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Nouvelles têtes
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Le calendrier de l'avent
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Lucy m’avait tout raconté ou du moins presque tout de son altercation avec le Docteur Jekyll. Il y avait des choses qu’elle n’avait pas voulu me dire et ça m’avait franchement blessé. Je lui faisais confiance et elle non. Elle ne voulait pas tout me dire mais je l’avais tout de même retrouvé dans le jardin agonisant. Je l’avais rentré à l’intérieur de la demeure et je l’avais sommé de me donner des informations sur ce qu’elle avait vécu et quand elle m’eut enfin raconté je sentais la colère me prendre.
Cependant je n’avais pas réagi tout de suite. J’avais d’abord pris des informations sur le fameux docteur Jekyll. J’avais trouvé l’adresse de son cabinet et je l’avais aussi observé à quelques reprises. Puis quant à la fin de la journée je l’avais vu sortir tout seul, je m’étais dépêché de sortir de ma voiture et je l’avais interpellé. Je lui avais dit de ne plus s’approcher de Lucy et encore moins de ma maison. Visiblement mes paroles ne lui plurent pas du tout puisqu’il décocha le premier coup de poing que bien sur je lui rendais. Sauf que j’avais mal dosé la puissance de mon adversaire et pour tout avouer il me laissa trop facilement sur le carreau.
J’avais eu du mal à remonter dans ma voiture et j’avais eu encore plus de mal à faire le trajet de son cabinet à la maison et bien entendu je savais que le comité d’accueil ne me serait pas favorable. En effet Lucy m’avait expressément interdit d’aller voir Jekyll… Et je ne l’avais pas écouté bien sur vu le sang qui coulait dans mon visage… Je rentrais chez moi tranquillement clopinant et quand je passais la porte je tombais nez à nez avec Lucy. Je tentais un sourire avant de lui dire rapidement tout en fermant la porte :
« C’est bon Lucy je vais bien. »
Je passais devant elle pour aller me réfugier dans le salon et plus particulièrement le canapé. Je devais me soigner mais pour le moment j’avais surtout envie de geindre à cause de la douleur.
« Ne me regarde pas comme ça. J’ai fait ce que je devais faire. »
C’était bien la première fois que je la tutoyais mais au fond du canapé je n’arrivais pas à avoir l’esprit clair. J’avais un mal de crâne carabiné et en prime j’avais ma jambe droite qui me lançait. Je passais une main sur mon visage et je sentais un peu de sang dans ma bouche. Bon franchement ce n’était pas bien d’être allé frapper un autre homme comme ça alors que Lucy n’était « rien » pour moi mais bon ce n’était pas le propos après tout. Je prenais juste soins de Lucy c’était tout. Il n’y avait aucun sentiment derrière tout cela.
Jamais je n’aurais cru que le passé puisse me rattraper aussi vite. En quelque seconde j’avais été replongée dans ma première vie. Si je n’avais pas eu autant de fierté, d’orgueil et de rancune envers mon premier grand amour, je serais retombée dans ses bras. Je me serais laissé porter par sa noirceur et j’en aurais également payer le prix. Les esprits de Salem me l’aurait fait payer, mais avec lui je me serais sentie invincible comme je le pensais par le passé. Je lui avais résisté. Du début à la fin, je lui avais résister en le provocant. Je voulais le blesser comme il m’avait blessé. Je voulais qu’il ait aussi mal que moi, aussi mal que le jour où j’ai perdu la vie, que pendant ma première renaissance mais surtout aussi mal que lorsque mon regard avait croisé le sien. Est-ce donc cela l’amour ? Si c’était ça je n’en voulais plus.
Durnik était venu me ramasser inerte et évanoui dans une mare de sang au seuil de sa porte. Lorsque les sorciers de Salem m’avaient libéré, il m’avait demandé des explications. J’avais hésité un court instant avant de lui livrer ce qu’il ne savait pas sur le docteur qu’il avait quémandé. Je me taisais uniquement sur une chose, mes sentiments pour lui et la punition que les esprits de mes ancêtres m’avaient infligée pour que je comprenne que mes sentiments pour le plus légendaire des vampires ne devaient plus exister. En voyant, le regard de mon bienfaiteur j’avais compris qu’il voulait intervenir et je lui avais fait jurer de ne rien faire. Je croyais en sa parole. J’y avais vraiment cru.
