Long time no see

Mordred & Merida

Le retour dans notre monde est, à la vérité, aussi surprenant que malvenu. Si je devais être totalement honnête, je dirai que ce monde rempli d'intrigues politiques et de jeux de pouvoirs auxquels je me trouve mêlé depuis ma prime jeunesse ne me manquait pas tant que cela. D'accord, ma vie est vouée à anéantir ce père qui n'a jamais voulu de moi, contenter cette mère qui a tracé la route qui devrait être la mienne, et pour finir, obtenir ce trône qui est mon héritage et mon dû depuis le jour de ma naissance. Et pourtant, à y repenser, peut-être que j'échangerai le trône de Camelot contre le Rabbit Hole. La vie à Storybrooke était plus simple. Mais je ne suis pas de ceux à s'appesantir sur un passé égaré, alors visons l'avenir, même si j'ignore de quoi il sera fait.

Mon passage dans le Pays des Merveilles a été des plus brefs, ce qui a sans doute sauvé ma santé mentale, et ma présence dans la Forêt Enchantée devait être tout aussi brève, le temps de me trouver une monture et de rentrer dans mon royaume pour savoir ce qu'il est devenu en mon absence. C'était le plan. Une rencontre imprévue m'a cependant semblé être un signe du destin. Argo. Au milieu des centaines de chevaux que compte probablement ce royaume, je reconnaitrais ce compagnon sans l'ombre d'un doute.

A peine mon pied posé dans l'étrier que je retrouve une part de moi oubliée depuis longtemps, et tant les entrainements martiaux que les quelques principes de base qui vont avec l'adoubement (excepté peut-être celui qui dit que "pour mon roi me ferai tuer") me sont revenus à l'esprit. Pas oubliés, mais disons, mis de coté, face à leur inutilité dans la vie que l'Enfer puis Storybrooke et New York ont choisi pour moi. La première chevauchée me laissera probablement perclus de courbatures, réveillant des muscles et des mécanismes qui n'ont pas fonctionnés depuis plusieurs années, mais il semblerait que mon étalon fougueux ne m'ait pas oublié et n'ai pas eu dans l'idée de me jeter à terre, ce qui est déjà une bonne chose.

Cela dit, à présent que nous nous trouvons au cœur de la forêt, c'est à pied que je mène ma monture par la bride, l'animal à la robe ébène appréciant autant cette pause que mes jambes apprécient de marcher à nouveau. Si je fais une cible facile? Sans doute, mais j'ai quelques atouts dans ma manche. Si ma magie fait des siennes depuis mon retour parmi les vivants, je suis encore capable de manier une lame. Et s'il me faut viser un cœur, cette fois-ci, je ne compte pas rater ma cible. D'ailleurs, le cheval renâclant soudainement, son attitude montrant un stress apparent, je joue la sécurité en dégainant ma dague, à défaut d'une épée de taille convenable.

"Montrez-vous si vous l'osez. Seuls les lâches restent dans l'ombre."

Si j'appelle cela une provocation? Un échauffement plutôt. Peut-être une bravade, si je dois être sincère. Je n'ai sans doute pas apprécié ma première mort, mais je préfère perdre un combat rapproché que mourir d'une flèche dans la nuque sans même voir le visage du tireur.

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Mordred & Merida

Un nouveau jour débutait sur le château de la reine Regina. Comme chaque matin, Merida se levait avec le soleil. Elle pouvait profiter de ces quelques instants de répit sans personne se baladant dans les couloirs de la demeure, sans le tumulte devenu habituel dans la moindre de ses salles.
Certaines fois, la reine de DunBroch en était à regretter son travail dans les allées de Central Park. Au moins, si elle ne voulait pas parler aux gens, elle pouvait se réfugier dans les écuries et prendre soin des différentes montures qu'elles accueillaient.

