The thief and the warrior

La quiétude des lieux n'avait plus de raison d'être avec la présence d'Aeline la guerrière. Robin en était certain, de sa vie passée, il n'avait jamais croisé pareille femme, le cas échéant nul doute qu'il s'en saurait rappeler, car avouons-le, il est plutôt difficile d'oublier un tel personnage. S'accommodant de l'attitude virile de la demoiselle, Robin consentit à lui attribuer le bénéfice du doute sur sa prétention et sa faculté à se mettre autant en avant. Peut-être que cela cachait quelque chose de suffisamment profond pour le dissimiler à travers une telle carapace. « -Chacun se protège comme il peut n'est-ce pas ?! » asséna-t-il suite à sa réplique sans méchanceté. Lui-même eut été coutumier de cette pratique, lorsque ses compagnons l'eurent libéré des geôles de Nottingham, cinq ans après la mort de Marianne qui venait à peine de donner naissance au petit Roland. Dès lors, Robin au lieu de savourer sa liberté (re) nouvellement acquise, s'était muré dans le silence et la froideur, préparant dans sa tête ce qui semblait être son ultime vengeance. Rien ne le touchait alors, pas même son fils qui malgré l'absence, ne le considérait pas comme un étranger bien au contraire. Ce Robin là, c'était ainsi murer dans sa carapace pour tenter de survivre au calvaire qu'il avait vécu dans les prisons, sous la torture et l'humiliation. Mais c'était loin, très loin. Petit Jean l'avait sauvé avant qu'il ne commette l'irréparable, lui permettant ainsi de revenir dans le monde des vivants et des hommes d'honneurs. Peu après la malédiction les emportait dans l'immuabilité, tandis qu'elle en entraînait d'autres dans un monde sans magie. Ce Robin n'hésitait plus, du moins c'est ce que l'intéressait n'avait de cesse de se dire, avant de perdre espoir et de se sentir malheureux et en colère. Merci Cora ! À n'en pas douter, cette garce devait prendre son pied à l'observer s'enfoncer chaque jour un peu plus…

Et alors que l'accalmie semblât imposer son rythme, Aeline eut la mauvaise idée de parlant de Petit Jean en termes « peu élogieux » et c'est un Robin moins patient qu'à l'accoutumée (absence de cœur oblige) qui démarra au quart de tour pour défendre son meilleur ami et bras droit. Avec ou sans cœur, Robin n'en demeurait pas moins fidèle à ses compagnons de vol et plus encore à celui qui se faisait appeler Razoul dans une autre vie. Il était pour lui comme un frère et en de telles circonstances, il était prêt à se battre tel un lion pour protéger l'honneur de son ami. Et targuons-nous de préciser qu'il avait fait preuve de diplomatie, bien que l'envie soudaine d'en découdre ne l'assaille. Il avait d'ailleurs le poing serré tellement fort que ses phalanges blanchissaient à vue d'œil. Par chance, il se reprit aussitôt non sans gêne. Comment était-ce possible que l'envie de se battre ne l'accapare de la sorte, lui qui d'ordinaire se voulait plus ou moins pacifique. Cette violence n'était-elle pas due à son absence de cœur ? Pourrait-il la réfréner longtemps ? Tout un tas de questions vinrent lui chatouiller méchamment la conscience sans qu'il ne soit capable d'éluder le moindre de ses problèmes. Que lui arrivait-il donc ?! Il posa son regard sur Aeline, comme si cette inconnue familière pouvait l'aider, mais il était incapable d'appeler à l'aide, tout comme il était incapable de laisser ses émotions paraître, tel était l'ordre de Cora et bien malgré lui, il devait obéir. Par chance, la seconde évocation de « Petit Jean » le sortit de sa colère intérieure. Surprit de constater que le surnom de son meilleur ami, soit familier aux oreilles de la guerrière.

« -Oui ! Je vous l'ai dit, c'est mon meilleur ami ! C'est son honneur que vous avez remis en question. Il était ensorcelé par le miroir. » Robin se tue un instant et observa de près son interlocutrice, l'espace d'un instant, par le biais de son regard, il crut se reconnaître, une observation qui l'ébranla un peu plus. « -Vous le connaissez, c'est ça ?! » Nul doute qu'elle le connaissait et au vu de l'expression que renvoyait son visage, il ne lui avait laissé un sourire impérissable. « C'est tout lui » pensa Robin curieux d'entendre la réponse d'Aeline. « -J'en déduis que oui. J'imagine que vous avez combattu ensemble ! J'imagine aussi que malgré l'ensorcellement, il n'en demeurait pas moins bourru n'est-ce pas ? Un véritable ours, mais un guerrier hors pair. » Ah ça oui, Razoul était un guerrier comme on n'en fait plus. « Pense à aller le voir à l'occasion ! » Ses pensées trahissaient une fois encore son manque de régularité dans ses visites. Juliette pourrait-elle aussi en témoigner. Il faudrait d'ailleurs les réunir, pour leur faire part de la séparation avec Regina. Une nouvelle qui les enchanterait sûrement, mais qui continuerait à rappeler à Robin à quel point le malheur gagnait en omniscience dans sa vie, comme Cora l'avait exigé en pressant son cœur avant qu'il n'aille briser celui de Regina. Quelle vie !

