Même pas une semaine que j’étais revenue avec mon mari dans cette ville de malheur et tout commençait déjà à merder. Emma était venue la veille pour me poser des questions concernant le comportement que nous avions eu Robin et moi pendant notre dernière soirée ensemble. Visiblement, un des hommes avec lequel je m’étais battu avait porté plainte contre moi. Porter plainte contre une reine en état de légitime défense ! J’étais littéralement révoltée par cette attitude. L’espace d’un instant j’avais eu envie de foudroyer ses avortons sans sommation avant que la sagesse ne me regagne et ne me force à voir les choses sous un autre angle. Cette ville allait me permettre d’avoir mon bébé en tout sécurité et de réduire les risques de revivre la mort de mon enfant. Je ne devais pas faire de vague jusqu’à l’accouchement, pour le bien du bébé et le bien de mon couple. Depuis qu’on était revenu, Romain était différent, plus léger. Je n’étais pas dupe, je voyais que l’absence de pression royale le soulageait et lui permettais de voir les choses sous un autre angle plus appréciable et surtout plus serein. J’avais du mal à comprendre son point de vue, bien qu’une partie de moi devait avouer qu’être seulement Roméo et Juliette était une chose assez bien, ne pas être contraint de suivre un agenda royal avec les réunions, l’ouverture des plaintes aux villageois ou encore les conseils de guerre donnait aux sujets de discussions et au rythme de vie une impression de vacance. Malheureusement, cette ville était peuplé d’ancien client des cygnes qui me rappelaient quasi-quotidiennement que j’avais été une esclave, une catin, rien de bien réjouissant…
En cette journée ensoleillé, j’avais décidé de repartir travailler non pas sans avoir droit à la moue contrarié de mon mari qui en merveilleux macho appréciait grandement l’idée que sa femme reste sagement à la maison à l’attendre. Heureusement qu’il avait confiance en Durnik, sinon la tâche aurait été beaucoup plus ardu, c’est donc après m’avoir accompagné au travail que l’on s’était quitté de bonne humeur. Durnik aussi était heureux de me revoir et j’avais rapidement repris le cours de mon activité jusqu’à ce que la pause déjeunée n’arrive beaucoup trop rapidement.
C’est en me baladant dans Main Street en buvant le thé que j’avais pris à emporter chez Rozen que je l’ai vu assise sur u banc avec un air légèrement perdue. La première seconde j’avais cru que j’avais rêvé. Mégara était aux abonnés absents depuis le jour où Romain avait perdu son cœur, j’avais toujours cru qu’elle était morte au même titre que le reste des hommes qu’il avait pris avec lui. Pourtant je ne rêvais pas elle était bien là. Sans m’en rendre vraiment compte je me retrouvais en face d’elle, un air suspicieux sur le visage.
« Mégara ? »
Oui la question était complètement stupide, mais je ne savais pas quoi dire d’autres.
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Megara n'a jamais été femme à s'inquiéter de ce que pouvait penser les gens, elle ne s'était jamais attendu à "plaire" aux autres, ni à attirer la sympathie des gens. Elle avait un passé particulier, elle devait être sournoise et survivre était devenu une habitude chez elle. Elle avait eu des moments de répit, des moments où elle n'avait plus à craindre pour sa vie, elle avait même trouvé le domaine dans lequel elle excellait à défaut d'arriver dans d'autre circonstance. Son arrivée à Storybrooke fut particulièrement riche en émotion. Au delà, des retrouvailles avec Durnik qu'elle avait du chercher durant des semaines, elle avait pu retrouver son roi, soulagée de pouvoir prouver qu'elle n'était pas folle. Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire par la suite, ce qu'elle devait faire, où était sa place. Elle était particulièrement perdue et se demandait si ce monde si étranger au sien était un endroit pour elle. Elle n'avait pas beaucoup d'amis, elle n'en avait jamais vraiment eu d'ailleurs, elle était perdue et cherchait sa place.