Ce souvenir l'avait conduite sans qu'elle ne s'en aperçût devant une des dépendances du Palais Sombre, celle qui contenait les stalles et donc les chevaux de sa majesté. Cela faisait vraiment trop longtemps qu'elle n'avait pas fait une balade en forêt et encore plus longtemps qu'elle n'était pas montée à cheval.
Elle choisit celui avec la robe la plus sombre, son cheval Angus lui manquait encore plus en cet instant. Elle savait qu'il était bien choyé par ses serviteurs au château de DunBroch, il fallait peut-être qu'elle pensât à faire un tour dans son royaume pour voir tout le monde et prendre de leurs nouvelles.

Pour le moment, une petite balade en forêt lui ferait le plus grand bien. Elle partit au galop une fois la selle mise en place, le vent s'engouffra rapidement dans sa chevelure de feu.
Elle se sentit enfin libre, cette sensation lui avait été interdite depuis plusieurs jours, faute à un nombre incalculable de réunions diverses et variées concernant les ogres et leurs commanditaires.

Après une dizaine de minutes de course effrénée, Merida lâcha les rênes et laissa la direction à sa monture. Elle mit pieds à terre et s'installa près d'un arbre laissant son cheval broutait autant qu'il le souhaitait.
Elle profita elle aussi de ce moment de détente, de tranquillité et de solitude que la forêt lui permettait. Elle inspira une grande bouffée d'air frais. Ce fut à cet instant qu'elle entendit un bruit pas très loin d'elle.

Comme une idiote, elle était partie sans son arc et sans aucun couteau pour se défendre. Elle attrapa la première pierre qui passa sous sa main et s'avança le plus silencieusement possible d'un buisson afin d'épier l'étranger.
Ami ou ennemie ? Danger pour toute la troupe ou allier de circonstance ? Qu'une seule façon de le savoir, écarter les dernières branches afin d'avoir une vision parfaite sur le nouveau venu.

Cette silhouette, cette démarche, toute la posture de l'homme devant elle rappelait tellement de choses à la jeune femme. Mais était-ce possible ? Etait-ce vraiment lui ? Que lui était-il arrivé depuis le départ collectif de New-York ?
Il se retourna et son visage était le même que dans ses souvenirs. Il l'avait entendu, il savait qu'il n'était plus seul dans ce coin de la forêt, il ordonna à qui l'entendait de se montrer.

"On ne m'avait jamais traitée de lâche jusqu'à présent. Mais, il faut bien un début à tout. C'est comme ça que tu accueilles une vieille amie ? Ca ne m'étonnes même pas de toi !"

Merida sortit de son buisson après avoir lâché son arme de fortune et en montrant bien à son ancien collègue New-Yorkais les paumes vides de ses deux mains.
Elle approcha la monture qui accompagnait Mordred afin de se faire sentir. Elle adorait les chevaux autant que lui les aimait aussi, elle ne pouvait s'empêcher de les caresser dès qu'elle le pouvait.

La reine de DunBroch se retourna vers son ancien collègue de Central Park.

"Que fais-tu là ? Tu t'es perdu ? Ou tu as des envies suicidaires ?"

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Mordred & Merida

Je n'ai guère à attendre bien longtemps pour que, au milieu du calme apparent de la forêt qui m'entoure, une voix réponde à ma provocation. Une voix grave et déterminée que je reconnais aussi facilement que le visage encadré d'une tignasse rousse face auquel je me retourne.

Je garde l'air sérieux affiché sur mes traits aussi longtemps que faire se peut pour lui répondre, volontairement cassant.
"Je n'ai pas d'amis, seulement des alliés, le temps qu'ils me sont utiles."
Un sourire n'est cependant pas long à apparaitre sur mon visage alors que je range ma dague dans son fourreau sans vraiment y regarder. La mémoire musculaire, il n'y a que ça de vrai.
"D'accord, il est possible que je te considère comme mon amie."

