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Autour d’eux, la forêt semblait retenir son souffle, les arbres immobiles comme des témoins muets de cette rencontre improbable entre deux destins entremêlés par les fils du passé. Les feuilles bruissaient à peine, comme si même la nature retenait son souffle, captivée par l’intensité de l’instant.
Le regard de Robin plongea dans celui de Mordred, et dans ses yeux sombres, il crut entrevoir un tourbillon d’émotions contradictoires. Il y avait de la douleur, de la colère, mais aussi quelque chose de plus profond, une lueur d’humanité enfouie sous les strates de l’histoire tumultueuse de sa lignée.
« — Mordred Pendragon », murmura-t-il, laissant le nom résonner dans l’air comme une incantation chargée de mystère et de poids. Chaque syllabe semblait dévoiler une part de vérité enfouie dans les méandres du temps. Mais ce nom, outre la funeste légende, il le connaissait que trop bien, ce qui rendait cette situation terriblement ironique entre ces deux hommes, pourvus d’un lien du sang dont l’un ignorait l’existence.
« — Les fils succèdent-ils véritablement à leurs pères, ou sommes-nous libres de choisir notre propre destinée ? », poursuivit-il avant de reprendre avec encore plus de conviction et de sincérité outre celle du grand sage. « — Il serait malhonnête de vous juger sur les actes de vos géniteurs. Qui plus est, quand soi-même nous avons vécu dans l’ombre des actes de nos propres géniteurs. »
Il se tut l’espace d’un instant pour mieux observer le sombre jeune homme qui lui faisait face. Avait-il un doute sur la véracité de ses aveux ? Non, sans l’ombre d’un doute, et c’est bien pour ça que Robin se lança à son tour au petit jeu de la révélation.
« — Si ce que vous dites est vrai, ce dont je peine à douter, et bien il se pourrait que je sois votre oncle. » Il sentit son cœur battre plus fort, comme le grondement lointain d’un tonnerre annonçant l’orage à venir. Autour d’eux, la lumière du crépuscule dansait entre les feuilles, peignant des ombres mouvantes sur le sol jonché de feuilles mortes. Dans ce moment suspendu, l’archer se sentait à la fois fragile et invincible, mais résolu à continuer.
« — Ma mère… » Il marqua un temps d’arrêt tant il n’était pas aisé de se rappeler aux souvenirs de ces quelques infernales révélations qu’il n’avait plus eu l’occasion d’évoquer depuis bien longtemps.
« — Il n’est jamais facile de devoir parler de choses ignobles, surtout lorsqu’elles sont à l’origine de votre naissance. Faisons simple et court. Je suis moi aussi un bâtard, en l’occurrence celui d’Uther Pendragon. Lui aussi, a bien essayé de me tuer, tout comme la plupart de ses autres enfants adultérins. Mais, il en restait deux. Votre humble serviteur, et ce bon vieil Arthur. Tout ça pour dire que je serais mal placé pour vous juger. »
Le cheval de Mordred semblait nerveux, ce qui n’échappa point à l’archer qui tenta une approche pour apaiser la situation. « — Comment diable ma main pourrait-elle se porter à mon arme et attenter à la vie de mon neveu ? Il n’est pas trop tard pour avoir de bons modèles, non ? » Il esquissa un sourire léger et tendit la main. « — Je suis ravi de te rencontre Mordred. »
Je me surprend à observer le moindre trait de son visage, tâchant de juger au mieux de sa réaction au fur et à mesure de mes révélations, alors même que j'ai une idée assez précise de la fin de l'histoire. Les méchants n'ont pas droit à une fin heureuse, et même si je n'ai jamais vraiment été maitre de mon destin, c'est ainsi que les livres d'histoire du royaume cataloguent celui qui non content d'être le fils de l'ennemie publique numéro un, trahit et tente d'assassiner le souverain légitime du royaume. Sans doute parce que ces mêmes livres sont écrits par les héros de l'histoire, me direz vous.
Ce n'est cependant pas l'attendu dégoût mais un réel intérêt que le perçois chez lui alors qu'il répète ce nom qui est le mien, ou plutôt dont je me suis emparé (car il est évident aux yeux de tous qu'il n'a jamais été question que Pendragon me le donne de bonne grâce), me poussant même à la perplexité quand sa question se pose en réponse à l'un de mes commentaires précédents, trouvant ensuite une réponse qui semble lui convenir. Pas à moi, pour être honnête. Car je la trouve incomplète. Et cinq ans plongé en Enfer m'auront au moins appris que les non-dits sont parfois pires que les mensonges eux-mêmes, dans une relation qui se veut positive. Liam aura au moins été un bon professeur en la matière, surtout en regard de l'élève qu'il avait sous sa garde.
