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Nouvelles têtes
Souhaitons la bienvenue à Eve Copeland, Ruby S. Lucas & Thalie O. Lowell qui nous ont rejoint récemment. N'hésitez pas à passer par leur fiche de présentation pour leur souhaiter la bienvenue, ou sur leur fiche de liens.
Le calendrier de l'avent
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La malédiction était levée, nous pouvions enfin rentrer chez nous après notre séjour chez la Dame de Coeur, Cora. J'étais particulièrement content de quitter ces terres pour enfin retrouver notre pays qui ne ressemblait en rien à celui-ci. Le vent marin me manquait, tout comme ces étendues bleues. C'était comme si j'avais oublié l'odeur du poisson fraîchement pêché qui chatouillait mes narines ou le bruit des vagues qui déferlaient sur les plages. J'étais très excité à l'idée de pouvoir enfin retourner à Beurk pour revoir tout le monde. Impatient, j'attendais Harold là où nous étions atterris lors de notre première foulée dans ce royaume ô combien magnifique, mais également différent de notre contrée. Tout était plus sucré ici, de la cuisine au caractère des gens, sans oublier leurs maisons avec ces toits de couleurs qui faisaient penser à un amas de champignons bien organisé. Tout était grandiose, mais c'était ce que je n'aimais pas. Il manquait d'authenticité à mes yeux, tout était trop maîtrisé. Les façades ne ressemblaient en aucun cas à celle de nos foyers, plus rustres, mais plus accueillante, moins froides.
Je sautillais entre les gardes en grognant mon plaisir d'enfin pouvoir reprendre mon envol. J'attendais ce moment depuis trop longtemps et enfin il était arrivé. Une fois que je vis mon petit humain au loin, je fondis sur lui, déployant mes ailes afin de l'accompagner lorsqu'il remontait le chemin dans les jardins. Une fois arrivé à ses côtés, je me mis à marcher fièrement à côté de lui avant de lui donner un petit coup de museau taquin et repris mon sérieux, feignant ne rien avoir fait. Je pouvais lire de la crainte dans ses yeux. De quoi pouvait-il bien avoir peur ? Astrid nous suivait de prêt avec Tempête, à nous quatre, nous allions bientôt pouvoir traverser le monde pour retrouver notre foyer et recommencer une vie normale.
Une fois entouré par les gardes, je m'assis en face de lui et lui adressais le genre de regard qui voulait dire que je ne comprenais pas ce qu'il se passait dans son petit esprit de bipède. Peut-être ne voulait-il pas en parler devant du monde ou Astrid, ou alors tout simplement se taire. Il était vrai que parmi tous ces petits hommes, je ne me sentais pas très à l'aise, c'était un peu oppressant, surtout qu'ils étaient toujours accompagné de leur longues lames en métal attachées à un bout de bois. Certes, j'en aurais fait qu'une bouchée... Surtout que j'étais en forme, mais ce n'était pas le moment de nous créer des ennemis en partant en laissant des cadavres derrière... Je doute qu'Harold me le pardonne un jour.
Tempête était assis à côté de moi et me jugeait du regard, me demandant ce que nous allions faire une fois retournés à la maison, ce à quoi je lui répondis que j'en avais aucune idée. Il fallait déjà arriver à rentrer sans se blesser et la tâche n'était pas facilement aisée quand on savait ce qui pouvait habiter le ciel des territoires à traverser : des montres volants, des géants, des nuées d'insectes... et la puissante magie. Mais j'étais convaincu de la réussite de notre entreprise, après tout, accompagné d'Harold, il ne pouvait pas nous arriver grand chose. Sa jambe en métal ne lui avait en rien enlevé son habileté, ni son esprit aiguisé, futé. D'ailleurs, en parlant de ce dernier, je lui redonnais mon attention, attendant de voir ce qu'il allait faire et ce que l'on allait devoir faire.