Elle avait aidé la personne chez qui elle vivait depuis quelques semaines, passer la tondeuse et s'occuper des fleurs dans le jardin, rien de bien excitant puis elle avait aidé à la préparation d'un repas. Elle s'était perdue dans ses pensées mais fut vite revenue à elle quand la dite personne lui demanda ce qu'elle comptait faire à Storybrooke. C'était une excellente idée dont elle ne connaissait pas la réponse. Elle ne s'était attardée sur cela peu convaincu qu'elle allait y rester bien longtemps. Mais désormais, elle se posait la question et elle doutait que ses activités d'espionne et de guerrière pouvait l'aider dans une ville telle que cette dernière. Tout était sujet à découverte et elle n'avait pas encore trouvé sa voie. Elle se demandait si cela allait arriver un jour d'ailleurs. Après avoir mangé, après avoir aidé, elle décidait de se promener un peu de découvrir le monde qui l'entourait. Les gens, en règle général semblait plus paisible, plus serein dans un tel endroit. Elle n'avait pas vraiment d'idée du pourquoi du comment. Elle s'attarda sur un banc, observant les gens dans leurs milieux naturels, surprise par le bruit des engins qui se mouvaient autour d'elle. Une pointe de nostalgie lui prit avant d'être surprise par l'arrivée d'une personne prononçant son prénom. Elle releva la tête, avant de faire face à une jeune femme qu'elle connaissait bien pour l'avoir rencontrer. Elle se redressa immédiatement, avant d'avouer... perplexe.
Ma reine !
Depuis qu'elle était ici, elle revoyait des têtes connues. C'était agréable, elle ne pouvait pas le nier, mais elle était surprise de constater que cette ville, son dernier espoir et qui contre attente se montrait particulièrement surprenant. elle ne savait pas comment réagir, et fut assez surprise de ces mots lorsqu'ils dépassèrent la barrière de sa bouche.
Comment allez vous ? C'est une surprise de vous voir.
Elle repensait alors à toutes ces années de recherches et se demandait pourquoi elle n'avait pas été à l'essentiel...
Une part de moi voulait se tromper. Ça ne pouvait pas être Megara. Je n’étais pas certaine de pouvoir me montrer cordiale avec celle qui pour moi était morte. C’était ce que j’avais préféré croire. A mes yeux ça avait été la seule possibilité pour moi, sinon pourquoi n’aurait-elle rien fait pour me demander un appui pour secourir son ami et mon mari. La femme qui avait partagé ma vie pendant des années me salua par mon statut et sans que je ne puisse l’expliquer je sentais une profonde colère me saisir. Elle l’avait trahi. Jamais je ne l’avais aimé bien au contraire, mais je la tolérais parce que je pensais qu’elle aurait donné sa vie pour celle de Roméo.
« Alors imaginez la mienne de surprise. Je vous pensais morte. »
Lâchais-je d’une voix partagée entre un certain soulagement et une profonde colère. Je passais par toutes les couleurs de l’ascenseur émotionnelle. Le bébé bougea et je sentais un sourire étirer mes lèvres, de ma main libre je posais ma main sur mon ventre et répondais à sa première question :
« Je vais bien, merci et vous ? »
Demandais-je en me retenant pour ne pas lui demander si ses vacances avaient été sympas. Mes années de recherche seule contre tous, me revinrent en mémoire. J’entendais encore les déclarations de guerres des souverains auxquels je refusais les avances. J’entendais les reproches des mages quand je poursuivais une autre piste. Elle les avait laissé penser que j’étais folle. Elle nous avait abandonné. Si j’avais su ce qu’elle savait, j’aurais pu mettre fin à notre supplice plus rapidement. Le ciel s’assombrissait soudainement face à cette conclusion, ce n’est que lorsque je l’entendais gronder que je réalisais ce qui était en train de se passer. Il fallait que je sache, face à elle je croisais les bras et demandais d’une voix légèrement pressante :
« Où étiez-vous ? Où étiez-vous quand Romain et ses hommes sont tombés dans une embuscade ? Vous étiez dans une autre mission qu’il vous avait confié ou vous étiez avec lui ? »
Je connaissais déjà la réponse. Enfin les mages m’avaient dit qu’elle était partie avec lui, mais Regina avait nié qu’il y avait une femme dans l’armée de Romain quand il avait croisé sa route alors où était-elle ?