"J'ai mon compte d'actes répréhensibles. Tout n'est pas à excuser par le sang qui coule dans mes veines."
Il reprend la parole pour éclaircir à son tour un point nébuleux entre nous, son propre lien avec Pendragon. Père, semble-t-il. Car s'il se présente comme mon oncle, c'est bien que la vérité à son sujet se pose du coté d'Uther. Si Morgane avait eu un autre frère qu'Arthur du coté de sa mère, j'ose penser que j'aurai été au courant. Quoique avec elle, tout est possible. Une supposition qu'il me confirme l'instant suivant, alors qu'il tente sans succès de poser des mots sur les crimes de son géniteur. Je l'écoute, humblement, mon intérêt grandissant cependant à chacun de ses mots. Alors même que j'ignorais tout de cet homme, je ressentais sans mal l'autorité bienveillante qui fait les grands rois qui se dégage naturellement de lui, et je ne peux que constater qu'avec les origines qui sont les siennes, mon respect pour lui n'est que plus grand encore. Il a su avancer au delà de la malédiction de sa lignée, et j'imagine fort bien qu'un certain capitaine me dirai qu'il me l'avait bien dit s'il était présent aujourd'hui.
Mon sourire est des plus sincères quand il tend une main vers moi, décidant d'opter pour la fraternité plutôt que pour la rivalité. Une main que je sers en retour, avec la même vigueur que j'ai pu serrer celle de certains des plus proches parmi les proches d'Arthur, chevaliers de la Table Ronde. Une période de ma vie qui ne m'a guère déplu, si ce n'était le roi que je "servais". Ce sentiment d'appartenance à quelque chose de plus grand, à un groupe, à quoi que ce soit en vérité je pense, c'est sans doute l'une des nombreuses quêtes inachevées de mon existence.
"Et je le suis de te rencontrer, Robin de Locksley. Même si je crains d'avoir une dernière ombre à apporter au tableau. Et pas des moindres." Comment trouver les meilleurs mots à utiliser pour ce genre de nouvelles? Comme il n'a pas su les trouver pour exprimer le calvaire subi par sa mère, j'imagine. "Morgane. Ma mère. Et la demi-sœur d'Arthur, par leur mère. Elle a juré la perte de Pendragon et des siens par vengeance de l'affront subi par sa mère. Si elle apprend la vérité à ton sujet, elle ne sera d'aucune pitié envers toi, quelle que soit la profondeur de ta haine pour lui. Et quelles que soient les conséquences pour ce royaume ou le tien."
Ce que je gagne à lui parler si ouvertement des plans de ma mère? Hormis le courroux de cette dernière si elle l'apprend, rien. Disons que c'est là ma marque de bonne volonté à son égard. Elle peut bien détruire Arthur si elle le souhaite, mais je compte laisser à Robin plus que le bénéfice du doute avant de l'inclure dans le même panier. Comme il l'a dit lui-même, nous ne sommes pas nos pères. En revanche, je ne sais pas être bêtement stupide. Si je me trompe à son sujet, il est probable que je serai celui qui offrira cette information à Morgane en personne.
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Robin de Locksley
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♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
La tension entre Robin et Mordred était palpable, tel un voile prêt à se déchirer sous le poids de révélations inattendues. Malgré tout, l’archer continuait à fixer l’homme ténébreux à ses côtés. Leur main serrée l’une dans l’autre était, pour l’instant, un lien plus fort que les tourments du sang et des légendes ancestrales. Cependant, dans l’esprit de Robin, les questions se multipliaient, chacune cherchant désespérément sa réponse.
« — Ta franchise, Mordred, t’honore à bien des égards, » commença Robin, brisant le silence pesant. Il savait pourtant qu’il ne pouvait ignorer la menace que Morgane représentait, elle qui avait juré vengeance contre tous les Pendragon. « — Les dangers que Morgane représente, avec ses desseins sombres de vengeance, sont trop grands pour être ignorés… »
Il marqua une pause, scrutant la lumière mourante du crépuscule qui se faufilait entre les branches, comme pour y chercher un signe ou une réponse.
