Tout cela n’avait été qu’un mirage, qu’une imagination débordante n’ayant pas lieux d’être et chaque moment passé devenait une imagerie flouée dans sa mémoire. Chaque rire devenait une hypocrisie malsaine, chaque sourire devenait un mensonge bien gardé, chaque battement de cœur ne devait que l’illusion du mort qui se croyait vivant. Il avait donc été fourbé comme d’autres avant lui par cette promesse d’une fin heureuse, la sienne se retrouvant avec ses amis qui au fond n’en avaient jamais été, alors que cette fameuse fin devenait un gout amer remontant dans sa gorge. Ses maux de cœur devenaient plus grands, l’envie qu’il avait de vider son estomac perforant sa cage thoracique, la peine qu’il ressentait formant son chemin dans sa tête en provoquant une migraine. Voilà donc comment se terminait l’alliance de Frost et des gardiens. L’esprit solitaire aurait pu parier entendre noirceur rire sous cape au fond de son crâne, lui rappelant qu’il avait prédit cette fin misérable des années auparavant, sachant exactement ce qu’il adviendrait de Jack quand la vérité serait enfin dite. La dague avait une forme claire, de sa pointe glaciale aux vagues provoquées par l’écarlate sanguinaire jusqu’à la poignée finement décorée des symboles de l’esprit. Son regard déviait de la femme vers l’objet qu’il tenait fermement dans sa main, le regard toujours aussi sombre, alors qu’il comprenait ce que son subconscient lui priait de faire. Ce ne serait pas le premier combat auquel participerait l’adolescent, ni le dernier, mais il savait que celui-ci lui apporterait les foudres de leur créateur. L’homme de la lune ne pardonnerait jamais Frost de son geste posé, il le bannirait à tout jamais dans son ombre sans possibilité de retour, le laissant disparaître comme il était né. Seul, effrayé, à tout jamais incomplet. Était-ce là ce que désirait véritablement l’adolescent?

« POLICE » criait une voix fantomatique quasiment absente aux oreilles de celui qui n’écoutait pas. Une femme faisant face à la scène faisait des gestuelles apeurées, ses cheveux sautillants alors qu’elle avait un téléphone à l’oreille, suppliant de l’aide. « Il faut faire quelque […] Battre! » cette voix n’était rien à son oreille, qu’un murmure inconnu alors que l’esprit était hypnotisé par son arme.

Son regard paru triste, anéantie par la réalisation qui lui faisait face, les tremblements de sa main se faisant insistant. Pourtant s’il était triste ce n’était pas pour elle, mais pour son âme, qu’il venait définitivement de perdre. Une douce inspiration le parcourait alors que l’air pénétrait son corps, ses yeux sombre se relevant vers la femme devant lui, alors qu’il acceptait simplement son sort sans la moindre question. « Explique-moi, fée, pourquoi il t’a choisi? » dit-il simplement en avançant de deux pas vers elle, brisant l’espace qu’il avait créé, même s’il espérait qu’elle bouge enfin. « Tu veux savoir mon opinion? Il a du se tromper en te choisissant…Tu n’as absolument rien, tu n’es rien […]» disait-il avant de lever la dague vers elle dans un geste de provocation. « […] et tu ne ferais surtout pas le poids contre moi. Alors, Tooth, qui gagnera? »

Il m'explique alors son point de vue, ce qu'il s'est passé à ses yeux avec l'homme de la lune. Mais encore une fois il ne voit que l'une des parties. Il serait même sans l'homme de la lune. Oui il a été seul mais ce n'était que pour un temps, le temps de notre trouver pour former une famille. Et en effet je refuse de ne voir que la partie mauvaise de lui. Peut-être que je ne vois que le bon côté mais c'est ma façon d'être. J'ai toujours vu le bon côté des gens. C'est pour cela que je suis encore face à lui, c'est parce que malgré la peur j'ai envie de croire qu'il est toujours au fond de lui l'homme que j'aime, mon ami. Mais je pense de plus en plus que c'est peine perdue. Son regard froid, glacial, impitoyable augmente la peur en moi mais je ne bouge toujours pas ; c'est totalement impossible pour la Toothiana en moi. Je l'écoute donc presque religieusement pour voir jusqu'où va le fond de sa pensée. Il n'a pas l'air de comprendre qu'il est le seul maître de son destin, si on ne compte pas l'homme de la lune. Il pense que j'ai oublié qu'il n'est qu'un humain avec deux facettes, mais non je ne l'ai pas oublié j'ai juste mis de côté ce que je n'aimais pas. Sans doute une erreur de ma part mais je n'y peux rien si je fonctionne comme cela.