Depuis cette rencontre je n’avais pas réussi à surmonter mes élans de colère et de tristesse. J’étais en proie à de nombreuses émotions et aucune d’entre elles n’étaient positive. Aujourd’hui ne dérogeais pas à la règle. J’étais partie faire du sport pour me fatiguer, courir jusque dans la forêt, j’avais presque réussi en deux heures à oublier mon désarroi et le bordel que la présence de Vlad avait engendré. En rentrant, je remarquais immédiatement l’absence de mon hôte. Partant boire un verre d’eau, j’entendais la porte s’ouvrir et je m’essuyais le front avant de me diriger vers le bruit en saisissant au passage un couteau de cuisine. Je n’étais pas à l’abris que Walsh revienne. Tombant nez à nez avec un Durnik ensanglanté, je posais mon arme sur le bar en hochant des sourcils peu convaincus par son argumentaire. Je fulminais, n’osant même pas accepter l’évidence qu’il m’avait menti. C’était forcément autre chose. Durnik me passa devant avec une légère indifférence en précisant qu’il avait fait ce qu’il devait faire. Mon sang ne fit qu’un tour quand je me retrouvais face à cette évidence :
« Tu as fait ce qu’il fallait ! »
Adieu le vouvoiement j’étais hors de moi, ma voix était montée d’une octave pendant que Durnik s’asseyait dans le canapé en grimaçant de douleur. Ouvrant le congélateur je sortais les glaçons pour les mettre dans un torchon propre pour lui emmener toujours ivre de colère :
« T’avais promis de pas t’en mêler ! C’est ma vie Durnik ! Mon ex ! Est-ce que tu as conscience de ce qu’il aurait pu te faire ? »
Lâchais-je en retenant des larmes de rage et de tristesse. C’était étrange mais songer à une vie dénudée de sa présence m’accablait de chagrin.
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Bien sur qu’elle n’était pas contente de me voir dans cet état. Si elle avait ri en me voyant ainsi je l’aurais super mal pris. Mais non Lucy avait toujours ce regard un peu méchant légèrement hautain qui me sommait de la mettre au défi. C’était ce regard remplit de reproche et limite de haine. Je m’étais rendu dans le canapé péniblement et j’entendais déjà les reproches de Lucy dans ma tête.
En même temps tu l’as cherché.
Bien sûr. Il fallait qu’il en remettre une couche lui aussi. Je n’avais pas assez de la voix de crécelle de mon invitée, il fallait que ma voix antérieure en rajoute une couche. Je grimaçais alors que je me faisais réprimander comme un enfant. Je la vis partir dans la cuisine et en revenir avec un torchon et de la glace. Elle me fit une nouvelle fois la morale et je levais les yeux au ciel tel un enfant prit en faute.
« J’en ai parfaitement conscience. Mais contrairement à ce que tu penses je l’aurai tué avant qu’il ne me touche. »
Je pouvais le tuer en une fraction de seconde. Je pouvais pratiquement tout faire avec mon pouvoir. Il fallait juste que je concentre ma volonté et que je pense à sa mise à mort pour qu’elle ait lieu. Si ce docteur était encore en vie c’était uniquement par ma volonté. J’avais envie de lui dire tout cela mais je savais qu’elle ne l’accepterait pas.
« J’ai fait ce qu’il fallait pour qu’il te laisse tranquille pour toujours. »
Je dis encore une fois quelque chose qui allait la mettre en colère et pourtant je n’en démordais pas. Je pensais avoir fait le bon choix. Je ne voulais plus qu’il approche Lucy ou du moins pas sans ma présence. Je lui avais donné mes ordres et même s’il ne les avait pas acceptés je lui ferai tenir parole.
« Arrête de me regarder ainsi. Je sais que tu aurais préféré que je ne survive pas à cet échange. Au moins tu aurais été tranquille. »
Et je me redressais simplement avant de me rendre ou plutôt de tenter de me rendre dans ma chambre et ce malgré ma douleur. Je n’allais pas échapper à la jeune femme aussi facilement mais je pouvais quand même l’espérer un peu non ?
Croisant mes bras sur ma poitrine je le regardais avec un air ahuri. Il l’aurait tué avant qu’il ne le touche.
« J’ai rarement entendu des sottises pareil »
Lâchais-je en un souffle complètement dégouté. C’était donc ça qu’il voulait me montrer ? Me montrer que lui aussi il savait se prêter aux jeux stupides de celui qui faisait pipi le plus loin ? C’était tellement puéril et typiquement masculin. M’asseyant le plus loin possible de lui je ramenais mes jambes sous mes fesses sans le lâcher du regard. Je lui en voulais à mort. Il m’avait menti. Il n’avait pas respecté ma demande qui pourtant était simple. Il m’avait montré que je ne pouvais pas avoir confiance en lui.
