Une nouvelle journée de travail qui commence par un coup de téléphone de l’hôpital. J’ai une patiente à moi qui a fait une chute et s’est cassée deux incisives. Elle ne veut que moi pour l’aider à retrouver un beau sourire. Ayant plusieurs contusions et je ne sais quoi, elle ne peut pas quitter l’hôpital pour le moment. Je dois donc m’y rendre. J’annule mes rendez-vous de la journée et prends tout ce dont j’aurais besoin même si l’hôpital a tout ce qu’il faut. J’ai l’habitude de travailler avec certains outils. Je n’aime pas annuler mes rendez-vous mais comme il s’agit d’une jeune fille je préfère agir rapidement pour l’aider à guérir au plus vite. Elle a besoin d’un beau sourire. Heureusement que ce n’était encore que des dents de lait.

J’arrive rapidement à l’hôpital, je fais une halte dans la petite boutique pour lui prendre une peluche de lapin. Il est presque aussi mignon que mon cher ami le lapin de Pâques lorsqu’il était devenu tout petit… Ah… Quel souvenir. Mais bon ce n’est pas le moment d’y penser. Je me retrouve bien vite devant la chambre de Sandra.

- Bien le bonjour jeune fille. Je t’ai apporté un petit copain pour te tenir compagnie. Il s’appelle Bunny ; il a un mauvais caractère mais avec un cœur tendre. Tu vas l’adorer.

- Merci madame le docteur il est trop mignon !

- Alors comme ça tu es tombée et tu t’es cassé des dents ?

- Oui mais je les ai récupéré pour la fée des dents ! Je vais les mettre sous l’oreiller.

Je lui souris. Il faudra que je demande à une infirmière de me les récupérer et de lui glisser sous l’oreiller une petite pièce à la place. Je ne peux plus le faire moi-même depuis que j’ai perdu la quasi-totalité de mes pouvoirs et surtout depuis que j’ai perdu mes mini fées mais il faut continuer à faire vivre la magie dans le cœur des enfants.

Je m’occupe de cette petite princesse en retirant les morceaux de dents qui étaient restés dans la gencive après lui avoir mis un petit masque sur le nez avec du gaz hilarant. Pendant que je ne m’occupais pas de ses dents elle a dit plein de bêtises qui nous ont bien fait rigoler. Une fois les soins finis je lui dis au revoir et je m’éclipse de la chambre. J’informe l’infirmière qu’il faut qu’elle me donne les petits morceaux de dents et qu’elle dépose à la place un petit quelque chose. L’infirmière sourit et me confirme que ce sera fait lorsque la jeune Sandra se sera endormie.

J’ai passé environ une heure à l’hôpital. Au final je n’aurais pas dû annuler tous mes rendez-vous mais ce n’est pas grave. Je peux passer le reste de la journée à chercher mes amis les légendes. Tout en pensant à cela j’aperçois au loin quelqu’un qui me dit quelque chose. Ne me dites pas que c’est… Mais oui on dirait…

- Morgane ? C’est bien toi ?

Je m’approche à pas rapide de Maléfique. Je n’ai que rarement employé ce nom lorsque nous étions en contact. Je n’ai jamais apprécié les moqueries sur son apparence. Que cela est étrange de la voir dans cet hôpital ! Je savais qu’elle était là, j’en ai entendu parler en de mauvais termes ; j’ai appris pour son coup d’éclat, mais je ne l’avais jamais croisé. Je suis heureuse de la voir malgré tout ce qui a été dit sur elle. Je l’ai toujours apprécié même s’il est vrai que je n’ai pas toujours compris ses choix surtout ces derniers temps.

Je pensais que prendre le pouvoir sur Regina serait plus amusant. Que mon ancienne élève tenterait de se battre mais il n’en fut rien. Elle ne broncha pas, ne tenta pas de démontrer sa pseudo puissance et avait choisi de se marier et de mettre au monde ses gamins dans notre monde originel. Autant l’avouer, elle me décevait plus que jamais. Elle s’était dégonflée. J’avais suivi de loin son mariage et la mise au monde des jumeaux avant d’arrêter de l’espionner. Finalement Rumple avait raison, elle n’avait pas l’étoffe d’une puissante sorcière. Son cœur l’affaiblissait et pour plaire à son fils adoptif elle avait choisi d’abandonner la magie noire. Enfin, chacun voit midi derrière sa porte, un jour elle comprendra que les méchants des histoires n’avaient pas le droit à une fin heureuse et une fois de plus elle allait pleurer et ramper vers les plus puissants pour se venger.

