Ecole buissonnière

Lorsque mon épouse m’avait donné sa version des faits concernant sa liaison avec D’Artagnan j’avais refusé de la croire. Je n’en étais pas réellement fier mais mes amis avaient été tout ce qui me restait après l’arrestation de Milady. Nous étions des frères d’arme et nous nous devions loyauté et confiance quoiqu’il puisse arriver. C’était la seule chose qui pouvait nous permettre de rester en vie lors des combats et des épreuves les plus difficiles. Croire en l’histoire de mon épouse aurait brisé les plus profondes de mes convictions, ma propre raison d’être ! Je n’étais pas prêt à m’y résoudre. Peut-être qu’un jour je pourrais confronter d’Artagnan à cette version des faits. Après tout, s’il n’avait pas su me cacher cette relation bien longtemps, peut-être qu’il en serait de même pour cette histoire.

Je ne lui répondis pas mais les mots qu’elle avait prononcé concernant son silence d’autrefois me faisaient extrêmement mal. Ils éveillaient en moi une réflexion des plus douloureuses. Si je n’acceptais pas de la croire, c’est peut-être parce que je ne l’aimais plus… ou tout du moins pas comme je l’avais aimée autrefois ! La confiance étant une valeur que je chérissais par-dessus tout, les traitres auraient beaucoup de mal à la récupérer. J’aurais tellement voulu ne pas avoir à la compter dans cette catégorie de personnes. Mais comme Anne le disait, le passé était le passé. Nous ne pouvions pas effacer ce qui s’était produit. Je ne pouvais et ne voulais pas changer non plus ! Mes valeurs étaient ce qu’elles étaient et il était hors de question pour moi de devenir un autre aujourd’hui. Car le voleur mis à part, je n’étais pas peu fier de l’homme que j’étais devenu.

Lorsqu’elle m’avait demandé maladroitement si elle quitté à jamais mes pensées et mon cœur, j’avais tenté de lui donner une réponse aussi sincère que possible. Notre histoire d’amour n’aurait sans doute jamais repris… la flamme était morte et bien morte ! C’est ce que j’avais tenté de lui faire comprendre au travers de mes paroles. Cependant, il était également certain que je ne pourrais jamais aimer une autre femme autant que je l’avais aimée et désirée, elle. Cela aussi je l’avais clairement exprimé. Est-ce qu’elle pouvait me croire ? Je l’ignorais tant sa réponse avait été évasive et froide. A ces mots, j’avais cru bon d’ajouter. « Il ne tient qu’à toi de me croire ou non, mais quoiqu’il arrive, je suis heureux d’avoir pu te dire ces mots un jour dans ma vie. ».

Un sourire triste sur mes lèvres, je sentais ma gorge se serrer en lui avouant cette Vérité douloureuse. Changeant de sujet, je m’étais attardé sur sa vie actuelle. Savoir si elle était heureuse ou non comptait beaucoup pour moi. Elle n’en avait sans doute pas conscience, mais cela comptait énormément pour moi ! Je ne regrettais pas ce que j’avais fait autrefois, pourtant aujourd’hui j’aurais été le premier à l’aider si elle en avait exprimé le besoin. Malgré tout ce qui c’était passé, elle demeurait ma femme d’une manière indélébile dans ma tête et mon cœur. Je n’exprimerais pas clairement ces mots-là mais cet engagement était sincère. Elle me demanda alors tristement si je serais disposé à la croire cette fois-ci. « Pour quelle raison refuserais-je de te croire ? Tu n’as aucune raison de me mentir par rapport à cette nouvelle vie… nous ne sommes plus liés ! ».

J’écoutais alors attentivement chaque mot qu’elle prononçait avec la plus grande des attentions. J’apprenais sa nouvelle identité et je savais qu’elle n’était pas seule. C’était le plus important ! J’étais tout de même quelque peu surpris d’apprendre qu’elle était devenue patronne de cette boîte de strip-tease. Mais après tout pourquoi pas ? Il fallait bien qu’elle vive d’une manière ou d’une autre. « Très bien, Neïlina ! Je te promets de conserver le secret sur ton ancienne vie… » Des secrets encore et toujours. Est-ce que sa vie ne devrait être composée que de cela ? « Je suis cependant ravi de savoir que tu es parvenue à te créer une nouvelle vie. » Neïlina resta cependant plus évasive sur son bonheur. L’était-elle véritablement ? C’était difficile de le savoir ! Elle avançait comme toujours à visage masqué, derrière sa fierté et ses mensonges. Pouvais-je dès lors lui faire confiance ? Je me résonnais en me disant que la Vérité éclaterait bien tout ou tard, dans un sens ou un autre !

Elle me retourna alors la question. Je lui souris alors, désireux de lui apporter la réponse la plus claire possible. « Dans cette ville, je me nomme Oliver Arsène Athkins. Je suis devenu garde-faune et je travaille dans la forêt de Storybrooke. Je rends également des services en tant que secouriste en cas de besoin… donc tu vois, même moi j’ai fini par me lasser des métiers d’armes ! » Remarque terriblement maladroite mais qui n’était rien en comparaison de cette révélation que je devrais lui faire à présent. « Et le reste du temps je… je m’occupe de l’éducation de mon fils... en Papa célibataire que je suis ! » Je restais alors un instant interdit, guettant une réaction de ma femme. Je finis par reprendre « J’ignore si cette vie me comble mais j’en suis satisfait ! ».

