J’ouvre les yeux. Il me faut quelques instants pour m’habituer à la luminosité du matin. Je me relève et regarde autour de moi. Le palais. Une chambre immense. Un lit douillet. Je baisse le regard. Mes vêtements. Tout me semblait si différent depuis que nous avions retrouvés nos parents. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour comprendre qu’ils n’avaient souhaités nous abandonner, que nous avions été enlevés par cette fichue fée mais mon frère lui, il avait plus de mal. Je lui laissais le temps. Je me lève de mon lit et m’approche des grandes fenêtres avant d’ouvrir les rideaux. La lumière du soleil frappe mon visage de plein fouet et me réchauffe. Je regarde autour de moi et pose quelques instants mon regard sur toutes les peluches qui sont là, posées à même le sol. D’autres plus grosses que les autres, et vice versa.

C’était assez étonnant de se dire que cette chambre aurait dû être la mienne si tout n’avait pas été si différent, si la fée noire ne nous avait pas enlevés mon frère et moi. Détachant mes cheveux, je les laisse tomber en cascade sur mes épaules alors que je m’habille rapidement. Je ne voulais pas cependant de toutes ces tenues de princesses, je demeurais Lina avant tout. Je demeurais une archère, plus ou moins pirate. J’ouvre la grande buanderie que je possédais désormais, c’était quand même de se rendre compte que du jour au lendemain, j’étais devenue Lina, la fille de la méchante reine et de robin des bois. Je vivais dans ce palais, dans une grande chambre pour moi, avec beaucoup plus d’espace que je n’en ai jamais eu par le passé. j’avais encore du mal à me faire à cette idée, j’ignorais comment faire. Il y avait plein de choses qui m’était inconnue et pourtant qui faisaient parties de moi.

J’avais besoin de conseils et qui de mieux que ma mère pour ça. Mettant ma tenue d’archère, j’attache ma chevelure en tresse avant de prendre mon arc et mes flèches qui étaient disposés dans le coin de ma chambre avant d’accrocher ma cape autour de mon cou et de quitter ma chambre pour me rendre dans le jardin du palais. J’avais aperçue ma mère qui y était installée. Elle était seule alors pourquoi ne pas la rejoindre. Il ne me fallut pas longtemps avant d’arriver à hauteur du jardin. J’avais répondu à certains « bonjour princesse » qui raisonnait encore faux dans mon esprit et j’avais finalement atteint ma mère. M’approchant, je lui souris.

« Bonjour maman. » énonçais-je simplement.  

Ils étaient de nouveau là, Richard et Lina avaient enfin retrouvé leur place, le domicile de leur parent, le château. Regina était, de ce fait, redevenue elle-même, Robin lui avait rendu son coeur et peu à peu, la noirceur la quittait, bien que certaines fois, il lui arrivait encore d’avoir quelques réactions un peu vive. Mais la joie d’avoir retrouvé ses enfants, malgré la déception de ne pas les avoir retrouvés tels qu’ils étaient, à savoir des nourrissons, suffisait à lui redonner le sourire qu’elle avait perdu. Trois longs mois de recherches et d’angoisses, tout de même, cela avait de quoi changer une personne.

A présent, la vie pouvait reprendre son cours. Regina le savait, elle devait laisser du temps à Lina et Richard pour s’acclimater à cette vie qu’ils n’avaient jamais eue, ces parents qu’ils n’avaient jamais connus. Après tout, si pour Regina et Robin, il ne s’était écoulé que trois mois, pour les jumeaux, il s’agissait d’une vingtaine d’années, autant dire une bonne tranche de vie. Richard était plus sur la réserve, pour ne pas dire toujours en colère, ce qui chagrinait énormément sa mère, mais elle faisait de son mieux pour ne pas l’envahir, bien que l’envie de le serrer fort dans ses bras pour le couvrir de baisers soit extrêmement forte. Heureusement, Lina, elle, était plus ouverte au lien.

