Je pose mon portable sur la table de la cuisine. Je prends ma tête dans mes mains avant de respirer longuement et regarde la photo en face de moi. Maman semble si heureuse. mais moi, je n’arrivais pas à faire semblant. Je ne sais plus vraiment quoi faire, depuis que je suis revenue des Enfers, j'ai comme l'impression d'être plus invisible que jamais. J'ai perdue mes marques, après tout, je suis morte. Je veux dire, je suis morte quelques temps avant que grand-mère ne me sauve de cette eau maudite. Mais pourquoi j'ai l'impression que mon coeur ne bat plus autant qu'avant ? Même maman me dit que je suis différente, que j'ai l'air d'être le regard lointain et qu'elle a l'impression que mon esprit est ailleurs. Remontant la fermeture éclair de mon manteau, je me dirige vers le T(r)olls Bridge et m'y arrête avant de m'accouder sur le rebord, regardant l'horizon. Je ne sais pas vraiment comment agir, j'ai l'impression d'être morte pour de vrai. Et si je n'étais pas réellement là ? Et si tout cela n'était qu'un rêve ?
Je passe machinalement ma main dans ma chevelure. Je ne cesse de penser à cette étrange sensation de vide lorsque je me trouvais dans le Styx. Comme si…comme si j’étais paisible et en même temps, très triste. Oui, voilà, j’étais très triste parce que j’étais sûre que je ne reverrais jamais le jour, j’étais morte et je crois qu’ils s’étaient tous fait à cet avis et je dois avouer que ça me faisait vraiment peur. Je me mords la lèvre inférieure et me laisse glisser le long du ponton. Je rapproche mes jambes de ma tête avant de me mettre à pleurer.
« L’horizon…où la mer touche le ciel…et… » mes larmes coulent « m’appellent… » mes lèvres tremblent, je continue de chanter « cachent…un trésor…que tous ignorent » je me mets à pleurer plus fort alors que mes larmes perlent sur mon visage et créent des fines lignes sur mes joues roses « si je pars, j’irais… » un silence. « Plus loin…et toujours… » je lève les yeux vers le ciel « plus haut. » Je me relève avant de me mettre à marcher et de m’assoir sur un rocher aux côtés du pont. Serais-je seule ? Je n’en savais trop rien mais il était clair que je resterais là toute la nuit. Je regardais le ciel et tentait de voir ma grand mère à travers les bleutés du ciel. Le vent fit virevolter ma chevelure et rafraîchit mon visage humidifié par les larmes.