Aude laissait son regard se perdre à la fenêtre sans qu'il ne fixe un seul point, plongée dans ses pensées avec les remarques qu'Henri lui adressait sans cesse et dont son âme d'enfant ne réussissait pas à se débarrasser. Son doigt s'enroulait une mèche de ses cheveux qui s'échappait de son chignon lâche, le second étant signe de travail et le premier de réflexion tirant vers la distraction. Et c'était surtout cela qui l'habitait à l'instant, ses cours de médecine étant oublié sur son bureau sans qu'elle n'en est cure, cela n'avait aucun impact curatif sur son esprit en jachère. Elle repoussa d'un air énervé, épuisé son livre et ses stylos, se retenant de justesse de tout jeter. Ses nerfs avaient toujours été à fleur de peau, méfiante pour des raisons qui lui échappait et cela l'épuisait mentalement, physiquement comme le désamour avec Odette et cette impression qu'elle n'avait pas sa place ici. Sans doute pour cela que les mots d'Henri raisonnait encore autant dans esprit et qu'elle relisait sans cesse le livre de contes qu'il avait et que ces doigts lui avaient récupéré. Et son regard se récupéra sur une boule de neige qu'elle attrapa comme si le destin voulait ajouter un effet dramatique avec ses petites bout de tissus qui descendaient lentement dans du liquide. C'était d'un tel ridicule qu'elle l'aurait presque lancé par la fenêtre. Peut-être pour oublier son instinct qui lui hurlait qu'elle allait tomber de haut, de très haut, de trop haut.

Splash. C'est la boule de Noël qui tomba la première de haut semblable à l'esprit de Wendy lorsque toutes les barrières explosèrent en elle et que la douleur qui la frappait sans raison lui revient encore plus forte, lame oubliée de son existence. Le bruit de la chute fut couvert par son cri strident alors que par réflexe, elle se baissait pour ramasser les morceaux restant de sa boule à neige. Peter, l'arme sanglante qui rougissait la robe de chambre et la fuite éperdue dans les larmes de trop de premières fois. La première mort, la première trahison … Ses poings se serraient déjà comme par réflexe, oubliant les morceaux de verres qui lui entaillait déjà la peau, cette douleur là n'existait pas. Il n'y avait que les subreptices effleurements avec Peter quand les fleurs de l'enfance commençait à faner. Que les éclats de rire qui était devenu des débris de souvenirs dans le flots des départs, les lunettes qui chutaient sans cesse du sommet de ce nez ou ce doudou qui traversait le monde sans rien pour lutter.

Il n'y avait rien d'autre, seulement l'opposition farouche de la joie de retrouver le souvenir si chéri de ses frères et celui si abhorrait du malheur qu'il lui causait. Rien dans son esprit ne s'apparentait à une réflexion sur la malédiction ou la suite de sa vie, ses tribulations qui avaient conduites la sacrificielle Wendy à la chasseuse. Parce que c'était bien tout ce qu'elle était devenue dans ce corps qui sentant la menace s'était mis en position de garde. Parce qu'une seule idée lui restait. Peut-être Neverland avait été touché donc Peter et donc John. Et le sauver avant même qu'il ne reprenne ses esprits. Même la partie réfléchit de son cerveau ni croyait pas le moins du monde, l'ombre n'avait pas suffisamment de cœur pour que cela lui fasse perdre la tête. Sauf que son palpitant battait à devenir douleur sans le moindre effort dans cette fuite en avant. Aude n'avait plus rien de la Wendy d'autrefois qui avait fuit.  Pas question de laisser une seule plume d'ombre lui échappait, elle le dépècerait comme tous ses perdrix qu'elles attrapaient à la chasse.