Ce matin-là, Regina avait décidé de travailler sur la reprise de Storybrooke seule, dans le jardin. Munie d’une carte, elle était installée à une table extérieure qu’elle avait fait mettre à l’emplacement où se trouvait son pommier avant qu’il ne soit emporté à Storybrooke par la malédiction. A présent, il y en avait un autre qu’elle avait fait planter le jour de leur arrivée. Elle avait besoin de ce symbole pour lui rappeler ses racines, son père notamment. La reine était en train d’étudier les plans des sous-sols de la ville, afin de voir si une attaque souterraine était envisageable, quand une voix nouvelle familière résonna agréablement à ses oreilles. Son coeur se serra de joie en entendant sa fille l’appeler « maman ». Elle sourit en se tournant vers elle et se leva pour aller la serrer avec tendresse tout contre elle.

- Bonjour ma chérie. Tu as bien dormi ?

Machinalement, elle embrassa son crâne. Sa belle chevelure blonde avait perdu son odeur de bébé, mais Regina voulait se persuader du contraire, comme pour souffrir un peu moins de tout ce temps perdu. Après quelques secondes, ne voulant pas étouffer sa princesse, la belle brune se détacha pour mieux regarder sa fille. Elle portait la même tenue qu’à son arrivée.

- Les tenues de ta penderie ne te plaisent pas ? Est-ce que tu veux que je t’en fasse faire d’autres ?

J’avais encore du mal à me faire à l’idée qu’à présent, j’étais une princesse. Une vraie de vraie. Pas que ce soit déplaisant ou quoi que ce soit, bien au contraire mais j’avais encore du mal à répondre aux répétitifs « bonjour princesse » entre autre. J’étais heureuse qu’on ait retrouvé nos parents, plus que tout. Je dirais même que c’était mon rêve qui se réalisait enfin mais quand je regardais ma chambre, toutes ces peluches, toutes ces choses qui auraient dû m’appartenir, j’avais l’impression d’être une inconnue, dans une chambre qui n’était pas la mienne, j’avais vécue toute ma vie avec mon frère et aujourd’hui, il s’éloignait de moi plus que jamais et je dois avouer que ça me chagrinait énormément mais j’avais besoin d’évoluer aussi, il fallait que j’arrive à me faire à l’idée que notre vie ne serait plus jamais pareil, maintenant que nous avons retrouver nos parents.

Arrivant prêt de ma mère, je la salue avant de répondre avec bonheur à son étreinte. J’attendais un acte pareil depuis tellement d’années qu’à chaque fois, je n’étais jamais contre, bien au contraire, je répondais avec le plus grand bonheur.

« Oui, on fait aller. J’avoue qu’on dort beaucoup mieux dans un lit comme celui là que dans une cale de bateau ou même une cellule…J’ai…Oui j’ai bien dormi. » terminais-je avec un sourire.

Je ne voulais pas que ma mère en sache trop sur tout ce que nous avions traversés, je connaissais son passé et je ne voulais pas qu’elle tente quoi que ce soit pour venger tout ce que nous avions vécus, au contraire, j’étais plus que fière d’avoir pu traverser tout ça avec mon grand frère, on en était finalement sortis plus fort et à présent, on retrouvait notre vraie maison.

Posant mon regard bleuté, rappelant sans nul doute celui de mon père sur le visage bienveillant de ma mère, je fais un signe négatif de la tête.

« Oh non, ne t’en fais pas pour ça. Les tenues conviennent très bien, c’est juste que… j’ai encore un peu de mal à me faire à l’idée que je suis une princesse, j’ai des tenues d’archère dans ma penderie alors ça me va parfaitement, je ne demande pas mieux. J'aime bien celle-là, je me sens bien dedans on va dire... Ne t’inquiètes pas, je vais m’y faire. » ajoutais-je avec un sourire, qui cachait tout de même une certaine gêne.

Je me mords l’intérieur de la lèvre avant de reprendre, mon regard tombant finalement sur mes pieds, que je fixais quelques instants avant de ramener mon regard sur ma mère, je pouvais tout lui dire, je le sentais, je le savais.

« Maman, je peux te demander quelque chose ? »  

Le visage de Regina s’était illuminé aussitôt qu’elle avait posé son regard sur sa fille. Elle avait tant espérer la retrouver, et maintenant, c’était chose faite, seulement, elle avait raté absolument tout du développement de son enfant : ses premières dents, ses premiers mots, ses premiers pas… Au moins avait-elle eu le temps de voir ses premiers sourires. Mais était-ce suffisant ? Cela remplaçait-il des années de potentielle complicité ? Certainement pas, et si le bonheur d’avoir retrouvé Lina et Richard était incommensurable, il demeurait toujours un petit vide dans le coeur de leur maman chaque fois qu’elle posait son regard sur l’un des deux jumeaux qui aurait, normalement, dû être âgé que de quelques mois.