« — Mais je ne suis pas homme à me dérober face à l’adversité, et encore moins face à une vérité qui doit être confrontée. Morgane, malgré la noirceur de ses intentions, est liée à nous par un lien invisible et indéfectible. Elle est de notre sang, tout comme tu l’es, tout comme l’était Arthur. »
L’intensité dans le regard de Robin se renforça, un reflet de la résolution forgée au cœur de nombreuses batailles et trahisons. « — Si elle désire ma chute, qu’elle sache que je ne courberai pas l’échine. Cependant, je ne suis pas dépourvu de compassion pour ceux que le destin a malmenés. » Il songea aussitôt à son épouse, Regina Mills, qui, elle aussi, avait vu son âme se noircir par les malversations du destin. Oui, sans aucun doute, Regina était un parfait exemple de rédemption, et modestement, Robin savait qu’il avait joué un rôle dans ce processus.
Il lâcha enfin la main de Mordred, un geste lourd de symbolique, mais empreint de respect. « — Ta mère et toi, vous n’êtes pas les seuls à avoir été manipulés par les caprices d’un destin qui nous échappe souvent. Si je peux construire un pont par-dessus cette abyssale rancune, je le ferai. Non pour Uther ni pour Arthur, mais pour nous, pour ce que nous pourrions bâtir sur de nouvelles fondations, loin de l’ombre de ceux qui nous ont précédés. »
Un léger sourire mélancolique effleura ses lèvres. « — Peut-être que notre rencontre n’est pas une malédiction, mais une chance. Une chance de réécrire notre histoire, non pas avec le sang et la vengeance, mais avec la compréhension et le pardon. »
Il tendit de nouveau sa main, non plus en geste de salutation, mais comme une promesse tangible entre eux. « — Alors, avant de juger ce que l’avenir nous réserve, offrons-lui une chance de se montrer différent du passé. Travaillons ensemble, Mordred, non pas contre ta mère, mais pour ce que nous pourrions devenir, libéré des chaînes de notre lignée. »
Le crépuscule s’effaça peu à peu, laissant place à la première étoile du soir. Un signe, peut-être, d’un nouveau commencement, aussi fragile soit-il.
A plusieurs reprises, je dois me retenir de le reprendre dans ses paroles, comprenant assez facilement d'où vient mon rejet de cette possibilité qu'il soulève. Celle selon laquelle Morgane serait, à mon instar, une victime du destin. Ma vie durant, j'ai été considéré comme le méchant de l'histoire, produit des machinations d'une autre "méchante de l'histoire", et les rares instants de bonheur que j'ai connu n'ont été que des pauses trop courtes dans mon existence. La douceur de la main de Guenièvre sur ma joue, la force de celle d'Arthur serrant la mienne alors qu'il m'accueillait autour de la Table Ronde, la rudesse de celle de Liam quand il me rudoyait en tentant de m'expliquer le monde moderne qu'était l'Enfer. Bref, j'ai toujours du rester sur la défensive hors de ces périodes, et aujourd'hui, c'est apparemment un trait de caractère avec lequel je vais avoir à me battre si je veux apprendre à accepter que l'on m'approche.
"Ma mère n'a sans doute pas toujours été mauvaise. Mais elle l'est si profondément, et depuis si longtemps que je ne prétendrais pas qu'elle puisse être sauvée. Je ne fonderai aucun espoir dans cette vaine quête, en tout cas."
Après avoir lâché ma main un instant, la sienne se porte de nouveau entre nous. Chargée de promesses que j'aimerai sincèrement croire. Tout en sachant que malgré le respect que j'éprouve étonnamment facilement pour lui, que j'ai à peine rencontré pourtant, il me faudra plus de temps que cela pour lui faire une confiance aveugle. Point positif pour lui, j'en ai réellement envie. Point négatif, ma vie n'a pour ainsi dire jamais été régie par mes envies.
Plus que sa main, c'est de son avant-bras que je me saisis, offrant une prise à sa main sur le mien. Une poigne solide que je ne maintiens que le temps que sa symbolique soit aussi claire que de l'eau de roche, à savoir que oui, même si j'ignore où nous allons, dans l'immédiat, je le suivrais. Pour la simple et bonne raison que nos montures ont beau se montrer particulièrement laxistes avec nous en cet instant, si l'un des deux chevaux avait à décider de s'éloigner de l'autre, l'un des deux cavaliers que nous sommes finirait sur le sol.
