Lina s’était préparée rapidement, prenant sa veste au passage en sortant. Elle hésita l’espace d’un instant à prendre son arc. Cela lui faisait bizarre de se balader sans lui, elle avait tellement eu l’habitude de le garder, mais à Storybrook, c’était un peu mal vu de se balader armer, non ? Du coup, ce fut à contre cœur qu’elle l’abandonna.

Aujourd’hui, elle avait un rendez-vous un peu partiulier. Aujourd’hui, elle allait enfin pouvoir passer du temps avec sa mère. Elle allait aussi pouvoir apprendre à faire des chaussons aux pommes. C’était tout bête mais… passer du temps avec Régina la stressait légèrement et lui faisait aussi extrêmement plaisir. Et puis, cette fois elle venait seule. Richard n’avait pas voulu venir et avait préféré bouder dans son coin en disant qu’il avait mieux à faire… Il n’était pas comme elle concernant ses parents… Lina avait envie d’apprendre à les connaître. Elle était d’ailleurs partie en la traitant d’idiot fini. Oui parce qu’il fallait être vraiment idiot pour ne pas vouloir apprendre à connaître ceux qui les avaient mis au monde non ?

La belle arriva rapidement devant la demeure des Mills. Bien sûre, Robin et Régina avaient proposé de vivre avec eux, mais les jumeaux n’étaient pas prêts et puis ils avaient besoin de leur indépendance…  Bref, elle remit sa veste correctement avant de toquer à la porte blanche de l’immense demeure. Ca aussi elle n’était pas à l’aise, elle n’avait jamais vécu dans une grande maison… Après tout, elle vivait en volant avant de rencontrer ses parents. Elle ne dut pas attendre bien longtemps pour qu’on lui ouvre et découvrir Régina.

Lina lui fit alors un immense sourire dont elle avait le secret. C’était quelqu’un de jovial en général et même si elle était légèrement stressée, elle était sûre qu’elle allait passer un super moment avec sa mère, sa vraie mère.

« Bonjour ! » Commença-t-elle joyeusement. « Je suis désolée, Richard ne pourra pas venir il ne se sentait pas bien. » mentit-elle à la perfection. « Ce n’est pas grave, ça nous fera passer un moment entre filles, n’est-ce pas ? » ajouta-t-elle dans l’espoir que la déception ne se lise pas trop sur le visage de sa mère.

Elle s’avança donc dans l’entrée alors que la maire l’invitait à rentrer. Elle glissa les mains dans ses poches de son pantalon.

« Alors, on commence par quoi ? » demanda-t-elle avec un petit sourire de coin qui lui faisait ressembler à son père.  

Regina était toute excitée par la venue imminente de ses enfants. Les jumeaux avaient élu domicile dans l’ancien chalet de Robin en lisière de forêt, auprès des Joyeux Compagnons. Non pas qu’ils n’auraient pas eu de place au 108 Miflin Street, loin de là, mais simplement, Richard étant encore méfiant et réticent, leurs parents avaient décidé de leur laisser leur indépendance, déjà bien contents que les jumeaux aient accepté de les suivre à Storybrooke. Regina avait donc organisé, à présnet que le calme était revenu, une petite journée avec les jumeaux. Les trois autres enfants de la fratrie étaient de sortie, CJ chez une amie, Roland chez Petit-Jean pour une sortie en forêt et Henry à la bibliothèque pour la journée. Robin avait pris un poste d’adjoint du shérif pendant l’absence de David et il avait de ce fait beaucoup de travail, même ce samedi. La maire de la ville serait donc seule avec les jumeaux pour enfin mieux apprendre à les connaître et essayer de regagner la confiance de Richard. Elle avait aussi promis à Lina de lui apprendre à faire des chaussons aux pommes et toute autre pâtisserie qui lui ferait plaisir, aussi avait-il préparé sa cuisine et racheter tous les ingrédients possibles.

Elle attendait dans le salon que ses « petits » arrivent, faisant les cent pas, trépignant d’impatience. Avoir été privée d’eux pendant trois longs mois alors qu’ils étaient si jeunes, à peine âgés de quelques semaines, avait été un réel traumatisme, manquant de la faire plonger définitivement dans les ténèbres. Heureusement, tout était rentré dans l’ordre et même s’il y avait de la tristesse chez Robin et Regina à ne pas avoir vu leurs enfants grandir, au moins il étaient soulagés qu’ils soient sains et saufs.