Arpentant les couloirs de mon hôpital, je vérifiais que tout se dérouler selon mes règles. Fitz me manquait, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu, mais en un sens c’était sans doute mieux. Ainsi je n’étais pas obligée de lutter contre mes sentiments, depuis que j’avais retrouvé mon cœur. J’avais décidé de lui donner, pour qu’il le garde dans un endroit où personne ne pourrait le trouver, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de lui demander, à défaut mon organe vital était resté dans ma poitrine. Je l’avais protégé d’une quelconque extraction, mais je voulais quand même m’en séparer dans l’optique d’un prochain combat. Alors que j’allais m’en aller dans mon bureau j’entendais quelqu’un m’appeler par mon prénom de naissance. Si au départ j’avais cru que ce n’était pas à moi que la demoiselle s’adressait, je me rendais à l’évidence en la voyant marcher vers moi avec un sourire serein et sincère sur les lèvres.

« Vous devez vous trompez, je ne m’appelle pas Morgane »

Lâchais-je en lui passant à côté tout en montant les escaliers tout en essayant de me souvenir de son visage. C’était forcément une femme qui m’avait connu lorsque j’étais enfant ou avant que je ne perde Modred. Seulement, je n’arrivais pas à savoir qui elle était. J’allais pouvoir remonter dans le passé pour découvrir cela, une fois devant la porte de mon bureau je l’entendais respirer et je soupirais :

« Ne me dites pas que vous êtes sourde ? Je ne suis pas Morgane, d’ailleurs je ne sais pas d’où vous venez mais tout le monde sait que je suis Maléfique. Je vous prierais donc de bien vouloir retourner à votre loisir dans les plus brefs délais, à défaut, je m’occuperais de vous sortir moi-même mais il ne faudra pas vous plaindre de l’art et la manière de faire. »

Je suis vraiment surprise de croiser Morgane ici. Je ne m'y attendais vraiment pas mais cela me fait plaisir. Je me demande ce qu'elle est devenue depuis qu'elle est partie de la forêt enchantée. Je me demande si on pourra rattraper le temps qu'on a perdu même si je sais qu'elle a pas mal changé depuis.

Je m'arrête net lorsqu'elle me dit qu'elle ne s'appelle pas Morgane. Je la regarde surprise. Je suis sûre que je ne me trompe pas. A-t-elle peur que je sois une ennemie ? Pourtant je ne montre aucun signe d'agressivité ou de méchanceté. Elle continue même son chemin. Mais cette fois-ci je ne lâche pas l'affaire. Je suis un peu trop heureuse de retrouver une fée de mon passé. Je la suis donc dans les escaliers mais un peu trop rapidement je pense car je trébuche et me retrouve à faire une pirouette sur moi-même. Heureusement que j'étais au début des marches parce que j'aurais pu me faire très mal. Je me redresse et reprend ma montée des marches mais un peu plus lentement cette fois-ci pour éviter de chuter à nouveau et surtout je regarde un peu plus où je mets les pieds en me tenant à la rampe. Je fini par arrêter ma petite course poursuite lorsque Morgane s'arrête devant la porte d'un bureau.


Elle m'annonce alors qu'elle n'est pas Morgane mais qu'elle se prénomme Maléfique. Je le sais mais j'ai du mal à l'appeler comme cela. J'ai toujours en moi l'image d'elle de lorsqu'on se connaissait bien. Elle n'est pas très aimable... Mais je n'en tiens pas rigueur. Elle ne m'a tout simplement pas reconnue, je l'a comprend donc.

- Désolée mais je n'ai jamais aimé t'appeler comme cela. Je suis la fée des dents, Toothiana... Nous avons vécu dans la forêt enchantée il y a très longtemps...

