J’avais l’impression de tomber. De tomber en profondeur, dans un puit sans fond. C’est étrange comme sensation mais pourtant si vraie. Quand mon corps à basculé au dessus du bateau dans lequel nous étions et que j’ai touché l’eau, j’ai été comme endormie je dirais. Je me souviens simplement que ma main s’est refermée sur la coeur de Te Fiti. J’entendais seulement le bruit lointain des pleurs des âmes prisonnières du Styx. Les âmes qui ne pourront jamais connaître le repos éternel. En souffrance éternelle. Moi ? Je m’étais trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais alors que je me sentais emmener au fond du lac, encore faudrait-il qu’il y en ait un, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu une immense raie bleue. Elle est passée tout simplement sous mon corps avant de me ramener au delà des plaintes des âmes égarées.
La raie fut assez puissante pour me ramener sur la rive du Styx. A genoux sur le sol, je recrachais toute l’eau que j’avais ingurgitée avant de sentir la pierre entre mes doigts. La serrant fortement, je vins à passer mes cheveux derrière mes oreilles avant de poser mon regard sur…
« Grand-mère ? La Raie s’était toi ? »
Elle s’approche de moi. Une lueur bleutée l’entoure. Je comprends alors qu’elle n’est qu’un esprit, sans doute présent uniquement pour me sauver la vie. Je sens mon coeur battre dans ma poitrine, je sens la chaleur du coeur de Te Fiti dans le creux de ma main. Je me mets à pleurer.
« Ne pleures pas ma courageuse Vaiana. »
Elle sèche mes larmes d’un mouvement de la main avant que je ne relève le regard vers elle.
« Grand-mère, je suis tombée dans la rivière, je ne t’ai pas écoutée, je voulais simplement récupérer le coeur de Te Fiti, sans toi, j’errerais encore dans les profondeurs du Styx, comment as-tu fait pour pouvoir me sauver ? - Ça, c’est mon petit secret. Vaiana, il faut que tu trouves un moyen de retourner dans le monde des vivants, tu dois à tout prix y retourner, c’est très important. Il ne faut pas que tu restes trop ici, sinon, tu ne pourras plus en repartir. - Oh Grand-mère…et si l’Océan n’avait pas choisi la bonne fille ? - Tu es ma courageuse petite fille, tu sais qui tu es et ce que tu dois faire. Ne perds pas confiance Vicky, ne perds pas confiance en tes convictions, ne perds pas confiance en ton instinct d’exploratrice. »
J’ouvre les yeux, je me relève. Avais-je rêvé ? Je me trouvais bien sur les rives du Styx, je pouvais entendre les plaintes des âmes errantes mais cette fois-ci, je ne me laisserais plus avoir. Peut-être que grand-mère n’était pas vraiment là mais je n’avais pas rêvé, une raie toute de bleue m’avait sauvée la vie et ramener sur la rive. Me relevant, je glissa la pierre dans la poche de mon pantalon avant de me mettre à marcher, espérant trouver de l’aide dans les rues d’Underbrooke, quelqu’un qui pourrait m’aider à rentrer à Storybrooke.
Je marchais dans les rues d’Underbrooke. C’est comme ça que j’appelais la réplique de Storybrooke. Grand-mère m’avait sauvée mais j’avais comme l’impression que ce ne serait pas facile de rentrer à Storybrooke et j’étais certaine que maman (celle du sort noir) devait s’inquiéter de ne pas me voir rentrer et c’était paniquant. Les archives de la ville. Il fallait que je commence quelque part. J’avais entendue dire qu’un portail était ouvert pour se rendre dans mon « monde ». Je ne savais pas si c’était vrai mais si j’étais là, c’est que j’avais quelque chose à y faire. Pour le coup, je taisais mon besoin d’explorer le monde, et je tentais de comprendre ce que j’avais à faire à Underbrooke.
