Ah, les urgences la nuit. L’hôpital du Queens était l’un des plus réputés pour les blessés graves. Nous étions doués dans ce que nous faisions. Il y avait alors deux possibilités, une nuit tranquille ou alors c’était complètement le bordel et nous ne savions plus où donner de la tête! Ce soir, je faisais un double. Je bossais donc de 16h00 à 08h00 le lendemain matin. Autant le dire, je carburais à la caféine, mais je savais que mon fils était entre bonnes mains. Sa gardienne avait sa chambre à la maison de toute façon.

Il était près de 2h45 du matin et je jouais aux cartes assise au poste avec trois collègues et un médecin. L’urgentologue venait de perdre vingt dollars car il ne savait pas jouer et moi j’en étais à quatre-vingt de profits. Une bonne soirée. J’entendais finalement le téléphone pour les encodages sonner. Je me levais immédiatement pour aller répondre. Un encodage pour un pompier blessé et trois intoxications à la fumée à cause d’un incendie dans un immeuble. Je raccrochais et je préparais mes équipes. Nous avions exactement dix minutes pour nous préparer. Je comptais m’occuper du pompier car il était encodé en rouge ce qui signifiait une blessure conséquente. La première ambulance arrivait avec un enfant.

- Cube 1

Je m’assurais qu’ils allaient au bon endroit. Le second et le troisième ambulances arrivaient aussi. La mère était en choc traumatique et je l’envoyais dans la salle de choc 3 et le père dans le cube 2. La quatrième ambulance arrivait également et je voyais le pompier. Heureusement, je connaissais bien les ambulanciers qui étaient avec lui. Je m’approchais en courant et j’enfilais une blouse pour les saignements.

- Trauma 1. On a quoi?

Bill : Toujours aussi efficace Mary.

- La stratégie et la réflexion c’est mon domaine. J’aime avoir du recul. On a quoi? Les signes vitaux?

Bill : Les escaliers ont cédé alors qu’il sortait le gamin de l’immeuble. Blessure à la jambe droite, potentielle fracture ouverte avec bois dans la plaie. Je suspecte un traumatisme crânien également. Perte de conscience après sa sortie de l’immeuble. Pouls : 112, tension artérielle : 85/63. Tu veux pas sortir prendre un verre.

Je levais les yeux au ciel en l’écoutant. On était déjà dans la salle trauma. Je me plaçais pour diriger comme d’habitude et j’allais au niveau de sa tête.

- Bill … Ferme-la sérieux. On transfert à trois! Un! Deux! Trois!

Six personnes pour le transférer en bloc. Le médecin demandait immédiatement une radiographie de ma jambe et un scan de la tête. J’allais à la tête du pompier et je voyais son nom sur son uniforme. Je posais un masque à oxygène avec douceur sur son visage après avoir retiré sa cagoule en nylon pour le protéger du feu. Je lui faisais un superbe sourire.

- On va bien s’occuper de vous Dave. Je m’appelle Mary. Vous avez de la douleur? Non! Mathilda les ciseaux là pour couper son uniforme!

En moins de temps qu’il n’en fallait. Il se retrouvait pratiquement nu et je lorgnais un peu son corps avant de pencher la tête pour continuer de lui sourire.

- Je vous ai dit mon nom?

Je caressais ses cheveux pour le rassurer. La voie intraveineuse était déjà en installation.

Plusieurs voix différentes venaient de part et d'autre tout autour de moi. Je commençais finalement à discerner maintes silhouettes remuées de gauche à droite près de la civière où j'étais installé depuis mon arrivée à l'hôpital. Je ne portais pas vraiment attention aux discussions qu'entretenaient ces gens parce que, à ce moment, ces échanges ressemblaient davantage à des sons aucunement intelligibles qu'à des mots compréhensibles. La douleur irradiant ma cheville blessée accaparait entièrement mon esprit, je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose. Ma jambe droite je l'avais bien senti craquer et céder dans cet escalier fragile... comment était-elle... guérira-t-elle rapidement? Ma cheville s'était-elle vraiment rompue? Malheureusement, je ne pouvais pas me relever pour voir l'étendue des dégâts, l'on me maintenait immobile de la tête aux pieds sur ce bout de métal où j'étais couché depuis l'entrée dans l'ambulance.

