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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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J’avais sauvé Eric mais comment pouvoir le rejoindre alors que je suis munie d’une queue de poisson et que lui…c’est un être humain. Assise sur le rocher près de la plage où j’avais « accompagnée » Eric lorsque je l’avais sauvé du naufrage, je soupire en le voyant marcher sur la rive. Posant mon regard sur ma nageoire, puis sur les jambes d’Eric, un frisson me parcouru le corps tout entier. J’avais entendu des rumeurs dans le monde humain, des rumeurs sur un sorcier capable de beaucoup de choses. Peut-être serait-il capable de me donner des jambes ?
Mais il faudrait pour cela que je le trouve ? Plongeant dans les flots, je nage jusqu’à Atlantica avant de me rendre à la vieille grotte, là où le plus vieux des poissons était, la où le vieux sage siégait, lui seul aurait la réponse. Il devait garder le secret sur les personnes qui venait le voir, alors je n’avais pas à craindre quoi que ce soit de son attention vis à vis de mon père. non parce que si mon père apprenait quoi que ce soit, c’est sûr qu’il me tuerait. Aussi, une fois arrivée dans la grotte, je vins à m’approcher et observa le vieux poisson.
« Ariel d’Atlantica, que me vaut ta visite mon enfant ? Pardonnez moi de vous déranger vieux poisson mais j’ai besoin de votre aide. Tu peux tout me dire, les secrets sont bien gardés. »
Devais-je lui dire la vérité ? Oui, il le fallait. Après tout, le vieux mage ne pouvait pas dire quoi que ce soit à mon père alors pourquoi ne pas lui demander où se trouvait le Ténébreux ? Je finis par me lancer.
« Je cherche à savoir où trouver celui que les humains appellent Le Ténébreux. »
Je sens que cette question semble déplaire au vieux poisson mais il me réponds simplement qu’il me suffit de l’appeler.
Je quitte la grotte et nage jusqu’à la surface alors que la nuit ait tombée. Je m’approche de la rive avant de respirer longuement, il fallait que j’appelle le Ténébreux mais comment ? Y avait-il quelque chose à faire ? Me mordant la lèvre, je finis finalement par prendre la parole.
« Moi Ariel, Sirène et princesse du Royaume d’Atlantica, je demande à voir le Ténébreux. »
Peut-être que ça allait fonctionner, je n’en savais rien, je l’espérais en tous les cas que ça marcherait. Parce que sinon, je ne savais pas quoi faire d’autre.
Solitude dans un grand château, qui n'est pas condamnée. Ténèbres enveloppant les lieux. Logis à l'image de son maître. Rumpelstiltskin chantonne, fredonne, une étrange chanson sans queue ni tête. Objets qui virevoltent autour de lui. Danse folle, arabesques gracieux. Fioles de verre qui, presque, s'entrechoquent. Il a de grands projets en tête, mais il importe de s'en tenir au plan. Une étape à la fois. Tic. Tac. Son temps viendra. Profiter d'un peu de tranquillité pour avancer divers projets. Noter quelques ingrédients manquant, sur un bout de parchemin. D'un simple mouvement du doigt. Un drôle de chatouillement lui parcoure l'échine. Son nom, son titre résonne à son oreille, alors qu'il se sait seul dans son château. Quelques secondes lui suffisent. Sa chaise, vide, n'a même pas bougé.
