Il fût une époque où les voyages n’étaient pas étrangers à la petite princesse. Les chevaux galopaient doucement à l’avant, mené par le coché attentif, suivit de gardes qui protégeait la précieuse cargaison se trouvant dans la calèche. Il y avait une petite fille qui y soupirait, sa robe de soie finement brodée sur mesure, ses cheveux tressés avec délicatesse, elle s’ennuyait terriblement de la liberté que lui avait conféré sa vie d’avant. Les yeux de jade de la petite parcourait les plaines, prenant note des fermes environnante, son regard s’attardant à un homme lointain qui semblait se déplacer aussi vite que son moyen de transport. Vêtu d’une cape sombre et d’une main squelettique, l’être fantomatique n’avait pas de visage, qu’une noirceur qui n’en finissait pas. La petite se pinçait, tentant de changer son attention outre cet esprit d’un autre monde qu’elle seule pouvait voir, mais rien à faire elle le vit pointer des villageois. Fermant ses yeux, la jeune demoiselle inspirait autant qu’elle le pouvait, puis expirait tout l’air emmagasiné. « Tout va bien ma chérie? » soufflait une voix tristement maladive d’une reine aux cernes sombre. La petite ouvrait les yeux, détournant son attention vers sa mère, hochant positivement de la tête dans le plus grand des silences. « Bien, car nous arrivons. » dit-elle doucement en frottant l’épaule de sa fille adoptive avec tendresse. C’était la belle époque, du moins la plus douce époque de la vie de Macaria, alors que sa peau n’était pas encore couverte de cicatrice si ce n’était que celle d’un passé qu’elle niait complètement. Ils arrivaient dans un royaume qu’elle ne connaissait pas, ni de nom ni de réputation, tout ce qu’elle remarquait était l’immense façade et les drapeaux symboliques qui ornait l’entrée. L’arrivée n’avait rien d’étranger, le roi et la reine se faisaient accueillir dans les bonne grâce d’un roi qui n’inspirait aucune confiance en la jeune demoiselle, puis ils étaient invités à rejoindre leur quartier avant de se rendre au buffet.  Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte du désaccord de la princesse, malgré la carte de noblesse qu’elle avait acquise avec le temps, elle ne pouvait s’empêcher de plisser sa lèvre de mécontentement en lançant un regard noir au souverain. C’était un don particulier qui la rendait parfois si désagréable, celui de l’empathie qui coulait dans ses veines, lui faisant ressentir des émotions autrement interdites à l’humain normal.

Seriez-vous surpris si je vous annonçais que la jeune princesse s’était enfuit lors du buffet sans que personne ne s’en rende compte? Que ses pas l’avait menée hors du château où elle était partie galoper avec son cheval. Elle s’était rendue là où elle avait vu l’esprit plutôt dans la journée pour finalement tomber de sa monture alors qu’il s’affolait dû à la présence ténébreuse d’un être craint. Se relevant difficilement, elle secouait sa robe, relevant son regard sur le champ qui se trouvait en face d’elle. « Où es-tu? » murmurait-elle d’une voix douce, le regard de jade de la brune dévorant le paysage à la recherche d’un fantôme. On entendait son cheval non loin, encore sous la panique, se joindre à une écurie pour s’y calmer. Le silence était presque perturbant, mais la princesse s’avançait doucement avant de ressentir un choc lorsqu’elle déposait un de ses pied au sol. « Aye! » faisait-elle entendre en s’accroupissant immédiatement afin de lever sa robe. Sa jambe droite n’avait pas apprécié la chute de toute évidence.

Ellipse Temporel

« Les restants vont aux chiens Aria! » s’écriait son amie qui lui donnait un panier rempli de nourriture. « Je ne veux surtout pas entendre dire que tu as encore nourris des pauvres. Aller ouste! » disait la rousse aux boucles sauvages avant de retourner peau d’âne et de la sortir dehors avec une tape dans le dos. Le regard surpris, Macaria soupirait avant d’écouter pour une fois Mireille, se rendant vers la niche où se trouvait les cabots royaux. Sa robe de coton n’était pas ce qu’il y avait de plus chaud surtout en automne, mais ça avait le mérite d’être un tissu léger qui ne risquait pas de lui apporter des douleurs supplémentaires sur ses récentes blessures. Elle aimait mieux ne pas y penser, lançant les morceaux de porc vers les chiens enchaînés qui se délectaient de la nourriture. Elle aurait pu passer sa soirée à simplement rester près des chiens, mais quelque chose vint éveiller son don, sa tête se retournant brusquement vers les jardins. Elle expirait l’air de ses poumons, fronçant les sourcils, déposant le panier de nourriture au sol avant de se déplacer doucement. Tapie sous sa peau d’âne, ses pas étaient lourds, mais pas pour le moins imprudents. Elle regardait de gauche à droite, se demandant qui viendrait dans les quartiers des servants à cette heure. Un visiteur s’était-il perdu? Sûrement un autre ivrogne voulant passer sa main sous la jupe d’une servante comme s’il était dans le bordel de la ville. Si c’était le cas, il ne trouverait certainement pas sa chance contre la peau encore vierge de la jeune déesse, elle qui se ferait un plaisir de le renvoyer dans la porcherie où il méritait de passer la nuit. Une ombre passait devant elle, mais rien de plus, son regard s’agrandissant alors qu’elle ne voyait pas l’âme d’une vie et pourtant elle la ressentait aussi clairement que si elle n’était qu’à un centimètre de sa propre peau. « Le bordel se trouve en basse ville. » dit-elle simplement en tournant doucement son regard, cherchant qui pouvait bien être en ces lieux. « Vous n’êtes pas au bon endroit, la cours appartient au prince et je doute qu’il apprécie qu’on s’y perde. » finissait-elle d’une voix froide et autoritaire. Le prince de ce royaume se ferait un plaisir de tuer quiconque venait dans son jardin, il était plus sage que Macaria soit celle qui trouve le malheureux, elle qui était beaucoup plus clémente malgré les apparences.