L'air devient de plus en plus froid. Il a donc encore des pouvoirs. Il se met même à neiger on dirait. Je n'ose pas quitter du regard Jack. Tout simplement parce qu'il faut que je me concentre. Il me provoque, veut qu'on se batte. J'essaie de ne pas réagir mais dans mon regard il peut sans doute y lire de la peur et du manque d'assurance. Je n'ai plus mes pouvoirs, il a l'air d'avoir les siens. Et même si j'avais toutes mes capacités je n'aurais pas envie de me battre contre lui, il est bien trop important à mes yeux.

-Nous n'aurons jamais besoin de nous battre, c'est inutile. Mais si cela devait arriver je ne sais pas qui gagnerait...

Le froid envahit de plus en plus mon cœur. Je tremble même légèrement. Et ces tremblements empirent sans que je ne le veuille lorsque je vois une dague apparaître. Je reste hypnotisée devant me demandant bien ce qu'il va pouvoir faire avec. Compte-t-il réellement me tuer ? Si c'est le cas et bien qu'il en soit ainsi. Le silence est d'or. La scène est unique en son genre. Jamais je n'aurais cru la vivre un jour. Je me retrouve face à mon ami de toujours, face à un ennemi du jour, face à un inconnu... La neige tombe autour de nous, et je n'entends plus rien de la ville, comme si une bulle invisible nous avait englobée et séparée du monde extérieur. Je laisse approcher Jack de moi avec son arme qui se retrouve presque sous ma gorge. Sans réfléchir je fini d'avancer pour coller la pointe de l'arme contre ma peau. S'il veut me tuer qu'il le fasse maintenant car s'il ne le fait pas... C'est fini de l'histoire de Toothiana et Jack Frost les amis pétillants de vie sur un lac gelé près du château de la fée des dents... Il me pose alors une question qui me fait repartir tellement loin dans mon passé... Dans un souvenir que je pensais abandonné à jamais...

J'ai supplié l'homme de la lune de changer ma vie suite à l'annonce d'un mariage forcé mais il ne m'a pas écouté. Il est finalement revenu vers moi quelques années plus tard... J'étais une femme détestée de tout son village même de sa famille car je ne pouvais pas enfanter... Et j'étais bien trop gentille avec tout le monde... Ma vie n'allait pas du tout j'étais si malheureuse et mal aimée des gens que j'avais toujours aidé par le passé. J'ai toujours apprécié les autres, surtout les enfants... Je n'ai jamais pu en avoir alors je pense avoir materné ceux des autres... J'étais sans doute un peu la maman de tout le village... Jusqu'à ce que les gens me tournent le dos et me veulent du mal... C'est ainsi que l'homme de la lune m'a aidé et m'a transformé en fée des dents pour donner du bonheur aux enfants et pour garder leurs souvenirs les plus importants... Chaque adulte a en lui une âme d'enfant et c'est cette partie que j'ai toujours essayé de préserver... Mais pourquoi il m'a choisi moi exactement je ne sais pas ? Est-ce seulement à cause de mon côté maternel ?

-Si l'homme de la lune m'a choisi c'est à cause de... Je dirais mon instinct maternel... Mon côté protecteur... Mais tu as sans doute raison... En vérité je ne sais même pas pourquoi il m'a choisi. Comment quelqu'un comme moi qui n'a jamais pu mettre au monde un enfant pourrait s'occuper réellement de ceux des autres ?

Il a touché une corde sensible, un sujet dont je n'ai que trop rarement parlé. Est-ce qu'il a fait exprès ? De toute façon que ce soit le cas ou non il a réussi quelque chose... Il a réussi à briser notre amitié à jamais... Je ne pourrais plus jamais le voir comme par le passé, alors qu'il enfonce cette dague immédiatement et qu'on n'en parle plus... Je le regard avec un air de défi. Je le laisserai gagner si cela peut lui faire plaisir. Une dernière bonne action en quelque sorte. On verra bien si l'homme de la lune intervient... Même si je ne pense pas.