Je la laisse offrir à Argo l'affection que j'oublie parfois de lui montrer, n'étant pas moi-même particulièrement démonstratif en affection, même avec ce compagnon qui m'a accompagné si souvent par le passé, avant que la dame se tourne de nouveau vers moi pour me harceler de questions.

"Je pourrai te retourner le questionnaire. Je n'aurai pas pensé New York assez petit pour que quelqu'un parmi les quelques personnes que j'ai connu là-bas soit de notre monde."

Je marque une pause en réfléchissant à ce que cela peut signifier pour d'autres personnes que nous avons elle et moi connu là-bas. Sa compagne? Je ne suis pas certain de vouloir tâter ce terrain.

"Et non, je ne suis ni perdu, ni suicidaire. Pas encore en tout cas. La malédiction, ou quoi que ce soit, ne m'a pas vraiment déposé au pas de ma porte, alors Argo et moi rentrons au pays... par le chemin le plus long, il semblerait."

Je baisse le regard en retenant un rire à la pensée qu'effectivement, ma route semble autant me rapprocher que m'éloigner de Camelot, depuis que j'ai décidé, en concertation avec moi et mon cheval, que là devait être ma destination. Il faut croire qu'une certaine partie des décisionnaires n'était pas en accord avec cette décision...

"Et donc, tu es d'ici. Et ta jolie blonde?" D'accord, j'ai mis les pieds dans le plat. "Eh, je suis un homme, et j'ai des yeux. On ne peut me blâmer de savoir admirer la beauté de ce monde."

En tout bien tout honneur. Je ne suis pas de ceux à se retourner ostensiblement sur le passage d'une dame, ou à ne pas savoir garder les yeux face à ceux de ma vis-à-vis au cours d'une conversation. Mais je sais tout de même admirer l'élégance d'une femme quand je la croise. Merida? Si je ne connais encore que cette personnalité que le sort lui avait donné, je ne doute pas qu'elle soit aussi indomptable que sa tignasse. Elle a son charme, mais soyons honnêtes, mon histoire personnelle tend à prouver que j'ai un faible pour les blondes.

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Mordred & Merida

Après un échange de civilités des plus banales entre eux, Merida ne put s'empêcher de sourire à différents propos de son ancien collègue de Central Park.
Elle s'était elle-même posée la question de la probabilité de travailler au même endroit qu'un autre personnage du Monde des Contes dans l'immensité de la ville de New York.

La reine de DunBroch n'avait pas poussé la réflexion plus loin car les maths et elle ça faisait à peu près dix depuis bien longtemps. Mais même sans être une experte en arithmétique, la probabilité devait vraiment être infime.
Elle leva les yeux vers Mordred quand celui-ci avoua qu'il la considérait comme une amie. De ce qu'elle se souvenait des quelques discussions qu'ils avaient eu dans une autre vie, elle pouvait prendre cette marque d'amitié comme un compliment.

L'archère à la crinière de feu arrêta de se plonger dans les souvenirs de sa vie non désirée à New-York pour se concentrer à nouveau sur son interlocuteur.
Il finit par lui expliquer sa présence dans la Forêt Enchantée. Apparemment, il voulait rentrer dans son royaume avec son cheval. Mais de ce qu'elle voyait, il n'avait pas l'air très pressé de s'y rendre ou sinon, il devait un sacré mauvais sens de l'orientation.

Cette constatation souleva une grande question, quel était son royaume ? En tant que reine de DunBroch, Merida était tout à fait au courant des noms et des visages des différents souverains du Monde des Contes.
Mais le visage de son ancien collègue ne lui rappelait aucune des têtes couronnées qu'elle avait en mémoire. Elle n'eut pas l'occasion de pousser plus avant sa réflexion car le British (surnom donné à l'unanimité des employés des écuries à cause de son accent) lui posa d'autres questions plus personnelles cette fois-ci.