Tient, déjà la nuit. Rumple ne remarque plus l'infatigable course des astres dans le ciel. Yeux posés devant lui, il sourit. Lueur étrange dans son regard. Un peu folle, peut-être. Étrange personnage, dangereux. Bouffon de service, parce qu'il se doit bien de mettre un grain de folie dans sa vie. « Ariel... » Ton variant, de grave à aigu, prononcé avec entrain. Intonation inhabituelle. Révérence, courbette, caricature de politesse. Exubérant, de trop grands gestes. « Rumpelstiltskin! » Le diablotin se redresse, toujours souriant. Soubresaut, sursaut de la tête. « Enchanté, petite sirène. Que puis-je faire pour toi? » Approcher de sa victime, à pas lents, sautillants. L'examiner, la détailler, lentement. Petit cœur brisé? Âme meurtrie? Désespérée? S'approcher, encore un peu. Ton caressant. Envoûtant. Invitant. « Dis-moi, quel est ton plus cher désir? »
Rumple s'approche, se penche à l'oreille de la sirène. Main doucement déposée sur l'épaule de la jeune femme. Peau étrange, scintillante. Proximité, pour vendre du rêve. Faire miroiter l'impossible. Le désirable. L'extraordinaire. « Je peux t'offrir ce que tu souhaites le plus, dearie. » Reculer, brusquement. Mouvement léger, bondissant. Boucles sautillant sur ses propres épaules. Il gesticule, incline la tête. Théâtral. Marcher. S'adresser à une foule, imaginaire. À son public. « Que désires-tu, au plus profond de ton cœur? Un grand pouvoir? Une grande force? » Il cesse sa tirade. Repose ses yeux sur Ariel. Baisse la voix. Ton de cachotteries. De confidence. « Des jambes? » Sourire carnassier fendant son visage. Il désigne l'air des mains, démonstration. Lui faire voir que tout est possible. Cacher le but. La raison secrète. Le motif. Le dessein.
Mon regard se pose sur Rumplestiltskin. Il était donc le plus grand sorcier des humains ? Même sous les flots, il était craint mais pourquoi ? De première vue, il ne semblait pas si dangereux, mais il est vrai que je fais mieux de rester sur mes gardes. Sa voix. Il me fait frissonner mais je n’en montre pas la présence.
« Je suis…contente de vous rencontrer. » énonçais-je difficilement.
Oh Ariel, qu’es-tu en train de faire ? Passer un pacte avec le ténébreux ? Demander l’aide de ténébreux ? Pauvre petite sirène ! Inconsciente ! Je me tiens sur mes deux mains, reculant très légèrement lorsqu’il s’approche. Je respire longuement, il me demande ce que je veux plus que tout au monde. Serait-il capable de me l’offrir ? Après tout, il semble être capable de tout. Je me mords la lèvre inférieure. Par tous les poissons chats ! Je prévois vraiment de lui demander de l’aide alors ? Espérons que papa ne l’apprenne jamais.
« Je…Ce que je veux vraiment… » réussis-je simplement à marmonner.
Oh j’étais consciente de la connerie que je faisais mais Eric était humain et je ne pouvais me résigner à vivre sous les flots alors que l’homme que j’aime vis sur la terre. Et de toute manière, je ne pouvais aucunement compter sur mon père pour me donner des jambes n’est-ce-pas ? Rapprochant ma nageoire de moi, je le vois approcher et de me « murmurer » les deux mots que je rêvais de dire.
« Ce que je veux plus que tout au monde, c’est pouvoir être avec l’homme que j’aime, le prince que j’ai sauvé de la noyade mais… il est humain et je suis une sirène. nos deux natures se contredisent et je ne pourrais jamais être avec lui. Je… Le vieux sage m’a dit où vous trouver car j’ai entendu que vous êtes le plus grand sorcier qui existe et que vous êtes sans doute dans la possibilité de m’aider. »
Je me mords la lèvre inférieure avant de poser mon regard sur le visage du ténébreux, un visage qui ficherait la frousse à un enfant mais étrangement, je commençais à me sentir un peu plus à l’aise en sa présence et je vins même à reprendre la parole.