Puis, mon brancard cessait tout avant de sentir mon corps être tiré hors de ma couche pour gagner un nouvel endroit où l'on m'étendait. Je remarquais que l'on retirait mes vêtements ignifuges du visage et qu'un masque m'était glissé sur le visage. Doucement, ma respiration semblait plus facile. Ensuite, le visage d'une femme souriante capturait mon regard lorsqu'elle appelait mon nom avant de se nommer elle-même... Mary. Cela me permettait de m'accrocher à ses paroles en conservant mes yeux sur elle, sur son visage rassurant. La question que l'infirmière me posait me semblait évidente, mais je me forçais à lui répondre du mieux que je pouvais à cet instant de douleur.

- Oui... ma... ma jambe... Elle me fait mal!

Une nouvelle question avait été prononcée par la femme me faisant face. Son... nom, qu'elle était son nom déjà? La réponse semblait se former tout doucement dans mon esprit et ma voix étrangement somnolente remplissait l'air pour dire ce que j'avais trouvé.

- Mary? Oui, Mar...

Puis, de nouveau, le néant de l'inconscience m'accueillait ce soir.

***

Péniblement, mes paupières se relevaient et une petite douleur lancinante résidait toujours dans mon membre blessé. J'inspectais les lieux pour y découvrir une chambre d'hôpital. J'hésitai de longues minutes à me relever le drap qui me couvrait pour voir finalement le résultat de cette chute de mes propres yeux avant l'arrivée du personnel médical responsable de mon cas. Je tentai donc de me redresser un peu pour voir l'état de ma jambe en empoignant le tissu entre mes doigts et c'était à ce moment précis que je repérai la jeune femme dans la pièce.    

Les choses allaient souvent très rapidement dans la salle de traumatologie. À peine il avait l’oxygène et me mentionnait sa douleur qu’il sombrait dans l’inconscience. Immédiatement, je me sentais prise d’une panique qui n’était pas la mienne. Je n’étais pas comme cela habituellement. Je sentais les larmes me monter aux yeux alors que je caressais ses cheveux. Pourquoi est-ce que je réagissais comme cela en fait? J’avais même l’impression que j’allais défaillir à mon tour une phrase quittait mes lèvres sans que je ne le veuille pour murmurer à son oreille.

- Ne me laisse pas seule Dave.

Non seulement, je venais de le tutoyer, mais j’avais poser une baiser sur sa joue. Heureusement, personne ne semblait l’avoir remarqué. Je reprenais mon sang froid alors que les actions de mes collègues allaient de plus en plus rapidement. Je poussais un soupir intérieur en regardant autour alors qu’il disparaissait pour le bloc opératoire. J’essuyais une larme qui coulait sur mes joues. Mon quart se terminait quelques heures plus tard sans que je n’ai la chance d’aller voir le beau pompier. Il hantait mon esprit. Ses yeux bleu et ce regard … J’étais distraite dans la journée et je décidais de faire venir la gardienne pour mon fils le soir. J’étais censé être en congé, mais j’avais besoin de savoir s’il allait bien.
J’achetais un bouquet de fleur. Des roses blanches comme la neige. Je me faisais une queue de cheval et j’enfilais une petite robe. Je me rendais donc à l’hôpital en saluant mes collègues sur mon passage. J’étais la princesse des urgences après tout. J’allais dans sa chambre et je posais les fleurs dans un joli vase. Je le regardais dormir et je décidais de prendre un livre dans mon sac pour faire la lecture. Après une bonne heure, je voyais du mouvement dans le lit. Il était donc réveillé. Je posais mon livre en souriant et je m’approchais de lui avec douceur.

- Vous avez été opéré durant la nuit. Une opération mineure je vous rassure monsieur Dave. Vous avez des plaies mais également un plâtre. Votre cheville sera comme neuve dans quelques semaines.

Je plongeais mon regard dans le sien tout en continuant de sourire. Mon Dieu, j’avais l’impression que le coeur voulait me sortir de la poitrine. Je prenais une grande inspiration avant de remplir un verre d’eau avec de la glace. Je mettais une paille avant de lui tendre.

- Vous avez dormi toute la journée à cause des sédatifs. Oh vous ne vous souvenez peut-être pas de moi en fait … Je me nomme Mary. Je me suis occupée de vous aux urgences lors de votre arrivée.