Emma, Carrie  &
Jack

Fin Mars 2013;

L’adolescent ne comprenait pas la réaction de la femme. Pourquoi restait-elle immobile encore une fois? Quel était son but d’ainsi le provoquer alors qu’il tenait une dague de glace sous sa nuque? Il expirait l’air de ses poumons, dans une toute dernière tentative de se calmer, mais elle continuait avec ses mots pour l’étourdir encore plus. Frost voulait qu’elle dégage, c’était simple pourtant, une action de fuite lui suffisait pour qu’il soit de retour à la normal. La blonde s’entêtait, mais les raisons de son obstination lui était inconnu. Ne voyait-elle pas dans ses yeux qu’il la suppliait de quitter les lieux? N’avait-elle pas compris que si cette situation avait dégénérée si rapidement c’était parce qu’il n’allait pas bien et surtout qu’elle n’était pas la solution? Croyait-elle vraiment qu’il lui suffirait de patiner sur la glace pour tout oublier?

À ce souvenir l’adolescent relevait un sourcil, son visage se tordant dans une expression de confusion, des paroles anciennes lui revenant en tête. Il se remémorait alors des mots partagés, des phrases particulières lors d’un tout dernier moment, juste avant une séparation sans possibilité de retour. Ses lèvres s’ouvrèrent sous la stupéfaction de cette nouvelle mémoire, les mots qu’il n’avait jamais prononcé en échange de cet aveu se frottaient à sa gorge, ses yeux pétillants d’une confusion qui le paralysait. Une Dague contre sa gorge, le sang perlant de sa jointure jusqu’au sol blanc comme la neige, le vent soufflant sur les deux en relevant la poudrerie autour de leurs corps. Sa rage se mélangeait à son bouleversement, le laissant inapte à répondre une nouvelle fois, inapte à bouger une seconde de plus. « Je t’aime… » dit sa voix brisée envers un fantôme inexistant. Une femme au plumage coloré qui n’était plus devant lui aujourd’hui. Cette phrase était sortie de nulle part, la dague toujours bien placée, la rage toujours mordante au cœur. Il étudiait les mots prononcés tel un sacrilège qui aurait dû rester mort. Il se doutait que ces mots n’auraient jamais dû être dit à haute voix tellement ils n'étaient pas naturels pour lui. Il ressentait vite un dégout, envers sa propre personne, un haut le cœur qui ne le lâchait pas. Jack Frost n’était amoureux de personne, il était libre comme l’air et il n’avait aucune raison de se rattacher à une âme quelconque. « …T’aimais. Comme amie, tout simplement, il n’y a jamais eu rien d’autres entre nous. Tu es la seule qui s’est fait avoir par des sentiments stupides. Tu aurais dû le savoir avant de m’imposer des sentiments que je ne désirais pas et ne désirai jamais. » mais il semblait incertain par l’invocation d’une amitié passée. Avait-elle-même été un jour son amie? Il en doutait désormais, après tout ce qui venait de se passer, ressentant encore les doigts ayant forcés sa mâchoire quelques minutes auparavant.  Il ressentait encore le malaise de leur rencontre. Ce n’était pas normal, à ses yeux du moins, qu’il ne ressente absolument rien envers elle outre la haine. Si vraiment ils avaient eu un lien, peu importe la nature de celui-ci, n’aurait-il pas été plus puissant que la colère qui sévissait en lui.

Son visage se crispait de nouveau dans une rage. Si les gardiens comptaient le forcer tout comme elle et n’absolument rien écouter alors il retournerait à sa carrière solitaire. Il s’avançait donc d’un pas vers elle et la dague transperçait la peau afin qu’une seule goutte perle le long du cou de la femme avant de s’enfoncer dans son décolleté. Il ne pouvait pas s’en foutre plus de ce qu’elle disait puisqu’elle ne comprenait pas ce qu’il voulait faire passer comme message. Ses yeux fixaient la demoiselle devant lui, les souvenirs s’évanouissant comme s’ils n’étaient rien, il ne restait que l’esprit du chaos et de la malice devant elle. Oh Toothiana…tu devrais courir maintenant si tu désires vivre ou alors est-tu suicidaire? Crois-tu réellement que ton acte est un sacrifice honorable alors qu’un nouvel ennemi se réveille devant tes yeux? Tu es la seule spectatrice, le témoin oculaire de ces actions, la seule qui puisse prévenir les gardiens. Préfère tu mourir plutôt que d’éviter le massacre? Préfère tu tenter de réveiller Frost d’un sommeil profond ou réveiller les gardiens vis-à-vis le combat qui arrive.