J'espère qu'elle va me croire sur parole car je sais bien que j'ai beaucoup changé... Je n'ai plus mes jolies plumes vertes... Notre apparence a énormément changé en arrivant dans cette ville.... Je sens la mélancolie repointer le bout de son nez... Mon plumage et mes ailes me manquent énormément... La forêt enchantée également mais ma vie en tant que Légendes aussi... C'est pour cela que je suis si contente de recroiser Morgane... Cela pourrait être l'occasion de nous souvenir ensemble de notre vie passée... Faire revivre les souvenirs si beau...

Je m'éloigne malgré tout de quelques pas car je ne sais pas comment elle va réagir. Ici elle a une bien mauvaise réputation et je ne voudrais pas qu'elle me vire d'ici sans ménagement...

Face à cette femme qui connaissait mon véritable prénom, je me montrais telle que j’étais désormais : infâme. Cette demoiselle me tenait tête et une part de moi trouvait cela audacieux et assez courageux. Qu’importe qui elle était, elle ne pouvait pas me battre. J’étais le dragon, rien ne pouvait me détruire, rien qui ne soit pas issus des divinités en tout cas. Quand elle se refusa à m’appeler ainsi, je la fusillais du regard.

« Je ne t’ai pas demandé si tu voulais m’appeler ainsi, c’est mon nom, Morgane est morte. Je suis Maléfique que tu sois d’accord m’importe peu Toothiana ! »

Naturellement je me souvenais de cette fée. Elle était gentille avec moi. Elle m’avait toujours soutenue dans la tyrannie que les autres fées avaient envers moi. Enfant, elle avait été un appui solide et une source de réconfort. Cependant, j’étais plus forte que toutes ses fées, même toutes réunies contre moi elles n’auraient pas pu éteindre le feu du dragon en moi. Je la voyais reculer de quelques pas et je levais la main en faisant un arc de cercle précis qui l’enveloppa d’une fumée violette. Une fois qu’elle eut retrouvé sa forme de fée, je la regardais et m’avançais vers elle :

« Tu n’as pas changé, mais moi oui. Je suppose que tu en a entendu parler ? »

D’un autre geste de main je lui redonnais forme humaine, la préservant de la fragilité des fées et du regard des autres humains perfide de cette ville.

« Je n’ai pas honte de celle que je suis devenue, je n’ai jamais été une fée. Je n’ai jamais été humaine. Désormais je ne cherche plus à appartenir au moindre monde, j’œuvre pour moi et en mon âme et conscience. Si t’as venue est faites pour essayer de me changer, tu peux repartir parce que ça sera vain. »

Marquant une pause je m’avançais vers elle tout en ajoutant :

« Après si tu dois être aider pour oublier mon existence tu as qu’à demander Toothiana et je t’efface la mémoire mais avant répond à cette question : Qu’est-ce que tu me veux réellement ? »

La femme devant moi n 'est plus celle que j'ai connu mais celle que tout le monde décrit : une femme ignoble. J'ai commis l'erreur de l'appeler par son ancien prénom et elle me le renvoie dans la face. Je ne cherchais pourtant pas à la provoquer ou je ne sais quoi. C'est juste que moi je l'ai toujours appelé Morgane et non pas Maléfique. Et ce n'est pas parce que cette partie d'elle est morte que ce n'est pas son nom mais bon je ne dirais rien là dessus... Elle est et restera toujours pour moi Morgane avec sa nouvelle personnalité Maléfique. Elle est les deux. Je préfère, suite à sa réflexion, adoucir la situation.

-Désolée Maléfique je ne t'appellerai plus par ton ancien prénom.

Mais sa colère n'a pas l'air de se calmer. Elle m'enveloppe d'une fumée violette. Elle a toujours de puissants pouvoirs même ici. C'est impressionnant. Et soudain... Oh mon dieu ! Je suis de nouveau telle que j'étais dans le passé! J'ai retrouvé ma forme ! J'ai mes plumes et mes ailes ! Je me retiens de voler, j'essaie de contenir ma joie. Quel bonheur d'être enfin le vrai moi.