« Vous seriez apte à me rendre humaine ? » demandais-je avant d’ajouter très rapidement « Je ferais ce que vous voudrez en échange. Il y a bien quelque chose qui peut vous intéresser non ? »
Dans le mille! Sourire élargi. Reculer lentement, de quelques pas seulement. Ravissement grandissant. Distance à nouveau réduite. Rumple s'avance, pour mieux écouter les confidences de la sirène. Sait-elle seulement dans quoi elle a décidé de mettre les pieds? Tirade émouvante, tintant aux oreilles du sorcier. Le Ténébreux ricane. « Tout pour le véritable amour! » Voix aiguë. Intonation changeante. Ton chantant. Moqueur, peut-être. Mais il n'est pas toujours aisé de distinguer la moquerie du théâtre. Rumple est trop heureux de savoir ce qui est en jeu. L'amour est une magie particulièrement puissante. Enviable, parfois. Quel serait le prix de ce service? Mine pensive. Rumple tourne lentement sur place. Se rapproche de la sirène. Détaille son visage. Espoir luisant dans les mirettes de la jeune femme. Soupçon de crainte également? Un certain courage, certainement. « Si je suis apte à le faire? Mais bien évidemment! Pourquoi perdrais-je mon temps à répondre aux appels des âmes désespérées, si je n'étais pas en mesure de leur offrir le fruit de leurs désirs? » Dédain. Amusement. Doute exprimé qui révèle bien des choses à Rumple. Peut-être ne mesure-t-elle pas toute l'ampleur de ce contrat. Il est de son devoir de l'informer... N'est-ce pas? Mais il semble bien qu'elle soit au courant. Du moins, de la nécessité d'un échange. Y-a-t'il quelque chose qui pourrait l'intéresser? « Effectivement. » Sourire carnassier éclairant à nouveau son visage.
Rumple s'approche encore un peu. Tête légèrement inclinée. Yeux perçants. Regard inquiétant. « Qui t'as avertie? » Simple interrogation. Histoire de savoir si le message était bien passé. Autrement, il lui faudra répéter cette interminable litanie. « La magie a toujours un prix. » Il s'agit de l'essentiel. Le prix n'est pas toujours affiché. Et pour le moment, les gens sont toujours prêts à payer. « Tu semble bien informée, dearie... » Retrouver un air sérieux. Ton de confidence. « La magie a toujours un prix. » Se redresser, coup de théâtre. « La question n'est pas ce qu'il est. » Lèvre étirée d'un seul côté. Il aime que ses victimes imaginent le prix à payer. À quoi bon s'appeler le Ténébreux si l'on ne retire pas de plaisir à faire naître la crainte?
Gestes des mains. Sparages inutiles. Simple facette d'un personnage. « La véritable question est de savoir si tu es prête à le payer. » Pause dramatique. « Quel. Qu'il. Soit. » Syllabes pesées. Mains repliées, doigts pointant l'air. Gauche. Droite. Gauche. Simagrées. Jusqu'où est-elle prête à aller?
Un sourire m’échappa. Le Ténébreux allait pouvoir m’aider, j’allais pouvoir retrouver Eric et peut-être pouvoir lui cacher ma véritable nature. Mais serais-je apte à ne pas dire à mon prince que je suis une sirène ? Alors que ces réflexions me tournaient dans la tête, je ne quittais pas le Ténébreux des yeux. Je lui fais comprendre que je sais comment il agit. Je sais qu’on n’a rien sans quelque chose en échange. Le vieux sage me l’a dit quand je suis allée le voir. Rumple’ s’approche de moi et me demande qui m’a informée de ce fait.
Je me mords la lèvre inférieure avant de prendre la parole.
« C’est un ancien sorcier devenu poisson, on l’appelle le Vieux Sage. C’est lui qui m’a dit comment vous fonctionniez. » énonçais-je au Ténébreux.
Le Vieux Sage fut humain jadis mais par une malédiction jetée par une diabolique créature, il est devenu poisson et s’est réfugié dans une grotte profonde non loin d’Atlantica et c’est lui qui nous conte tout ce qui se passe au dessus des flots. Heureusement que je pouvais compter sur lui pour qu’il n’en parle pas à mon père. D’ailleurs, Rumple’ connaissait-il mes antécédents ? Avait-il connaissance du fait que je suis la fille du Roi Triton et donc la petite fille de Poséidon ? J’ai un léger mouvement de recul devant les gestes du Ténébreux.
S’il me fait peur ? Bien sûr qu’il me fait peur mais je suis venue jusqu’ici pour trouver une solution, je ne partirais pas sans cette dite solution, quoi que ça me coûte. J’avais ma pochette bandoulière sur moi, j’avais ramassée des merveilles par centaine, trouverait-il ce qu’il souhaitait ? Je n’en savais trop rien. Mais d’ailleurs ? Que souhaitait-il ? Je dois avouer que sa dernière réplique m’avait fait frissonné. Jusqu’où étais-je prête à aller pour Eric ? Je serais prête à vendre mon âme pour lui. Je serais prête à renoncer à ma queue de sirène à tout jamais si c’est pour être à ses côtés.