S’enquérant du bon sommeil de sa princesse, Regina eut le coeur serré de l’entendre, involontairement, citer les endroits sordides où elle avait dormi auparavant : une cellule, une cale de bateau… la renvoyant instantanément à son échec : elle n’avait su protéger ses petits et leur offrir le meilleur. Regina perdit son sourire et se mordilla la lèvre, avant de demander si les tenues offertes à Lina lui convenaient. Le sourire de la blondinette rassura un peu la reine. Cette petite ressemblait tant à Robin. Mais quelque chose semblait clocher, le visage de la jeune fille s’était fermé et elle regardait le sol. La reine s’approcha un peu plus, posant une main affectueuse sur la joue de sa petite.

- Bien sûr, ma chérie, je t’écoute. Quelque chose ne va pas ?

La belle brune tâchait de contenir l’inquiétude dans sa voix. C’était irrationnel mais elle eut soudain peur que quelque chose de grave n’arrive à Lina. Pourquoi donc avait-elle l’air aussi sombre tout à coup ? Une chose était sure, Regina était prête à tout pour ses enfants, pour chacun d’entre eux, et Lina ne dérogeait pas à la règle, d’autant qu’elle avait disparu durant un temps beaucoup trop long. Le coeur de l’ancienne méchante reine était tout serré d’angoisse, de peur que sa petite princesse ne soit malheureuse dans le château de ses parents. C’était beaucoup de changements pour elle, elle l’avait souligné. Si pour Regina et Robin et les autres membres de la famille, elle n’avait disparu que trois mois, pour Lina c’était l’équivalent d’une vingtaine d’années, tout une vie en somme.

- Tu sais que je serai toujours là pour t’écouter et t’épauler, n’est-ce pas ? Toujours. Quoi qu’il arrive.

J’étais une princesse. Je le savais. De naissance. Pendant plus de vingt ans, je m’étais dit que nos parents nous retrouveraient, quoi qu’il arrive. Maintenant, c’était le cas. Mais je n’arriverais pas à m’y faire. Dormir dans un grand lit, dans des draps soyeux, me faire appeler Princesse, ce n’était pas pour moi, je n’y arrivais pas. Je ne pouvais pas me dire que j’étais elle, depuis toujours, j’avais été Lina, la petite soeur de Richard, une archère hors pair, une amie fidèle. Mais cette fois-ci, j’avais la chance d’avoir ma mère, je pouvais lui parler de peut-être qu’elle pourrait comprendre mes inquiétudes et m’aider peut être à accepter cette nouvelle situation.

« Je… » commençais-je.

Me mordant la lèvre inférieure, je tapotais mon genou avec mon index, respirant profondément. Je voyais son regard et j’entendais ses paroles. Elle sera toujours là pour m’écouter, toujours…Mais est-ce-que ça pourrait me suffire ? Après tout, je ne l’avais pas eu pendant vingt ans. Trois mois pour elle mais c’était presque un quart de siècle pour moi. Voyant qu’elle ne disait rien, je repris finalement la parole pour briser ce silence entre nous qui commençait sérieusement à devenir pesant.

« Maman, je ne sais pas si je peux y arriver. » repris-je avant de continuer sur la même lancée « je veux dire, je suis la plus heureuse au monde de vous avoir retrouver papa et toi, plus que tout. Je n’échangerais désormais ma vie pour rien au monde mais tout ça… » dis-je en montrant ce qui nous entourait « j’ai comme l’impression de ne pas y avoir ma place. Je me questionne sur celle que je suis, j’adore être une archère, grimper dans les arbres et m’entraîner sur des cibles. J’adore courir, grimper dans les arbres et faire peur aux visiteurs que je n’aime pas. Je n’ai pas l’étoffe du princesse et pourtant…Ici, ils m’appellent tous comme ça alors que je suis…juste moi. » je lève mon regard bleu vers ma mère « est-ce-que quelque chose cloche chez moi ? J’ai passé vingt ans à me dire que vous viendriez nous chercher et maintenant que c’est le cas, j’ai l’impression que je ne suis pas heureuse… »   