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Sympa. Morte ? Rien que cela, elle aurait préféré d'une certaine manière, la solitude et l'errance étaient ses amis durant tout ce temps et la mort s'était parfois montrée comme une amie accueillante et tendre. L'idée lui plaisait fortement c'était une certitude. Mais quoi qu'il en soit, désormais, elle devait faire avec, elle devait apprendre à vivre dans cet étrange monde. En face de la reine, elle savait, d'après ses impressions qu'elle ne l'avait jamais portée dans son coeur, Megara n'avait jamais cherché à plaire à qui que ce soit de toute manière, ça n'avait jamais été dans ses intentions, même les plus profondes. Mais quoiqu'il en soit, ce fut assez étrange de l'entendre lui dire cela. Morte...
Comme vous pouvez le voir, je ne le suis pas.
Et elle devait se raccrocher à cette idée. Heureusement, pour elle... elle n'était pas morte. Elle était bien vivante et elle allait se battre pour cela. Elle n'avait fait que survivre dans un monde hostile, elle pouvait encore se battre. Elle suivait du regard cette main qu'elle venait de déposer sur son ventre. Il était clair désormais pour elle de comprendre ce qui se passait. Peu habituée des sentiments humains, ayant si souvent jouer la froideur et la manipulation, Megara comprit qu'elle attendait un enfant. Un bébé, et elle fut à la fois heureuse pour elle mais également un peu envieuse. C'était une chose, qu'elle n'aurait surement jamais et le sentiment fut plus douloureux que prévu, prévisible même... Elle secoua la tête, ne voulant pas s'attarder sur ce qu'elle ressentait.
Bien également.
Depuis qu'elle savait que son roi allait bien, elle ressentait comme un soulagement, elle n'avait pas été folle, elle avait eu raison de chercher, de chercher toutes ses années. Se confronter à son passé était encore douloureux, il fallait faire en sorte que tout se passe pour le mieux, hors elle n'avait pas vraiment l'impression que c'était le cas. Rien n'allait pour le moment, mais elle ne voulait pas en parler. Elle affrontait toujours la tête dure, elle était une guerrière, même si ici, ça ne servait pas à grand chose. Après ses mots, elle se sentait un peu visé. Même beaucoup et elle n'appréciait pas cela. Où était-elle ? Chercher de l'aide, de l'aide auprès d'une reine qui l'avait banni de ses terres. Comment devait-elle faire ? Comment devait-elle dire les choses ?
Dites au juste ce que vous pensez rééllement. son ton se fit plus sec, elle n'aimait pas les accusations que portait la jeune femme sur elle. Elle ne savait pas, personne ne savait. Elle rajoutait. J'ai tout essayé, absolument tout pour que ça n'arrive pas. J'étais là bas, et j'ai fait tout mon possible. Quand je suis revenue pour qu'on puisse m'aider à le retrouver, parce que je le savais mort, personne ne m'a cru... On m'a renvoyé comme une menteuse, et j'ai du passer des années à le retrouver. A vous retrouver.
Désormais debout devant elle, elle exprimait clairement ce qu'elle ressentait, sans détour, sans faire attention à la portée de ses mots et de qui se trouvait en face d'elle. Elle avait mal, terriblement mal qu'on puisse encore après tout ce temps l'accusé d'avoir lâcher le roi alors qu'elle avait été durant tout ce temps présente pour assurer ses arrières. Elle n'avait pas le droit de l'accuser de cela. Et pourtant elle le ressentait comme cela.
