Il y a longtemps, dans le Royaume de Maurice.

Quand j’étais plus jeune, nous passions une semaine par printemps chez Sir Maurice, un ami de très loin de mon père, le Roi William. A chaque printemps, j’étais heureuse de me rendre là-bas parce que je savais que j’y verrais Belle, la fille de Maurice qui même si elle demeurait un peu plus âgée que moi était rapidement devenue une véritable amie. Je pouvais me confier sans problème à elle, c’est comme si elle me comprenait véritablement. Puis, elle m’avait fait découvrir l’amour de la lecture et ça, je ne l’en remercierais jamais assez. Puis il s’est passé au moins cinq ans avant que mon père ne m’annonce qu’on partait à nouveau dans la royaume de Maurice.

Dans le carrosse, je m’amusais à jouer avec le médaillon que je portais autour du cou. Un médaillon offert par Arthur lors de mon premier anniversaire, un médaillon qui ne quittait finalement jamais mon cou. Le regard rivé vers le paysage, je pose mon regard sur mon père quand il prend la parole pour me demander d’arranger ma chevelure blonde, légèrement cachée sous la capuche de ma cape.

« Arrange ta chevelure Odette. »

Je lève le regard vers mon père et lui souris avant de passer une main dans mes longs cheveux blonds. Pendant le voyage en bateau, je m’étais amusée à calculer combien de temps était passé depuis notre dernière visite au sein du royaume de Maurice. Cela commençait véritablement à remonter, je devais avoir une douzaine d’années et à présent j’en avais seize. Belle devait être un peu plus âgée que moi. Mais très certainement pas de beaucoup. Le carrosse s’arrête et le valet ouvre les portes. Il m’aide à descendre avant que je ne sois rejointe par mon père.

Mon médaillon autour du cou, j’avance en compagnie de mon père jusqu’aux portes du château avant de faire face à Maurice. Il avait pris quelques années, tout comme mon père mais je le reconnaissais plutôt bien. Il serra la main de mon père et s’approcha de moi. Lui faisant une révérence, je me relève et lui souris.

« Je suis heureuse de vous revoir Maurice. » déclarais-je avec ma voix fluette.

Nous entrâmes à l’intérieur des lieux alors qu’une domestique m’ôtait de ma cape et faisait de même avec mon père. Je balayais les lieux du regard, toujours aussi émerveillée que la dernière fois. Mon père me sourit.

« C’est bien différent de chez nous, n’est-ce-pas ? » « Oh oui, mais je trouve les lieux magnifiques. »

Maurice se tourne vers moi.

« Odette, tu peux aller retrouver Belle dans la bibliothèque. Elle a dû se perdre dans ses livres. »

Je lui souris et me dirige vers la bibliothèque après qu’il m’ait montré le chemin avant de frapper à la porte. N’entendant personne, j’entre et après quelques pas, je pose mon regard sur une jeune femme de dos.

« Bonjour Belle. » lui dis-je avec un sourire.

Il y a longtemps, dans le Royaume de Maurice.

Mon père m’avait annoncé qu’Odette et son père venaient nous rendre visite. Cette annonce me faisait sourire car je ne les avais pas vu depuis au moins cinq ans. Pourtant, avant ça, on se voyait tous les ans mais disons qu’avec mon père, nous avions connu des années un peu difficiles. Ma mère était morte, le peuple allait mal pour différentes raisons. Autant dire que ce n’était pas la grande joie. Mais les choses avaient fini par se tasser et la vie avait doucement reprit son cours. Heureusement d’ailleurs, car j’avais vraiment besoin de me changer les idées.

Comme je le faisais d’habitude, je prenais le soin de me préparer en avance et je me rendais ensuite dans la bibliothèque. J’aimais cet endroit plus que n’importe quel autre. Je devais la passion de la lecture à ma mère et à chaque fois que je me rendais dans cet endroit, j’avais l’impression de sentir sa présence. J’y passais tellement de temps, qu’il m’arrivait parfois de m’y endormir. Pour ma plus grande joie, mon père m’avait fait venir des nouveaux livres. Alors je donnais ce que je ne lisais pas aux villageois. Eux aussi avaient droit à une bibliothèque et à s’évader comme j’avais la chance de le faire.

Une fois par semaine, je me rendais au village et je faisais la lecture aux enfants. Je savais très bien que ce n’était pas vraiment digne d’une Princesse de faire ça, mais mon père me laissait faire car il savait que ma mère était fière de moi de là haut. La lecture était une chose vraiment importante dans la vie de tous les jours. Et j’aimais plus que tout voir les regards émerveillés des enfants quand je leur lisais des histoires. Odette n’allait pas tarder à arriver avec son père et j’avais vraiment hâte de la revoir. Je la considérais vraiment comme la pette sœur que je n’avais jamais eue. J’étais plongée dans la lecture, lorsque la voix de la jeune femme se fit entendre. Je fermais mon livre en prenant soin de marquer ma page et je le posais sur la table qui se trouvait côté de mon fauteuil. Je me levais et je la prenais dans mes bras.

« Odette ! Je suis tellement contente de te voir ! Tu as fait bon voyage au moins ? »

Je reculais pour la prendre par la main et je la faisais asseoir dans le fauteuil juste à côté du mien.

