Onze heures et demi.
La matinée est passée à une vitesse folle, surtout depuis que je peine à me lever à cause de mon job nocturne.
Danser toute la soirée durant et parfois même une bonne partie de la nuit ne me permet pas de tenir autant que je le souhaiterai. Je me dois de continuer les levers à l'aube pour aider à faire vivre le couvent. Et justement, je viens de récurer chaque marches en pierre et en marbre présents dans tout l'établissement.
Je tombe de fatigue sur mon éponge., mes paupières semblent peser des tonnes. Je ne m'endors pas, un grabuge se rapprochant me tiens en alerte.
C'est étonnant, jamais je n'avais entendu les nonnes crier ici. Il y a dû avoir un sacré problème pour que cela les mettent dans cet état là.
Je continue de frotter ma brosse contre les dalles lorsque les nonnes apparaissent en haut des marches de l'escalier où je me trouvais. Elles ont l'air grave, leurs regards sévères. Si elles avait pu lancer des éclairs avec...
Je crois bien que je me suis faite repérer pour le Libertease...
"Vous souhaitez me voir mesdames?" leur demandais je timide, ne sachant ce qu'il m'attendais.
Elles ne prennent pas beaucoup de temps avant de me dire qu'elles savaient tout.
Je ne comprends pas comment elles ont pu découvrir mon job de nuit, j'étais pourtant sûre d'être discrète...
J'étais prête à m'excuser à genoux, quitte à quitter le Libertease par respect, mais la tournure des événements ne me plaisait pas du tout.
Elles me soupçonne de... PROSTITUTION?!
C'est donc cela, les gens de cette ville me prennent pour une prostituée? Moi qui n'ai même jamais partagé la couche d'un homme?!
Selon elles, je ne peux plus rester ici, que je ne mérite que la rue.
"Vous vous trompez, je ne me suis jamais prostitué! Je ne sais pas qui vous a mis cette idée en tête mais il en est hors de question, jamais je ne ferai cela!"
C'était peine perdue. Je me retrouve donc à faire mes "bagages", les larmes aux yeux. Je vois que le jugement reste en vigueur même ici. Je ne demandais rien à personne et pourtant...
Avant de partir, je jette un dernier coup d’œil à ma chambre, aux couloirs, puis à la chapelle où j'avais fais dernièrement la pire des rencontres...
Une fois les portes du couvent passées, impossible de faire un pas de plus. Je ne sais pas où aller, j'ai de l'argent oui... Mais je ne sais même pas par où aller...
Les premières gouttes de pluie caressent mon visage et glissent sur mes boucles, j'observe le vent chahuter avec les arbres, typique en cette saison.
Le vent me fait frissonner et je prends conscience que je n'ai pas penser à prendre de quoi me protéger contre les intempéries.
En attendant de trouver une solution, je laissais mon regard suivre comme une tache de couleur violacée se balader au loin proche d'une route. Ce n'est que lorsque cette tache se rapproche de plus en plus que je comprends que mes ennuis ne faisaient que commencer...