« Est-ce que tes gardiens sont prêt? » dit alors la voix tranchante de l’esprit après ce silence de mort.

Je n’arrive vraiment pas à bouger d’un pouce. Je ne sais pas trop ce que je cherche. Je sais bien que ce n’est pas comme cela que j’arriverais à lui faire entendre raison. Surtout que je sais que cet homme est têtu et borné mais je le suis également et je veux lui faire comprendre que je n’ai pas peur de lui. J’ai même confiance en lui… Enfin j’essaie de m’en convaincre car pour être tout à fait honnête je ne le reconnais plus du tout… Soudain il prononce une phrase que j’ai un jour attendue… Il me dit qu’il m’aime. Mais pourquoi me le dire dans cette situation ? En cet instant précis ? J’ouvre grand les yeux et me retient de faire le moindre geste. Je me sens totalement perdue. Surtout qu’il ne retire pas sa dague en me disant qu’il m’aime… Mais la rectification arrive finalement. Il m’aimait… Et seulement comme une amie… Pourquoi m’en parler maintenant alors qu’il souhaite presque ma mort en me menaçant de son arme ? Et il redevient blessant dans ces mots. Croit-il que j’ai fait exprès de tomber amoureuse de lui et surtout de lui avoir avoué ? Je sens monter en moi une colère sourde et puissante.

-Pourquoi me balancer une phrase que je t’ai dite dans une autre vie ? Oui je t’ai aimé mais je n’ai jamais voulu de cet amour ! Et …

Je ne trouve pas d’autres mots. Une larme coule le long de ma joue. Et c’est alors qu’il enfonce un peu plus la dague dans mon cou. Je sens la pointe entrer dans ma peau légèrement. Je ne sais pas à quoi nous jouons tous les deux mais cela ne présage rien de bon. J’ai l’impression d’avoir en face de moi Pitch, et cela ne me plaît pas. Seule contre Jack je ne ferais pas le poids, je n’arriverais pas à me battre contre lui… Il faut le raisonner mais comment ? Où sont les autres gardiens ?
Soudain une voix se fait entendre. Je tourne les yeux vers le côté pour voir qu’il s’agit d’Emma. Son arme est pointée sur Jack. Elle ne devrait pas faire cela. Il n'est pas réellement une menace, enfin si mais... Oh homme de la lune... Si seulement tu pouvais m'aider... Lorsqu'elle me demande si je suis suicidaire et de reculer je me retourne de nouveau vers Jack et avance très très légèrement le haut de mon corps vers lui. Juste pour voir s'il va retirer la lame mais il ne le fait pas et cela me coupe un petit peu plus. Je fini par reculer et baisser les yeux. Quelque chose est cassé chez lui et je trouverais un moyen de le retrouver comme il était avant mais il me faudra l'aide des autres... Si seulement je pouvais les trouver facilement... Je vais y atteler chaque seconde que j'aurais de libre...
J'ai envie d'envoyer une bonne réplique cinglante à Emma mais je me retiens... Elle fait partie des forces de l'ordre et notre altercation avec Jack a lieu en public... Nous sommes en tort.

- Vous pouvez ranger votre arme, il n'y a aucun problème.

Enfin si il y en a deux à vrai dire, le premier c'est sa présence et la deuxième c'est l'état de Frost. Mais ce n'est que partie remise, je reviendrais à la charge avec une solution à son problème. Du moins je le souhaite. Mais j'ai bien compris le message, il n'est plus celui que j'ai connu et il n'a pas envie de changer quoi que ce soit. Je regarde de nouveau mon nouvel ennemi et attend de voir comment il va réagir, de voir ce qu'il va faire sans me soucier du retard que j'ai pris sur mon travail.