« Maudit cygne noir. »Le regard d'Aude se leva pour effleurer la silhouette d'Odette dont elle avait oublié l'existence. Le malheur d'une sœur adoptive n'était pas grand-chose quand on avait perdu deux frères et avec son air outré et sa couette haute, elle tira un rictus à Aude, le premier depuis la nouvelle. Avec la grâce d'un cygne, elle se releva, ignorant le sang qui coulait de sa main droite. « Tu vas devoir te mettre sur la liste d'attente Swan, j'ai plus important à régler. » Et si elle échoue, un tas de temps pour regretter profondément ce qu'elle avait pu faire au cygne blanc pour atteindre son objectif. Parce qu'elle aurait trop payé pour un gain minable mais à l'heure actuelle, elle était juste un dommage collatéral dont elle n'avait pas grand chose à faire. Si son prince s'était laissé avoir par une ruse aussi simple, que la blondinette voit avec lui, Aude ne comptait pas faire service de récrimination. Son regard se posa sur un coteau qui lui avait servi à tailler du bois qu'elle saisit, une veste légère et à part l'absence de son arc, elle pouvait affronter le monde entier. « Si tu veux bien me laisser passer maintenant s'il te plaît. »

Et avec diplomatie.

( Pando )

Odette ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas pourquoi tout cela lui était arrivé à elle. Pourquoi le destin s’était acharnée sur la jeune princesse qu’elle était. Chaque jour, elle pensait à ses soeurs, piégées dans ce qu’elles croyaient toutes être un endroit féérique où elles pourraient danser jusqu’à ce que leur coeurs explosent mais ce lieu si magique devint une prison lorsque la Reine Regina décida de faire Odette prisonnière afin de lui voler son pouvoir, à l’époque elle était encore Geneviève, la retardataire qui ignorait être détentrice d’un si puissant pouvoir. Aujourd’hui, elle n’était plus cette jeune fille là, sa famille n’était sans doute plus de ce monde. Mais encore pire, elle était prisonnière d’une malédiction qui l’a condamnait à être un cygne blanc, gracieux et magnifique pendant l’entièreté de la journée et une belle jeune femme la nuit mais dans ce monde, cela la pousserait à devoir se cacher et elle ne voulait pas ça.

Voilà la rupture du Sort Noir. Tous ses souvenirs lui étaient revenus en mémoire, tel un coup de poignard en plein coeur. Pour le coup, elle avait véritablement cru que son coeur exploserait si elle n’était pas assise sur son lit. Détachant sa queue de cheval, elle laissa tomber ses mèches blondes sur ses épaules alors qu’elle ne quittait pas cette maudite Black Swan des yeux alors que cette dernière semblait plus omnubilée par autre chose que parler avec elle. Elle tenta même de la pousser mais Odette n’était pas du genre à se laisser marcher dessus sans agir. Elle voulait comprendre pourquoi Odile avait fait cela, pourquoi lui avoir voler son prince, pourquoi l’avoir emprisonnée dans ce cercle vicieux qu’est cette si atroce malédiction pour laquelle elle n’aurait jamais dû être destinée. Pourquoi sa marraine la bonne fée ne lui en avait pas parlé ? Elle qui devait être celle qui détruirait Rothbart, voilà à quoi elle en était réduite aujourd’hui. A se battre pour rester humaine. Elle retins une larme de rage contre cette demoiselle qui dans ce monde se trouvait être sa cousine mais qui n’était qu’une copie sombre d’elle-même.

Elle ne la laisse pas passer, elle se place face à elle, les deux bras en croix pour l’empêcher de passer. Les sourcils froncés. Le regard sombre, légèrement embué. Elle veut des réponses et il est certain qu’elle ne laissera pas partir Wendy tant qu’elle ne saura pas pourquoi tout cela s’était produit « Jamais tu ne fuiras mes questions vile créature. Je veux des réponses Odile, et ce n’est pas Siegfried qui me les donnera. Toi seule est à l’origine de tout. Toi, tu es celle qui m’a empêchée d’être libre de cette maudite malédiction que ton sorcier de « père » m’a jetée pour que me priver de ma magie afin que je ne puisse pas l’arrêter. Dis moi…dis moi pourquoi tu as fait ça. J’ai besoin de comprendre et tant que tu ne m’auras pas expliqué. Tu ne passeras pas. »

Oui Odette était prête à tout pour avoir des réponses, même à repousser le Cygne noir aussi loin qu’elle le pourrait. Même armée, elle ne lui faisait aucunement peur. Odette était capable de se défendre mais elle voulait juste comprendre. Elle en avait le droit non ?

( Pando )