« Je serais prête à tout sacrifier pour Eric. Quel que ce soit le prix que vous me demanderez, je le paierai. » énonçais-je au Ténébreux.
Il était clair que si mon père apprenait ce que j’étais en train de faire, je risquais plus que mes écailles mais pour le coup, je voulais être heureuse et faire appel au Ténébreux était le seul moyen. Oui, le seul et unique moyen de pouvoir avoir ma fin heureuse ? Mais Ariel, le Ténébreux est un manipulateur…
Envie soudaine de ricaner. Soubresauts contenus. Un sorcier devenu poisson ne peut qu'être au courant du prix de la magie. Et il semble l'avoir bien informée. Victime envoyée ici en toute connaissance de cause. Tant mieux. Il y a, chez ces gens, un genre de détermination particulier. Âmes désespérées faciles à appâter. Ce sont celles dont Rumple tire le meilleur. Demi-rictus à peine camouflé. « Même ton âme? » Gestes ponctuant les paroles. Mains légèrement élevées, tentative démonstrative. Ricanement bref. Hystérique, presque. Oh, le sorcier ne lui demandera pas son âme. Mais il est si bon de jouer. Il se doute bien de la puissance de la jeune fille. Comme il est pratique qu'elle ait besoin de son aide. Rumple s'approche encore. Prend place sur le sol. Laisse l'eau aller et venir tranquillement. Profite du silence quelques instants. Homme au paraître théâtral et peu cohérent. Fronce les sourcils. Air de confidence, à nouveau. Oh, certes, il a déjà eu le temps de fixer son prix. Il se plaît à laisser la sirène patienter. Imaginer. Anticiper. Angoisser, peut-être. Il est toujours plus divertissant de jouer avec sa proie, n'est-ce pas?
Le Ténébreux incline la tête. Fait signe à Ariel de s'approcher. D'écouter attentivement. Il baisse le ton. Chuchote. Murmure. Des mots échappés comme le plus sombre des secrets. « Renoncer à tes nageoires te coûtera très cher, dearie... » Tourner autour du pot. Juste un peu. Encore. Aura-t-elle toujours la possibilité de se retrouver comme poisson dans l'eau? De récupérer les écailles qui lui permettent de nager? Peut-être. Peut-être pas. La magie est parfois imprévisible. Et d'autres fois, il s'agit simplement d'un petit... malentendu. Ou de petites cachotteries. Rien de bien méchant, n'est-ce pas? « Mais tu m'as dit que tu étais prête à tout... » Redressement brusque. Boucles rebondissant dans tous les sens, cheveux affolés. Pupilles dilatées. Excitation perçant une voix tremblotante, chevrotante. Folie aiguë. « J'ai besoin d'une écaille... » Sourire carnassier. Tête à peine inclinée. Rumple lève la main lentement. Doigt levé, pointant la queue de la sirène. « ... Fraîchement arrachée. » Ce n'est pas tout. Mais Rumple est suffisamment courtois pour laisser à la jeune fille le temps d'encaisser.