Passé du coq à l'âne (et parce qu'on doit faire avancer le rp ^^) Robin remit sur le tapis la familiarité qu'il éprouvait envers la jeune femme. Le plus étrange, c'est que l'attirance, car il était tout bonnement question d'une attirance, n'avait rien de physique, voire de sexuelle, non, il était question d'autre chose, de plus déroutant, d'un lien indéfinissable qui allait sûrement au-delà de la familiarité. Il lui en fallait plus pour comprendre. Plus de temps, certainement et quelques verres aussi. Une mauvaise habitude que l'archer commençait à prendre pour tenter d'amoindrir le malheur qui consumait son âme petit à petit. C'est donc tout naturellement qu'il proposa à la fière amazone d'aller prendre un verre. Il espérait aussi, dans un autre cadre, mieux la cerner et se défaire enfin de cette étrange impression. « -La modernité peut parfois effrayer, j'en conviens, j'en suis passé par là moi aussi. On s'y fait ne vous en faites pas. Mais avant toute chose, il faut sortir de sa forêt et ne pas avoir peur d'aller explorer la ville. Quant aux chars étranges qui roulent vite, on les nomme voitures. » Il continuait à avancer, arc sur l'épaule et carquois à la ceinture. Les premières mailles de son médaillon étaient même visibles d'Aeline. « -Ils nous roulent plus avec des chevaux, mais un moteur. Mais je vous le concède, ça manque de chevaux. » Un vent de nostalgie l'assaillit aussitôt en évoquant les chevaux. Il se souvint dès lors de ce sublime week-end en amoureux concocté par Regina, qui avait fait louer des chevaux pour qu'ils puissent tout deux retrouver leurs sensations d'autan. Ce fut un week-end merveilleux, tout en étant chargé d'émotion et pour cause, Robin avait ainsi fait savoir à son ex-petite amie, qu'il voulait un enfant avec elle. Une demande qui avait forcé Regina à parler de sa stérilité suite à l'absorption d'une potion. L'archer chassa ces images de ses pensées.

Ils quittèrent enfin la forêt pour regagner, la route et la civilisation. « -Je vais, vous amenez au Grannys. C'est une institution ici, vous verrez. C'est une sorte de taverne, mais plus moderne. La gérante n'est pas très souriante, mais lorsque l'on sait si prendre tout passe ! » L'humeur un peu plus légère, Robin continua à jouer les guides. « -Je suis ici depuis peu ! Je suis arrivé peu avant qu'Ingrid ne s'accapare la moitié du royaume. Nous avons réuni quelques survivants et le chapelier s'est proposé de nous conduire dans un lieu plus sûr. C'est comme ça que vous sommes arrivé ici, à Storybrooke. C'était il y a quelques mois. Vous verrez on s'y habitue à tout ça, ce n'est qu'une question de temps et une envie de s'intégrer ! »

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Je détest quand on voit au-delà de ce que je montre. Je suis le genre de personne qui se targue du secret et d'un self-contrôle. Mais, là, Robin de Loxsley lisait en moi comme dans un livre ouvert, et cela m'agaçait. Je m'efforçais de retrouver calme et sérénité, mais l'étrange sensation de proximité qui se tissait entre nous m'en empêchait, autant que ce foutu médaillon, si précieux mais si inaccéssible pour l'heure.
Enfin, si... J'aurais pu assomer l'homme pour le voler, mais ça ne m'aurait mené à rien.
En attendant, je ne répondis rien à sa remarque sur la défense. Que dire ? Il avait raison et ça m'énervait. Autant garder le silence, c'était plus prudent.
Mais la prudence, je ne la maîtrise que partiellement et, quand arriva le sujet corsé de notre cher Petit-Jean, le calme s'évapora autant que mon self-contrôle. Il comprit, naturellement, que je connaissais Petit-Jean. Je m'en voulus presque d'avoir parlé de lui ainsi, parce que, si je ne l'avais côtoyé que peu de temps, j'avais un sincère respect pour le guerrier. Mais je persistais dans mon idée : ensorcelé ou non, il y avait une part de faiblesse dans l'histoire.
Ses muscles sont d'acier mais son mental...
Enfin, je suis un peu gonflée quand même à donner des leçons. De toute façon, c'est le genre de choses qui se règlent entre les parties concernés. Robin n'était donc pas mêlé à cette histoire, quoi qu'il en dise. Il se détendit peu après et évoqua notre ami commun avec un brin de tendresse dans la voix. Je tâchais de ne pas laisser la mienne transparaître en répondant.

_ C'est un homme bien, en effet. Et, oui, nous avons combattu ensemble, littéralement l'un contre l'autre... En entraînement uniquement.

Qui de lui ou moi aurait triomphé en cas de véritable combat ? Je préférais ne pas le savoir. Ca m'embêterait vraiment de me retrouver réellement opposée à lui. Néanmoins, s'il ne me laissait d'autre choix, je le neutraliserai, sans le blesser si possible. Cette idée me troublait, profondément, mais il ne s'agissait pas d'une peur du guerrier, juste de la perspective qu'il se mette en travers de ma route au nom de son amitié avec Robin.
Les choses n'allaient donc jamais cesser de se compliquer ?
Pendant que je tergiversais, nous nous mîmes en marche en direction de la ville. Ma main ne lâchait pas le pommeau de mon épée et une légère crispation pourrait trahir ma nervosité. J'allais me retrouver à découvert et complètement exposée, mais je n'avais pas vraiment le choix. Enfin, si, j'aurais pu renoncer mais ça n'aiderait pas à me mettre mon voisin de marche dans la poche.
Il fallait juste que tout se passe bien.

_ Je n'ai pas peur, soulignais-je inutilement. Je suis simplement prudente avec l'inconnu.

Bien-sûr ! Moi-même je n'y croyais pas, il n'était pas près de le faire ! Peut-être ne relèverait-il pas... En attendant, nous parlions de chevaux et nous partageâmes un sourire entendu.

_ Ils n'en ont pas ici ? Pourquoi ne les utilisent-ils pas ? Ces "voitures" sont tellement bruyantes ! Faut-il de la magie pour les manier ? Savez-vous en manier ?

Curiosité quand tu nous tiens... Il enchaîna en me parlant de l'endroit où nous allions. Sans doute tentait-il de me mettre un peu plus à l'aise... Et je dois bien avouer que cela fonctionnait plutôt bien !

_ J'en déduis que vous êtes un habitué et qu'elle est sensible au charme masculin, rétorquais-je, amusée.

Ensuite, il m'expliqua sa propre arrivée dans cette étrange contrée. Je refusais de noter son allusion sur le fait de vouloir s'intégrer. Je préférais me dire que ce n'était qu'une banalité de conversation, pas une chose de plus qu'il avait deviné.

_ Vous avez bien fait de fuir, avouai-je d'un ton grave.

Parce que c'était vrai. J'avais vu de mes propres yeux de quoi était capable la reine des glaces. Puis une autre information fit son chemin dans mon esprit et je pris sur moi de ne pas trahir mon intérêt. D'un ton qui se voulait anodin, je poursuivis.