-Oui, j'ai entendu parler de ton changement, tu es devenue encore plus puissante et la plupart des gens ont peur de toi.

Surtout lorsqu'elle est en dragon. J'ai entendu parler des histoires la concernant, de sa puissance qui fait fuir les gens. Ne sachant pas encore comment me comporter face à elle je ne rajoute rien de plus et puis le cadeau qu'elle m'a fait se dissipe... Je redeviens la pauvre humain sans pouvoir... Je pousse un soupir de chagrin... J'aurais aimé rester avec mon apparence d'oiseau... Cela me manque tellement... Ne plus voler, ne plus créer mes petites fées...

Je baisse les yeux et continue d'écouter Maléfique. Elle pense que je veux la changer... Mais non... Certainement pas. J'ai toujours apprécié que les gens se montrent tels qu'ils sont réellement, les gentils et les méchants. Elle est devenue Le Dragon suite aux mauvaises actions des autres fées et c'est dommage mais c'est la vie... Il faut juste qu'elle se rende compte qu'il y a encore du bon en elle... Tout n'est pas noir ou blanc... Et je ne sais pas si elle le sait.

-Je ne suis pas là pour te changer. J'étais juste contente de te croiser et je voulais voir comment tu allais, reprendre contact... Jamais je ne me permettrais de changer qui que ce soit. Si tu aimes qui tu es c'est le principal non?

Elle pense que je veux l'oublier? J'ai donné cette impression là? Moi qui était contente de la voir je regrette un peu. Je n'aurais peut être pas dû l'approcher au final... Je ne pensais pas à mal. Je suis peut être bien trop gentille ou trop naïve... J'ai cru que nos retrouvailles seraient plutôt joyeuses...

-Je veux juste reprendre contact avec toi, savoir ce que tu es devenue sans prendre en compte les histoires que j'ai entendu sur toi. Je voulais ta version des choses... Peut être pas redevenir amies mais être en bon terme. Enfin tu vois quoi... Je ne t'ai jamais oublié et je n'ai pas envie de t'effacer de ma mémoire... Je ne suis pas ton ennemie Maléfique et je n'ai pas envie de le devenir qu'importe la situation actuelle dans la ville.

J'espère qu'elle va me croire car je suis sincère.

« Ils ont bien raison d’avoir peur de moi »

Répondais-je avec un sourire aussi maléfique que mon prénom. Apporter la crainte chez autrui me plaisait, car cela signifier que plus jamais on ne tenterait de se poster face à moi. Je lui donnais cette forme de fée qu’elle avait eu durant toute sa vie pour lui prouver à quel point j’étais puissante. La magie de cette ville était faible, certes, mais je restais la même. Le feu éternel qui brulait en moi ne pouvait être éteint. Après quelques minutes sous sa forme originelle je la laissais redevenir une humaine et immédiatement je remarquais la tristesse dans ses yeux. Elle préférait donc être une fée qu’être une humaine. C’était bon à savoir et en même temps ça forgeait mon respect. Sous sa forme de fée elle était vulnérable, plus qu’en était humaine. Malgré mon animosité à son encore, elle persistait à rester comme elle avait toujours été. Toothiana concluait que si j’étais heureuse comme j’étais actuellement alors elle n’avait pas de raison de tenter de me changer. Soit, heureuse ? l’avais-je étais ? Non, durant toute ma vie la moindre once de bonheur que je pouvais ressentir m’avait été retiré et d’après ma mère c’était parce que j’étais différente et que je vivais avec les humains. Un jour peut-être que les portes de l’Olympe s’ouvriront devant moi ?

« J’ai tué la reine des fées et tu ne souhaites même pas tenter de m’insurger pour cela ? »

Demandais-je légèrement ébahie. Elle était une fée donc par définition mon crime avait dû la choquer, il n’y avait qu’une seule fée qui avait profiter de cet acte pour servir ses intérêts et c’était Blue . D’ailleurs Blue était certainement la seule fée capable de me défier et de rendre le combat un tantinet intéressant.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu veux devenir mon amie alors que je n’apporte que destruction et désolation ? »

Demandais-je en la laissant entrer dans mon bureau. Je n’étais plus agressive. Je ne savais pas quoi penser de cela.