Être une maman, c’est être sans arrêt inquiète pour sa progéniture, plus encore quand celle-ci avait été portée disparue durant des mois, qui s’étaient avérés être des années pour l’enfant en question. Aussi, quand Lina avait fait part à sa mère, avec un regard qui trahissait réellement son ressenti, de quelque chose à lui dire, Regina n’avait pu qu’appréhender, le coeur serré, les propos de sa fille. Dans un premier temps, la reine avait voulu la rassurer, lui affirmant qu’elle serait toujours là pour l’écouter et l’aider. C’était normal, elle était sa mère, elle l’aimait plus que tout.
La langue de la jeune archère se délia enfin. Regina avait l’impression de recevoir un seau d’eau froide en pleine face. Elle se sentait si impuissante face à la détresse identitaire de sa fille. Pourtant, comparé à tout ce qu’elle avait vécu, c’était un moindre mal, mais être mère, c’était ça aussi : se sentir mal du moins bobo de son enfant.

- Oh ma chérie… commença-t-elle avec un regard plein de tendresse. Tu sais, tu peux avoir tout ça. Princesse n’est qu’un titre, et si en effet il te faut te montrer attentionnée avec ton peuple, tu peux néanmoins faire toutes ces choses que tu aimes. Regarde ton père, est-ce que tu as l’impression qu’être devenu roi en m’épousant l’empêche de continuer à être cet archer qu’il a toujours été, et d’aller boire dans les tavernes avec ses amis ? Être notre fille ne t’enlève en rien ta personnalité, et à ton frère non plus.

Richard… lui qui avait toujours tant de rancoeur vis-à-vis de ses parents. Regina souffrait tellement de cette distance que son fils se plaisait à mettre entre eux. Elle savait pertinemment que s’il avait accepté de rester au château avec eux, c’était uniquement pour rester avec Lina. Aussi se demandait-elle si le petit malaise de sa fille n’était pas dû à son frère.

- Tout ce que je veux, c’est ton bonheur, mon ange. Tu sais, bientôt nous retournerons dans cette ville dans l’autre monde, Storybrooke. Là, tu pourras découvrir de nouvelles choses, et tu ne seras plus vraiment une princesse, ça n’existe pas dans cette partie du monde. Tu pourras être la jeune femme que tu veux. Et après avoir connu les deux mondes, tu pourras choisir dans lequel tu te sens le mieux. Peut-être que de découvrir un nouvel endroit t’ouvrira des perspectives, qu’en dis-tu ?

Bien sûr, avant cela, il y aurait cette guerre à mener.

Je savais que je pouvais parler de tout avec ma mère, je le sentais. Je lui faisais confiance, je l’avais attendue pendant tant d’années qui pour elle n’ont été que quelques mois mais à présent, je me tournais vers elle quand ça n’allait pas et aujourd’hui, ça n’allait pas. Il me fallut que peu de temps pour lui expliquer ce qui me chagrinait et comme elle savait si bien le faire, elle trouva finement les mots justes pour me rassurer « Oui c’est vrai que papa est resté celui qu’il a toujours été, d’ailleurs je suis sûre qu’un jour, je réussirais à le battre au tir à l’arc. » dis-je avec un sourire avant de finalement reprendre « Princesse Lina…c’est assez étrange de se faire appeler ainsi quand pendant vingt ans, je n’ai été que…moi. Comment tu as fais pour t’habituer à ton rang de reine toi ? » demandais-je à ma mère.

Depuis que nous les avions retrouvés, je ne connaissais pas son passé, je m’en rendais compte. Je n’avais entendu que les on-dit qui souvent brisent des choses mais moi, je n’en avais pas tenu compte, je voulais savoir qui elle était vraiment et surtout, je voulais juste découvrir ma maman en fait. Mon regard dévia quelques instants vers l’horizon. Je pensais à mon frère. Il était si distant avec nos parents, je lui en voulais un peu pour ça et le pire, c’est que je comprenais qu’il était resté au château avec nous parce qu’il ne voulait pas me quitter mais un jour, il comprendrait peut être que ce sont nos parents et qu’il faut s’y faire et se faire à l’idée que l’autre garce n’était rien d’autre qu’une vile sorcière que je détruirais le jour où je la retrouverais.