_ Qui est ce Chapelier dont vous parlez ? Il doit être un grand magicien pour pouvoir passer d'un monde à l'autre ainsi...

Jusque là je savais que Regina pouvait le faire et certainement de Rumpel dont tout le monde se méfier. Ajouter une personne à la liste élargissait le champ des possibilités. Puis, pour qu'il ne se doute de rien, j'enchaînais pour mieux noyer le poisson.

_ En tous les cas, cet endroit a l'air d'être plutôt calme et sûr. Je comprends que vous ayez choisi d'y rester sur du plus long terme...

Le tout accompagné d'un sourire le plus neutre et "innocent" qui soit.

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La méfiance de Robin à son paroxysme lorsque la « charmante » demoiselle attaqua l’intégrité et l’honneur de Petit Jean, était à présent sur la tangente. Elle savait y faire pour noyer le poisson, cependant l’archer pas totalement acquis à la cause, entretenait dans un coin de sa tête, un quelque chose de semblable à de la méfiance sans en porter les signes avant-coureurs. Lui aussi devait la mettre en confiance de ce fait, il lui proposa de quitter les bois pour aller boire un verre. Il espérait ainsi lui faire découvrir la ville, telle guide touristique qu’il n’était pas. Ils quittèrent donc les lieux et leur quiétude pour retrouver la route, la ville, la modernité. Et puis cela pourrait peut-être permettre à Robin de continuer à se vider la tête et chasser ne serait-ce que pour un moment, le désespoir qui le rongeait avec autant de véhémence que la maladie.

« -Bien ! Vous n’avez pas peur dans ce cas. Je ne vais pas prendre le risque d’insister au risque de vous froissez. Bien que parfois l’inconnu nous réserve de belles surprises ! » lança-t-il avant que la conversation ne dévie sur d’autres sujets que Robin pouvait se targuer d’évoquer tel un vieux briscard qui apprend la vie à une non-initiée. Lui-même en était, quelques mois auparavant, une situation qui aurait pu le faire sourire dans une autre vie. « - Si bien sûr qu’ils ont des chevaux, cependant l’utilisation n’est pas la même. On s’en sert pour des loisirs, des promenades en pleine nature à titre d’exemple. Pour ce qui est des transports au quotidien, ils utilisent les fameuses voitures qui se pilotent avec un permis et non de la magie. Pour ma part je m’y suis initié, la marge de progrès n’en demeure pas moins conséquente. La conduite de ces engins est une habitude qu’il faut prendre ici. Sinon vous pouvez toujours utiliser les transports en commun ! C’est très utile ! » Puis Robin se risqua à évoquer le lieu où il avait prévu de l’amener prendre un verre. Pour ne pas la dépayser, il tâcha d’adopter le bon vocabulaire, bien que le Grannys soit loin d’être une taverne, du moins telle qu’Aeline devait les concevoir. Mais n’ayant point d’autre outil de comparaison, il fallait s’en contenter.

« - Moi un habitué ?! » Il songea aussitôt à Regina et à toutes ces remarques assassines sur la cuisine servit au Grannys, mais plus encore sur les lasagnes prétendument « faite maison » Cette petite pensée était loin de le laisser de marbre, mais il ne parvenait à sourire ni même laissait paraître ses émotions cette fois encore. « -Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis un habitué. Disons que j’y suis aller quelques fois avec mon fils qui aime tout particulièrement leurs desserts et les quelques parfums de glaces proposées. Marianne, mon épouse est quant à elle plus mitigée dira-t-on ! Et pour ce qui est de la gérante, ne le dites à personne, mais je crois qu’elle a ses quelques favoris et j’ai la chance d’en faire partit. » Puis il continua son petit périple en tâchant de continuer à faire la discussion histoire de mettre la nouvelle arrivante un peu plus en confiance. Il égraina donc son récit et son récit en ces lieux délestés de magie. L’air d’Aeline se fit un peu plus grave. Avait-elle perdu quelqu’un de l’autre côté ? Curieux, Robin parvint néanmoins à se défaire de l’envie de poser la moindre question fâcheuse et se contenta d’acquiescer avant d’émettre « -C’est sûrement ce qu’il y avait de mieux à faire » Le ton était lui aussi grave en échos à celui de la guerrière.

« -Vous ne connaissez pas le Chapelier ?! Il n’est pas si grand magicien que cela pour ainsi dire. Il s’est juste ouvrir des portails entre les mondes. » Aeline satisfaite de la réponse, enchaîna sur d’autres questions qui n’avaient pour ainsi dire rien à avoir avec les précédentes. Cherchait-elle à détourner le sujet avec ce flot presque interrompu d’interrogations. Quelque chose titilla à nouveau les pensées de Robin. Décidément cette guerrière n’avait de cesse d’agrémenter l’ambiguïté autour de sa personne et Robin en fin observateur, commençait à déceler quelques faiblesses dans l’attitude de la demoiselle. Il se garda cependant d’exposer son jeu et tâchant lui aussi de paraître le plus neutre possible. « -Pour le moment nous échappons au pire. Pour ce qui est de rester sur du long terme je ne sais pas encore… » Il songea aussi à Marianne, peut-être n’avait-elle pas envie de rester ici, peut-être préférait-elle retrouver leur monde. « -Pour le moment, par sécurité, je pense que c’est préférable de rester ici » Mais il le savait, tôt ou tard, il faudrait avoir une sérieuse conversation avec Marianne.