Se redresser, se relever. Revenir sur ses pieds. Le Ténébreux fait un petit tour sur lui-même. Laisse Ariel réfléchir. Si besoin est. « Je peux te laisser réfléchir, dearie. » Pause dramatique. « Mais il ne faut oublier que j'ai parlé de cher payé... » S'arrêter. Regard sérieux, durci. L'écaille n'est rien encore. Il ne s'agit que d'une fraction du prix. Peut-être ne sera-t-elle pas prête à payer le reste... « L'écaille n'est qu'une fraction du prix... »
Qu’étais-je en train de faire ? Je faisais tout cela pour amour, je voulais être avec Eric mais je ne voulais pas qu’il sache ma véritable nature, il n’était qu’un humain, comment agirait-il s’il savait que je suis une sirène ? J’avais l’impression de tromper quelque chose en moi, comme une part de mon âme mais avais-je une autre solution ? Le vieux sage m’avait mise en garde mais je ne pouvais pas faire autrement, je voulais vivre avec Eric, je voulais qu’il m’aime. Je fis rapidement comprendre au Ténébreux que j’étais prête à tout pour pouvoir avoir cela. Mais lorsqu’il prononça le terme âme, j’eu un léger mouvement de recul, cependant, j’opina de la tête. « Si c’est ce que vous voulez, vous l’aurez. Je vous l’ai dit, je veux être avec mon prince plus que tout au monde. » même si pour cela, je devais dire adieu pour toujours à ma vie sous l’océan, à tout ce que je connais. Mais j’aurais l’amour là-haut, cependant, au fond de moi, étais-je vraiment prête à dire adieu à ma nageoire de sirène pour devenir humaine ?
Je reste là, assise sur le sable. En même temps, avec une nageoire de sirène, il ne peut pas réellement en être autrement. Je ne quitte pas des yeux le Ténébreux alors que le silence s’installe entre nous. Mes yeux sont guidés par ses pas, presque dansants avant qu’il ne reprenne la parole et ne s’approche dangereusement de moi avant de me dire qu’il voulait de moi quelque chose d’important. Il avait compris que j’étais prête à tout pour avoir ce que je voulais et il semblait être lui aussi prêt à tout pour avoir ce qu’il voulait « Une écaille ? » Je rapproche ma nageoire de moi alors que je passe ma main dessus. Mon regard se perds quelques instants sur la lueur du soleil qui se reflète sur ma nageoire de sirène avant de lever le regard vers le Ténébreux et opine de la tête « Si vous voulez une écaille, prenez là. » dis-je au sorcier.
Arracher une écaille à une sirène, c’est comme arracher un bout de peau à un humain, ça allait faire mal mais il fallait souffrir pour être heureuse et j’étais prête à souffrir pour être heureuse, pour être avec Eric. Comme je l’ai toujours dit, femme sirène, femme humaine, j’ai fais mon choix. Il fais un tour sur lui-même, il me propose de réfléchir. Je le regarde, je ne suis pas sûre de comprendre. Il me parle d’un prix plus fort, que l’écaille n’est qu’une fraction du prix à payer. De ma voix cristalline, je reprends la parole « Que souhaitez-vous de plus qu’une de mes écailles ? » J’ignorais encore qu’il souhaiterais la seule chose qui me reliait encore à celle que j’appelais maman.
Rumple jubile. La pauvre inconsciente était réellement prête à se délester de son âme... Ceux qui demandent son aide pour l'amour sont décidément des proies faciles. Vulnérables. Dont il peut soutirer les éléments les plus précieux, les objets les plus utiles. Puis elle répète ses mots, surprise. Vilain perroquet. Oreilles agressées. Le sorcier déteste ce réflexe malsain. Réflexe engendré par la crainte des victimes, certes. Il ne supporte la répétition que sous sa forme théâtrale. Effet dramatique. Mais il n'a pas le temps de se fâcher. Elle l'invite à arracher lui-même l'écaille convoitée. Jubilation malsaine, encore. Il sautille presque, le diablotin. « Oh, non, non, non! » S'incliner vers l'avant, échapper encore quelques mots. « Il faut que ce soit toi qui l'arrache, dearie. » Ricaner. Notes aiguës incontrôlables. Désagréables. Rire malsain du fou égayé. Courte pause, à peine quelques secondes pour respirer. Il faut savoir rythmer son discours. « Mais ne t'inquiètes pas, je suis là pour t'encourager. » Encore ce sombre son étrangement léger, s'évadant de la gorge de Rumple, puis se fracassant dans l'air. Il la sait suffisamment enfoncée dans son désespoir pour accéder à sa requête et payer le prix convenu. Elle hésitera peut-être, mais Rumple sait qu'ultimement les doigts fins de la femme-poisson s'agripperont d'eux-même à une écaille, tirant de toute leur force pour la déloger avant de la lui tendre. Et s'il advient que ce n'est pas le cas, que le sorcier se trompe -ce qui serait étonnant-, il n'aura qu'à utiliser un brin de magie pour lui donner la force qu'il faut.