Je ne l'ai pas abandonné... Et je l'ai cherché dans de nombreux royaumes. Elle se contenta juste de lui dire.
Morte. Voilà comment j’avais jugé sa désertion. L’espace d’un cours instant j’avais éprouvé de la tristesse face à sa perte et désormais je me retrouvais bien désappointé et offensée qu’elle se soit ainsi jouée de la situation. Je lisais dans son regard qu’elle avait été touchée par ma révélation qui était dépourvue de la moindre délicatesse. Sous bien des traits Megara me ressemblait, je n’étais pas dupe. C’était sans doute ce détail qui m’avait toujours poussé à voir en elle un danger. En cet instant je ne l’avais jamais autant détesté. Même ses provocations teintées de « super mâle » me semblaient bien légère face à sa présence en chair et en os. J’essayais de me montrer cordiale, de mettre fin à cet entrevu qui risquait de se teinter en un immense orage. C’était ce que j’aurais dû faire, m’excuser et me congédier en feignant la fatigue, mais j’en avais été incapable. Mes mots dépassèrent la barrière de mes lèvres avant même que je ne puisse y faire quelques choses et je voyais le regard du second de mon mari changer. Si bien qu’elle me donnait un ordre.
« Vous l’avez abandonné ! Vous avez abandonné notre royaume pour sauver votre peau voilà ce que je suis en train de dire »
Lâchais-je d’un ton dur, tandis que le ciel devenait de plus en plus orageux. Elle se mettait debout et nous nous faisions face, deux femmes de même taille, n’appartenant pas au même rang, mais possédant la même dévotion pour un homme, et une même colère l’une envers l’autre. Face aux mensonges de Megara, je sentais mon visage se tordre avec haine. Je voulais la voir morte, je voulais voir un éclair traversé son corps et être débarrassé de cette traitresse, mais je savais qu’en faisant cela je perdrais mon mari. Poing serré je lâchais d’une voix forte, qui vint involontairement faire gronder le ciel :
« Mensonge ! »
Ma puissance n’avait jamais été un secret pour Megara, je savais qu’elle n’en avait jamais eu peur. Je ne voulais pas lui faire peur, j’étais clairement incapable de contrôler le ciel pour le délier de mes émotions. Dawn se posa sur le banc où Meg était préalablement assise, et battait des ailes pour me prévenir des dangers que j’encourais si je faisais justice dans cette contrée :
« Vous n’avez pas remis un pied à Corona, sinon je l’aurais su et si vous étiez revenu personne ne m’aurait traité de folle parce que je nourrissais l’espoir que Roméo soit encore en vie. »
Prenant une longue inspiration je passais une main dans mes cheveux avant de jeter un regard sur le ciel sombre.
« Jamais je ne vous aurais chassé de mon royaume, qu’importe l’animosité que je vous porte, vous restez un de mes sujets, une personne que Roméo chérie. J’aurais préféré vous avoir comme allié dans ma quête, plutôt que de rester à me battre seule contre tous en passant pour une veuve aliénée et éplorée »
Elle devait mentir sinon cela signifiait qu’un de mes conseillers m’avaient menti en entrainant avec lui une partie du royaume. Pourquoi me faire ça ? Pourquoi faire ça à son roi ? Pourquoi faire ça à Megara, cette femme qui s’était battue pour la liberté du royaume blanc.