« La ferme ! »
Lâchais-je avant de me lever d’un bon, avant de me trouver juste devant lui mes genoux à un millimètre de son pantalon :
« Tu as fait ce qu’il fallait pour lui donner une raison de revenir ! Tu ne le connais pas ! En allant le provoquer tu lui as donner un défi et Vlad adore les défit encore plus quand le lot à l’issue est une femme ! »
Repartant vers la cuisine, je partais me chercher un verre en laissant une larme rouler sur ma joue avant de prendre la bouteille de rhum pour remplir mon verre et le boire cul sec avant de le remplir à nouveau pour revenir au salon pour ajouter en un murmure avant de boire le second verre avant de le poser sur la table :
« C’était si compliqué que ça de respecter ma demande ? »
J’étais toujours debout et désormais je passais mes nerfs sur mes gants en cuir. Cette situation allait empirer inévitablement. J’étais en train de réfléchir à une solution quand Durnik lâcha sa bombe me stoppant net face à la brutalité de ses mots. Sans pouvoir m’en empêcher je le giflais les larmes inondant mes yeux.
« Espèce de connard »
Imaginer une vie là où n’était pas était douloureux et bien que je ne l’avouerais pas de sitôt je ne pouvais m’empêcher de rester de glace face à ses propos :
« Je m’en vais ça sera toi qui sera tranquille comme tu dis »
Prenant la bouteille dans mon sillage, je montais les escaliers et claquais la porte de ma chambre en sentant des larmes rouler sur mes joues tandis que je buvais au goulot en fourrant mes affaires dans un sac de voyage. La paix, il venait de m’offrir en récompense à mon ex amant et encore c’était moi qui devais prendre le rôle de la méchante ! Je m’étais trompée en venant dans cette ville ça c’était certain.
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Lucy semblait persuadée que j’avais fait le mauvais choix alors que je savais très bien que j’avais bien fait. C’était le meilleur choix possible pour elle comme pour moi. Je voulais que ce Walsh Jekyll nous laisse tranquille définitivement et c’était pour cela que j’avais choisi d’aller l’affronter.
« ça m’étonnerait fort qu’il revienne. »
Je n’avais pas peur qu’il revienne. S’il revenait c’était au péril de sa vie et le vampire le savait très bien. Je ne serais pas aussi clément avec lui la prochaine fois que nos chemins se croiseraient.
« Oui c’était compliqué parce que je te savais en danger !! »
Je ne voulais pas la savoir en danger. Je l’aimais bordel et je voulais à tout prix la protéger. Je savais qu’elle ne voudrait pas de moi dans sa vie comme je voulais d’elle dans la mienne mais au moins je pouvais la protéger. Sauf que Lucy ne le voyait pas du tout de cet œil et elle partit en claquant la porte pour se rendre dans sa chambre.
« LUCY ! »
Je me redressais sur le canapé en grimaçant de douleurs. J’avais mal aux côtes mais je ne pouvais pas la laisser partir comme cela. Je me levais et je grimpais difficilement les escaliers jusqu’à aller toquer péniblement à sa porte en lâchant de temps en temps des gémissements de plaintes.
« … Lucy… S’il-te-plait… »
Je toquais encore une fois à la porte de Lucy puis quand je me rendis compte qu’elle n’ouvrirait pas la porte je me laissais glisser au bas de celle si en tenant mes côtes.
« Putain…”
J’avais mal. J’avais super mal même. J’avais de plus en plus de mal à respirer. Je soupirais un peu puis j’essayais de me redresser mais je n’y arrivais pas. Je posais ma tête lourdement contre la porte de Lucy avant de me trainer péniblement jusqu’à ma chambre. Je ne me couchais même pas sur mon lit beaucoup trop haut pour moi. Je calais ma tête contre mon bras puis je m’allongeais sur le ventre tentant de respirer même si je savais pertinemment que je me coupais plus la respiration qu’autre chose.