Enfin on toqua à la porte. Regina trottina jusqu’à l’entrée avant d’ouvrir la porte, tout sourire. Quel bonheur de voir son petit rayon de soleil de Lina et… Où était Richard ? Son coeur se serra.

- Bonjour ma chérie, dit-elle en la serrant avec douceur dans ses bras.

La jolie blonde expliqua la raison de l’absence de son frère, mais l’ancienne méchante reine n’était pas dupe. Se remettant en face de sa fille, elle esquissa un sourire en coin.

- Je ne sais pas ce qui me peine le plus, que Richard ne veuille toujours pas me voir, ou que tu me mentes.

Elle déposa sa main sur la joue de sa fille.

- Je peux encaisser la vérité, ma puce. Je comprends, il est toujours en colère. Il a besoin de temps, n’est-ce pas ? Très bien. Comme tu l’as dit, ça nous fera un moment entre filles. Je suis très heureuse que tu sois venue.

Regina laissa Lina entrer avant de refermer la porte. Comme Lina ressemblait à Robin !

- Alors, comment vous vous acclimatez à la vie ici ? Le chalet vous plaît ?

Lina demandait par quoi elles commenceraient et Regina haussa les épaules en souriant.

- Qu’est-ce que tu aimerais faire ? Je suis à ta disposition.

LLa blondinette était ravie de passer du temps avec sa mère. Bien sûre, la seule ombre au tableau était l’absence de Richard… Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, il était beaucoup plus rancunier qu’elle, surtout par rapport à leur parent. Elle, elle préférait l’aventure et elle avait tellement rêvé d’avoir une famille qui l’aime pour ce qu’elle était.

Bref, elle sonna à la porte des Mills et découvrit sa mère qui lui offrit un beau sourire, comme à chaque fois qu’elle venait. Seulement, la jeune femme vit également ce petit regard à la recherche de son frère. Elle se sentit alors coupable de ne pas avoir réussi à amener Richard avec elle et peinée de voir combien son frère pouvait faire du mal à leur mère. Régina la prit alors dans ses bras et les réflexions de Lina s’évaporèrent. Ce genre d’étreinte, elle n’en avait jamais eu petite alors… Elle appréciait encore plus.

L’archère expliqua ensuite pourquoi est-ce que son frère n’était pas là, mais Régina ne sembla pas tomber dans le panneau. Elle esquissa un sourire avant de dire qu’elle ne savait pas ce qui lui faisait de la peine : qu’elle lui mente ou que Richard ne vienne pas. Elle posa une main maternelle sur sa joue. Ce doux contact apaisa le cœur de Lina qui écouta sa mère lui dire qu’elle pouvait tout entendre.

« Je suis désolée. » dit-elle en baissant les yeux, coupable. « Je n’ai pas vraiment menti… Il ne se sentait pas de venir… Pas encore. Il faut lui laisser du temps comme tu dis, mais il va se rendre contre qu’il se trompe à votre sujet. » ajouta-t-elle avec un petit sourire de coin, s’excusant silencieusement de ce qu’elle venait de faire. C’était que voir la peine dans les yeux de la belle reine lui était insupportable.

Régina la laissa ensuite entrer et la jeune femme ne se fit pas prier. La maison de la méchante reine était vraiment magnifique. Elle observa la décoration comme à chaque fois qu’elle venait, remarquant un petit détail de plus. Elle lui demanda comment ils s’acclimataient.

« Très bien ! Enfin, c’est… différent de notre vie d’avant, mais pour l’instant cela nous convient. » lâcha-t-elle sans se dépeindre de son sourire qu’elle adressait à sa mère et qui lui faisait tant ressembler à son père. « Et le chalet est parfait, on a rarement eu un si joli endroit ou séjourner, et aussi spacieux. » ajouta-t-elle en posant son regard sur les environs de nouveau.