Je n'arrive pas à savoir si elle est sincère ou non. Je sais qu'elle n'est pas maléfique avec tout le monde, je suis persuadée que tout le monde n'a pas à avoir peur d'elle... Mais je me tairais sur ce sujet. Je n'ai pas envie de l'énerver encore plus, je ne suis pas ici pour cela... Mais je ne peux laisser échapper malgré moi une petite réflexion.

-Tu n'es pas une personne sans cœur Maléfique... Je ne pense pas qu'on soit tous obligé d'avoir peur de toi... Tu n'es pas... Insensible.

Ce n'est pas le mot que je voulais utiliser. J'allais dire qu'elle n'est pas un monstre sans cœur. Je suis sûre qu'il y a des gens autour d'elle, des gens pour qui elle compte. Personne n'est totalement seul...

Elle revient soudain sur un sujet auquel je ne m'attendais pas du tout. La mort de la reine des fées. J'ai l'impression qu'elle veut que je dise que je l'aime pas, que je la hais. Mais ce n'est pas le cas. Oui je lui en veux d'avoir tué notre reine, comment accepter un tel geste ? Mais qui suis-je pour juger ? Enfin oui je suis tout à fait contre ce qu'elle a fait et oui cela me met mal à l'aise et me pousse à me méfier mais je ne sais peut-être pas tout. Je ne sais pas véritablement pourquoi elle a fait cela.J'ai compris qu'elle voulait nous quitter mais que la reine était contre. Je n'en sais pas plus... J'ai voulu la tuer à l'époque mais de l'eau a coulé sous les ponts depuis... Je ne suis pas quelqu'un qui a de la rancœur à vie envers quelqu'un. Je sais passer à autre chose et donc je sais aussi moins au vouloir aux gens. Surtout que cela fait vraiment longtemps.... C'était il y a des siècles cette histoire...

-Je t'en ai voulu à mort. Je n'ai jamais compris réellement ce qui s'est passé... J'ai eu envie de te tuer même si cela n'est pas dans ma nature mais à quoi bon ? La vengeance n'apporte rien de bon... Je t'ai détesté, je t'en ai voulu mais une partie de moi à toujours cherché à comprendre pourquoi tu avais fait cela. Et puis le temps est passé et maintenant je ne t'en veux plus. A quoi cela pourrait servir ? La rancoeur est néfaste à mes yeux.

Je n'avais jamais repensé à cet instant... C'est vrai que cela nous a toutes chamboulées mais la vie a continué... La routine est revenue, la vie a repris son cours mais sans notre reine. Morgane, enfin Maléfique, veut ensuite savoir pourquoi je veux devenir son amie. Selon elle, elle n'apporte que des choses négatives. Mais je n'y crois pas.

-Tu es sûre de n'apporter que ce genre de chose ? Regarde, tu travailles dans un hôpital, est-ce quelque chose de négatif ? Il me semble que tu te rends utile ici donc c'est quelque chose de bien. Cette conversation me semble plutôt amicale et respectable également. Donc tu n'es pas que destruction et désolation. Il ne faut pas croire que tout est noir ou blanc. Il y a des nuances de gris également... Je veux être ton amie car il fut un temps je t'aimais beaucoup et aujourd'hui tu es quelqu'un de nouveau que j'ai envie de connaître. Peut-être que ce n'est pas une raison valable à tes yeux. Je sais juste qu'autrefois je t'admirais, je t'adorais et en souvenir de cela j'ai voulu revenir vers toi...

C'est difficile d'expliquer à quelqu'un pourquoi on veut devenir son amie. Surtout que là je me sens un peu égoïste. Depuis ma dispute avec Jack je suis légèrement nostalgique de ma vie avant la malédiction. J'ai envie de me rappeler de bons souvenirs, de me rappeler que je ne suis pas seulement une Légende et encore plus maintenant, que je ne suis qu'une dentiste lambda... Ma vie d'avant me manque, mes anciens amis me manquent alors quand j'ai vu Maléfique je me suis juste lancée... C'était l'occasion parfaite.