Le grand jour était arrivé. Il fallait maintenant retourner à Beurk et il faut dire que je n’étais pas prêt. Je ne savais pas comment me sentir et une foule d’émotions me traversait l’esprit. J’étais à la fois soulagé et... préoccupé, surtout par tout ce qui allait s’en venir par la suite. La malédiction était peut-être levée, mais il nous restait le reste à prévoir. D’après les dires de Cora, tout le monde avait dû revivre la même journée pendant toutes ces années et... Je me disais que ce qui était arrivé à mon père et tous ceux que nous connaissions. Et je ne parlais même pas seulement des gens qui avaient été sur nos terres, mais également ceux que nous avions connu au cours de nos différents voyages et quêtes. Je repensais à tous ces gens et... je me demandais ce qu’ils avaient pu devenir pendant vingt-huit longues années à refaire la même journée, encore et encore... Parfois, il m’arrivait de demander à Krokmou : « Et s’ils pensaient à nous ? Encore et encore, à un moyen de nous rejoindre ? » Je repensais à mon père qui avait dû alerter tout le village et le mettre sans-dessus-dessous pour essayer de nous rejoindre pour que l’on revienne à la maison. Alors, je priais Thor pour que ce ne soit pas le cas et que tout le monde soit en vie et en bonne santé... Je m’étais levé ce jour-là et je ne me sentais ni trop excité, ni trop... gris ? Astrid et moi ne débordions pas de joie de rentrer à Beurk parce que nous savions ce qui nous attendait. « Tout ira bien, » me dit-elle, en déposant une main sur mon épaule. Je pris une grande respiration et je me contentai de lui faire un sourire. Je ne pouvais extérioriser, ni mettre de mots sur ce qui se passait.
Une fois préparés à repartir, je pris une grande respiration et rejoignis Krokmou et Tempête. Je mis quelques provisions dans les poches de la monture de mon fidèle compagnon, tout en lui grattant le menton. « Tiens, prends ça mon vieux, on va en avoir de besoin. » lui dis-je, tout en lui lançant un poisson. Il était plus excité que nous à l’idée de revenir dans le train-train quotidien que nous n’avions plus affronté depuis ces vingt-huit années. Maintenant que la malédiction était levée, nous devions retourner à notre ancien quotidien. Je n’étais pas prêt à affronter cette nouvelle réalité, malgré tous les plans qu’Astrid et moi avions élaboré. Et avant de partir pour cet endroit qui s’appelait Storybrooke, nous prîmes le temps de remercier sa majesté pour son hospitalité pendant toutes ces années et de nous avoir pris sous son aile. « Et n’oubliez pas, si vous avez des ennuis et que vous avez besoin d’alliés, dans ce monde, nous serons derrière vous, » déclarai-je, tout en m’inclinant une dernière fois devant elle. Sa majesté Cora nous fit confiance et nous souhaita les mêmes choses. De notre côté, il fallait plutôt rentrer dans nos terres aussi vite que possible.
Les préparatifs terminés, je regardai Astrid et je me mis sur le dos de mon fidèle compagnon, en le caressant un peu sur les côtés. Ça faisait du bien de retrouver le ciel, je le sentais. « Prêts ? » Après approbation, nous nous retrouvâmes ensuite dans les airs. Je n’en revenais pas, j’avais besoin de savourer ce moment pour qu’il ne cesse jamais. Il y avait du soleil, et nous pouvions presque toucher les nuages. En regardant Astrid, je vis que je n’étais pas le seul à apprécier cette sensation qui nous était redonnée. « Alors mon vieux, t’es content de pouvoir revoir ce beau ciel bleu ? »
Avec le temps, je m'étais accommodé au Humains. Ca n'avait pas été facile... Ils m'avaient chassé, capturé comme un animal, un esclave. Mais il suffisait que je regarde Harold pour me rappeler qu'il y avait du bon dans le coeur de la plus part de ces petits bipèdes. Le mien faisait un peu figure à part à mes yeux convaincus. Il avait toujours été là, dans n'importe quelle condition, pour me sauver, particulièrement quand c'était pour me protéger de ses confrères sur deux pattes. Avant la naissance de mon fidèle compagnon, mes chances de survie sur cette petite île qui était mon foyer aurait été proche de zéro, mais lui avait réussit à faire que la vie soit plus simple, et cela rien qu'avec la gentillesse. Mon petit viking était quelqu'un de bon... Peut-être un peu trop bon, mais comment pouvais-je lui en vouloir ? Après tout, c'était pour cela que j'étais encore avec lui après tout ce que nous avions traversé...