Storybrooke…mon regard se tourna à nouveau vers ma mère. Là-bas, je serais libre de n’être que Lina. Une jeune fille ordinaire, comme les autres, qui est pleine de rêves et d’ambitions. Un petit rire m’échappa « il faudra que j’apprenne à vivre dans ce monde là-bas si c’est différent d’ici. Je pense que je serais heureuse qu’on ne m’appelle pas princesse à tout bout de champ. Bien sûr, je suis contente d’être une princesse, toutes les petites filles rêvent d’être des princesses mais…je pense que vivre là-bas sera plus simple. » énonçais-je à ma mère avant d’ajouter « mais je pense que j’aurais vraiment besoin de toi au début. » terminais-je. Je lui souris avant de la prendre dans mes bras pour lui faire un câlin. J’avais besoin de ma mère, j’en avais besoin plus que jamais.

Le médaillon que je portais autour du cou m’échappa et il chuta sur le sol. M’en emparant, je le sers dans ma main avant de regarder ma mère « il appartient à quelqu’un que j’aime beaucoup. » avouais-je à ma mère. Pouvais-je simplement lui dire qu’il s’agissait d’une jeune fille?   

Regina n’avait, en cet instant, d’yeux et d’attention que pour sa fille, elle voulait focaliser son énergie à l’aider à se sentir à l’aise dans cette vie qui n’aurait jamais dû être nouvelle pour la princesse. La reine expliqua à Lina que son père, qui avait été un voleur la plupart de sa vie, était devenu roi et pourtant il continuait à être le héros qu’il avait toujours été et s’adonnait toujours à sa passion, qui était carrément un art quand on l’y associait, du tir à l’arc. Ces paroles semblèrent rassurer quelque peu la jolie blonde et le sourire qu’elle arbora fut contagieux pour Regina. Visiblement curieuse d’en savoir plus sur sa mère, la jeune archère lui demanda comment elle s ‘était habituée à son rang de reine. Regina eut un petit rire et se réinstalla dans son fauteuil, posant ses yeux sur le feu qui dansait dans la cheminée.

- C’est une longue histoire. Ma mère, Cora, était fille de meunier. Elle a toujours eu beaucoup d’ambition, notamment celle d’être reine. Elle a épousé mon père, le prince Henry. Quand je suis née, elle a immédiatement souhaité pour moi les plus hautes distinctions, et aussitôt qu’elle le put, elle s’arrangea pour que j’épouse un roi. Léopold.

Ces souvenirs n’étaient pas très bons pour Regina. Cette époque de sa vie fut sans doute l’une des plus tristes et malheureuses. Elle venait de perdre son premier amour, Daniel, et avait été contrainte d’épouser ce roi qui aurait pu être son père, et supporter la princesse Blanche-Neige par la faute de qui elle était en deuil.

- Très tôt j’ai été conditionnée à ce rang, mais cela ne veut pas dire que je le voulais ou que je m’y sentais bien. Pour tout te dire, mon premier amour était notre écuyer. Daniel.

Un sourire nostalgique se dessina sur ses lèvres en y repensant. Puis, elle reposa son regard sur sa fille, un regard empli de tendresse et d’amour.

- Je vais te dire une chose, Lina. Dans la vie, peu importe ton rang, l’important est de rester toi-même. Bien sûr qu’un rang de reine ou de princesse impose quelques responsabilité, des devoirs, mais cela ne t’empêche pas d’accomplir les choses avec ton coeur et ta personnalité. Est-ce que tu comprends ma chérie ?

Puis, voyant que cette histoire de titre la dérangeait, Regina parla à sa fille de Storybrooke, que tout un chacun travaillait à reprendre. Elle lui expliqua que là-bas, les choses étaient différentes.

- Oui, certaines choses sont beaucoup plus simples, c’est vrai. Et, bien évidemment, je serai toujours là pour t’aider, mon trésor.

Entendre que sa fille aurait besoin d’elle lui faisait plaisir, quelque part. Il y avait tellement de temps à rattraper. Soudain, Lina fit tomber un bijou, un médaillon. Regina voulu le ramasser mais la princesse fut plus rapide. Curieuse, elle interrogea sa fille du regard.