Je découvrais ma jambe blessée de la couverture pour l'inspecter en me cambrant un peu vers l'avant. Ma cheville était maintenue par un plâtre et mes plaies étaient complètement couvertes de gaze. Elle ne semblait pas en si mauvais état après mes observations. Je m’étendis à nouveau sur le lit dans un petit soupir. En relevant les yeux, je voyais une femme à mon chevet. La jolie brune était assise sur une chaise lorsqu'elle remarquait mon éveil. Je n'arrivais pas à mettre un nom sur son visage, mais elle me paraissait étrangement familière. Son sourire était si réconfortant que je n'arrivais pas à détacher mon regard de celle-ci lorsqu'elle faisait de même. Son explication sur mon état me fit sourire doucement à mon tour soulagé.

- Merci beaucoup, ça me soulage d'apprendre ça. dis-je en lui souriant faiblement.  

Doucement, notre curieux contact visuel se coupa et la charmante inconnue s'affaira à me couler un verre d'eau. Je me redressai comme je pouvais dans ce lit pour enfin m'asseoir en prenant ce que la femme me tendait.

- Merci... soufflai-je en prenant une petite gorgée du liquide rafraîchissant. Ma gorge était curieusement sèche!

La voix de la demoiselle reprenait de nouvelles explications sur ma situation qui venait de se terminer. Visiblement, je revenais de loin. Je reposais mon verre d'eau après d'avoir pris une deuxième gorgée. Une question traversait mon esprit encore embrumé par le réveil. Comment pouvait-elle en savoir autant, mais qui était-elle? vant que je l'interroge sur son identité, la belle brunette me répondit à ma question. " Mary... " Je tentais de sonder mes souvenirs à la rechercher de cette femme.  Puis, elle répondit à cette nouvelle question, elle était de charge le soir de mon admission aux urgences.  

- Oui, merci madame Mary... j'admets que j'ai encore une peu l'esprit ailleurs depuis mon éveil.

Toute fois, plus je l'observai plus, mes pensées se confondaient. J'avais un pressentiment qui ne voulait pas me lâcher en admirant ses magnifiques yeux noisette. Il avait quelque chose de particulier chez elle qui retenait mon entière attention. Sa voix,  sa présence, son essence qu'elle dégageait... oui tout me lassait une curieuse sensation de déjà vu. " Et ce sourire... oui, mais où est-ce que je l'avais vu pour la première fois? "

- Euh... vraiment désolé, je n’ai peut-être vraiment pas toute ma tête, mais... est-ce que nous nous sommes déjà croisés avant par hasard? Je fis un petit rire avant de poursuivre. Je veux dire... avant mon arrivée dans l'hôpital!

LJe ne pouvais rien faire de plus dans cette salle de choc. Je n’avais rien pu faire pour rester près de lui. La seule chose que j’avais en tête était ses yeux. Son regard alors qu’il se fondait dans le mien aussi profondément. Je ne saurai expliqué ce qui c’était produit à cet instant précis. Un coup de foudre? Impossible de savoir. J’avais mal dormi dans la journée. Mon fils jouait et j’avais la tête complètement ailleurs en cherchant sur les réseaux sociaux le regard de cet homme avant de tomber sur une page Facebook pratiquement vide.

J’étais donc dans cette chambre sans trop comprendre ce qui m’avait poussé à venir le veiller. Il devait sans aucun doute avoir une femme quelque part non? Je prenais un profonde inspiration et affichais mon plus beau sourire alors que je lui versais un verre d’eau avec une immense douceur. Il m’appelait madame et je secouais négativement la tête en continuant de lui sourire.

- Non … Mary. Pas de madame. Je ne suis pas mariée monsieur Dave. Il est normal que vous soyez dans un certain brouillard après une telle aventure. Vous avez agis en héro hier, mais tous les héros ont besoin de repos après une longue bataille contre les feux de l’enfer.

Qu’est-ce que je venais de sortir comme phrase? C’était tout droit sortie d’un conte de fée ma parole. Je m’assoyais sur le bord du lit en continuant de le regarder dans les yeux. J’étais incapable de me détache r de lui. En fermant les yeux durant une fraction de seconde, je revoyais son corps nu au-dessus du mien sans comprendre si c’était simplement une envie ou … Impossible. Je n’avais jamais eu de relations avec cet homme aussi charmant soit-il. J’avais l’impression de le connaître depuis toujours. Je continuais de lui sourire avec une immense douceur alors qu’il buvait de l’eau.