Contrairement à mon humain, j'étais content d'enfin pouvoir prendre l'envol pour sortir de cette prison dorée. Je le regardais faire, mettre la monture sur mon dos et glisser des provisions dans les poches. Cette sensation de froid me faisait courber l'échine, mais cette fois, la seule pensée de pouvoir revoir notre chez nous me fit oublier. Alors qu'il se mit à me gratouiller le menton, je relevais le visage, appréciant le contact de sa main sur la peau plus sensible de mon museau. C'était à la fois froid et chaud, indescriptible... Puis Harold me sortit un poisson complet que je ne pus me retenir d'attraper rapidement, comme s'il allait disparaître dans la seconde qui suivait, et après un regard curieux adressé au petit viking, je l'avalais d'une traite. Il savait ma faim égale à un gouffre sans fin, mais c'était juste naturel... Ils repartirent avec Astide un instant et revinrent une bonne demi-heure plus tard. Pendant ce temps, j'avais essayé de retirer cette fichue monture sous le regard improbateur de tempête, qui, elle vivait très bien le fait d'être recouverte. J'avais beau lui demander comment est-ce qu'elle faisait, cette dernière me disait juste qu'il était question d'habitude et qu'au final, ça protégeait autant les humains que nous-mêmes. Mi-figue, mi-raisin, je me résolus à attendre coucher, soupirant mon désarroi.
Et enfin vint LE moment tant attendu : le décollage sans retour. Non pas que Cora soit désagréable ou autre, mais je me languissais de partir d’ici. Je le regardais alors qu’il me demanda si j’étais prêt, et il n’avait aucune idée à quel point ! Ou peut-être l’eut-il lorsqu’il ressentit à la vitesse à laquelle nous décollâmes. Je me surpris moi-même alors que l’air fendait mon museau et que mes ailes battaient pour nous faire prendre de l’attitude. Monter plus haut, toujours plus haut, jusqu’à ce que le château devienne une tache parmi d’autres sur le paysage qui s’offrait à nous. Si je le pouvais, je voudrais vivre cette sensation jusqu’à la fin de mes jours : la liberté était revenue ! Une fois arrivé à la bonne hauteur, j’entendis Harold et un sourire apparut sur mon visage. D’un seul coup, je me mis à réaliser vrilles, loopings à une vitesse folle, me laissant guider à mes envies, puis, comprenant que l’estomac de mon petit compagnon humain n’avait plus autant l’habitude de ces virevoltes, je me calmais, lui adressant un regard taquin comme pour lui dire qu’il allait devoir reprendre certaines habitudes.
Le réel relâchement vint cependant que nous passâmes la frontière pour quitter le Royaume de la Reine. La forêt s’étendait devant nous à en perdre la raison. Tempête vint se rapprocher de moi et se mit au même niveau, commençant à me parler de ses envies une fois qu’elle aurait posé la patte à Beurk. Cette position permettait également à nos petits bipèdes de pouvoir échanger un peu. Il fallait profiter car si tout semblait calme pour le moment, le voyage allait certainement être mouvementé.
Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête, alors que nous prenions finalement notre envol et que nous étions enfin en route vers notre chez nous. Je me demandais ce qui était advenu des autres, de mon père, de Gulford, de Rusik, Varek, les jumeaux... En étant pris dans cet entre-deux, il avait fallu prendre une décision rapide et nous avions décidé de rester sous la protection de Cora pendant toutes ces années, alors que d’autres n’avaient probablement pas eu la même chance, évidemment. Maintenant que toute cette histoire était terminée, c’était le moment de revenir sur Beurk. Moi qui avais attendu pendant tout ce temps sans qu’il ne se passe rien, voilà que c’était enfin le temps de découvrir ce qui s’était passé et si tout le monde allait bien. Je savais que mon père allait probablement nous faire une scène, mais qu’il allait être content de voir qu’on avait été en mesure de nous en sortir, Astrid, Tempête, Krokmou et moi. Évidemment, il y aurait beaucoup d’explications à fournir, mais j’étais prêt à y faire face. Mon père était un viking qui avait beaucoup de respect dans ce monde, je ne savais pas ce que les autres allaient dire de son fils qui jouait les aventuriers à travers le reste de la forêt enchantée.