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Elle n’était pas au bout de ses surprises, Megara. Elle ne s’attendait pas à ce genre d’accueil. Certes, elle était consciente que la reine ne l’avait jamais vraiment apprécié, pour une raison qui lui échappait. Elle n’appréciait surement pas cette facette de sa personnalité, elle faisait avec ce n’était pas dérangeant. Mais là, elle se trouvait en face d’une femme particulièrement remontée contre elle, alors que ça faisait des années, qu’elle recherchait son très cher mari, persuadée qu’il était encore vivante. Seule contre tous, elle connaissait parfaitement cette phrase. Elle l’avait vécu assez longtemps pour que ça se passe comme cela. Alors à ses accusations, Megara vit rouge, très rouge pour le coup. Elle ne comprenait pas cette soudaine colère à son égard. Ce n’était pas possible, ni réel et pourtant, les mots parlaient d’eux même il n’y avait aucun doute là dessus.
et vous faites erreur, madame. Je n’ai pas déserté, on m’a renvoyé sans aucune culpabilité.
Elle n’avait pas fait tout ce chemin pour s’en prendre plein la tête. Elle n’en avait plus qu’assez d’entendre sans cesse ce genre de choses. En réalité, non. Parce que c’était la première fois qu’on lui faisait ce genre de reproche. Elle n’avait rien fait de mal, elle n’avait strictement rien à se reprocher, au contraire, on l’avait remercier et encore c’était un euphémisme de dire cela. On l’avait renvoyé, elle s’était retrouvé seule et elle avait du se débrouiller et prouver aux yeux de tous, qu’elle avait raison. Elle était persévérante, Megara, elle ne lâchait rien surtout lorsqu’elle savait qu’elle avait raison. Elle avait raison et elle n’était pas là pour s’en prendre plein la tête même s’il s’agissait de sa reine, même si elle était une femme enceinte a priori. Elle n’allait rien lâcher, rien. Le temps changea, super… Il allait tonner et elle savait soigner ses disputes. Elle se demandait ce que pouvait être une dispute conjugale. Puis elle fit un mouvement de tête, la colère prenait le dessus sur le reste.
Non !
Elle n’allait pas se laisser avoir, elle méritait mieux que cela, tellement mieux. Elle voulait lui faire comprendre combien elle se trompait sur toute la route, combien elle était en erreur, et combien les choses pouvaient être tout autre. Elle n’avait pas peur de sa colère, ni des éléments qui, il fallait le comprendre était déjà en route parce qu’elle était en colère. Mais Meg n’en avait que faire, elle était aussi en colère qu’on puisse l’accuser de la sorte, sans savoir. Sans comprendrE. Elle l’avait cherché, bien trop longtemps, on l’avait pourtant éloigné. Encore.
Et pourtant, c’est bien le cas. On m’a chassé, on m’a banni, me traitant de folle. Je savais qu’il était vivant et j’étais prête à le chercher dans n’importe quel royaume pour le sauver. Parce que c’est ce que je devais faire et non trahir ma reine.
Megara inspirait bruyamment. s’étriper n’était en rien dans ses projets. Elle devait se calmer au risque de dire ou de faire quelque chose qu’elle pourrait ensuite regretter. Elle tenta de calmer sa colère pour se concentrer sur la réalité, sur les choses qui se trouvaient sous ses yeux. c’était important pour elle, d’être calme, d’être absolument calme et non… tout le contraire.
Navrée qu’il vous soit arrivé tout ça, j’aurai préféré être à vos côtés et chercher ensemble votre cher époux. Au lieu de cela, j’ai du fuir encore, et j’ai du vous retrouver. Mais il semblerait que vous vous portiez bien !
Les mots furent courtois mais sec. Pour illustrer les paroles, Megara montra du doigt le bébé qu’elle portait, il y avait eu finalement le happy end attendu, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfant, et blablabla. L’archétype qu’elle avait en sainte horreur mais cela expliquait une fin heureuse pour eux et ça devait suffire, ça lui suffirait pour aujourd’hui et puis elle espérait que son message soit passé. Elle ne l’avait pas laissé tombé, loin de là elle n’était pas ce genre de personnes.