- C’est drôle que vous me disiez cela. Je pensais exactement la même chose en cet instant. J’ai eu la même impression lorsque je vous ai mis le masque à oxygène sur le visage en tentant de vous rassurez. J’ignore même ce qui m’a poussé à venir près de vous ce soir en fait … C’était… Oh vous allez trouver ça étrange mais j’avais la nette impression que vous aviez besoin que je sois près de vous.

Sans même me poser de question, je suivais mon instinct. Je capturais ses lèvres avec douceur dans un baiser quasiment magique. Mon coeur battait à tout rompre dans ma poitrine alors que je n’avais jamais agis ainsi avec qui que ce soit. Qu’est-ce qui venait de se passer? J’ignorais tout le reste alors que je lui offrais un baiser d’amour véritable dans cette chambre d’hôpital.

Je n'arrivais pas à détacher mon regard du sien comme si mon esprit et mon corps avaient l'habitude de cette présence, à ce sourire qui avait la facilité à me faire flancher. Comme si elle avait toujours sa place à mes côtés. Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce que je ressentais... je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort auprès d'une femme! Mon Dieu... à quel point ma chute avait-elle affecté ma conscience pour être aussi confuse?

Le terme que j'ulitisais pour la qualifier ne semblait pas plaire à l'intéressé, mais cela me permettait d'apprendre une information qui me faisait sourire doucement; elle n'était pas mariée! Avec un soulagement presque incommensurable, je soufflais faiblement un soupir heureux. Je venais presque à prier, qu'elle ne soit pas en couple. La suite de ses dires me surprenait. Non je ne m'y attendais pas, même elle avait l'aire surprise par ses propres mots.

- Vous... vous avez entièrement raison, tous a besoin de repos... même si je pense que tous auraient réagi de cette façon à ma place dans ma situation. Après tout... mon métier est aussi de sauver les gens pris des flammes! Mais vous n'êtes pas obligé d'utiliser le Monsieur non plus avec moi.

Plus je l'observais en discutant avec elle, moins elle me semblait être une parfaite inconnue. Non... j'avais la curieuse impression de l'avoir toujours connue. Une impression de déjà vu et ferme conviction d'avoir entendu sa voix sous des sons... que je ne pouvais pas qualifier. Oui, tout me parvenait en l'écoutant! D'où venaient ces images et impressions? Alors, je m'empressais de la questionner et celle-ci répondait une réponse dont je ne m'attendais pas du tout en corroborant mes intuitions!

- Possible que j'ai besoin de vous... Ces mots jaillissaient de mes lèvres sans vraiment y comprendre la signification.

La femme se penchait sur moi et nos lèvres s'unirent sans crier gare. Curieusement, mon corps ne sentait pas cela comme une intrusion, mais une normalité! Comme s'il était habitué à une telle proximité avec elle. Ce baiser n'était comme aucun notre avant lui... il me comblait littéralement de joie! Pourquoi? Qu'est-ce qui arrivait avec moi exactement? J'approfondissais cette caresse instinctivement quand je réalisais ce que je faisais. Puis, ma jambe se remettait à me faire mal.  

- Ah... Aille! Je me décollais en réalisant que je prenais appui sur elle. Je... je suis désolé... je me suis appuyé sur la mauvaise jambe! Puis... l'émotion me revenait à l'esprit aussi distinct qu'il y avait peu! Vous... vous l'avez ressenti aussi, pas vrai?          

Pourquoi est-ce que j’avais agi ainsi avec lui? J’étais incapable de dire pourquoi. Quelque chose de profond que je ne pouvais comprendre et qui me poussait à aller vers lui. Une attirance sans la moindre limite et sans la moindre faille qui me donnait le courage d’avancer et de continuer. J’avais un espoir profond envers nous. Oui, nous. Notre coeur qui battait à l’unisson sans le poser la moindre question. Ce coeur que nous partagions sans même le savoir. Je sentais que quelque chose s’était produit durant ce baiser mais j’ignorais ce que c’était exactement, mais c’était puissant. J’avais embrassé des homme de nombreuses fois durant ma vie, mais pas de cette façon. Il augmentait l’intensité du baiser et je le lui rendais avec instinct également.