Je rentre dans le bureau et reste debout, ne sachant pas si je peux m'installer ou si elle va me demander de partir rapidement.

Comme à son habitude Carrie pariait sur le fait que j’avais un cœur. Elle avait raison certaine personne m’aimaient, mais elles étaient rares et je les cachais du mieux que je pouvais. Je ne voulais plus prendre le risque de perdre une personne que j’aimais à cause de ce que j’étais. C’était sans doute le prix à payer de tout être immortelle.

« En es-tu réellement sûr ? Si je mets ma main dans ma poitrine est-ce que je trouverais un cœur ? Sera-t-il noire ou rouge ? »

Demandais-je, avec un léger sourire tout en connaissant d’ores et déjà la réponse. Mon cœur je l’avais retrouvé, mais je l’avais également caché dans mon monde des rêves. Ce monde où j’étais la grande souveraine, ce monde où il n’y avait que ma mère qui pouvait aller et venir sans que je n’y sois pour rien. Alors en sommes, je n’avais plus de cœur dans ma poitrine. Plus jamais je ne permettrais à personne de me le dérober pour faire de moi sa marionnette. Regina avait réussi et c’était la première et la dernière. Consciente que la présence de Toothiana pouvait remettre en question de nombreuses décisions que j’avais prise. Aussi j’essayais de la faire fuir en parlant du crime qui avait marqué la vie de l’ensemble des fées de notre monde. Tuer la reine des fées avait marqué le commencement d’une vie de noirceur, mais jamais je ne l’avais regretté. Cette femme était faible, elle se pensait puissante alors que la simple idée de faire la guerre la pétrifié d’effroi. Comme je m’en doutais, Toothianna malgré l’amitié qu’elle me portait m’en avait voulu à mort et comme un grand nombre de ses congénères avaient nourri l’espoir de me tuer. Une douce utopie, mais ses mots me firent sourire. Ça aurait été amusant de les voir essayer mais qu’importe. Malgré tout, elle m’apprit qu’elle avait tourné le dos à la rancune qu’elle trouvait néfaste. Fronçant les sourcils, je sentais une légère grimace étirer mon visage :

« Comment as-tu fait ? »

La réponse m’intéressait-elle vraiment ? Je n’en savais rien. Parfois j’avais envie de me séparer de ma haine, mais je ne m’en sentais pas capable. Dès que cette idée me guettait la douleur dans mon dos me rappelait à l’ordre. Mes ailes, et la douleur due à leur ablation me rappelaient combien les humains et en particulier les hommes avaient été sans cœur avec moi. Quand cela arrivait, mes désirs de vengeances renaissaient et toutes ses futiles espérances prenaient fin aussi rapidement qu’elles n’étaient arrivées.

Face à sa remarque sur le fait que ma place à la direction de cet hôpital prouvait le fait que je n’étais pas néfaste me fit rire. Elle croyait réellement en ce qu’elle disait ? Si j’étais ici c’était seulement pour instruire un climat de peur et de tuer ou torturer toutes personnes ayant un lien direct ou indirect avec mon malheur.

« Toothiana, je t’en prie cesse donc de me trouver plus de qualité que je n’en ai, si je suis à cette place ce n’est pas pour ses putrides humains ! »

Lâchais-je tout en entrant dans mon bureau pour regarder au travers de la vitre de verre qui dominaient l’hôpital. Je regardais la merveilleuse fourmilière humaine qui se mouvaient sous nos yeux et je demandais ;

« Regarde donc cela ! Avec cette vue les humains sont ce qu’ils ont toujours été à mes yeux ; de vulgaires insectes, si fragiles, si cupides, de merveilleux pions. »

Laissant échapper un soupir, je caressais mes cornes du bout des doigts.

« Tu m’admirais ? Pourquoi ? J’étais la bête de foire des fées, ni humaines, ni fées, La seule chose d’admirable e moi c’était mes ailes. »

Oui mes ailes, elles avaient toujours fait deux fois ma taille et étaient d’un noir corbeau magnifique qui s’illuminaient sous les rayons du soleil. Je me souvenais de leur douceur, de leur puissance, de leur prestance. Je me souvenais de tout.

