Petit Jean passait par toutes les couleurs de l’ascenseur émotionnel. Il était soulagé que je partage son point de vu concernant Regina. Amusé par mon attitude protectrice vis à vis de Robin. Puis, son regard s’assombrissait sous le coup de l’inquiétude. Je voyais bien que ce dernier scrutait plus le ciel que mon visage. De mon côté je ne parvenais pas à faire abstraction de ma culpabilité permanente. Je n’avais plus le moindre espoir. Il ne se souvenait plus de moi. Le regard qu’il avait posé sur moi, m’avait glacé le sang. Tout était de ma faute. J’avais mérité ce qu’il m’arrivait, mais je n’étais pas prête à supporter le choc. J’vais pourtant pensé à tellement d’alternative, une autre femme, un enfant, une colère si puissante que la terre se serait ouverte sous mes pieds, mais il n’en fut rien. Il avait seulement perdu la mémoire avant de s’évincer comme si de rien n’était. Lorsque j’exposais le fond de mes sombres pensées à Petit-Jean, je ne le privais d’aucun détail. Je m’infligeais le souvenir de ma fausse couche. Ma souffrance passé renaissait dans mon bas ventre, les larmes coulaient, les cris de Rosaline résonnaient à nouveau dans mon esprit. La torture que m’infligeait mon passé était pire que l’attitude de Roméo. Je n’aurais jamais dû venir dans cette ville. Cette ville était maudite. Cette ville allait me détruire. Je savais qu’il avait écouté jusqu’au bout. Je n’avais pas vu ses hochements de tête, mais je le savais, il écoutait toujours. Il patienta jusqu’à la fin de mon laïus pour s’exprimer et plutôt que de me blâmer comme je le voulais, il me dispensait du poids de la culpabilité en commentant que je ne pouvais savoir pour le sort noir. Il avait tord. Je savais qu’un sombre fléau guettait la forêt enchantée, Alfred nous avait demandé de ne pas aller à cette réception donné par Blanche Neige et son roi. Il nous avait prévenu que si nous y allions nos futurs n’étaient plus assurer. C’était ce que j’allais répondre mais Petit-Jean ne me laissa pas le loisir de répondre et poursuivait en me demandant de cesser de vivre dans le passé. Il me demander d’arrêter de faire et refaire le passé dans mon esprit ne changerait rien au présent. Le visage voilait par la douleur, je grimaçais en serrant les dents. Il avait raison. Il avait milles fois raison mais je ne savais me satisfaire de sa répondre. Ses recensement étaient ma punition. Voilà des années que je me l’infligeais, malgré tous ses efforts il ne pouvait manoeuvrait dans mon esprit. La seconde question de mon ami concernant le futur me fit relever la tête, je sondais son regard avant de répondre :

« Avant notre passage sur les terres glacées j’ignorais qu’il était possible de survivre sans coeur. Je ne savais pas qu’un coeur pouvait être arraché et son propriétaire soumis à l’état de marionnette … Je me souviens très bien des sensations que j’avais ressenti ce jour là. Je ne connais qu’une personne capable de cela est c’est Regina… »

M’humectant les lèvres, je serrais les dents avant de passer une main dans mes cheveux avant de poursuivre :

« J’ai déjà demandé son aide, le jour de son arrivé et elle ignorait tout de la présence de mon mari entre les murs de sa ville. Je ne pense pas qu’elle pourra m’aider et je ne suis pas sûre d’être capable de supporter sa présence en face de moi… »

Laissant ma tête basculer sur l’épaule de Petit-Jean, je sentais une larme rouler sur ma joue avant de demander :

«  Il y a quelques choses que je ne comprends pas. J’ai passé un eu plus d'un mois dans le camps des Merry Men. Selon sa lettre, Roméo a enterré notre fils et Rosaline le jour même où il a appris leur mort. Il a pris ses meilleurs hommes et s’est lancé à ma recherche à cheval. Il y a un peu plus d’une semaine de chevauché entre notre royaume et la forêt enchanté. Qu’a-t-il fait entre la forêt enchanté et notre royaume ? »

Petit Jean ne savait que trop bien dans quelle spirale infernale était enfermé Juliette. Alors il se montra sec dans ces propos, il voulait provoquer une réaction. Il s'agissait d'une stratégie risquée, surtout en connaissant les capacités de son interlocutrice. L'inciter à changer de cible, à s'en prendre à lui plutôt qu'à elle-même, était dangereux, mais l'Agrabien était prêt à encaisser n'importe quoi pour aider celle qui était devenue avec le temps, une amie. Le soldat serra les poings en voyant le visage voilé par la douleur de Juliette, il ne disait pas cela de gaieté de coeur, mais cela devait être fait. Il était prêt à assumer chaque mots prononcés. *Que la foudre s'abatte sur moi si cela peut améliorer les choses.* Songea-t-il, déterminé.