La douleur venait rompre ce moment magique. Il avait mal à sa jambe. Je le regardais dans les yeux inquiète comme jamais. Cet inconnu dans son uniforme pour combattre les feux de l’enfer dont j’étais tombée amoureuse en lui mettant le masque à oxygène pour améliorer sa respiration. Je le soutenais sans le moindre problème.

- Ce n’est pas grave. Assoyez-vous cependant.

Il venait me dire que je l’avais ressenti comme lui. Cette attirance sans la moindre limite. Cette fusion pure et indétrônable. Rien ne pouvait égaler une chose pareille en fait. Je le regardais dans les yeux en osant caresser sa joue avec une douceur immense. Je ne pouvais pas cesser de le regarder. Je voulais rester près de lui nuit et jour. Je voulais qu’il fasse partie de ma vie mais pourquoi exactement? Un coup de foudre sans la moindre explication.

- Oui, je l’ai ressenti. C’était si … Je ne comprends pas pourquoi je suis venue ce soir. J’étais incapable de cesser de penser à vous. C’est une chose qui ne s’était jamais produite avant. Je sentais que je devais le faire. Comme si nous n’étions qu’une seule et même personne… C’est complètement fou.

Je continuais de le regarder dans les yeux avant de l’embrasser à nouveau en suivant mon instinct. Il allait avoir besoin de repos ensuite. Je rompais le baiser volontairement pour le réinstaller avec douceur en replaçant ses couvertures avec douceur. Je baissais la tête en rigolant un peu toute seule et en faisant non de la tête.

- J’espère simplement que vous n’avez pas une femme dans votre vie. Je me sentirais bien idiote d’avoir agi de cette façon alors.

Une collègue infirmière entrait en me saluant et je lui rendais faiblement son sourire. Elle ajustait la perfusion de Dave avant de partir après avoir pris sa pression. Je regardais le blond dans les yeux. J’avais espoir. J’avais espoir en nous.  

La curieuse sensation me liant à elle se concrétisait davantage pour se définir en un amour si fort. Contre ses lèvres, je pouvais ressentir agréablement que nos coeurs et nos âmes battaient à l'unisson. Nous avions tous deux accueilli ce rapprochement avec un plaisir non dissimulé sous cet instinct partagé. Qui pouvait-elle bien être? Je n'avais jamais vraiment espéré vivre un coup du destin aussi fort et criant que celui-ci. C'est toujours quand l'on ne recherche pas que l'on trouve, comme le disais si bien le dicton!

La douleur qui courait dans ma jambe sous une très mauvaise action de ma part me faisait rompre ce moment bien étrange de... pur bonheur complet! L'infirmière était rapidement submergée par l'inquiétude à mon inconfort douloureux et me demandait de me replacer convenablement. Je pris appui sur mes bras pour m'asseoir confortablement sur le lit d'hôpital sous son conseil. Je lâchais un petit soupir à ce mouvement avant de porter mon attention sur le doux visage de la sublime femme à mes côtés. Je posais ma main sur la sienne lorsqu'elle caressait ma joue avec un petit sourire accompagné d'un amour pur et qui me dépassait complètement. Je ne désirais pas qu'elle me quitte à ce moment, j'avais une irrésistible envie de l'embrasser à nouveau en la serrant doucement contre moi. C'était si déconcertant comme sentiment!

Je ne pus retenir de la questionner afin de m'assurer que cette chute ne m'avait pas rendu cinglé. Sa réponse avait le don de me rassurer complètement à ce moment... Elle l'avait ressenti aussi! Ses propos faisaient écho aux miens. L'union qui s'était réalisée à cette rencontre n'avait simplement pas de mot pour le décrire.                    

- Oui... comme si mon coeur et le vôtre ne faisaient qu'un et que ma personne est complète que maintenant en votre présence! Comme si le destin avait orchestré cette blessure pour nous retrouver.

Je lâchais un petit rire devant mes "fabulations" complètement étranges et irrationnelles. Pourtant, c'était ce que je ressentais en ce moment.

- Je suis désolé peut-être que j'aie reçu un coup un peu trop fort sur la tête pour tenir de tels propos insensés.

