L'instrument de la noirceur, aveuglé par la vengeance et la sourde colère qui résonnait dans son être. Emma Swan s'était laissée guider sur ce chemin sinueux et de non retour, les ténèbres en ayant assez de rester dans l'ombre et de se complaire dans cette dite obscurité, l'ayant pousser à effectuer cet acte, à s'insinuer dans l'esprit de Juliette pour ainsi prendre possession de ses pouvoirs, pour déchaîner les éléments sur une Storybrooke qui n'appartenait plus à celle qui était devenue sa cible. C'était un avertissement, le déchirement d'une couverture, mettant ainsi à terme à la légende de la sauveuse, à celle qui était censée ramener la paix autant dans la ville que dans la forêt enchantée, celle qui ramènerait à chaque être sa si précieuse fin heureuse au détriment de la sienne. Il n'y avait plus de sauveuse, simplement les ténèbres qui jouissaient de ce coup d'éclat, qui se félicitaient de cette manipulation dans l'esprit de la reine blanche. Mais le plan si bien ficelé avait perçu une faille en la personne de Durnik qui avait combattu le fléau maléfique incarné par Emma, jusqu'à l'intervention de Juliette qui rompait ce lien, brisant cette connexion sciemment créée. La blonde en était d'un côté soulagée alors qu'elle disparaissait face à la menace évidente, même si elle n'avait en soi rien à craindre des futures représailles à son encontre. Seule son épée était capable de l'anéantir, l'éternelle Excalibur détenue par un Rumpelstiltskin étrangement silencieux, qui ne l'avait encore invoquer, mais elle se doutait que d'un moment à l'autre, il apparaîtrait à nouveau dans son existence, lui qui l'avait transformée, qui l'avait réduise en pantin pour des ténèbres qui ne cessaient de murmurer dans son esprit, qui assombrissaient certes ses pensées mais lui faisaient également découvrir certaines vérités qu'elle n'avait voulu entrevoir. Sa famille n'existait pas et resterait un conte inscrit dans un livre, celle qui avait détruit tant des vies obtenait cette famille qu'elle lui avait sciemment volée. Seul Henry restait le phare dans cette tempête macabre, celui qui n'avait hésité à braver les portails pour se retrouver à Storybrooke en connaissance de cause qu'il pouvait être une cible au vu de son lien avec Regina. Il était revenu pour elle, dans l'espoir de la sauver, de la libérer de ses démons intérieurs. Un infime sourire naquit sur ses lèvres, suivit d'une grimace douloureuse et le néant l'engloutit, pénétrant chacun des pores de son être avec violence.
Elle rouvrait les paupières et constatait qu'elle était dans une forêt semblable à celle enchantée qu'elle avait déjà pu apercevoir durant certaines missions. Son lieu de naissance, là où avait commencé son histoire épique. Elle effleurait de ses émeraudes les alentours, consciente que tout ceci n'était guère réel, que ce scénario ne se jouait que dans son esprit...mais était-ce véritablement le sien ? Elle effectuait un pas en avant, retenue par une voix féminine qui prononçait son nom dans son dos, son visage se tournait légèrement pour apercevoir les contours d'une silhouette familière. Elle se tournait jusqu'à faire face à une Juliette aux prunelles incendiées par la colère. Elle restait néanmoins stoïque, ne faisant que la mirer de son regard devenu glacé et sans émotions aucune. Elle percevait l'effroi au contact de ce ventre qui n'était plus rond, vide de cette présence qui y avait vécu durant plusieurs mois. Une légère inquiétude perçait le masque de l'ancienne sauveuse, l'inquiétude envers une amie dont elle avait pu voir la souffrance s'esquisser dans ses prunelles sombres au récit de l'enfant qu'elle avait jadis perdu, une blessure qui les avait inconsciemment rapprochée, chacune ayant vécu la perte d'un enfant d'une manière différente. «
Je suis désolée. » Un murmure dit d'un ton extrêmement calme, presque détaché, l'émeraude noirâtre venant se plonger dans le regard perdu de celle que le sommeil avait rattrapé, pour une durée indéterminée. «
Ce n'était pas censé se passer ainsi. » Elle esquissait un pas, laissant son regard se perdre sur le lieu entouré d'une quiétude qui contrastait avec l'ombre et la lumière présentes dans cette verdure utopique. «
Tu n'étais qu'un dommage collatéral dans cette histoire. » Les mots pouvaient paraître durs, prononcés par une voix qui restait néanmoins indifférente, presque comme si elle était plongée dans la réflexion et qu'elle exprimait cette dernière à voix haute. «
Je souhaitais simplement lancer un avertissement, que chacun puisse conter sa version de l'histoire dans toute la ville, que chacun retienne ce qu'il s'est passé pour se montrer davantage vigilant. » Elle s'appuyait contre le tronc d'un arbre, croisant ses bras contre son buste, les prunelles toujours ancrées dans celles de la jeune femme. «
Une guerre se prépare Juliette, pour un poste empli de fourberie et de dictature, pour une ville qui n'est qu'une prison imaginée par notre soit disant Reine bien aimée. » L'ironie était perceptible sur sa langue et un fin rictus écorchait ses lèvres souillées de carmin. «
Celle qui s'identifie comme apparemment la nouvelle sauveuse viendra reprendre possession de son trône et plongera une nouvelle fois Storybrooke sous sa coupe en prétendant avoir changer et vouloir aider1 ses chers habitants dont elle a pourtant réduit chaque parcelle d'existence en poussière, par égoïsme. » La haine irradiait sur son visage fantomatique alors qu'elle se redressait légèrement, sachant que ce discours ne viendrait apaiser les tourments de Juliette, mais au moins elle était franche sur son but final, celui de voir Regina tomber plus bas que terre, suivie de celle qui possédait ce titre de mère, une mère qui n'était plus qu'un mirage amer. «
Tu n'es pas morte. » souffla t'-elle dans un murmure, comme pour tenter de la rassurer de cette possibilité qui aurait pu la traverser. «
Nos esprits sont connectés, ce qui me fait penser que tu es plutôt plongée dans un sommeil profond que décédée. » Elle espérait que cette nouvelle l'apaiserait un tant soi peu, mais la colère à son égard était amplement légitime et Emma savait que tôt ou tard, elle devrait subir la conséquence de ses actes.
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