- Oh, dans ce cas il est très précieux, fais-y attention. Il est très joli.

Regina lui sourit. Elle ne voulait pas être indiscrète, même s’il s’agissait de sa fille, et préféra la laisser parler si elle le souhaitait.

J’écoutais attentivement ma mère. Je me rendais finalement compte que je ne la connaissais pas beaucoup. Je ne connaissais que ce que l’on avait bien voulu me dire, et encore, tout ce que je savais était assez vague. Aujourd’hui, je voulais comprendre. La connaître. L’aimer telle qu’elle est, après tout, elle est ma maman et au grand jamais je ne changerais ma place actuelle, pour rien au monde parce que j’ai enfin retrouvé mes parents même si pour le coup, c’est devenu compliqué avec mon frère. Bon, ça risque de changer d’ici là… je l’espère de tout mon coeur. J’écoute ma mère et lui fais un sourire. Elle me parle de sa jeunesse, elle me parle de ma grand mère, Cora. Fille de meunier « Est-ce-qu’elle aussi…c’était une sorcière ? » demandais-je à ma mère.

Pour l’heure, je ne savais pas que j’avais le chic pour mettre les pieds dans le plat et les deux qui plus est. Elle vint à me parler de Daniel, son écuyer, son premier amour. Alors ma mère était amoureuse quand elle était jeune mais ma grand-mère avait déjà décidé de son avenir. C’était affreux, elle avait dû souffrir de devoir épouser un homme qu’elle n’aimait pas. Je crois que moi-même, je ne serais pas capable d’épouser par obligation quelqu’un qui m’est destiné alors que je ne l’aime pas. Passant une mèche blonde derrière mon oreille, je lève mon regard bleu vers ma mère « Henry m’a dit que c’était en sa mémoire que tu lui as donné son prénom comme deuxième prénom mais il ne m’a pas plus expliqué. » déclarais-je à ma mère « et si tu ne veux pas plus en parler, ça ne me pose pas de problèmes. » dis-je à ma mère avec un sourire rassurant.

Oui Henry m’avait parlé un petit peu de ce fameux passé mais je n’avais pas pu en parler plus longuement avec lui parce que maintenant, il n’était plus ici, il se trouvait là-bas, dans cet autre monde. Storybrooke. Cette fois-ci, c’est un sourire rassuré qui naquit sur mes lèvres lorsque ma mère m’explique qu’il faut avant tout que je reste moi-même. Qu’il faut que j’ai conscience de ma condition de princesse mais que je ne dois changer pour rien au monde « tu trouves les mots pour me rassurer maman. » lui dis-je simplement « j’ai toujours l’impression d’avoir le coeur trop sauvage pour convenir aux conditions de princesse… » dis-je simplement avant d’ajouter « mais je vais faire comme tu as dit, je ne vais pas arrêter d’être celle que je suis, après tout, je suis une archère avant tout et ça, personne ne pourra m’empêcher de le rester. »

Nous en vînmes à parler de Storybrooke. Une ville dans un monde sans magie, là où il est plus facile de vivre. Là où tout est moderne et où les princesses et tous ces titres là n’existent que dans les contes pour enfants. Un monde où j’irais très bientôt j’en avais conscience mais j’avais également conscience du combat qui allait avoir lieu entre nous et les méchants de là-bas et aussi de l’importance de la présence de ma mère dans ce nouveau monde qui me serait totalement inconnu « merci. » sortit de ma bouche. Un simple mot. Une simple parole mais qui résumait tout ces premiers instants avec elle. Alors que je lui offrais une étreinte, mon médaillon offert par Dorothy glissa avant de tomber sur le sol. M’en emparant, je le passe autour de mon cou avant d’avouer à ma mère qu’il appartenait à quelqu’un de très cher. Le sourire de ma mère se voulait rassurant et c’est sans doute pour cela que je pu m’ouvrir plus facilement sur mon histoire d’amour.