C’était la première fois que je perdais autant le contrôle et on ne pouvait pas dire que cela me faisait plaisir. En cet instant face à Durnik dont le visage était déformé par la violence de sa rencontre avec mon ex-amant, je me sentais perdre totalement pied. J’étais partagée entre la rage, la tristesse et la peur. Des sentiments que j’avais réussi à camoufler derrière un masque de glace au cours de ma troisième vie. Tout était simple. Tout était rangée dans cette vie-là. Je devais survivre et me battre, c’était simple et efficace et pour cette tâche j’avais des alliés de choix. Sauf que mes alliés n’étaient plus là pas parce que je les avais perdus, ou parce qu’ils m’avaient abandonné, non c’était parce que moi j’étais partie de mon plein gré pour suivre les conseils d’une satanée voix. Et voilà où on en été maintenant. Face à cet homme pour lequel j’avais développé des sentiments que je m’interdisais d’avouer, je finissais par le giflais avant de décréter que je partais. C’était le mieux à faire. Je devais partir, pour me protéger de moi-même.
Dans ma chambre je descendais la bouteille de rhum comme j’avais pu le faire sur le Revenge. Je voulais faire taire la voix de Durnik qui me disait qu’il avait fait ça pour me protéger. Me protéger ! Je n’avais pas besoin d’être protégé ! J’étais bien assez grande pour le faire et j’avais encore moins besoin d’un homme pour ça. De tristesse j’étais violement passé au stade de la colère, bien que mes larmes roulaient toujours inlassablement sur mon visage pendant que je formais un semblant de valise. J’accorchais mes couteaux autour de ma ceinture quand j’entendais la voix de Durnik me supplier de faire quelques choses. M’asseyant sur mon lit je sentais mes ongles griffer mon cuir chevelu tandis que je contractais la mâchoire.
Il voulait bien faire…
Me souffla la voix responsable de ma désertion du Revenge. Frappant le lit main ouverte je sifflais d’une voix cassante et basse :
« Toi tu la fermes, c’est de ta faute tout ça rien de toutes cette merde ne serait arrivée si tu m’avais laissé sur le Revenge »
Ça j’en étais certaine au moins. Après avoir refermé mon sac j’entendais Durnik jurer et je me changeais pour mettre des vêtements plus couvrant. J’ouvrais la porte avec ma valise avant de le voir à plat ventre sur le plancher. L’espace d’un instant j’avais voulu le laisser dans cette position, il était assez vieux pour s’occuper de lui convenablement, mais je fus incapable de tourner les talons. Posant ma valise à l’entrée de sa chambre, je rentrais avant de lâcher d’une voix dénudée d’émotions et légèrement embrumé par l’alcool.
« Tout ce que tu vas gagner c’est de t’étouffer dans ton propre sang dans cette position »
Posant un genou à terre je le regardais avant de rajuster mes gants :
« Je vais t’aider à te lever et à te mettre au lit, ensuite à toi de voir soit tu prends le téléphone et tu appelles un médecin, soit tu te soignes avec tes pouvoirs et moi je pars. »
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
Je ne me sentais pas bien du tout et j’avais de plus en plus de mal à respirer. Je devais avoir plus que quelques côtes de casser. Peut être que j’avais une petite hémorragie interne ou peut être que j’avais plus d’os de casser que je ne le pensais et que c’était cette douleur qui faisait en sorte que je sois cloué au sol de ma chambre attendant autant la mort que de l’aide. Finalement ce fut l’aide qui répondit à mon agonie. Elle m’aida à remonter sur mon lit et je grimaçais de douleur. Elle me donna le choix mais ce choix ne me plaisait pas.
« Je ne veux pas que tu partes. »
Je n’avais retenu que cela de sa phrase. Je ne voulais pas qu’elle parte. Je voulais qu’elle reste et qu’elle me soigne elle pas les autres.
« Jure moi que tu vas rester. »
J’étais fou de penser que j’étais en position de force face à elle. Elle était celle que j’aimais et c’était pour cela que j’avais choisi de me battre contre ce Walsh Jekyll. J’avais voulu protéger celle que j’aimais et même si elle ne voulait pas le croire j’avais fait cela juste pour la protéger et contrairement à ce qu’elle disait elle avait besoin de protection.
« D’accord… Tu peux appeler un médecin… »
Je toussotais un peu avant de me tourner dans le lit et de la regarder droit dans les yeux. Ce n’était plus un regard de « malade » que je lui adressais mais un regard déterminé.
« Lucy… Ne part pas… »
Si elle partait je la suivrai où qu’elle aille, quoi qu’elle fasse.
Ne la brusque pas elle ne restera pas sinon. Taisez vous je sais ce que je fais.