Emma, Carrie  &
Jack

Fin Mars 2013;

Tant de mots sortaient de la bouche de la fée, mais tout comme elle Jack avait eu un discours incertain, des mots venant d’outre-tombe. Il n’aurait pas du parler, il le savait, mais il était bien trop tard pour ressentir des remords face à son erreur alors que la rage lui montait à la gorge. La haine circulant dans ses veines à une vitesse monumentale, il n’en revenait pas à quel point cette situation avait escaladée et tout cela par sa faute. La lame contre la gorge de la fée il serrait de la mâchoire, ses yeux déformant une colère sans nom jusqu’à une tristesse immense. Comment en étaient-ils arrivés là? L’adolescent ne désirait que de retrouver les siens, cette seconde famille qu’il avait eu avec les gardiens, mais le confort de cette situation était vite devenu une épine dans son pied. Une famille qui l’avait laissé moisir jusqu’au jour où l’homme de la lune avait daigné le choisir comme gardien. Ils n’étaient pas des amis, qui au monde aurait laissé son ami mourir dans l’éternité des siècles passant, si ce n’est qu’un étranger. Cette nouvelle famille n’était qu’un nouveau voile créer par le créateur sur son orbite éloigné, une illusion créée afin de voiler la colère de Frost, fait pour le calmer dans ses désirs de vengeance. Étrangement ça avait pris un voyage dans cette ville afin qu’il découvre la vérité sur les intentions de celui qui fut longtemps son seul ami dans une éternité de solitude. Pourtant, malgré sa rage, malgré toute la haine qu’il ressentait, il ne parvenait pas à porter le dernier coup contre la fée. Sa vie n’était pas la sienne à prendre, elle méritait bien mieux, elle avait toujours mérité mieux. Jack fermait ses yeux d’un geste irrité, inspirant tranquillement des narines, mais elle n’arrangeait toujours pas la situation en le provoquant de la sorte. S’avançant sur la lame jusqu’à ce que du sang perle sur sa fine gorge de porcelaine, tombant doucement dans le creux de son col, finissant sa route on ne sait où. S’attendait-elle à ce qu’il recule? Une nouvelle voix vint déranger la quiétude de la scène malsaine et le regard de l’adolescent dérivait très doucement dans l’émeraude bienveillante d’un regard exaspéré. Un prénom prononcé dans les lèvres d’une policière, lui demandant de poser l’arme encore fermement dans sa paume, alors que son regard cyan dévisageait la femme tel le spectateur de sa propre pièce de théâtre. C’était à en croire qu’il avait été absent, alors que son regard revenait sur la brune qui osait répliquer que tout était sous contrôle, mais rien ne l’était véritablement n’est-ce pas? Jack se reculait enfin et lâchait l’objet tranchant au second ordre, celui-ci fracassant le sol et se détruisant en un millier de morceau. L’esprit avait une respiration saccadée, un regard troublé, alors qu’il posait de nouveau son iris sur son allié devenu ennemi. Puis en revenant à la policière il n’eut d’autres choix que de souffler son épuisement, dans un unique nuage de brume sortant de sa gorge, des larmes se formant au creux de ses yeux. Il gloussait, reculant d’un nouveau pas, avant de lever les bras dans les airs passivement. « Je…je suis désolé » balbutiait-il d’une voix brisée. « Miss Swan… » les mots lui manquaient. Il voulait la prier de l’arrêter avant qu’il ne pose un geste grave, mais il savait bien que rien au monde n’empêcherait sa colère de renaitre et que des murs ne viendraient jamais empêcher un mort de bouger. Aucune cellule ne pouvait le retenir, il ne pouvait même pas se contenir, personne ne pourrait faire un tel miracle. L’adolescent reculait de nouveau, toujours épuisé par l’évènement, brisé par l’escalade imprévue et le tort qu’il venait de poser. Le bleu sombre autrefois clair de son iris se fondait dans l’émeraude de la femme, comme si elle avait le don inné de calmer son âme, mais dès que son regard touchait de nouveau la fée la haine brûlait dans les veines mêmes de son corps. « Toothiana. » dit-il, un dernier regard de tristesse partagé, un désolé muet partagé avant que l’esprit ne tente de s’échapper.