Est-ce que j’allais passer pour un égoïste en revenant sur Beurk ? Mais avait-on vraiment eu le choix, Astrid et moi ? Nous étions en mode survie et nous voulions surtout nous en sortir. Cora avait été généreuse en nous offrant son repère, qui était protégé de la malédiction. Évidement, nous lui devions beaucoup. En partant, je lui avais promis que peu importe ce qu’il arriverait, nous étions reconnaissants pour les soins que nous avions reçus et que ce serait un plaisir de lui rendre service, si jamais c’était le cas. En partant dans le ciel, c’est à ce moment que je me rendis compte que tout était différent. D’en haut, on avait une perspective plus claire des dégâts qui avaient ravagé le reste de la forêt. « Toute cette végétation, cette nature... » dis-je, en regardant en bas. C’était désolant. Ça allait probablement prendre du temps avant que toutes ces choses se remettent de place. Ce n’était pas la forêt enchantée que l’on avait connue avant. « Je me demande à quoi ressemble Beurk... » J’étais pensif, j’étais anxieux, je ne savais pas à quoi m’attendre parce que je n’avais pas eu le droit d’avoir aucun contact extérieur avec cette malédiction. Nous n’avions pas de nouvelles de nos proches, ni de la situation là-bas. C’était peut-être tranquille pour le moment, mais j’étais certain que les chasseurs de dragons allaient probablement en profiter pour nous retrouver ou encore nous attaquer.
« Arrête de trop penser. » me dit soudainement Astrid. Je la regardai, même si je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes ces choses... « C’est plus fort que moi, je ne sais pas à quoi peut ressembler nos terres, après tout ça... Qu’est-ce que t’en penses, mon grand ? » demandai-je, en caressant le cou de Krokmou. Malheureusement, on ne pouvait pas savoir avant de se rendre sur place et j’étais tellement nerveux à l’idée de revoir tout le monde et surtout, mon père.
L'air fouettait mon museau alors que nous revenions de prendre notre premier vol libre. Plus de barrière, plus de crainte dans les mouvements : la liberté dans sa plus grande perfection. En un seul instant, j'avais été le plus heureux des dragons, et cela, Harold l'avait sûrement ressenti dans la fougue de mes mouvements et de mon entrain. Mes ailes battaient plus amplement que d'habitude et mes différentes acrobaties qu'il connaissait par coeur semblaient se réaliser plus vite. Mais comme toute bonne chose avait une faim, je compris que celle-ci aussi. Alors je me calmais pour laisser reprendre un peu l'air à mon petit-homme. Tempête nous avait rapidement retrouvé, avec Astrid sur son dos, prêtes à nous suivre pour rejoindre notre terre natale : l'île de Beurk.
Lorsque nous passâmes par dessus la frontière que le sort de Cora avait créé, nous pûmes remarquer à quel point la malédiction avait affecté les choses, la nature. Cela ne ressemblait pas à la végétation que je connaissais à ces bois, ni à aucun autre d'ailleurs. L'être qui avait lancé ce sort devait être d'une cruauté et d'une puissance qu'aucun de nous ne pouvait imaginer. Je compris que le petit viking avait la même pensée que moi en l'entendant parler à voix haute. Puis, sa question me heurta également. Comment est-ce que notre petite île avait supporté le maléfice ? Est-ce que tout serait autant dévasté qu'ici ? J'imaginais déjà la nature nordique qui m'avait entouré toute ma vie éteinte, morte ou transformée en quelque chose que je ne connaissais pas. Rapidement, je captais de l'anxiété dans le corps d'Harold, ce qui ne m'aida pas à me détendre. D'habitude, c'était lui qui était là pour me contrôler. Mais pour le coup, j'allais devoir gérer ce stresse tout seul, sans l'aide de personne.
La dragonne tenta malgré tout de me changer les idées lorsqu'elle vint se mettre à mes côtés. Elle me demandait si je me réjouissais de pouvoir recommencer à manger du vrai poisson ou tout simplement retrouver notre "maison". La question du petit homme tournait dans ma tête. Que pouvais-je bien lui montrer ? Il devait me sentir bien plus nerveux que d'habitude et mon regard était troublé par une lueur de doute de doute, d'anxiété qu'il me transmettait sans le vouloir.
Nous n'eûmes cependant pas le temps de continuer d'échanger que des projectiles commencèrent à se dessiner, nous fonçant tout droit dessus. Que pouvait-on bien nous vouloir ? Je me mis à éviter ce qui était lancé par je ne savais quoi avant qu'un caillou gros comme une tarte ne heurte la partie en bois de ma queue, m'obligeant à me diriger vers le sol sans vraiment savoir comment j'allais atterrir, et surtout sans comment savoir comment j'allais pouvoir protéger Harold de cette chute.