Pour l’heure notre duo pénétra à l’intérieur du commerce, Robin galant, retint la porte et désigna à Aeline l’une des tables qu’il avait l’habitude d’occuper avec Roland. A peine eut-il prit place, que l’une des serveuses vint à leur rencontre, ne manquant pas de saluer l’archer avant de s’enquérir de sa commande. « -Je vais prendre comme d’habitude. Aeline qu’est-ce qui vous ferez plaisir ?! »

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Heureusement, il ne continua pas à parler de Petit-Jean. Il faut dire que j'aurais été bien embêtée si cela avait été le cas. Qu'aurais-je pu dire ? Pas grand chose que je voulais dévoiler en tous les cas, et encore moins à un inconnu. Je le laissai philosopher sur les belles surprises qu'apportent l'inconnu, sans rétorquer que c'était tant mieux pour lui s'il avait eu cette chance. Moi, j'étais prudente, pas par nature, mais bel et bien par expérience...
De toute façon, le fait que j'ai peur, ou non, n'était pas mon sujet de prédilection.
Il m'expliqua ensuite qu'ici les chevaux avaient un usage... Récréatif ? J'ouvris de grands yeux ronds. Si je me sentais puissante quand je chevauchais un puissant destrier, il ne me serait jamais venu à l'idée de grimper dessus pour faire un tour et revenir au même endroit !

_ C'est une des choses les plus absurdes que j'ai entendu depuis mon arrivée, lançais-je, presque malgré moi. Monter à cheval sans but, je veux dire.

Réalisant que, comme toujours, j'avais manqué de tact, je me repris.

_ Enfin, j'imagine qu'il y a des coutumes en usage dans la Forêt Enchantée qui doivent paraître absurdes vues d'ici également.

Maintenant que j'y pensais, je me demandais lesquelles. Puis je choisis de chasser cette idée parce que j'avais mieux à faire comme, par exemple, rester suffisamment concentrée pour ne plus attirer les soupçons de l'homme qui marchait tranquillement à mes côtés.
J'avais, pour ma part, toujours la main sur le pommeau de mon épée. Mais c'était une habitude plus qu'une marque d'inquiétude, même si je me sentis nettement moins à l'aise dès lors que nous quittâmes la cime des arbres. J'étais... Exposée dans cet environnement bruyant et puant que je ne maîtrisais pas. Et je n'aimais pas ça !
Pendant ce temps, il m'avait expliqué qu'il était marié (ce qui est toujours bon à savoir mais qui ne veut souvent rien dire) et confirmé qu'il était bien un habitué. N'ayant rien de pertinent à répondre, je me contentais de sourire à sa tentative de blague et de poursuivre notre chemin. Quand il conclut que j'avais bien fait de partir, je ne répondis pas non plus. Je ne voulais ouvrir plus encore la brêche de mon passé.
Je ne repris la parole que lorsqu'il répondit à ma question sur le Chapelier.

_ Il n'est pas un grand magicien mais il peut ouvrir des portails, je ne sais pas ce qu'il vous faut, rétorquais-je avant, à nouveau, de me dire que j'avais manqué de tact. Désolée, je n'aime pas la magie en général et je me méfie des magiciens en particulier.

Je haussais les épaules comme pour nuancer un peu mes propos bien qu'ils soient les plus sincères exprimés en sa présence. Mais bon, étant donné ses liens avec Regina Mills, mieux valait marcher sur des oeufs.
Au moins un peu...
Ensuite, il sembla hésiter sur la suite de sa vie. Sa présence ici n'était donc pas fixée ad vitam aeternam.

_ Je vous comprends. Pour l'instant c'est plus sûr, mais sur le long terme, il reste à déterminer si cet environnement est viable pour des étrangers comme nous.

Ca me fit étrange de nous mettre dans le même panier. Comme si nous formions un ensemble. Mais ce n'était pas faux. Alors pourquoi cela me dérangeait-il ?
Nous arrivâmes enfin et nous installâmes. Ce qu'il dit à la serveuse ne m'aiguilla guère sur la marche à suivre.

_ Eh bien je n'en ai pas la moindre idée et vous ne m'aidez pas beaucoup en formulant votre commande ainsi. Surprenez moi et choisissez à ma place.

C'était toujours amusant de laisser les autres dans la panade pour s'en sortir soi-même. Après qu'il eut décidé, je me mis à observer le lieu avant de reporter mon attention sur lui. C'était étrange de me retrouver ainsi en sa compagnie après avoir passé autant de temps à l'observer. C'était... Gênant d'une certaine manière. Il avait l'air d'un gars bien.

_ Ca manque de poutre en bois, de murs en torchis, de pintes de bières, de musique et de poivrots, mais on fera avec, ironisais-je parce que je ne savais pas quoi dire d'autre. Sans vouloir vous offenser...

Plongeant mes yeux dans les siens, toujours troublée par ce sentiment de familiarité, son silence me poussa à continuer, moi qui, pourtant, ne suis guère portée sur les bavardages inutiles en temps normal.

_ Ne faites pas trop attention à mes remarques. Je suis un peu perdue ici et ça me mets sur la défensive...

Un peu. J'avais l'art des euphémismes.

_ En outre, j'ai un peu perdu l'habitude de parler avec des gens. Je suis plutôt restée dans mon coin depuis qu'on a débarqué. Je manque de pratique.

Mais bordel pourquoi je lui disais ça moi ??
Il fallait que je me taise. Heureusement, les commandes arrivèrent, ça me donna l'occasion de la fermer !

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Elle était méfiante malgré la bonne humeur. Méfiante, malgré la gentillesse de Robin. Méfiante, malgré ses efforts. Tout lui semblait si absurde et Robin ne comprenait que trop bien cette façon de penser pour l'avoir lui-même expérimenté à son arrivée. Mais les choses changent et à présent, il se sentait un peu moins étranger et plus assimilé à cette vie qu'il désapprouvait de plus en plus. Peut-être était-ce dû à l'absence de perspective, à la modernité, à cette oppressante tristesse causée par Cora en lui subtilisant son cœur pour lui ordonner de souffrir et d'éloigner toutes les personnes auxquelles il tenait. Et voilà, qu'à nouveau, il se sentait étranger alors qu'il semblait maîtriser les uses et coutumes de ce monde. En posant un regard furtif, il remarqua la main de la demoiselle sur le pommeau de son épée. On aurait de ce fait pu croire qu'il s'agissait d'une marque de méfiance mis en exergue par la discrète observation de l'archer, mais lui-même avait compris que c'était une question d'habitude. Jadis (il n'y a pas si longtemps) quand il se baladait dans la forêt, il lui arrivait d'avoir le même geste sur son arc. Une similitude qui l'ébranla davantage, mais dont il ne fit nullement mention. Puis ils évoquèrent le Chapelier « fou » et Robin découvrit bien malgré lui, une autre similitude avec Aeline, le genre que beaucoup partage et qui n'a, de ce fait, rien d'extraordinaire.