« Et bien j’ai cru entendre que tu faisais les meilleurs chaussons aux pommes de toute la ville. » annonça la jeune femme avec un petit sourire espiègle. Oh oui, la petite Lina était une gourmande surtout qu’elle avait toujours aimait les pommes.

Regina était peinée du mensonge de sa fille et de l’absence de son fils, mais préféra s’orienter sur la chose positive : Lina était là. Elle savait, du moins elle l’espérait, que ses autres enfants parviendraient à aider Richard à reconsidérer son avis sur ses parents, et même s’il ne le faisait pas, au moins le jeune homme était-il entouré par les hommes de son père ainsi que ses grands frères et sœurs.

- Oui ma chérie, laissons-lui du temps, acquiesça-t-elle non sans avoir le coeur serré.

Une fois sa princesse à l’intérieur, Regina lui demanda comment se passait leur acclimatation. C’est que la vie à Storybrooke était extrêmement différente de celle que les jumeaux avaient pu connaître, elle le savait.

- Les joyeux compagnons vous aident ? Ils sont gentils avec vous ?

La reine se doutait que oui, car même si certains ne l’appréciaient pas elle, ils avaient de vrais sentiments sincères pour Robin qui était leur chef et ami.
Mère et fille se dirigèrent vers la cuisine, la reine avait refait les stocks de provisions en vue de pouvoir réaliser tout ce que Lina pourrait lui demander. Elle eut un petit rire en l’entendant réclamer la recette des chaussons aux pommes.

- Très bien, faisons des chaussons aux pommes alors. Ça tombe très bien, j’ai été cueillir les fruits du pommier un peu plus tôt ce matin.

Et en effet, de belles pommes bien rouges trônaient en pyramide dans un beau saladier en fer forgé. Regina sortit alors un livre de recette qu’elle ouvrit à la page adéquate.

- Nous allons donc commencer par la pâte feuilletée, car il y a un petit temps de pause. Comme ça, pendant que la pâte repose, nous allons pouvoir confectionner la compote de pommes.

Elle laissa à sa fille le temps d’observer la recette pour qu’elle comprenne, avant de se demander soudain avec un pincement au coeur si la personne qui les avait retenus captif, elle et son frère, leur avait appris à lire. Il lui sembla que oui et cela la rassura. Elle sortit tous les ingrédients nécessaires à la fabrication de la pâte et ainsi elles purent commencer. Tout en indiquant quoi faire à sa fille, la belle brune ne pouvait s’empêcher de se poser mille et une questions sur la vie de ses bébés, comment ils avaient grandi, ce qu’ils avaient appris auprès de l’ignoble personne qui les avait enlevés. Avaient-ils été un temps soit peu heureux ?

- Lina ? Est-ce que… tu voudrais me parler de votre vie à toi et ton frère, quand vous étiez loin de nous ? demanda-t-elle presque timidement.

Peut-être qu’en en apprenant plus, elle saurait comment parler à Richard.

La belle blondinette se rendait compte que ce n’était pas une bonne idée de mentir à Régina. Etai-ce parce qu’elle était la « méchante reine » ou parce qu’elle était sa mère qu’elle avait déceler ce petit mensonge ? En tout cas, elle s’était cru meilleure menteuse par le passé. Qu’importe, elle s’excusait et expliquait la vérité. Mais au fond, la blondinette avait fait ça pour Richard et sa famille…

La jeune femme rentra donc. Elle avait toujours trouvé cette maison magnifique… Parfois, elle se mettait à envier le petit Henry. Lui, avait eu la chance de vivre ici, avec l’amour d’une mère, même si elle n’était pas sa mère biologique… Elle se souvenait alors de certaines nuits de plus froide ou Richard et elle devaient se tenir chaud pour ne pas mourir d’hypothermie… Lina lui offre un sourire alors que sa mère lui demande si les joyeux compagnons les aident.

« Oui très gentils ne t’inquiète pas… Nous ne manquons de rien. » ajouta-t-elle pour la rassurer. « Et puis, le fait d’être les enfants de Robin des bois, ça aide. » plaisanta-t-elle de nouveau.