J’avais un million de choses qui me passaient par la tête ce jour-là. Je me demandais si tout allait bien et si les gens sur Beurk étaient en vie et si mon père avait réussi à surmonter toute cette épreuve, même s’il avait été obligé de revivre cette journée où il a dû se défendre contre cette malédiction jours après jours. Je ne me sentais pas léger comme un nuage de retourner à la maison, mais j’étais heureux de pouvoir retourner là-bas et de montrer à mon père que j’étais en vie et qu’Astrid et moi allions bien. Je savais qu’il serait heureux de nous revoir, avec nos dragons sains et saufs et nous avions sans doute avoir des choses à nous raconter, mais je ne pouvais m’empêcher de rester angoisser à cette idée de revenir avec toutes les conséquences de la malédiction que nous voyions du ciel. Toutes ces terres que nous avions l’habitude de voir de haut, ces champs, ces paysages, détruits et parfois même pillés par des gens mal intentionnés. Qu’en était-il de Beurk? Est-ce que ça allait être la même chose? Est-ce que nous allions nous retrouver devant un paysage détruit ou quelque chose de plus grave? J’espérais que cela soit quelque chose de moins grave et qu’au moins, certaines choses soient restées complètement intactes. Je regardais tous les dégâts de certaines terres et aujourd’hui, je compte Beurk parmi les chanceux.
Mais à ce moment-là, j’imaginais le pire et tout me déstabilisait. Même en ayant remonté sur le dos de Krokmou, je ne savais pas comment me comporter. Mon père allait sûrement être heureux de me voir et confus et on allait devoir tout lui expliquer, mais je voyais aussi toutes les conséquences que cet événement aurait sur le reste de nos vies respectives. Et malheureusement, je n’avais pas prévu que des ennemis que je n’avais pas imaginé auraient pu se présenter à ce moment qui aurait dû être un bon pour revenir sur nos terres. « Astrid, attention! » m’exclamai-je, alors que je fis une manœuvre pour que Krokmou s’en sorte, malgré ce qui l’avait touché. « Ok, mon grand, accroche-toi! » lui dis-je, tout en n’étant pas vraiment sûr de ce que je faisais ou ce que je lui disais. Je savais pas quoi et lors de notre chute, j’aperçus des navires inconnus près des côtes de Beurk, mais je ne les avais jamais vu auparavant et la chose me déstabilisa. « Krokmou! » J’espérais qu’il trouve un moyen de nous sortir de là, il trouvait toujours une bonne chose pour le faire et je lui faisais entière confiance. Je savais qu’il serait capable de le faire.
À quelques centimètres de la mer, il réussit à se restabiliser malgré tout. J’étais soulagé. « Tu finiras jamais de me surprendre, mon grand! » m’exclamai-je, tout en flattant sa peau, jusqu’à ce qu’il se pose sur une île pour que je puisse remplacer son gouvernail. Mais que s’était-il donc passé et qui se trouvait sur ces navires? Ils étaient au courant qu’on était sur le point d’arriver et ils nous avaient attaqués. Astrid n’avait rien et heureusement. « Je vais bien, mais on a failli y passer. »
L’air marin était déjà présent, nous nous approchions de la mer, ainsi que de Beurk. Malgré notre vitesse, nous ne restions « que » des dragons et le voyage pour traverser tous ces mondes était épuisant, surtout au vu de l’entrainement restreint que la malédiction nous avait imposé. Rester bloqué dans l’espace que la reine de cœur avait réussi à maintenir sain et sauf avait eu ses avantages, mais également ses défauts. Nous n’en avions pas pour autant arrêté nos sorties, mais ces dernières se limitaient à des étapes connues, rendant le tout plus lassant. Un certains sentiment était né en moi, comme si nous étions enfermés dans une cage. Une cage en or certes vu que nous n’étions pas touchés par cette malédiction, mais une cage tout de même. Et cela, rien ni personne n’avait pu y faire quelque chose, même la magie de Cora. Toute puissante qu’elle pouvait être, ce sort semblait être comme une pointe de flèche dans sa patte ; elle ne pouvait rien faire pour lutter contre, malgré son savoir et sa force magique. Alors pouvoir voler à nouveau, avec cette sensation de liberté, c’était comme revivre, pouvoir respirer pleinement.