Mes jambes me conduisirent au cimetière d’Underbrooke, là où se trouvais les tombes de tous ceux qui étaient morts. Dans notre monde, comme dans le monde des contes. Est-ce-que mon papa du Sort Noir était encore là ? Le coeur de Te Fiti remis dans le pendentif que j’avais fini par retrouver, je me mets à chercher la tombe de mon deuxième papa. Une tombe non brisée. Il était encore là et je ne l’avais pas vu lorsque j’étais venue la première fois ?
« Oh papa… »
Je me mis à genoux devant la tombe de mon père.
Amstrong James Evans.
Je passe ma main sur les reliures de la tombe. Si seulement, il pouvait savoir que je me trouvais là, il pourrait sans doute m’aider. Dans mes souvenirs de la malédiction, il m’avait aidé, beaucoup aidé quand il était en vie. Je vins à fermer les yeux et une larme roula sur ma joue alors que je restais là, face à cette tombe. Les yeux clos, je n’entendis plus que les battements de mon coeur qui frappait dans ma tête et ma respiration lente.
« Papa… »
Une présence se fait soudainement sentir devant moi et je relève la tête avant de me jeter dans ses bras pour le serrer dans mes bras. Il me manquait terriblement et je m’en voulais tellement. Comment avais-je pu partir si longtemps ? Comment avais-je pu le laisser risquer sa vie pour tenter de me sauver quand j’étais partie pendant tout ce temps.
« Vaiana… - Papa Tui, je suis tellement désolée. Je suis tellement désolée que tu sois dans ce monde. - Petite exploratrice, cesse de pleurer. »
Il relève mon visage avec son pouce et sèche mes larmes avant de me sourire.
« Je suis si heureux de te voir, enfin j’aurais préféré que ce ne soit pas ici. Que fais-tu ici d’ailleurs ? Rassures-moi, tu n’es pas morte ? - C’est une longue histoire papa… »
Et apparemment, il avait du temps devant lui pour que je lui raconte…
Assise. En tailleur. Au centre de la pièce. De cet appartement qui semble servir de recueillement pour mon père. C’est là qu’il vit. Je reste là, sans bouger plusieurs minutes. Je ne compte plus le nombre d’heures que j’ai passé ici. J’ai l’impression que je n’en repartirais jamais. Je sens sa main sur mon épaule, il est là. Il me prends dans ses bras, je me mets à pleurer.
« Je te demande pardon… »
Il ne dit rien, il me laisse pleurer. Il me caresse le dos comme il faisait quand j’étais petite. Il réussit à me calmer et avec douceur et bienveillance, il m’aide à me lever avant de soulever mon visage avec son index. Il me sourit. Ce sourire que j’ai si souvent aimé, ce sourire paternel qui me redonne de l’énergie. Je sèche mes larmes et lui rends son sourire.
« Vaiana, il faut que tu rentres chez toi, là où tu as vraiment ta place. Je sais que tu voudrais rester avec moi mais je ne peux pas me résoudre à te laisser ici. Si tu restes trop longtemps, tu ne pourras plus repartir. Je veux que tu repartes. Tu dois rentrer à Storybrooke. Tu es vivante et je veux que tu le restes. Je vais t’aider à rentrer et après, je te promets que je me rendrais dans un monde meilleur. »
Je ne sais pas s’il est sincère sur l’endroit meilleur mais je connais mon père et je sais qu’il ne lâchera jamais l’affaire. Je reprends contenance et lui fait un signe approbatif de la tête. On allait trouver le portail pour que je puisse rentrer à Storybrooke. Il fallait que je rentre à la maison, il fallait que j’aille voir maman, que je lui raconte tout. Elle avait besoin de moi, aujourd’hui plus que jamais. Me levant, je vins à m’habiller. Après avoir attaché mes cheveux en un chignon haut et enfiler mes chaussures, je m’empare de mon médaillon, y enferme le coeur de Te Fiti et le passe autour de mon cou.