« Lucy je t’... »
Et je me mis à tousser fortement et je me courbais dans mon lit pour tenter de reprendre mon souffle.
J’aidais Durnik à se mettre dans son lit et ignorais sa demande. Il ne voulait pas que je parte, et même si je n’en avais pas vraiment envie, je ne pouvais pas rester. Plus maintenant, on avait dépassé une limite, il avait dépassé une limite. Contractant ma mâchoire, je ne lui répondais pas. Il était sincère, j’en avais confiance. Son timbre suppliant me serra le cœur. Je détestais l’idée de le mettre dans un tel état. Il accepta que j’appelle un médecin, et je me mettais à fouiller ses poches pour en sortir son téléphone. Alors que j’étais en train de chercher le nom d’un médecin, ou l’indication que l’identité de la personne était un médecin dans son répertoire il toussa et je fronçais les sourcils inquiète. Une fois encore il me demanda de ne pas partir et je répondais :
« Pour l’instant je suis là »
Je ne pouvais pas lui promettre de rester. Je commençais à trop m’attacher à cet homme, et mon attachement pour lui avait failli lui couter la vie. Il était exclu que je continue ainsi. Il ne mourrait pas par ma faute. Si je m’en allais, Vlad le saura et il le laissera tranquille. C’était ce que je devais faire. Il s’en remettrait. Une fois de plus il m’appela et se mit à tousser.
« Tais-toi s’il te plait, tu dois te reposer »
Entendant sa respiration, je me souvenais que j’avais déjà entendu ce son une fois sur le navire d’Anne.
« Je t’interdit de bouger »
Annonçais-je avant de relever son tee-shirt pour voir un amas de sang au niveau de sa cote. J’avais déjà vu ça par le passé après une bataille sur le navire et l’homme qui avait eu cette marque était mort. Sentant des larmes inonder mes yeux je reprenais son téléphone et appelais son assistante. Il m’avait souvent dit qu’il que cette dernière avait la capacité de soigner les gens miraculeusement. Dès la troisième sortie cette dernière répondait avec une voix hilare :
Juliette : Durnik vous allez bien ?
« Ce … ce n’est pas Durnik mais Lucy … sa ... colocataire. »
J’entendais la dénommée Juliette arrêter de ricaner pour devenir soudainement sérieuse :
Juliette : Oh qu’est-ce qu’il se passe ?
« Il … est blessé, vraiment blessé, je ne peux pas le soigner, je ne sais pas comment faire. La dernière fois que j’ai vu une blessure comme la sienne la personne est morte. Je vous en prie aidez-le. Je ne savais pas qui appeler … Je paierais le prix qu’il faudra … »
Juliette : Je vous envoie mon aigle, sur sa patte il y aura une fiole donnez-la lui, il doit tout boire. Je vais venir le voir j’en ai pour une dizaine de minutes le temps de me préparer et de venir jusqu’à vous.
« Merci … »
Raccrochant, je posais son téléphone avant de dire à Durnik :
« J’ai appelé ton assistante, elle va te soigner … Je ne savais pas qui appeler le seul médecin que je connais c’est Vlad … »
Baissant les yeux je regardais sa blessure avant d’entendre un toquement à la fenêtre. Me retournant je voyais un magnifique aigle. Alors que j’ouvrais la fenêtre l’oiseau tendait sa patte et je détachais avec la plus grande des délicatesse la fiole où il y avait d’écrit « Drink me ». Revenant vers le lit je débouchais la fiole et la donnait à mon malade inconscient pour ordonner :
« Bois »
Je croisais les bras pendant qu’il s’exécutait avant d’ajouter :
« Juliette va venir dans une dizaine de minutes pour s’assurer que tout va bien »
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
J’avais beau me dire que c’était le mieux pour elle je ne pouvais me résoudre à la laisser partir. J’avais envie de garder Lucy auprès de moi. C’était foncièrement égoïste mais parfois j’agissais ainsi. Je ne pouvais aller à l’encontre de ma nature profonde. Je voulais qu’elle reste et s’il fallait que je sois à l’agonie pour cela je voulais y rester encore un moment.
« D’accord. »
Je n’avais de toutes les façons pas le choix. Je buvais tranquillement la potion en me sentant de mieux en mieux. J’avais beaucoup moins de mal à respirer et je sentais surtout beaucoup moins de douleur. Quand Lucy m’apprit que Juliette se déplaçait je fronçais les sourcils. Ça n’allait qu’inquiéter la future maman chose que je ne voulais pas du tout.