Puis une question tombe. La seule ayant réellement une quelconque importance dans l'instant. Elle atterrit dans l'oreille de Rumple. Résonne. Quelle est l'autre portion du prix? Quelque chose qui sera, un jour, fort utile au sorcier. Qu'il ne peut réellement obtenir d'une autre âme désespérée. Qu'il convoitait peut-être depuis un moment. Précieuse voix cristalline qui sera bientôt en sa possession. Arme qu'il pourrait utiliser pour faire échouer la jolie sirène. Le fera-t-il? C'est encore à voir. Le sorcier devra y réfléchir, peser les pour et les contre. S'assurer que toutes les pièces seront bien en place au moment venu. Valider l'utilité d'une sirène apte à marcher, même avec les orteils trempant dans l'eau. Qu'importe s'il utilise la voix d'Ariel dans ce but. Il sait qu'elle lui sera utile, un jour ou l'autre.
Épaules sautillants dans un bref soubresaut. Ricanement cette fois fredonné. Bref grondement à peine audible, trop aigu pour en être réellement un. « Vois-tu, toi seule possède cette chose que je désire. Et voilà que tu m'offres l'occasion de l'obtenir. » Rumple incline la tête. Air intrigué se frayant un chemin sur son visage, rapidement remplacé par un rictus inquiétant. « Je veux ta voix, dearie. Dès que tu auras arraché l'une de ces scintillantes écailles pour me la remettre. Je veux ces tonalités douces, ces inflexions cristallines te permettant de t'exprimer. » Il serait peut-être plus cruel de lui arracher les cordes vocales. Mais elles ne lui seraient alors d'aucune utilité. Et s'il y a bien une chose que le Ténébreux recherche plus que le plaisir d'une séance de torture digne de ce nom, ou que la satisfaction d'une sanglante vengeance, c'est l'utilité de ce qu'il peut soutirer à autrui en échange d'un petit tour de magie. « Ne t'inquiètes pas.. Tu ne sentiras rien! » Voix chantante ponctuant les derniers mots de la phrase.
Arracher l’une de mes proches écailles ? En étais-je seulement capable ? Je me mords la lèvre inférieure, respirant longuement. Je ne m’en sentais pas capable mais en même temps, pouvais-je retourner dans l’océan et dire adieu à l’amour de ma vie ? Oui, c’est comme ça que je voyais Eric, je savais que nous serions ensembles, envers et contre tout, j’en étais plus que certaine. Je lève mon regard vers le Ténébreux. Il jubile. Je le sens. Je baisse la tête. J’accepte sa demande. J’enfonce mes ongles dans la paume de mes mains, créant des marques en croissant de lune. Je respire longuement et approche ma main droite de ma nageoire. Me mordant l’intérieur de la bouche, j’attrape une de mes écailles et l’arrache très vite. C’est comme arracher un bout de peau. Ça fait mal mais c’était pour la bonne cause, je voulais avoir la chance de pouvoir être humaine, vivre avec Eric.
« Voilà…vous avez ce que vous voulais. » Enfin c’est ce que je pensais. Il me demande quelque chose qui me tient à coeur, quelque chose qui me relie jusqu’à la fin de ma vie à celle que j’appelais maman. il voulait me prendre ma voix cristalline, la seule chose qui rappelle qui je suis, mon tout, mon avantage, la plus grande partie de mon pouvoir de sirène. Mais que pourrait-il bien en faire ? Puis-je vraiment dire adieu à ma voix ? Mais comment pourrais-je faire comprendre à Eric que je suis celle qui lui a sauvée la vie ? Comment lui faire savoir que c’est moi qui l’ait sauvé du naufrage ? Passage instinctif de ma main dans ma chevelure rousse. Je doute. Ai-je vraiment fais le bon choix en demandant l’aide du Ténébreux ? Ai-je encore la possibilité de retourner sous l’océan ? Serais-je apte à abandonner Eric ?