« Je suis prête papa ! Allons trouver le portail pour que je rentre à la maison ! » hurlais-je presque le poing levé.
Il m’embrasse sur le front et l’on se rends tous les deux à l’extérieur de son appartement. Une fois dehors, les recherches commencent. Il avait raison, il faut que je rentre, je ne voulais pas rester coincée ici, je n’en avais pas le droit. Il ne le fallait pas. Par chance, quelqu’un apparu au moment où on avait le plus besoin d’elle…
Je pose mon regard sur papa. Il m’apaise. Il m’apaise tellement. « Lève toi Vicky. » Je m’exécute. Il est temps que je le quitte, il est temps que je parte d’ici et une personne que je pensais ne plus jamais revoir s’approche de nous avant que je ne la prenne dans mes bras et ne me mette à pleurer « Grandmère, tu m’avais promis de passer de l’autre côté. Que fais-tu encore ici ? »« Je veille sur toi ma chérie, tant que tu ne seras pas retourner chez toi, je ne partirais pas. » Je me tourne vers mon père, il me sourit. Ce même sourire qui m’a si souvent bercée, ce même sourire qui me rassurait à chaque fois, aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il est si lointain. Grand’Ma se mets à marcher, papa me bouscule un petit peu et je me mets à marcher à mon tour. Un vent léger fait s’envoler ma chevelure brune alors que je sens la main de mon papa sur mon épaule. Ma main se pose sur la sienne et la sers très fort. Je ne voulais pas lui dire adieu. Pas maintenant. Pas comme ça. « Vaiana, rentre à la maison, retourne auprès de ta mère, elle a besoin de toi et demande de l’aide à Maui. » Le demi-dieu se trouvait à Storybrooke ? Je me mords la lèvre inférieure avant de suivre ma grand-mère a travers les différentes allées de ce faux-storybrooke. Je sais que je vais devoir partir, je sais que je vais devoir rentrer à la maison. J’ignorais combien de temps j’avais été dans le Styx, ni même à Underbrooke mais il était clair que ça faisait vraiment longtemps vu le regard de Grand’Ma et de ‘Pa. Je sens la chaleur de mon monde, celui des vivants. Je suis là, devant le portail mais je ne veux pas le traverser. Non, pas comme ça. Je me retourne, ils sont là, tous les deux, je me jette dans les bras de papa et me mets à pleurer « Je ne veux pas partir sans toi, je ne veux pas t’abandonner. » Il passe sa main dans ma chevelure et m’embrasse sur le front « Tu ne m’as jamais abandonné, je serais toujours là. » Il pose son index sur mon coeur alors que mes yeux se remplissent de larmes « Mais ce n’est pas pareil… » Il sèche mes larmes d’un geste de la main avant de me regarder dans les yeux « Tu es Vaiana de Motunui, ne l’oublies pas petite princesse, tu es une exploratrice, tu as encore tellement de monde à découvrir, n’oublies jamais ça, découvre encore plein d’univers pour moi ! » Mes talons claquent sur le sol alors que je m’avance vers ma grand-mère et que je la serre dans mes bras « Je suis tellement fière de toi. » dit-elle avant de faire apparaître son médaillon que je croyais brisé « Parce que tu en auras besoin. » elle le passe autour de mon cou et y met le coeur de Te Fiti « rentres maintenant ! » Je pose mon regard sur les deux personnes que j’aime « promettez moi de partir vers un monde meilleur, je m’en irais uniquement à cette condition ! » Ils me le promettent. Je les prends dans mes bras une dernière fois et ils disparaissent alors que je marche en direction du portail. Mes pas se font de moins en moins distincts tandis que j’ère dans un entre-deux avant de voir la lumière du soleil. Mes yeux se ferment et se rouvrent. Je suis rentrée. De retour à Storybrooke. J’étais morte mais aujourd’hui plus que jamais, j’avais envie de vivre.