Face à la sœur de cœur de mon mari tout partait complètement en déconfiture. Nos rancunes respectives avaient fait monter le ton et pour la première fois depuis que je la connaissais elle me manquait de respect. Une chose que je lui permettrais qu’une seule fois dans ma vie. Ce jour c’était aujourd’hui parce que je savais que Romain allait vouloir la voir et si je m’amusais à la foudroyer sur une place publique, mon époux ne serait pas des plus courtois pour le reste des jours à venir. Malgré tout quand elle me coupa avec un « Non » franc et sans appel je ne pu retenir le ciel de gronder. Inspirant profondément je sentais le bébé bouger dans mon ventre pour taper contre mon ventre et automatiquement je passais ma main à l’endroit où il se trouvait. Je devais me calmer ne serait-ce que pour cet enfant. Je ne pouvais pas reperdre le contrôle et le perdre comme j’avais perdu Jules. Dawn se posa où Meg était assise préalablement et battait des ailes pour me mettre en garde tout en fusillant la demoiselle du regard en battant des ailes et en claquant le bec. Il fallait qu’elle me mente. Si ce n’était pas le cas elle remettait en cause toute l’organisation de mon règne. Fermant les yeux, je respirais calmement avait de les rouvrir pour demander :
« C’était qui ? »
La regardant de haut en bas je demandais avec une voix plus forte que précédemment :
« Qui vous a banni ? Je suis la seule à avoir ce pouvoir, ou Romain. Ce n’est pas moi donc qui a pris l’initiative de vous bannir sans m’en avoir parler ? »
J’avais retrouvé mon calme, un calme de courte durée, ça c’était certain, mais je devais avoir toutes les informations avant que Romain ne croise son bras droit et ne lui soutire toutes les informations sur son bannissement. En mon fort intérieur j’espérais que les mages n’avaient pas fait cela, mais s’il y avait bien qu’une poignée de personne capable de prendre de tel risque c’était eux. Alfred aurait pu penser que j’étais trop faible psychologiquement pour m’accrocher à cet espoir. Cependant, quand j’avais décrété que le roi était en vie et que j’allais le retrouver il aurait pu me dire la vérité. Il y avait des choses qui m’échappaient dans cette histoire et je détestais cela. Megara parla de ma grossesse et mon regard glissa sur mon ventre qui commençait à dissimuler mes pieds.
« En effet, nous attendons un autre enfant. »
Le souvenir de Jules me revenant à l’esprit je sentais mon cœur se serrer et Dawn vola vers moi pour se poser sur mon bras.
« Où étiez-vous donc pendant ses années d’exil et comment êtes-vous arrivé ici ? »
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Megara était piquante, parfois... Et n'appréciait que moyennement de se faire traiter de menteuse ou de déserteur. Elle n'était pas ce genre de femmes, elle avait des défauts, comme tout à chacun mais ça ne faisait pas parti de ceux là. Elle n'aimait pas non plus le ton que prenait la reine à son égard. Certes, il s'agissait là de sa reine mais elle n'avait rien à se reprocher. Elle avait été loyale jusqu'au bout et ne comptait clairement pas de changer. Si elle voulait l'intimider par le tonnerre et la foudre, elle n'en était pas loin. La colère grondait, la tension autour d'elle également. Megara resta droite dans ses bottes, sachant exactement ce qu'elle avait fait. Elle n'avait pas trahi sa reine ni son roi, elle n'avait fait qu'obéir et subir un bannissement. Rien de plus.
Vos mages... Je n'ai pas eu le temps de vous rejoindre qu'ils sont arrivés et m'ont ordonné de quitter les lieux... C'était votre demande.
Comment expliquer la suite ? Tout s'était passé très rapidement, et malheureusement elle ne s'était pas posée de question. Elle n'avait pas résister, pas assez en tous les cas. Juliette n'avait que très rarement porté dans son coeur sa présence. Il n'y avait pourtant aucune raison, hormis son attachement pour son mari. Mais il n'y avait jamais eu aucune ambiguïté la dessus, Romain était comme un frère, une personne qui avait su voir en elle autre chose qu'un corps bien fait et une force de caractère. C'était un ami et elle n'avait jamais espéré autre chose que cela. La solitude, elle devait le savoir n'appartenait qu'à elle. Elle n'avait aucune crainte pourtant il y avait toujours eu cette tension entre les deux femmes. Et aujourd'hui, Megara ne pouvait que constater cela. Calme, en apparence, Juliette lui montra son enfant. Megara l'observa... La grossesse lui allait plutôt bien...