" Je viens d'un petit royaume dans le nord du Monde des Contes qui porte le doux nom de DunBroch. J'en suis la reine depuis le décès de mon père lors d'une bataille il y a fort longtemps.
Mon véritable nom est Merida et non Mery. Et oui, la jolie blonde qui m'accompagnait de temps en temps, se trouve aussi dans ce monde. C'est une ... très bonne amie. On va dire ça comme ça.
Et toi ? D'où tu viens et quel est ton véritable nom ?"

Elle avait senti ses joues rougir à l'évocation d'Elsa. Pour éviter qu'il s'en aperçut, elle lui tourna le dos et retourna voir le dénommé Argo afin de le caresser à nouveau.
Elle se mit à siffler de façon forte et brève afin que sa monture d'un jour vint les rejoindre. Il n'y avait pas de raison qu'il resta en arrière et tout seul.

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Mordred & Merida

Je pense d'abord que je n'aurai pas de réponse à mes questions  comme elle se retourne vers Argo, semblant préférer passer ses doigts dans les crins épais de l'étalon plutôt que m'accorder davantage d'attention. Ce que j'accepte étonnamment de bon cœur. D'aucuns finiront pas penser que mes séjours tant en Enfer qu'à New York m'ont été bénéfiques, quelque part. Je me serai bien épargné le premier, pour tout dire. Mais même là, j'ai eu la chance de croiser des gens honorables, au milieu des méchants purs et durs.

Elle finit par me répondre, alors que je n'y croyais plus vraiment, m'expliquant venir d'un des royaumes du Nord, et en prime, en être la reine. Je dois avouer me demander d'abord si elle se moque de moi, avant d'accepter l'idée qu'elle soit sérieuse. Et me confirmer que la jeune blonde qu'elle m'avait présentée à l'occasion est bien de notre monde, et une très bonne amie à elle. Me concernant? Il y a assez peu de choses à dire. Non pas que ma vie ne soit ni tumultueuse, ni intéressante, mais je crains que certains éléments de mon passé soient de mauvais ton à avouer à une reine. Quand on marche sur le fil du rasoir depuis toujours, on apprends à éviter les cachots.

"Et bien, Reine Mérida, si je m'attendais. Dois-je?"

Je lui offre une courbette maladroite, qui se voulait moqueuse, mais se révèle plus authentique que prévu. Peut-être ai-je été trop bien éduqué, même si la plupart de mes maitres en la matière étaient de mauvaises personnes.

"Je viens de Camelot. Et je me nomme Mordred."

Je marque une pause, réfléchissant à ce que je compte lui avouer ou non. En temps normal, je ne serai arrêté là. Mais j'ai le souvenir, au delà de nos rivalités professionnelles, d'une franche camaraderie avec cette femme. De quoi m'aider à m'ouvrir davantage, malgré les risques. Risques? Entre Arthur et Morgane, je pense connaitre le camp choisi par la plupart des souverains de ce monde. Je me trouve entre eux deux depuis le jour même de ma conception, mais j'imagine que ma tentative de meurtre envers Arthur a fait plus d'éclats que mes tentatives tout aussi infructueuses de tourner le dos à ma mère.

"Officiellement, fut un temps où j'avais rejoins les rangs des Chevaliers de la Table Ronde. Officieusement, je suis le bâtard d'Arthur. Même si j'évite de le crier sur tous les toits. On ne peut pas dire que j'en sois fier...Quoi?"

Son regard a changé, subitement, et cela n'est clairement pas dû à l'arrivée du coursier sombre qui semble être le sien. Option un, le bâtard que je suis devrait baisser le regard face à la reine qu'elle est. Option deux, Arthur compte parmi ses alliés, et je deviens du même fait un ennemi. Option trois, la rumeur de ma filiation lui est parvenue aux oreilles, et je doute que ma mère ait beaucoup d'alliées parmi les reines de ce monde. Option quatre? Non, là, j'ai pas.

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