« -Je ne porte pas non plus la magie dans mon cœur. Pour dire vrai, j'ai longtemps exécré tout ça. Ce n'était pas de la peur, juste de l'incompréhension et de la colère. Pendant longtemps, la magie était pour moi un synonyme de malheur. Et pour dire vrai, j'ignore encore si cela a changé. » L'air songeur, il préféra cependant ne pas s'éterniser sur le sujet et encore sur l'avenir, qui lui échappait totalement. Ils pénétrèrent donc le Granny's et prirent place là où l'archer avait l'habitude de se restaurer. La serveuse vint aussitôt s'enquérir de leur commande, surprise de ne pas voir Robin avec son petit ou même sa femme. Toutefois, le professionnalisme reprit très vite le dessus alors que Robin annonçait sa commande. « -Un burger frite et une pinte c'est noté ! » lança la jeune demoiselle avant de poser son regard sur Aeline un peu prise au dépourvu. « -Mettez lui la même chose s'il vous plaît ! » renchérit Robin. La demoiselle rajouta une note à sa commande, puis s'éloigna laissant notre nouveau binôme à nouveau seul. « -C'est basique, mais je pense que vous aimerez cela ! » Quelques regards se posèrent sur l'archer, sympathique pour la plupart, désolés pour d'autres. Sa rupture avec Regina avait déjà fait le tour de la ville à n'en pas douter et c'est bien ce qui l'agaçait. Tout se savait ici, trop rapidement à son goût. Et pour éviter de s'éterniser sur ce malaise, Robin reporta son attention sur son interlocutrice qui observait les lieux d'un œil nouveau, mêlé toutefois à une vision ancienne ce qui fit sourire l'ancien voleur qui imaginait sans mal les quelques tavernes où il avait l'habitude de se rendre jadis.

« -Vous ne m'offenser pas, je vous assure. Avec mes camarades, nous aimions ce genre d'endroit. Je me souviens de l'ambiance les soirs de fête. L'un de mes comparses, toujours pourvu de son instrument à cordes, conter nos périples en chansons. Nous buvions beaucoup, tellement qu'ils nous arriver de monter sur les tables pour festoyer comme il se doit. Les poutres étaient en bois, les murs en pierre, la musique, les poivrots, une belle époque n'est-ce pas ? » Passé, son soliloque, Aeline œuvra elle aussi à la confession et arbora un tout autre visage plus tendre au vu de ce qu'elle livrait par le biais de ses paroles. Une fois encore la familiarité s'invita à la table, troublant un peu plus Robin qui continuait à chercher où il avait rencontré la jeune femme, sans parvenir à amorcer la moindre réponse à son questionnement. Par chance (ou pas) les commandes firent leur arrivée. Robin sourit à la serveuse et la remercia avant de poser à nouveau l'azur de son regard sur celui d'Aeline. « -Et bien je porte un toast » Il prit son verre et l'approcha de celui de la jeune femme « -A votre sociabilisation dans ce monde. Vous verrez, avec un peu de pratique, ça vient tout seul. Je vous aiderez si vous voulez ! Je suis un bon pédagogue. »

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La conversation partait dans des directions différentes et variées. C'était stimulant et ça me rappelait des bons souvenirs. Quand j'étais entourée de mes amis guerriers, cela arrivait sans cesse et il fallait faire preuve de pas mal d'attention pour suivre le cours des pensées du groupe. Je ne savais jamais où les paroles nous mèneraient mais je n'avais pas à peser les miennes.
Ici, je marchais sans cesse sur des oeufs, même s'il semblait très simple de converser avec Robin. Les mots filaient sans entrave, autre que ma prudence. Mais même elle me faisait un peu défaut à présent...
Heureusement, je ne dis rien. Quand il évoqua la magie, je me retins avec force de rétorquer un truc dans le genre "visiblement, tu ne t'en es pas trop méfié... Tu couchais même avec !". Vraiment, et surtout au vu de l'air qu'il afficha juste après, j'avais bien fait de me taire. Je restais donc sur des généralités.

_ Par précaution, je préfère éviter la magie autant que faire se peut. Vous pouvez suivre ce mantra si vous voulez.

Il commanda ensuite pour nous deux et supposa que cela me plairait. J'affichais un sourire amusé.

_ Tant qu'il y a de la viande, ça devrait aller. Je ne suis pas très difficile...

Et puis, ça me changerait des fruits, baies et autres plantes que je trouvais dans les bois qui accompagnaient le fruit de mes chasses. Je suis plutôt quelqu'un de simple, comme il semblait l'être lui-même. C'est pourquoi, je ne m'inquiétais guère de son choix.
J'avisais la façon qu'avaient les autres de le regarder et je n'aurais pas apprécié qu'on me lance les mêmes regards... J'hésitais un instant à aborder la question mais je me dis que c'était sans peu approprié.
Ensuite, il se laissa emporter par des souvenirs qui m'en rappelaient d'autres. Je partis dans un rire franc et honnête, m'égarant un instant dans les images que ses paroles faisaient naître.

_ Je vois que vos fêtes n'étaient pas très différentes des nôtres... Nous aurions pu bien nous amuser vous et moi, au moins pour ce qui est de danser sur les tables ! Il paraît que, plus je bois, plus je chante. Mais c'est loin d'être harmonieux à l'oreille, je dois bien l'avouer...

Le sourire, nous le partagions en cet instant et cela faisait du bien de simplement profiter de l'instant en oubliant un peu de réfléchir. Puis je revins à la réalité et je me souvins que nous n'étions pas dans la forêt Enchantée et que nos compagnons avaient, pour la plupart, disparus. Alors mon sourire se fana, comme le font les souvenirs.
Les plats arrivèrent et je pus garder quelques secondes pour me reprendre. Il leva sa pinte pour trinquer, je l'imitais par réflexe après avoir remercié la serveuse. Au moins, elle ne devait pas se faire souvent pincer les fesses, elle. L'ambiance était vraiment différente de celle des tavernes.
Je souris à son toast, sans répondre de suite. Je pris le temps de goûter le breuvage et approuvait poliment. Ca manquait de force, mais ça n'était pas mauvais. Sans plus attendre, je saisis le burger pour le goûter à son tour. Après quelques bouchées, je repris.