Félicitations !
Les mots furent sincères, elle l'était... Heureuse pour elle, pour l'enfant qu'elle portait l'enfant qu'il allait avoir... Et donc... elle se retrouvait dans cette vie là, Meg ne savait pas si elle devait l'envier ou se sentir chanceuse de ce qu'elle était. Parler d'elle de nouveau, ne fut pas de gaieté de coeur. Que pouvait-elle lui dire ? Hormis un long voyage fait de rencontres et de déceptions. De beaucoup de doutes et de prises de conscience. Elle ricana légèrement.
J'ai beaucoup voyagé... Faire du tourisme ? Surement pas... Je suis retournée dans le ponant, le roi de Riva m'a demandé mes services pour retrouver un oncle disparu, j'en ai profité pour traquer cet homme et votre époux. J'ai fini par arriver ici... Et je vous ai retrouvé...
Etrange que de raconter cela. ça semble si facile, mais ça ne l'était pas tellement. Il y a eu les faux espoirs, les déceptions, toutes ces choses qui furent plus douloureuses que d'autres. Elle resta silencieuse, attendant la réaction de la reine, espérant qu'elle soit plus calme, elle n'avait pas tellement envie de se retrouver encore sous ses foudres, sans façon.
La révélation de Mégara sur son bannissement me donna un coup aussi violent que si elle m’avait frappé. Mes mages, mes conseillers avaient agis sans mon consentement alors que je me trouvais dans le palais. J’avais toujours cru qu’ils attendaient mon aval, à défaut celui de Romain avant d’agir et que lorsqu’ils se permettaient de parler sans notre aval c’était parce que nous étions absente et que la question nécessitait une réponse immédiate.
« Je … Non ce n’était pas ma demande, jamais je n’aurais fait cela »
Lâchais-je complètement désarçonnée avant de m’asseoir sur le banc. Elle m’avait mis KO et le pire c’est que je savais que si elle croisait Romain, chose qu’elle ferait forcément, elle lui dirait. Sauf s’il était déjà au courant. Avec cette option-là, je ne pouvais plus rien pour mes collaborateurs, malgré toutes les bonnes excuses que j’aurais pu leur trouver aucune ne serait acceptable à ses yeux. Il aimait Megara comme une sœur et les mages m’avaient trahi en me mentant. Passant ma main dans mes cheveux, je laissais échapper d’un ton particulièrement gentil compte tenu de ce à quoi elle était habituée :
« Je suis désolée … »
Bon ça je ne le répèterais pas deux fois. Déjà, le fait que je m’excuse était assez rare sauf auprès de mon mari, car avec lui je n’étais pas la souveraine mais juste la femme, mais en plus c’était à Mégara que je m’adressais. Cette dernière changea également de sujet pour en venir à ma grossesse. Je ne savais pas si elle était enchantée ou juste assez cynique sur le fait que contrairement à elle moi je ne semblais pas avoir trop souffert de cette séparation. Je préférais opter pour la première option et lui souriais quand elle me félicita :
« Merci, c’est gentil »
Répondais-je sur un ton où je n’avais pas réussi à faire passer l’inquiétude. J’avais peur. Je vivais dans la peur constante que ce bébé me soit retirer comme Jules avant lui. Depuis que j’avais appris la présence de cette bénédiction dans mon ventre, je n’avais de cesse de me rappeler des dires des gens de Vérone. Ils nous avaient appelé les amants maudits. Un terme que j’avais entendu le jour où j’avais tué la femme qui nous avait vendu Rosaline et moi à la maison close des cygnes. Cette femme alliée des Montaigu m’avait assuré que jamais je ne serais heureuse avec Roméo, que jamais nous aurions une famille et si elle avait raison ? A cela s’ajoutait la prophétie dont Durnik m’avait parlé et qui ne faisait qu’accentuer cette prédiction de sorcière.