La petite blondinette était la joie de vivre incarnée et elle était des plus heureuses de passer un moment avec sa maman. Rapidement, elles décidèrent de passer derrière les fourneaux. Lina n’avait jamais eu l’occasion de faire de la vraie cuisine, encore moins avec la fée noire d’ailleurs… Elle réclama alors des chaussons aux pommes et sa mère accueillit la nouvelle en annonçant qu’elle avait cueilli des fruits ce matin.

« Parfait ! Cela doit être un signe. On va faire les meilleurs chaussons aux pommes au monde ! » lança-t-elle avec enthousiasme. Elle acquiesça alors que Régina lui expliquait la pâte feuilletée et la démarche à suivre.

Elle observa attentivement la belle brunette s’activait, notant intérieurement les gestes à faire. Elle ne pouvait s’empêcher d’ailleurs de gouter la pâte.

« Je peux essayer ? » demanda-t-elle en la voyant travailler la pate. Elle se lava les mains et s’y mit à son tour. Alors qu’elle était concentrée sur son affaire, sa mère lui posa une question qui fut des plus étonnantes.

« Hum… Oui. Si tu veux… Qu’est-ce que tu aimerais savoir ? » ajouta-t-elle en continuant son travail, son regard fixant la pâte. Elle n’aimait pas beaucoup en parler. Surtout de la période avec la fée noire. Son passé n’était pas des plus féériques et l’expliquer à sa mère était… délicat.  

Accueillir sa fille faisait chaud au coeur à Regina, même si elle aurait espéré que les jumeaux viennent vivre avec leur famille sous le même toit. Mais elle préférait les savoir ensemble plutôt que séparés, surtout que ce monde empli de modernité leur était encore méconnu. Quand est-ce que Richard s’ouvrirait un peu plus à ses parents tout comme le faisait sa magnifique sœur ?
Pour l’heure, la maire de Storybrooke préféra mettre l’accent sur le positif, à savoir la présence de sa princesse, tâchant toutefois d’omettre ce mensonge qu’elle venait de formuler visiblement dans le but de préserver sa mère. En tant que mère, tout ce que Regina voulait, c’était que ses bébés ne manquent de rien. Et Lina le lui confirma, les compagnons de Robin semblaient aux petits soins. Elle savait qu’il régnait une grande solidarité au sein de ce groupe, même si Petit Jean la détestait, à juste titre après tout ce qu’elle lui avait fait par le passé et dont même Robin ignorait la teneur.

- Bien, se contenta-t-elle de répondre avec un sourire.

Lina était magnifique, enjouée, elle faisait beaucoup penser à son père. Regina voulait profiter de chaque seconde qui lui était offerte avec sa fille, elle qui en avait été privée pendant si longtemps, un laps de temps d’ailleurs qui avait été infiniment plus long pour la princesse. Cette dernière voulait apprendre à faire des chaussons aux pommes, ce qui fit sourire l’ancienne méchante reine qui expliqua qu’elle avait justement cueilli des pommes. Elle ne put que rire face à l’enthousiasme de sa princesse blonde.

- Tu ressembles tellement à ton père à bien des égards, ma chérie.

Elle sortit donc son livre de recettes et elle lui expliqua comment procéder avant qu’ensemble, après un lavage de mains de rigueur en cuisine, et avoir enfilé un tablier chacune, elles ne commencent à mélanger les ingrédients. Puis, rapidement, Lina voulut mettre la main à la pâte, littéralement. Sa mère lui laissa donc la place. Tout en la regardant, Regina ne put s’empêcher de lui demander si elle pouvait lui poser des questions sur leur passé à Richard et elle.

- Enfin, je ne veux pas te forcer à parler de choses qui te déplairaient, sens-toi libre de me dire ce que tu veux. Mais tu sais, vous avez disparu trois longs mois qui se sont avérés être une vingtaine d’années pour vous, alors… en tant que votre maman, je ne peux m’empêcher de me questionner sur ce qu’a été votre vie. Comment on vous a élevés, avec quelles valeurs. Je voudrais seulement mieux vous connaître, toi et Richard, tu comprends ? Mais encore une fois ma chérie, si tu ne veux pas en parler, tu es libre. Tes souvenirs t’appartiennent, et tu as le droit de choisir de les partager ou non.

Machinalement, elle se mit à éplucher une pomme.