_ Ma foi, votre choix était le bon. Je pourrais m'habituer à cette pitance !

Le repas se poursuivit tranquillement et la conversation aussi.

_ Je pense que votre aide serait une bonne chose. J'ai bien conscience que je suis très différente de ce monde et vous semblez vous y être plutôt bien adapté. En outre, vous savez ne pas trop vous offusquer de mon franc-parler, ce qui n'est pas donné à tout le monde...

Mon épée était posée à mes côtés. Je n'étais pas prête de l'abandonner mais je pouvais bien faire quelques efforts pour m’intégrer... Ee apparence tout du moins.

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The thief and the warrior

Cela faisait un moment que Robin n'avait point sourit de la sorte. Il faut dire que ces derniers jours furent riches en mésaventures et que malgré le retour « providentiel » de sa défunte épouse, l'archer au grand cœur peinait à se sentir à nouveau heureux, du moins comme il l'était avec Regina. Cependant, il tentait de se convaincre qu'il avait fait le bon choix, mais le souvenir de Cora lui arrachant le cœur le rappelait bien vite à l'ordre. Bien sûr, il aimait Marianne, mais plus de la même façon et s'il avait pu faire un choix, malgré son code d'honneur, il aurait écouté son cœur et aurait choisi Regina. N'étant plus maître de sa destinée, il devait subir les choix imposés par Cora et souffrait en silence, sans que personne ne puisse s'en rendre compte. Quelle horrible torture lui infligeait-on au nom de la vengeance ! Une torture qui ravivait peu à peu ses plus basses pulsions, celles qui jadis l'avaient mené à son retour de prison, jusqu'au palais du shérif pour lui faire payer le meurtre de Marianne. Nul doute que si Petit Jean n'était pas intervenu ce soir-là, Robin aurait assassiné le bras droit du Prince, entraînant l'archer dans les ténèbres. Tuer Cora n'était à l'inverse pas issu d'une irrépressible envie de vengeance, mais bel et bien une nécessité pour se libérer de son emprise… L'archer préféra taire ses pensées, choqué d'en être arrivé à de telles extrémités. Cela ne lui ressemblait pas, lui l'homme droit, le défenseur d'un code, le héros au grand cœur, comment en était-il arrivé à tant de haine, tant de violence ? Son regard se porta aussitôt sur la chaîne qui entourait son cou. Tout était immobile, surtout le médaillon qui chez un être lambda aurait dû être quelque peu chahuté par les battements irréguliers de son cœur. Mais rien ne se passait mettant en exergue cette triste réalité devenue le quotidien de notre archer, qui commençait dès lors à comprendre pourquoi la haine et la violence parvenaient à s'immiscer aussi facilement en lui.

Il se délesta de ses funestes pensées pour mieux se concentrer sur Aeline qu'il se surprenait à apprécier de plus en plus malgré le mystère et la rudesse qui se dégageait de la guerrière. C'était tellement étrange d'éprouver cela face à une inconnue. Non, ne vous m'éprenez point, il n'y avait rien d'ambiguë dans le ressentit de l'archer. Il n'était pas physiquement attiré par la demoiselle, mais ressentait toutefois comme une connexion, qu'il était tout bonnement incapable d'expliquer. Cela résultait sûrement des nombreux points qu'ils avaient en commun. Des faits qui mit bout à bout, engendraient cette étrange familiarité, cette impression de « déjà vu » que l'on a tous ressentit au moins une fois au cours de notre existence. « - Il y a de la viande ! » renchérit Robin en sortant à nouveau de ses pensées. Il semblait distrait aujourd'hui, bien plus que d'habitude et ça n'est pas la multitude de regards rivés sur sa personne qui l'aiderait à se défaire de son trouble. Peut-être que certains s'imaginaient des choses en voyant l'archer avec une autre femme. Peut-être même qu'ils s'inventaient tout un tas d'histoire qu'ils se feraient un plaisir de partager par la suite. Par chance, Aeline lui permit de réorienter le sujet de leur conversation vers de tendres souvenirs d'un passé dont il était nostalgique de toute évidence. « - Ah ça oui, je ne doute pas de la familiarité de nos festivités, ni du fait que nous nous serions bien amusés. Pour ma part, j'avais un ménestrel à disposition, cela suffisait amplement. » Il esquissa un autre sourire avant de reprendre avec plus de légèreté « - Nous avons tous nos petits défauts. Si ça peut vous rassurez, je n'ai pas le souvenir d'avoir été un bon chanteur après avoir avalé quelques chopes d'hydromel. »

Ils partagèrent à nouveau un sourire complice dans une parfaite synchronisation qui surprit Robin. Un sourire qui disparut bien vite du côté de la guerrière « - Les souvenirs même les plus doux, peuvent vite devenir amer lorsqu'on se rappelle de tous ceux et celles qui nous ont quitté. J'imagine que vous aussi vous avez perdu beaucoup de camarades. » La conversation n'eut guère le temps de prendre vie, car déjà, les plats arrivèrent jusqu'à leur table. Robin en profita alors pour porter un toast, espérant que la demoiselle apprécie le met qui venait de lui être apporté, ainsi que la boisson qui l'accompagnait. « - Cela est à votre convenance ? » Il tenait encore sa chope d'une main et son burger de l'autre, impatient de connaître l'avis de la jeune femme qui après quelques bouchées, s'exprima enfin « - Ce n'est pas du fait maison, mais comme vous le constater, c'est exaltant pour les papilles. Mon fils adore venir ici pour se remplir la panse avec le burger du Grannys. Vous verrez, bien plus que la pitance, vous vous habituerez à ce que la ville peut vous proposez. Il suffit juste de savoir où aller. » Il fit ensuite signe à la serveuse qui se rapprocha à nouveau de la tablée. « - Serait-il possible de prendre une part de tarte à la groseille pour le dessert ? » Elle acquiesça tout naturellement avant de s'en aller et de laisser à nouveau les deux jumeaux seuls à seul. « - Je serais ravis de vous servir de guide et de supporter votre franc-parler. Vous me rappeler un peu mon chez-moi, c'est agréable. Je vous présenterais mes plus fidèles amis qui seront eux-aussi à n'en pas douter, vous aidez à vous intégrer. Nous nous entraidons par ici. C'est toutefois bien dommage que nos chemins ne se soient pas croisés plutôt. À n'en pas douter vous auriez été à votre aise avec les Merry-Men, mais le passé étant le passé ne nous attardons point sur cela. »