Malgré les dégâts que le sort avait infligé, tout semblait reprendre son cour normal en-bas. Les gens s’activaient, les villages se reconstruisaient. Cela me rassura car je me disais que les petits humains devaient faire pareil à Beurk. Que même si la malédiction avait retourné l’île, nous allions pouvoir tout recommencer, avec de nouvelles bases. Alors que j’imaginais comment devait se retrouver notre bout de caillou, surtout mes endroits préférés, je fus sorti de mes pensées par un projectile qui nous fonçait tout droit dessus. Ni une, ni deux, ma première esquive réussi sans pour autant déstabiliser mon petit Harold qui informa Astrid de ce qui venait de se passer. Mais alors que je m’attendais à une simple attaque isolée, je fus pris de surprise à nous retrouver canarder par des dizaines de pierre. Le viking réussit à me donner une solution pour éviter les tirs, mais dans cette danse, l’un d’eux fit mouche et brisa le gouvernail conçu par le bipède. Une chute s’en suivit. J’étais presque incapable de voler sans cette outil, de me diriger. Nous traversâmes une fine couche de stratus avant de tomber nez à nez avec des bateaux. Quelle surprise de tomber face à Basile le fou, déjà rencontré lors de mon séjour sur le rafiot de ce petit humain qui m’avait nourri et, en quelque sorte sauvé. Ce ne fut pas ce qui retint mon attention. Mes yeux cherchaient un petit bout de terre sur lequel je pourrais tenter de dévier afin de ne pas m’échouer en mer, et surtout tuer Harold. Lorsque j’entendis sa voix, tout mon corps se tendit et, serrant mes ailes, je tentais de piquer avant de les déployer à seulement quelques mètre du point de non-retour : le niveau de l’eau. C’était un jeu auquel on s’adonnait souvent avec d’autres dragons depuis que les bipèdes nous avaient accepté, à Beurk, mais il n’était plus question de jeu ; bien de survie. Lors de mon plongeant, je vis une toute petite île sur laquelle j’avais déjà été. Elle n’était pas bien grande, mais ferait l’affaire pour l’état d’urgence que nous vivions. Nouvelle direction prise, je me rendis compte que j’allais devoir jouer de mes ailes pour arriver à mon but.
Un sentiment de satisfaction me remplit lorsque mes ailes se déployèrent et nous freinèrent, juste assez pour ne pas nous fracasser contre l’eau. La main du petit humain me caressa l’encolure tout en me complimentant, ce qui me fit pousser un petit grognement de contentement alors que nous nous dirigions vers ce petit bout de terre afin qu’il puisse réparer mon gouvernail. Une fois patte à terre, j’entendis Astrid et son dragon nous rejoindre, stressées. Harold la réconforta alors que Tempête se rapprocha de moi. J’observais le petit homme qui était en train de chercher un moyen de réparer les dégâts, me reposant par la même occasion, accompagné par la dragonne vipère, lorsque je vis les bateaux, au loin, se rapprocher. Je tapotais alors les côtes de mon petit bipède du bout de la queue pour attirer son attention avant de pointer le museau dans la direction des navires pour lui montrer ce qui était en train de se passer, tout en grognant méchamment. Ils allaient arriver, tout ce que j’espérais, c’était qu’Harold soit capable de reconstruire cette palme assez rapidement pour que nous puissions nous envoler à nouveau et nous mettre à l’abri d’une possible attaque ; ici nous étions faibles.
Je ne savais pas encore la signification de toute cette histoire à ce moment-là. Non, je n’étais au courant de rien. Après notre départ de Beurk pour aller explorer le monde, je ne pouvais pas savoir que des chasseurs étaient derrière toutes ces attaques et qu’ils n’attendaient que nous ne leur montrions un peu de faiblesse pour nous attaquer. Ils avaient dû entendre parler de Krokmou et de mon histoire. L’histoire que j’avais changée en apprivoisant le célèbre et probablement dernier furie nocturne. Alors, tout le monde voulait savoir si c’était vrai et il n’était pas rare que nous tombions sur des personnes mal intentionnées sur les côtes de Beurk. Mais si je m’étais attendu à avoir un tel accueil à notre retour, oh ça non. Je ne m’étais douté de rien. Nous n’avions jamais eu de contact avec l’extérieur et même dans les lettres de mon père avant la malédiction, je n’avais jamais rien su à propos de chasseurs de dragons. Nous avions l’habitude d’être réputé comme les autres peuples vikings de faire de même, mais ce n’était plus le cas depuis que j’avais eu Krokmou et que j’avais ouvert les yeux de mes semblables. Lors de notre retour officiel sur Beurk, je m’attendais évidemment à tout sauf à risquer de me faire tuer avec Astrid et nos dragons à nos côtés, bien sûr.