Sa phrase me surprend énormément. Est-ce possible qu'elle ait retiré son cœur ? Pourquoi faire cela ? Pour ne pas souffrir ? Pour se protéger ? Je n'ai jamais compris pourquoi cacher son cœur ailleurs que dans sa poitrine. C'est aussi montrer en quelque sorte que l'on a peur de le perdre et donc qu'on n'est pas aussi redoutable que ce que l'on prétend. Du moins c'est ce que je pense. Je me trompe peut être. Je n'ai jamais été tentée de cacher loin mon cœur mais c'est probablement parce qu'à part Pitch je n'ai pas de grand ennemi. Cela m'intrigue maintenant de savoir si elle a caché son cœur... Si rien ne bat dans sa poitrine. Et pour la couleur de son cœur je suis persuadée qu'il est noir mais qu'il reste des parties rouge... Du moins c'est ce que j'aime à croire.

-Je suis persuadée que ton cœur est noir mais qui lui reste des parties rouges. Quant à savoir si tu as gardé ton cœur ou si tu l'as rangé dans une boite je ne sais pas. Mais cela me surprendrait... Sérieusement t'as plus ton cœur ? Tu l'as caché parce que tu as peur qu'on ne te le prennes pour l'écraser ou je ne sais quoi ? N'est-ce pas plus dangereux de le mettre dans un autre endroit que dans ta poitrine ?

J'ai posé ces questions machinalement, avec un air totalement étonné. Je n'ai pas pu les retenir, sûrement à cause de ma curiosité mal placée. Et surtout parce que je n'ai jamais croisé quelqu'un qui n'avait pas son cœur sur soi. Enfin il me semble. Je me demande si cela fait quelque chose à la personnalité de la personne. Mais bon je ne suis pas ici pour faire une interview de quelqu'un qui n'a pas de cœur. Et puis c'est sans doute un sujet dont elle ne veut pas parler, ce que je peux comprendre parfaitement. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas d'avoir été curieuse comme cela... C'est dans ma nature je n'y peux rien. Je fais d'ailleurs une petine grimace pour montrer que je sais que j'ai été un peu trop curieuse.


On en vient ensuite au sujet de la reine des fées. Maléfique a l'air surprise que j'ai pu passer à autre chose. Elle me demande d'ailleurs comment j'ai pu faire cela. C'est une question qui me prend de court. Comment j'ai fait ? J'essaie de faire remonter les souvenirs pour ne pas lui dire de bêtise. Ma réponse pourrait peut-être l'aider à avancer ou à comprendre que je suis sincère avec elle.

-Comment j'ai fait ? Et bien je savais que je ne pourrais pas me venger, je ne faisais pas le poids contre toi et je ne le ferais sans doute probablement jamais. Et puis même si cela avait été le contraire je t'aurais tué et ensuite quoi ? J'aurais eu sur les mains le sang d'une ancienne amie, j'aurais du vivre avec ce souvenir à jamais et j'aurais noirci mon cœur. Je suis la fée des dents, je m'occupe des souvenirs d'enfants... Comment aurais-je pu continuer à vivre normalement par la suite ? Cela ne m'aurait apporté rien de bon. Alors je me suis concentrée sur ma vie courante, sur tout ce que je faisais avant que tu ne tues la reine. J'ai continué ma vie en essayant de ne penser qu'aux belles choses, en revivant le souvenir des enfants qui perdaient leurs dents. Et cela a retiré de ma tête l'horrible meurtre...

Et c'est vrai. Penser aux autres, les aider à garder leurs souvenirs.... Cela m'a énormément aidé. En fait je crois que la véritable réponse que j'aurais du lui donner est : aider les autres m'a aidé à tourner la page. Oui c'est totalement cela.

Puis elle reprend son petit côté méchant. Elle trouve que les humains sont inutiles, de vulgaires insectes... Mais je ne suis pas d'accord... Pour moi ils sont importants... C'est grâce à eux que je vie....

- Pour moi ils sont importants... Sans les rires des enfants, sans leur croyance je ne serais pas ici... J'aurais tout simplement disparue... Les enfants doivent croire en moi pour que je reste vivante...