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Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, mais ça peut se partager. Robin aimait la viande et je ne pus qu'approuver avec un sourire légèrement nuancé par sa bouche pleine. Il y avait une certaine tenue dans ma façon de manger, même si j'étais sans doute bien loin des standards des femmes de bonnes familles. Javais toujours eu cette façon de me tenir, en un mimétisme inconscient légué par ma mère, que je n'avais que trop connue, et de quelques femmes qui, par des instants d'égarement, pouvaient avoir pu me faire un peu envie.
(Mais ne le répétez pas, sinon je vous démonte les dents une par une...)
De ses compagnons d'armes, j'étais la plus distinguée et cela me suffisait amplement. L'inverse aurait été inquiétant soit dit en passant...
Robin me suivit dans ma plongée mémorable des temps pas si anciens que cela. J'en conclus qu'effectivement nous aurions pu aisément partager ce genre d'instants et, si la vie avait été différente, nous aurions pu être compagnons d'armes. Peut-être même que, s'il s'était trouvé l'archer adroit, mon frère serait avec nous en cet instant...
Avec des peut-être, on ne va jamais loin...

_ Nous devrions tenter l'expérience au plus profond de la forêt en ce cas, là où nous ne blesserions personne avec nos vocalises !

J'avais lancé cette boutade pour me vider la tête, refusant de laisser cette foutue nostalgie me happer comme elle en avait coutume. C'est à cet instant exact qu'il lança son laïus sur les êtres perdus. Bon sang mais comment faisait-il ? Etais-je si facile à déchiffrer ? ?

_ Comme tous ceux qui vivent par les armes... murmurais-je en fixant un long moment mes mains. Nous avons fait le choix de risquer de mourir par elles...

Pourtant, Mael n'était pas mort dans un combat singulier, mais bien à cause de cette foutue magie. C'était sans doute ce qui me rendait la plus amère. Un instant, je fus tentée de lui parler un peu plus de mon frère, mais je parvins à me reprendre juste à temps. Je n'en savais pas encore assez sur lui. Je ne pouvais pas lui faire confiance, ni attiser ses soupçons.
Je ne devais pas oublier qu'il n'était qu'une pierre sur mon chemin, rien de plus... Même si nous aurions pu être amis...
Ensuite, je restais dans le silence, l'écoutant poliment tout en mangeant avec un peu moins d'entrain d'un coup. J'avais presque du mal à avaler tant ma gorge s'était serrée mais je m'efforçais de mâcher prudemment pour palier à ce soucis. Je ne relevais les yeux que lorsqu'il commanda le dessert.

_ Décidément, je vais finir par croire que vous lisez dans mes pensées... Ce sont mes fruits préférés.

Je tâchais de me convaincre qu'après tout aimer les groseilles c'était commun, surtout pour ceux qui ont vécu en forêt, mais cette sensation de familiarité prit le pas le reste.
D'autant quand il poursuivit; rejoignant sans le savoir des pensées que j'avais eu un peu plus tôt. Un seul détail me chiffonnait dans l'histoire et je choisis de jouer carte sur table, parce que je n'avais pas franchement d'autres alternatives de toute façon.

_ Je ne suis pas certaine que vos compagnons se réjouiront tous de m'accueillir, murmurai-je, un peu gênée.

Puis je plantais mes yeux dans les siens et lançais ce que j'avais à dire.

_ Je ne doute pas de votre hospitalité... Juste du souvenir que j'ai laissé à Petit-Jean.

Après quelques instants, je cédai à nouveau le regard. Petit-Jean, rien que prononcer son nom m'était étrange. Comment réagir en le voyant ? Comment réagirait-il ? Nous nous étions connus dans les rangs de l'armée de la Reine des Glaces. Avais-je seulement rencontré l'homme tel qu'il est véritablement ?

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Cela faisait un moment, trop, aux yeux de Robin, qu'il ne s'était point sentit aussi léger, comme délesté d'un poids qui menaçait sans cesse de l'entraîner vers le fond. Enfin, il respirait ! Malgré tout, il n'en demeurait pas naïf et savait que cette douce accalmie était éphémère. D'ailleurs, la voix de Cora le lui rappelait sans cesse dans ses pensées les plus profondes. Sans cœur était entre ses mains, comme chacune de ses décisions, du moins les plus importantes. Et comme cette dernière avait décidé de faire de sa vie un enfer, il devait constamment vivre avec cette impression de désolation, cette fuite permanente du bonheur. Il ne pouvait retrouver les bras de la femme qu'il aimait plus que tout. Il avait « choisi » Marianne et devait dès lors vivre avec. Sauf qu'il ne ressentait pas la moindre once de bonheur et pourtant, elle avait été son premier amour. Un statut que l'on ne peut renier, qui plus est quand il est aussi question de la mère de votre enfant. D'autant plus que le petit Roland, c'était habitué à Regina, sa seule figure maternelle. Sans mal, il l'appelait « maman » lui offrant ainsi le plus beau des présents. Il était même question d'adoption. Robin revoyait encore la scène. La pluie tombait rudement dehors, mais son regard n'avait d'yeux que pour elle. Tous les deux, dans cette cabane, seuls au monde. Il venait de la demander en mariage, de lui passer au doigt cette bague en brindille qu'il avait lui-même confectionner pour sceller cette belle promesse. La joie déserta à nouveau l'esprit de Robin qui préféra taire ce souvenir. C'était difficile à vivre, une épreuve de plus, se disait-il avec lassitude. L'espoir l'avait également abandonné, alors vers quoi pouvait-il encore se tourner ?