« Si j’accepte de vous donner ce que vous voulez…comment pourrais-je dire à Eric que je suis celle qui lui a sauvée la vie ? Sans ma voix je…je ne suis plus rien mais si c’est ce que vous voulez. Vous l’aurez. » Je tourne le regard vers l’horizon. Je regarde les dauphins sauter en liberté. Bientôt, j’aurais deux jambes à la place de ma nageoire. La seule chose que je n’aurais plus…c’est ma voix. Peut être pourrais-je trouver un moyen pour la récupérer. Je voulais être humaine plus que tout au monde. Le vent s’engouffre dans ma chevelure rousse alors qu’un léger silence s’installe entre le Ténébreux et moi « N’ai-je pas un contrat à passer avec vous ? J’ai été mise en garde qu’un contrat était toujours signé avec vous. » dis-je en gardant le regard vers l’océan.
Il cesse presque de respirer. Yeux fixés sur les gestes de la petite sirène. Elle va le faire. Elle va arracher une écaille! Il retient un ricanement. Trop concentré sur l'acte. Un sombre sourire étire ses lèvres, alors qu'elle lui tend l'écaille. Il sautille presque. Immense satisfaction. Tente de contenir sa joie, puisque ce n'est qu'une part du marché. S'empare du petit morceau à la texture étrange. L'observe longuement. Le fait tourner entre ses doigts. Ingrédient de valeur, qu'il conservera précieusement. Jusqu'à un usage... futur. Il l'essuie sur sa manche, la maculant de quelques gouttes de sang. Dommage. Il devra faire nettoyer ce vêtement à son retour. Soupir presque. Range l'ingrédient. D'un mouvement de la main, le fait disparaître. Écaille ayant maintenant rejoint ses fioles au château.
Avait-elle oublié que ce n'était qu'un élément parmi d'autres? Elle s'inquiète. Le sorcier se délecte de cette brève panique qui noie les yeux de la sirène, avant qu'elle ne se reprenne. Déterminée. Pauvre petite âme en peine. « Ton apparence, dearie! » Il ricane. Elle ne réfléchit pas. Elle préfère poser des questions, la petite sotte. « Nul besoin de pouvoir parler. Un simple sourire, et il saura qu'il te plaît. » Rumple s'approche en parlant. Mime ses mots. Étrange sourire étirant ses lèvres, illustrant ses propos. De quoi rendre Ariel mal à l'aise. Il faut dire qu'il est doué pour ça. Ce n'est pas non plus l'homme avec le plus beau sourire. Mais qu'importe. C'est elle qui devra jouer de ses charmes. « Et je t'assure, dearie, que si tu lui poses autant de questions que tu m'en poses à moi, il ne voudra pas de toi. Ce genre d'homme n'est pas intéressé par les pies et les perroquets. » Il s'approche encore, voix caressante, pas sautillant. « Quand on y pense bien, je te fais une faveur... » Silence. Il la laisse réfléchir. Mais il ne s'inquiète pas. Elle veut ses jambes. Elle veut son prince. Et elle est prête à tout. C'est là la beauté de la chose. Il s'impatiente. Mais elle reprend la parole. Pour l'une des dernières fois. Et, à la grande surprise du Ténébreux, pour une intervention pertinente. Un contrat. Elle n'a pas tort. Elle doit encore le signer. Un coin de sa bouche s'étire. Demi-sourire. Rictus inquiétant.
Il se recule d'un pas. Puis, d'un grand geste de la main, fait apparaître le contrat. Long parchemin qui se déroule devant les yeux de la petite sirène. Une plus scintillante se loge dans l'autre main de Rumple. « Voici. Dès que tu le signes, tu peux dire adieu à ta voix et bonjour à de magnifiques jambes humaines. Tu pourras alors courir rejoindre ton véritable amour. » Ton chantant. Moqueur. Joueur. Il lui tend la plume. La presse du regard. Ne veut qu'une chose: qu'elle signe. Et peut-être que, telle de nombreuses victimes avant elle, Ariel omettra de lire les petits caractères... Il retient un ricanement. « Alors? » Impatience à peine contrôlée. Regard insistant. Sourire en coin.
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Lun 14 Mai - 22:10
Ellana