Mon regard osait enfin se poser sur elle et je remarquais le sien sur moi. La jolie brune comblait à nouveau l'espace entre nous pour que nous puissions à nouveau profiter d'un second moment magique par le biais d'un baiser. Je savourais pleinement cet instant comme si toute sensation désagréable quittait mes membres... il n'avait que nous! Elle rompait le baiser avant de s'occuper de couvertures qui me couvraient mes jambes bien meurtries par cet incident. Je la laissais faire avant de lui rendre un petit sourire en guise de remerciement.

Cependant, sa réaction m'intriguait. Curieux, j'attendais qu'elle s'explique. Je ne pouvais m'empêcher de sourire avant de lâcher à mon tour.

- Non... ne vous faites pas de soucis à ce sujet, je n'ai personne dans ma vie.

Une autre infirmière entrait pour vérifier l'état de ma perfusion ainsi que de ma pression avant de sortir en nous laissant seuls. Tout était sans doute normal. Je me demandais bien quand j'allais avoir mon congé!

- Je vous aurais bien proposé un café ou un verre pour faire plus ample connaissance, mais j'imagine que ma sortie n'est pas prévue pour ce soir! dis-je avec un petit sourire.          

Lorsque l’amour arrive à votre porte sans prévenir, je crois qu’il est de notre devoir de le saisir. Est-ce que j’avais chercher à rencontrer cet homme dans cette salle de choc? Pas du tout. Est-ce que j’avais fait exprès de l’embrasser ainsi en suivant mon instinct? Non. J’avais agi en écoutant mon coeur et cette petite voix intérieure qui me rendait si heureuse. Je voulais qu’il aille bien. Je voulais qu’il prenne du mieux et pourtant je savais que je ne pourrais pas rester éternellement car j’avais un petit bonhomme à la maison qui avait besoin de sa mère. Pour l’instant, j’étais là pour lui. J’étais là pour Dave Neel. Je le laissais prendre ma main avec douceur et je continuais de le regarder tendrement dans les yeux. Qu’il était beau. Je gardais un espoir profond qu’il soit seul et que je puisse continuer ma route avec lui. Une espèce d’utopie qui nous appartenait.

- Le destin n’avait pas à être aussi violent si vous voulez mon avis. J’aurais préféré vous croiser ailleurs que dans une salle de choc d’hôpital.

Je rigolais un avant de passer une main dans ses cheveux. Malheureusement, ce moment de tendresse était interrompu par une collègue qui venait faire son travail. Je me reculais pour lui laisser la place et je continuais de rougir en regardant Dave. Il dégageait quelque chose d’inexplicable et il me rendait heureuse en cet instant. Un bonheur que je ne m’expliquais même pas. Il m’avait confirmer n’avoir personne dans sa vie et je me contentais de sourire encore d’avantage si c’était une chose possible. J’avais énormément de chance. Mon espoir avait donc eu sa raison d’être à nouveau. Ma collègue partait et je me rapprochais de lui. Il me proposait un café ou un verre et je me mettais à rire un peu.

- Nous pouvons tout de même faire connaissance ici. Attendez moi quelques instants et ne vous lever pas surtout.

Je sortais de la chambre et j’allais à la cafétéria prendre un paquet de chips, deux cafés infects et une barre chocolaté. Je revenais ensuite en volant un paquet de cartes à jouer au poste des infirmières. J’entrais et je posais la boîte avec le contenu magique.

- Et voilà. Café, chocolat et chips. Bon, il manque une ambiance tamisée mais je crois que nous avons de quoi faire connaissance. Une petite partie de carte avec un homme aussi charmant ça me rend de bonne humeur.

Je mettais du sucre et du lait dans mon café avant de mettre du lait dans le sien également et lui donner. Je ne savais pas pourquoi mais je savais ce qu’il mettait dedans. J’ouvrais le sac de chips sans me rendre compte de ce que je venais de faire en fait.

- Alors … Commençons par nous tutoyer. Je crois que ça serait bien non? Quel est ton animal préféré?

Une question sans la moindre importance. Je commençais à mélanger les cartes avec une certaine agilité. Je ne remarquais pas trop son trouble.

- Quoi? J’ai dit quelque chose qui ne fallait pas Dave?