La chute ne dura que quelques instants, une infime fraction de seconde, voir même un laps de temps minuscule. Pourtant, ce fut assez pour nous déstabiliser et je vis Astrid galérer au loin et avoir le même réflexe que moi. Avec tout cela, je remarquai finalement que le gouvernail de mon fidèle compagnon avait été endommagé pendant cette embuscade. J’allai vers lui. Heureusement, j’en avais un de rechange ou si je n’en n’avais pas, j’en avais peut-être un dans mon sac. « Reste tranquille, mon vieux, je crois que j’ai ce qu’il nous faut. » Mais c’était une course contre la montre. L’île où nous avions atterri était à découvert. Nous ne pouvions donc pas rester dans les parages plus longtemps, surtout que l’on ignorait complètement ce qui nous attaquait et surtout pourquoi. Plusieurs navires étaient ennemis. Que s’était-il diable passé pendant notre absence? Est-ce que les journées répétées avaient rendu le monde complètement fou? Probablement mon père en se rendant compte qu’il avait été berné, mais quand même...
Je regardai aux alentours. Il ne nous restait que quelques mètres avant d’atteindre Beurk. Nous n’étions que deux. Astrid et moi, encore, contre le reste du monde. Alors, il nous fallait une bonne stratégie. Cherchant le gouvernail de rechange de Krokmou, je jetai un œil aux options qui s’offraient à nous. « Si on arrive à atteindre Beurk et à prévenir pour de l’aide, je crois qu’on pourra s’en sortir. Mais il faut que l’on de nous fasse diversion. » Je savais que notre meilleur élément de surprise serait moi et Krokmou, puisque nous étions rapides et qu’Astrid accepterait de nous couvrir. Après avoir fixé le gouvernail de Krokmou, je montai sur sa scelle avant de déclarer : « Alors, tu vas les distraire et je vais revenir te chercher avec de l’aide. » Et nous étions décollés du sol.
C’était comme ce jeu auquel je jouais de temps en temps, avec plus de vitesse, et Harold sur mon dos. Deux paramètres nouveaux qui pouvaient, en quelques secondes, tout faire capoter. Le petit humain était beau être « petit », il faisait tout de même son poids, tout comme les affaires qu’il avait décidé d’accrocher à mon harnais. A cette vitesse, une percussion avec l’eau était très dangereuse, pour ne pas dire mortelle. Je me souvenais encore de certaines blessures que je m’étais faites en voulant être trop aventurier et rien que de repenser à la douleur, ça me dressait les écailles ! Mon esprit voulait chercher Astrid et Tempête, mais je savais que si je détournais ne serait-ce qu’une seconde le regard, je pouvais nous mener aux tréfonds de la mer avec mon petit bipède qui ne s’en sortirait pas en vie à coup sûr.
Alors que nous étions arrivé sur l’île déserte, le petit humain se mit à chercher le gouvernail qui allait nous permettre de reprendre les airs. Je fus soulagé de comprendre qu’il avait prévu le coup, car sans cela, c’était une plongée directe dans les emmerdes ! Alors qu’il me demanda de rester tranquille, je pris mon mal en patience et ne bougeais plus. J’observais les navires qui nous faisaient face pour voir que certains se faisaient face, comme s’ils n’étaient pas tous du même côté. Qu’avait-il pu bien se passer pour que tous ces bateaux se retrouvent juste devant Beurk ? Est-ce que l’île que nous connaissions avait tant changé que cela ? Est-ce que le village que nous avions quitté était toujours debout ? Pleins de questions qui tournaient dans ma tête alors que le bipède venait d’accrocher l’outil qui me permettait de voler comme tous les autres dragons. Je le sentis reprendre sa place alors qu’il parla à Astrid, trop vite pour que je puisse comprendre tout ce qu’il avait prévu. La seule chose que je savais, c’était que je devais m’envoler au plus vite, ce que je fis sans attendre – et peut-être un peu trop vite au vu du petit cri que poussa le viking qui s’était accroché à mon harnais de justesse. Je fonçais dans les cieux pour pouvoir mieux voir ce qu’il se tramait avant de voir que nous n’étions pas les seuls à voler, d’autres dragons volaient autour de ce champ de bataille. J’attendais de voir ce que mon petit humain allait me demander de faire, continuant de foncer le plus rapidement possible vers Beurk.
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Dim 21 Oct - 17:28
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