« Est-ce un dénommé Durnik que vous recherchez ? »
Demandais-je en écoutant les dires du bras droit de Romain, bien heureuse de tenter d’occuper mon esprit avec une autre histoire.
« Vous êtes arrivée ici par le biais d’un haricot magique ? »
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Elle ne semblait pas être au courant, tout cela... Pour ça. Une reine qui n'avait même pas demandé son exclusion. Quelque part, Megara n'en était pas surprise, elle se doutait juste que tout cela avait vraiment une étrange signification. Pourquoi ? Pourquoi avoir subi tout cela, elle n'en avait pas la réponse. tout semblait plus complexe que prévu, elle ne savait plus quoi penser. Elle était perdue, mais ne voulait pas le montrer, elle aurait tout le temps, une fois seule pour y penser. Elle ne désirait pas s'en soucier immédiatement, elle avait trop à penser, comme toujours. Elle se rend compte que c'était une erreur, une erreur, un malentendu, et que la reine ne savait pas. Vous ne pouvez pas revenir en arrière, Megara est bien consciente de cela, elle a juste hâte pour une fois, que tout soit plus simple, moins de prise de tête... Moins compliqué en quelque sorte. Elle voulait tout simplement avancer. Voilà, avancer.
Ce fut donc une erreur...
Une erreur qu'elle savait chère, mais voilà elle n'avait plus de raison d'être en colère, d'en vouloir à la terre entière, ni à elle. Elle n'a jamais été là contre la reine, au contraire, elle cherchait à être fidèle, certes plus à son mari qu'à elle, mais elle avait toujours fait en sorte de protéger, ça avait été quelque chose de nouveau pour elle, et dans cette vie de solitude, Megara avait apprécié la présence d'un ami, d'un repère. Elle avait désormais hâte de le revoir, de connaitre sa version, s'énerver contre lui et son silence et retrouver le compagnon d'armes qu'elle avait eu par le passé, ça lui manquait, vraiment. Elle fut surpris et ne releva pas les mots de Juliette. Surprise de l'entendre s'excuser, cela n'arrivait pas tous les jours et elle était surprise. Agréablement. Oui, elle pouvait mais elle n'était pas obligé. Megara se contenta d'un petit mouvement de la tête, histoire de lui signifier qu'elle l'entendait bien mais qu'elle ne prenait pas en compte cela. Non, c'était déroutant, mais appréciable.
C'est normal. Vous devez être heureux, tous les deux.
Ni un mensonge, ni un faux semblant. Elle connaissait l'attachement de Romain pour sa femme, et elle était heureuse qu'il puisse à son tour fonder une famille. Cela arrivait dans les couples. Malgré sa très petite expérience concernant les relations entre hommes/femmes, surtout de couple, elle pouvait les observer et elle avait remarqué combien ce fut assez courant qu'un homme et une femme viennent à avoir un enfant. C'était quelque chose qu'elle ne désirait pas, elle n'arrivait tout simplement à s'imaginer avec un enfant. Déjà, se laisser aller dans les bras d'un homme, avoir confiance, ce n'était pas trop son "tripe". Megara fit un mouvement de la tête.
Tout à fait, vous le connaissez ? Demanda-t-elle directement.
Le monde semblait plus petit qu'elle ne le croyait et finalement les gens semblaient se connaitre. Elle pencha légèrement la tête se demandant pourquoi elle posait une telle question. Un haricot magique ? Elle tenta de ne pas paraitre trop surprise, même si ce n'était clairement pas le cas. Elle se racla légèrement la gorge avant de répondre.