"Morgane apprendra mon retour à la vie tôt ou tard, si elle n'est pas déjà au courant. La connaissant, elle me laissera le temps de rentrer sagement dans son domaine. Mais quand elle comprendra que là n'est pas ma volonté, je doute qu'elle apprécie. Imaginez un fauconnier qui verrai son oiseau apprivoisé prendre la voie des airs et ne jamais revenir."
Et sans doute que je ne suis pas si loin que cela de l'analogie, étant donné ma capacité perdue à me changer en corbeau. Le nombre de fois où l'oiseau apprivoisé de Morgane lui a servi d'oreilles indiscrètes... presque aussi souvent qu'à Maléfique, pour être honnête. La différence entre elles? Maléfique avait su se trouver une place dans mon cœur de jeune homme ignorant tout de la vie qui voyait là sans doute son premier béguin. Morgane avait la loyauté d'un fils à sa mère, rien de plus.
"N'est ce qu'une illusion d'espérer être un jour libéré de son passé? Ou bien mon nom sera-t-il toujours attaché à celui de Morgane, et à la traitrise?"
Une réflexion qui n'aurait pas du s'échapper de mes lèvres, mais voilà, il peut se targuer de mettre à mal mes défenses. Est-ce un mal? Pas nécessairement. Il me faut surtout accepter que l'on m'approche autant que je souhaite m'approcher des gens.
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Robin de Locksley
Lost one
♕ Lieu : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
Robin regardait Mordred avec une intensité mesurée, un mélange de compassion et de détermination ancré dans son regard. Il écoutait chaque mot prononcé par le jeune homme, pesant leur signification et la charge émotionnelle qu’ils portaient. Alors que la nuit enveloppait le monde de son manteau sombre, l’archer devenu roi sentait le poids des possibilités qui s’ouvraient devant eux.
« — Je vois la lutte dans tes yeux, Mordred, » dit-il doucement, sa voix basse résonnant avec sincérité. « — Et je comprends. Le poids du passé peut sembler insurmontable. Mais crois-moi quand je dis que chaque jour nous offre une toile nouvelle, un espace où peindre une nouvelle histoire. »
Il fit une pause, laissant ses mots flotter dans l’air frais du soir. « — Tu parles de destin comme d’une chaîne qui te retient, un scénario écrit d’avance où tu n’es que l’acteur d’un drame ancestral. Mais ce n’est pas ainsi que je vois les choses. Je pense que nous avons le pouvoir de réécrire nos rôles, de transformer nos destinées. Il suffit de le vouloir vraiment. »
Robin se tourna légèrement, observant les étoiles qui commençaient à scintiller dans le ciel clair. « — Regarde ces étoiles, Mordred. Elles ont été témoins de millénaires de destinées humaines, de batailles et de réconciliations. Elles ont vu des hommes tomber dans les abîmes du désespoir et s’élever vers des sommets. Et pourtant, elles brillent toujours, rappelant que la vie continue, avec ou sans nous. »
Il se retourna vers son neveu, un sourire doux et encourageant ourlant ses lèvres. « — Ne laisse pas ton passé définir ton avenir. Laisse-le être ton guide, non pas comme une chaîne, mais comme un phare. Apprends de lui, mais ne le laisse pas éteindre la lumière de ce que tu pourrais devenir. »
Robin tendit alors la main, un geste ouvert et sans attente. « — Je ne te demande pas de confiance aveugle. Je demande seulement une chance de prouver que nous pouvons trouver une nouvelle voie, pavée non pas de vengeance, mais de compréhension mutuelle et de respect. »
Il marqua une nouvelle pause, choisissant ses mots avec soin. « — Il est aisé de se sentir prisonnier de l’histoire écrite par d’autres. Mais il est noble, et ô combien gratifiant, de commencer un nouveau chapitre. »
La nuit était désormais pleinement installée, et le seul bruit était celui du vent dans les arbres, comme un murmure du monde autour d’eux, rappelant la présence constante de la nature.
« — Choisissons donc de regarder vers l’avant, Mordred. Quel que soit le choix que tu feras, sache que je respecterai ta décision. Mais sache aussi que je serai là, à tes côtés, si tu décides que c’est ensemble que nous devons avancer. Après tout, nous sommes liés par le sang non ? »
Robin attendit alors, la main toujours tendue, un symbole de paix et d’amitié, prêt à soutenir Mordred dans le choix qu’il ferait, qu’il choisisse de marcher à ses côtés ou de suivre un chemin différent.
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