Et puis elle me demande ensuite pourquoi je l'admirais. Je souris en la regardant mais je perds bien vite mon sourire lorsqu'elle parle de ses ailes... J'ai appris ce qui s'est passé et c'est horrible...

- Je t'admirais parce que tu savais ce que tu voulais, tu étais puissante, tu osais les choses, tu n'obéissais pas. Tu étais une petite rebelle alors que je n'étais rien qu'une fée parmi les autres... Tu étais différente des autres. Et il est vrai que tu avais des ailes magnifiques... J'ai été si peinée lorsque j'ai appris ce qu'on t'a fait... Un acte ignoble....

L’optimisme de Carrie état un syndrome typique chez les fées. Elle croyait encore en la possibilité d’une once de bonté chez moi. Certes, j’avais su faire preuve de clémence et d’amour notamment envers mon Krokmou. Ce fils de substitution qui me faisait oublier à quel point la vie avait été cruelle en m’arrachant mes deux enfants à deux reprises. Krokmou, je l’avais sauvé puis caché, mais je l’aimais comme une mère. Pour lui oui, je serais prête à donner ma vie, bien que cela soit impossible.

« Explique-moi à quoi est-ce que ça m’aurait servi de le garder ? »

Répondais-je à Carrie avec un sourire malsain. Garder mon cœur, oui aussi choquant soit-il je n’en voulais pas, pas depuis que Regina s’en était servi pour faire de moi le dragon gardien de la magie de Storybrooke. L’absence de mon cœur ne m’empêchait pas de ressentir des émotions, bon en effet je les ressentais avec moins d’intensité, mais c’était une bonne chose finalement, ainsi je n’avais pas souffert de voir Perceval partir avec miss Bennet pour filer le grand amour, et l’absence de mon fils de cœur avait été moins intense.

« Bien au contraire Toothiana, avoir son cœur dans sa poitrine rend une personne beaucoup plus vulnérable parce qu’il peut lui être retiré. Une fois extrait de la poitrine de son propriétaire, la personne qui le possède peux faire ce qu’il désire avec l’organe et soustrait son propriétaire à sa volonté. Naturellement, si tu choisi de ne plus avoir ton cœur dans la poitrine il ne faut pas le cacher sous les planches de ton plancher. »

Laissant échapper un léger rire, je regardais celle qui fut jadis mon amie avant de lui donner la meilleure raison que j’avais de me détester. Le meurtre que j’avais commis sur sa reine. Une technique que je pensais infaillible pour la faire disparaitre, mais il n’en fut rien au contraire elle m’apprit qu’elle m’avait pardonné. Aussitôt je lui demandais comment est-ce qu’il avait fait. Oui jusque-là c’était certain qu’elle ne pourrait pas me tuer. Elle n’était clairement pas assez puissante, en un claquement de doigt je pourrais la réduire à l’état d’insecte pour l’écraser.

« Tu es vraiment une fée digne de ce nom »

Concluais-je, sans le moindre sarcasme avant de me retourner vers la fourmilière géante qui se démenait pour sauver la vie des leurs sous mes yeux. Un jour je ferais cramer ce lieu. Ou peut-être que je les endormirais tous, je n’en savais rien encore. Sans grande surprise Toothiana aimait les humains et en particuliers les enfants. Comment le lui reprocher ? Elle ramassait leur dent. Préférant ne pas relever, je gardais mon regard sur eux tout en lui demandant pourquoi est-ce qu’elle m’admirait et sa réponse me fit sourire.

« L’acte d’un humain vaniteux auquel j’ai eu la faiblesse de faire confiance »

Et d’aimer, pensais-je avec amertume avant de faire craquer mes omoplates, un toc qui m’était restée de cette vie durant laquelle j’avais eu mes ailes. C’était le geste que je faisais pour les déplier et désormais il ne représentait plus rien.

« Mais grâce à lui le dragon est né et autant te dire que sous ma forme draconienne j’en impose vraiment »

Souriant amèrement, je croisais les bras sur ma poitrine avant de m’adosser a la vitre pour demander :

Dis-moi j’ai rêvé où ta forme féérique te manque ? »