Il y a longtemps, dans le Royaume de Maurice.

J’étais tellement heureuse de voir Belle, cela faisait plusieurs années maintenant et il était clair que le temps me paraissait bien plus long en grandissant. Mais à présent, me voilà ici, à ses côtés. Entrant dans la bibliothèque, je ne tarde pas à poser mon regard sur elle et réponds avec grand plaisir à son étreinte avant de la suivre jusqu’au fauteuil sur lequel je m’installe tandis qu’elle prend place sur le second. Je lui souris avant de reprendre la parole alors qu’elle me demande si nous avons fait bon voyage.

« Oui, le voyage a été agréable, il est vrai que je n’aime pas trop prendre le bateau mais ça m’a paru beaucoup moins long que par le passé, c’est peut être parce que je suis plus âgée que les choses me paraissent différentes. » énonçais-je à la jeune femme avec un sourire avant de reprendre la parole « bon sang, et dire que ça fait au moins six ans qu’on ne s’est pas vues. Comme le temps passe vite. » énonçais-je à la jeune femme.

Oui, cela faisait plusieurs années que l’on ne s’était pas vues, j’avais finalement arrêtée de compter parce que ça me donnait plus mal à la tête qu’autre chose et au final, on passait beaucoup de temps avec Robertha et Arthur parce que nos parents avaient eu la grande idée de nous fiancer à notre naissance et c’était que depuis peu qu’on avait compris la supercherie et pour l’instant, je dois avouer qu’Arthur n’était pas trop mon genre de garçon, d’ailleurs c’était une chose dont je devais parler avec mon amie, cela me semblait important. Je passe une mèche derrière mon oreille avant de reprendre la parole en posant mon regard sur la princesse.

« En tout cas, tu n’as pas changé, tu ressembles toujours à la Belle de la dernière fois. » lui avouais-je avant de reprendre « et je suis toujours autant jalouse de toi. » énonçais-je avec un sourire en lui faisant un clin d’oeil.

M’enfonçant dans le fauteuil, je balaye la grande bibliothèque du regard avant de le ramener sur la jeune femme.

« Tu te souviens quand on courrait dans les grands rayons de la bibliothèque quand nous étions plus petites ? Tout cela me paraît si loin aujourd’hui… » énonçais-je à la jeune femme, pensive.

Trefouillant mon collier, je repris finalement la parole.

« Tu sais que mon père a décidé avec la reine du royaume assujetti au notre que son fils et moi allions nous marier pour lier les deux royaumes. Ils l’ont décidés quand je n’étais encore qu’un nourrisson. » avouais-je.

J’avais vraiment hâte passer mes soirées à parler avec Odette. Lorsque nous étions petites, nous avions tendance à parler une bonne partie de la nuit et je devais bien avouer que ça me manquait. Ce n’est pas toujours évident d’être fille unique, je devais bien avouer que parfois, la solitude avait tendance à me peser un peu. C’était aussi pour cette raison que j’avais tendance à me réfugier dans mes livres. Je pouvais y passer des journées entières. J’étais contente de voir Odette, j’allais pouvoir me donner à d’autres activités que la lecture. Je réalisais que ça faisait un temps fou que je n’avais plus effectué de promenades à cheval. Ce serait l’occasion.

« Oui, je comprends tout à fait que tu dois trouver le temps long. J’aime bien le bateau mais uniquement durant quelques heures. Si j’ai le malheur de lire durant le trajet, je finis par tomber malade, ce qui est loin d’être agréable et qui est relativement dramatique quand tu sais à quel point j’aime la lecture. » Dis je en riant. Je reprenais ensuite mon sérieux et je posais ma main sur la sienne. « Oui, ça passe vite mais nous devrions quand même éviter de mettre autant de temps avant de nous revoir. »

Je demandais à ce que l’on fasse venir du thé et quelques pâtisseries. C’était idéal durant une conversation. Car nous avions six ans à rattraper, alors autant dire que nous allions passer des heures à parler pour ma plus grande joie. Lorsque le tout arriva, je remerciais le valet et je lui donnais congé tout en prenant soin d’effectuer le service moi-même. Je souriais à la remarque d’Odette.

« Tu n’as pas changé toi non plus. Jalouse de moi ? Pourquoi ? Je ne vois pas ce que j’ai de plus que toi ? » Pour moi, dans chaque plaisanterie. « Oui, enfin, j’ai quand même prit six années de plus. »

Je l’écoutais en souriant. Elle me parlait des évènements qui remontaient à vraiment loin dans notre enfance.

« Bien sûr que je m’en souviens. Et je suis certaine que si les rayons pouvaient parler, ils en auraient des choses à dire. »

Lui dis-je en souriant avec nostalgie. Mais je me disais qu’elle devait avoir quelque chose de plus important à me confier car quand elle jouait avec son collier, s’était signe qu’elle était anxieuse.

« Comment voulais-tu que je le sache ? Non, je ne suis pas au courant de ce projet mais je ne suis pas étonnée. C’est ce que nous princesses sommes destinée. Est-ce qu’il est gentil au moins ton futur mari ?»