Mais la foudre ne tomba pas. Il était autant rassuré de ne pas finir griller pour son audace, d'inquiet de ne pas avoir eu l'impact désiré. Juliette prit la parole et Petit Jean dut faire un effort pour ne pas se lever d'un bond en entendant la possible responsabilité de tout ceci. Il fit un effort pour desserrer les poings. "Bien sûr, encore et toujours elle..." Gronda-t-il. Voilà qui augmentait sa méfiance concernant la possible sincérité de la rédemption de Regina. Disait-elle vraiment la vérité en déclarant ignorer la présence du mari de Juliette dans cette ville maudite ? Difficile à dire. Par expérience, il savait comment l'ancienne méchante reine traitait ces prisonniers masculins, l'histoire du coeur lui avait déjà mis la puce à l'oreille, comme une impression de déjà-vu. Il espérait se tromper, par respect envers Robin. "Je vais lui dire deux mots à celle-là." Commença-t-il.

Juliette reposa sa tête sur son épaule, ce qui mit fin à ces intentions premières. Petit Jean s'adoucit et réajusta sa position pour pouvoir poser une main réconfortante sur l'épaule de la reine blanche. Demander lui de prendre un château et il saura quoi faire, mais face à une demoiselle en pleure dans ses bras et il sera perdu.

"Je ne peux pas répondre à cette question avec certitude, Juliette." Dit-il après un instant de réflexion. "Peut-être a-t-il fait une mauvaise rencontre." Cette hypothèse renforçait son envie de tirer les verres du nez à une certaine mairesse. Intention qu'il garda pour lui. "Je ne suis pas le meilleur conseiller en ce qui concerne la magie, alors je ne sais pas s'il existe quelques choses capable de montrer des scènes du passé. Tu dis qu'il a pris ces meilleurs hommes pour te chercher ? Que sont devenus ces soldats ? Peut-être y aura-t-il une piste." Questionna-t-il.

Naturellement, je me retrouvais en train d’accuser Regina du vol du cœur de Roméo. Je ne voyais qu’elle d’assez puissante pour faire cela. Bien entendu sa mère aussi aurait pu être capable de cela mais elle l’aurait tué, ça aurait été plus simple, plus rapide et moins encombrant. Regina elle aimait être entourée et mon mari était d’excellente compagnie sous tout point de vu. Des images me venant à l’esprit je me sentais grimacer tandis que des frissons d’horreur me poussèrent à repousser cette idée en écoutant Petit-Jean. Quand il ajouta qu’il allait dire deux mots à l’ancienne méchante reine, je posais ma main sur la sienne pour attirer son attention :

« Elle niera tout en bloc, je n’ai pas confiance en elle, je en veux pas que tu te mettes en danger pour moi Petit-Jean. La provoquer n’est pas une bonne idée. Sans compter que tu risques de te froisser avec Robin. »

Posant ma tête sur son épaule, je laissais échapper un soupir avant de sentir son bras se poser sur mon épaule avec délicatesse. Je savais que cette situation le rendait dingue. Il était un très bon soldat, mais le maniement des sentiments n’était pas sa plus grande qualité. De mon côté je tentais de réfléchir de manière pragmatique à la situation. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé entre le moment où il m’avait laissé cette lettre sur mon oreiller et la perte de son cœur quelque part dans la forêt enchantée. De son côté mon ami s’appliquait à aborder la même manière de penser que moi, peser comme un soldat c’était son truc, il lui était confortable de parler de cela. D’ailleurs au-delà du côté magique du problème de la perte de son cœur, Petit-Jean demandait où était passé ses hommes. M’humectant les lèvres, je retenais un soupir avant de répondre :

« Je l’ignore, je n’ai pas réussi à retrouver leur trace. Ils ont laissé femme et enfants derrière eux. Ce n’est pas leur genre, s’ils avaient pu ils seraient rentrés. Dans cette ville aussi je n’ai pas réussi à les retrouver. »

M’humectant les lèvres, je regardais le ciel et confiait :

« Alfred à aussi essayer de les rechercher en usant de sa magie, mais leur futur s’est évanoui. Je pense qu’ils sont morts, mais ce qui m’intrigue c’est pourquoi et comment ! Ils étaient partis pour me retrouver non pour guerroyer, par ma faute des familles ont été détruite… »

Une fois de plus je soupirais et je sentais une larme rouler sur ma joue, une fois encore. Me raclant a gorge, je me mordais les lèvres avant de demander tout en relevant ma tête pour regarder mon ami :

« Est-ce qu’il te reste de l’alcool de frère tuck dans le chalet ? »

En guise de réponse Petit-Jean alla m'en chercher et je rentrais dans le chalet, accompagné de cette bouteille nous passâmes une bonne soirée et je dormais sur place surveillé de près par mon ami qui craignait que je ne puisse supporter les semaines suivantes.