« Elle n’avait pas besoin de se déplacer. »
Juliette était une véritable amie. Je n’aurais jamais cru pouvoir être amie avec elle au début. C’est une femme aussi fragile que forte. Parfois, elle me faisait penser à Ce’Nedra, ma petite dryade qui me manquait terriblement. La seule différence entre les deux jeunes femmes était la couleur de leurs cheveux mais le caractère bien trempé était là. Lucy avait les cheveux de feu comme la dryade et elle avait elle aussi un sacré caractère. Un caractère qui la poussait visiblement à me quitter pour de bon.
« A moins que tu me quittes. »
Je l’accusais carrément maintenant de me quitter alors qu’en fait elle ne me devait absolument rien. Pourquoi m’étais-je autant attaché à cette jeune fille ? Je ne me voyais pas finir ma vie sans elle mais comment une jeune fille comme elle pourrait aimer un homme comme moi ? J’étais vieux et en plus j’avais un caractère à la con. Non au final Lucy avait bien raison de fuir. Je détournais mes yeux et je les fermais.
« Tu as raison tu dois partir. Mais sache que je ne t’oublierai jamais. Sache également que je t’aime. »
Je ne lui précisais pas la façon dont je l’aimais. C’était bien trop dur pour moi à avouer. J’avais le cœur crevé et cette fois-ci il y avait des chances pour qu’il arrête de battre, arrêtant de ce fait mon supplice.
« Et elle n’aurait pas eu à le faire si tu avais été capable de contrôler ta testostérone ! Elle a voulu m’apporter son aide sans rien en retour je n’allais pas la contredire. »
Répondais-je avec dureté à Durnik pour sa remarque vis-à-vis du fait que son assistante n’était pas obligée de se déplacer. La potion que la sorcière avait donnée à Durnik semblait avoir été plus que radicale, Durnik n’avait plus le regard fiévreux ni même la moindre trace de souffrance sur le visage. C’était la première fois que je voyais la magie faire ainsi son effet avec aussi peu de contenu. M’approchant de lui je soulevais une fois de plus son tee-shirt et souriais en voyant sa peau aussi rose que celle d’un bébé. Une fois de plus, Durnik recommença à insister sur le fait que je le quittais. Serrant la mâchoire, je redescendais le tee-shirt sur sa peau et ne put me résoudra à retirer ma main gantée de son vêtement. J’allais lui demander d’arrêter quand il m’insista à partir avant de me dire qu’il m’aimait. Ses mots serrèrent mon cœur et je baissais les yeux :
« Arrête ne dis pas ça, je … je ne peux pas t’apporter ce dont tu as besoin ! »
Faisant un pas en arrière j’entendais l’aigle s’agiter derrière la vitre et je me retournais en dégainant mon poignard pensant qu’un danger nous guettait ce qui força un homme rouquin à se jeter sur une femme enceinte jusqu’au cou en pointant son révolver sur moi avec un air déterminé.
Juliette : Lucy c’est Juliette, s’il vous plait est-ce que vous pouvez ranger votre arme et toi mon amour pareil. Je m’excuse, je ne voulais pas vous faire peur …
Voyant la main de la femme sur poser avec douceur sur le bras armée de son mari, je rangeais mon arme en ajoutant :
« Désolée je ne pensais pas que vous seriez là si rapidement »
Détaillant le mari de la sorcière, je ne pus m’empêcher de la jalouser. Elle avait ce que je n’avais jamais pu avoir, un homme prêt à tout pour moi. M’écartant du lit, je laissais la fameuse Juliette qui, je ne pouvais le nier était d’une beauté fracassante même en étant enceinte. Tandis que j’allais au fond de la chambre je la regardais ausculter Durnik avec douceur sous le regard attendri de son mari.
Juliette : J’ignore ce qui vous à pris de vous mettre ainsi en danger Durnik mais ne recommencez pas ! Vous êtes couvert de sang séché … Vous vous sentez mieux ? Vous avez mal à quelque part ?
Me sentant observer je regardais dans la direction du mari de la femme enceinte et m’obligeais à lui faire un sourire. Nul doute qu’il n’avait pas apprécié que je dégaine mon arme sous le nez de sa femme. Reportant mon attention sur la discussion de Juliette et Durnik, je tentais d’aller vers la sortie discrètement.
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Mar 21 Aoû - 11:11