« - Oui vous avez raison, c'est encore une histoire de choix ! » La bonne humeur de Robin défaillit l'espace d'un instant, mais à son tour, il parvint à se reprendre à temps et re-mobilisa toute son attention autour du dessert qui de toute évidence était acquit à la cause d'Aeline. « - Je puis vous assurez que je ne lis pas dans vos pensées. Et puis les groseilles étaient et demeurent, je suppose, toujours conséquentes dans notre royaume. Mais vous allez voir, ici, on la prépare divinement, dans une tarte qui l'est tout autant. Cependant, la meilleure tarte de la ville est aux pommes et c'est ma… » Toutefois, il ne put se résoudre à achever sa réplique et nommait la divine cuisinière à l'origine des meilleures tartes aux pommes de tout Storybrooke. Regina lui manquait cruellement, mais il était incapable de le dire, de mettre des mots sur ses maux, ce qui rendait le manque encore plus cruel. « Par amour, on doit souffrir… » laissa-t-il échapper dans un coin de sa tête. « - Enfin bref ! Aujourd'hui, il est question de tarte aux groseilles n'est-ce pas ? » Il faisait montre de conviction sur le sujet, histoire de faire oublier sa défaillance, mais nul doute que la guerrière avait compris. « - Pour ce qui est de mes compagnons d'infortune, sachez que malgré la rudesse, la tolérance ne leur fait pas défaut » Pour preuve, ils avaient accepté de voir leur leader « s'entichait » de la méchante reine, non sans quelques réserves bien sûr. Mais ils avaient accepté la chose, faisait passer le bonheur de Robin avant leur a priori. Un bonheur qui n'avait plus lieu d'être à présent, et ce, malgré le retour de Marianne.

Et alors que le voleur évoquait son bras droit, la demoiselle au regard azur sembla émettre une contradiction qui intrigua l'archer, qui ne put faire taire sa curiosité. « - Ah mais oui suis-je bête vous étiez, plus ou moins dans le même camp de l'autre côté. J'imagine que les échanges ont été… Je ne trouve pas le mot. Petit Jean a son propre langage et il est plutôt corporel, mais c'est un brave homme surplombé d'un ours mal-léché. Toutefois, j'imagine qu'une valeureuse guerrière telle que vous, n'a pas dû s'ennuyer en sa compagnie. Racontez-moi ! Je suis curieux de connaître les détails ! » Et puis au moins cela lui permettrait de penser à autre chose qu'à sa triste existence.

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L'ombre au creux du regard. Cela nous arrive à tous et j'avais apprécié qu'il ne pose pas de questions intrusives quand cela avait été mon cas. C'est pourquoi, quand il partit dans ses souvenirs, après l'allusion sur la tarte aux pommes, je le laissais faire sans rien dire. Quand il se rattrapa aux branches, je le suivais sans relever ce qui venait de se passer.

_ J'imagine que, puisqu'elles sont communes, ce n'est pas si surprenant au fond... Mais je me méfie quand même. En général, les gens pensent aux mûres ou au fraises des bois, rarement aux groseilles. Sans doute est-ce parce qu'elles ressemblent en taille et en forme à des baies toxiques.

Oui, la forêt fournit tout ce dont on a besoin, mais il faut savoir être intelligent. J'avais appris tout de qu'il fallait savoir depuis des années maintenant, mais un accident est si vite arrivé.
Les desserts arrivèrent et je pus y goûter.

_ Décidément, vous avez du goût en matière de nourriture. C'est excellent !

Je n'étais pas spécialement fin gourmet. En général, je mange histoire de me restaurer et ne pas mourir d'inanition. Mais, là, j'appréciais particulièrement. Sans doute parce que je ne m'étais nourrie que de la chasse, la pêche et la cueillette depuis mon arrivée.
Arriva ensuite l'épineux sujet... J'avais voulu éluder un peu afin de désamorcer ce qui pouvait se révéler une situation explosive mais, naturellement, il ne se contenta pas de ce leurre. Je le comprenais, soit dit en passant, moi aussi j'aurais été curieuse à sa place. Il me fallait juste trouver quoi répondre à présent.

- Ah mais oui suis-je bête vous étiez, plus ou moins dans le même camp de l'autre côté. J'imagine que les échanges ont été… Je ne trouve pas le mot.

_ Etranges, lançais-je pour l'aider, avant de sourire autant de gêne (ce qui est rarissime) que d'amusement.

-Petit Jean a son propre langage et il est plutôt corporel, mais c'est un brave homme surplombé d'un ours mal-léché.

Le sourire se transforma en léger rire mais je ne voyais pas comment répondre à ça sans en dire trop.

-Toutefois, j'imagine qu'une valeureuse guerrière telle que vous, n'a pas dû s'ennuyer en sa compagnie. Racontez-moi ! Je suis curieux de connaître les détails !

On y était... A moins de m'enfuir en courant, il m'allait falloir répondre quelque chose.

_ Eh bien, le moins que je puisse dire c'est que notre rencontre a été pour le moins intéressante.

Intéressante ? Vraiment ? Je n'avais rien trouvé de mieux ?

_ J'avais été capturée par les troupes de la Reine des Glaces et elle m'avait convaincue de rejoindre leurs rangs. Néanmoins, je devais prouver ma valeur pour gagner une position importante. J'ai donc choisi de défier l'homme le plus grand et le plus fort que j'ai trouvé et c'est tombé sur Petit-Jean.

Je voyais encore son air surpris mais, surtout, l'intérêt et la curiosité piquée au vif. Je pouvais voir des sentiments similaires s'afficher sur le visage de mon voisin de table.


_ Je l'ai défié dans des termes plutôt fleuris et nous en sommes arrivés au combat.

Tout était encore frais dans ma mémoire et, ma foi, le souvenir était bon, alors le sourire que j'affichais était sincère et franc. Repenser à tout cela m'amusait plus que je ne l'aurais cru.

Codage par Libella sur Graphiorum