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Laissant de côté les souvenirs du passé, nous nous étions attardés sur nos vies actuelles. Il est vrai que j’ignorais tout de la vie actuelle de Milady. J’avais besoin de l’en entendre parler afin de marquer une transition entre la réalité que j’avais connue à ces côtés et cette nouvelle Vérité qui était la vie crée depuis la malédiction. En mon fort intérieur, j’appréhendais sa réponse. Quelque chose en moi espérait encore que ma femme ait pu m’attendre durant toutes ces années. Cependant, elle avait évoqué le fait qu’elle m’avait trompée à de nombreuses reprises avec des hommes dans cette vie-ci. L’un d’eux avait-il pu gagner son cœur ? Je l’ignorais et personnellement, je ne désirais aucunement le savoir. N’avait-elle après tout pas déclarer elle-même que Milady de Winter n’était plus qu’un fantôme ? Qu’elle n’existait plus ? C’est pour cette raison que je lui avais répondu de manière brusque en affirmant que nous n’étions plus liés ! Je pensais les mots que j’avais prononcés même si je parvenais à cacher avec maestria le mal qu’ils me faisaient endurés ! Je lui avais malgré tout promis que jamais je ne viendrais à trahir sa véritable identité. Ma promesse était sincère et j’espérais réellement qu’elle parviendrait à me croire !

C’était à mon tour de lui révéler ce que j’étais devenu dans cette vie-ci. Je n’avais alors pas eu la force de lui mentir. Dévoilant sans aucune hésitation l’existence de mon adorable petit Bobby. De toutes manières, elle aurait sans doute fini par le découvrir par elle-même. Il était donc de mon devoir de lui faire part de la Vérité. Je ne fus alors guère surpris de la voir mal réagir à ces propos. Elle ne put alors dissimuler sa surprise et sa déception qui dévoile alors son véritable visage. Tout en la voyant s’adosser au mur, je voulais me rapprocher d’elle pour la soutenir. J’aurais voulu soulager quelque peu sa douleur mais je comprenais aisément que rien ne pourrait l’arrêter. Cette Vérité était beaucoup trop cruelle, beaucoup trop violente pour qu’aucun geste de ma part ne puisse la soulager.

Son magnifique regard plongé dans le mien, elle me demanda sur un ton presque désespéré si cet enfant était mon fils biologique. Je pouvais alors deviner dans son attitude qu’elle avait deviné cette terrible réalité. Elle n’avait cependant pas conscience que la personne à laquelle elle s’adressait n’était pas la même qu’elle avait épousé. Mon frère ne c’était jamais abaissé à tromper son épouse. Suivant une ligne de conduite admirable, il était resté à ses côtés sans jamais poser les yeux sur une autre femme. Ce n’était pas mon cas ! Refusant de me marier pour ne pas renoncer aux plaisirs que la vie plaçait sur ma route, j’avais eu de nombreuses maîtresses et même amants avant de reprendre le rôle de mon frère. Je n’avais dès lors plus regarder ailleurs, mes sentiments pour ma nouvelle épouse demeurant plus forts que tout. Mais cela ne changeait rien au fait que cet enfant était là et qu’il fallait que j’assume cette paternité. Je n’en étais pas déçu bien au contraire. J’aimais profondément ce petit garçon que faisait toute ma fierté. Rien au monde ne comptait plus pour moi.

Reportant mon attention vers mon ancienne épouse, je tâchais de me montrer le plus honnête possible, sans révéler bien évidemment ce détail de changement d’identité. « Robert est mon fils biologique ! » J’avais eu du mal à prononcer ces paroles sentant ma gorge se serrer tout aussi bien que mon cœur qui tambourinait fort dans ma poitrine. « Je suis navré que tu aies dû l’apprendre de cette manière ! » ajoutais-je espérant qu’elle comprendrait que je comprenais tout le mal que j’étais en train de lui faire subir.

Je crus cependant bon de me justifier, de lui apporter des éléments de réponses à toutes ces questions qui sans nul doute devaient envahir son esprit à présent. « Je… je ne t’ai jamais trompé depuis notre mariage, Anne. Cet enfant je l’ai eu bien avant… à une époque où ces promesses de mariage arrangé par nos familles me semblait si illusoires. J’étais jeune et comme tous les adolescents j’ai fait des conneries ! » Ca des bêtises j’en avais commis plus souvent qu’à mon tour. Je les regrettais encore aujourd’hui mais je cru à nouveau bon d’ajouter que pour moi l’existence même de Bobby n’en était pas une. « Cependant, je ne regrette pas cet enfant ! Il a su m’aider à remonter la pente lorsque je t’ai perdue toi. C’est un garçon adorable et je ne regrette pas un instant sa naissance. » Je ne pouvais cependant oublier le fait que Milady ne pouvait guère tomber enceinte. Ces paroles devaient la faire profondément souffrir. Mais cette honnêteté représentait beaucoup pour moi. « J’espère que tu pourras me pardonner cette incartade. Je ne désirais pas te faire souffrir. »

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