« Quand on s’est échappé du royaume de la Fée Noire, on a beaucoup voyagé avec Richard. On a vécus de sacrées péripéties mais ensembles, on a toujours réussi à s’en sortir. Pendant l’un de nos voyages, j’ai rencontré une jeune femme. Dorothy. Elle m’a dit venir du Kansas. Nous avons beaucoup discutées et je suis tombée amoureuse. Et c’est quand elle a dû partir qu’elle m’a avouée, elle aussi ressentir des sentiments. Elle m’a donné ce médaillon en me disant qu’elle me reviendrait très vite, dans trois lunes…mais désormais, je ne compte plus le temps qui passe. J’ai l’impression qu’il lui est arrivé quelque chose maman. » éclatais-je finalement.    

Regina se surprit à parler de son enfance et de sa mère à Lina. Mais d’un autre côté, sa petite princesse ignorait encore tout ou presque de sa vraie famille, alors peut-être était-ce le moment de lui parler de ses origines du côté Mills. La reine sourit en hochant la tête quand sa fille demanda si Cora était aussi une sorcière.

- Oh oui, une très puissante sorcière. C’est Rumpelstiltskin qui lui a enseigné la magie. Et qui me l’a enseignée par la suite. Une histoire compliquée. Pour tout te dire, au début je ne voulais surtout pas apprendre la magie par peur de devenir comme ma mère. Tu sais, Lina, la magie noire corrompt les coeurs. Et c’est ce qui s’est passé avec ma mère. Et finalement, je me suis faite avoir aussi.

Elle évoqua bien sûr Daniel, son premier amour qui était palefrenier, pour illustrer le fait que son rang de princesse ne l’obligeait à rien. Le sourire de Regina se fit empreint de tendresse et de nostalgie.

- Oui c’est vrai. J’ai choisi Henry comme prénom en hommage à mon père, et il a Daniel en seconde prénom en hommage à mon premier amour. Quand il est mort, j’ai perdu la tête, complètement, et c’est là que le ténébreux a profité de ma faiblesse pour m’enseigner la magie noire, ce qui a fait de moi la méchante reine. Tu as dû entendre ce sombre surnom, je pense. Mais ce n’est plus moi, j’ai changé.

Même si peu avant de retrouver les jumeaux, Regina était de nouveau sur la corde raide…
Elle sourit à sa fille quand cette dernière déclara qu’elle trouvait les bons mots pour la rassurer. Regina passa une main dans la belle chevelure blonde de sa petite archère.

- N’est-ce pas ce qu’une mère est sensée faire ?

Comme elle ressemblait à Robin, dans son attitude, ses expression, son regard.

- Tu ressembles tellement à ton père, lâcha-t-elle comme pour elle.

Puis, le sujet Storybrooke arriva. La ville que la malédiction lancée trente ans auparavant créa. Cette ville que Regina avait fini par chérir et qui lui avait été prise par Frollo. Il faudrait dans un premier temps la reprendre avant que ses enfants de n’y sentent chez eux.
Une petite étreinte et la chute d’un médaillon plus tard, Regina apprit que le coeur de sa fille était pris. Sourire aux lèvres, elle voulait en savoir plus mais laissa à Lina le soin de narrer ce qu’elle voulait bien dévoiler. Regina voulait avant tout éviter d’être une mère inquisitrice comme pouvait l’avoir été Cora avec elle. Elle voulait simplement que sa blondinette sache qu’elle serait là pour l’aider et la conseiller si elle le voulait. Après tout, elle était adulte, même si pour Regina, elle restait son bébé. Le sourire de la reine s’estompa en entendant l’histoire de la rencontre avec Dorothy.

- Le Kansas ? C’est une région du monde sans magie ça.

La Dorothy en question devait retrouver Lina mais visiblement le rendez-vous n’avait pas été honoré.

- Oh ma chérie… dit-elle avec douceur en la serrant dans ses bras.

Elle savait mieux que personne combien il était dur de chercher quelqu’un que l’on aime sans le retrouver.

- Peut-être qu’elle a été retenue ? Sais-tu où elle est allée ?

D’une main affectueuse, elle lui caressa le dos pour la rassurer. Une chose était sure, elle ne voulait pas que sa fille parte seule à la recherche de cette demoiselle. Hors de question de prendre le risque de la perdre à nouveau.

- Je veux bien t’aider à essayer de la retrouver, si tu le souhaites. Mais je ne garantis pas un succès. Nous avons tout essayé pour vous retrouver toi et Richard, et ma magie a été inefficace...