Jour 270 :

Pas grand-chose de nouveau dans ma vie depuis ces dernières semaines. C'est pour cela que j'ai rien écrit, chaque journée ressemble comme deux gouttes d'eau à la précédente.
Une nouvelle saison a commencé et je crois que, depuis mon arrivée, c'est celle que j'aime le moins. Il pleut beaucoup trop souvent. Le peu de temps où je suis obligée de sortir de l'abri protecteur de ma cabane, c'est uniquement pour me ravitailler en nourriture et en herbe médicinale.

Mes cauchemars sont revenus et ma décoction pour dormir d'un sommeil sans rêve aussi... Bizarrement, ces mauvaises nuits ont recommencé depuis que je croise un peu trop régulièrement à mon goût Peter Pan ou ses Enfants Perdus.
Je ne connaissais même pas leur existence il y a encore quelques semaines de ça et maintenant je les croise deux à trois fois par semaine. Serait-ce une coïncidence ou suis-je sous surveillance ?

Peter Pan a-t'il si peu confiance en moi qu'il me fait surveiller par ses disciples ? Ou me voit-il comme une menace ? En tout cas, ils me donnent tous des frissons dans le dos quand je les vois.
Pour les éviter, je suis partie découvrir d'autres régions de l'île afin de compléter ma carte et continuer à chercher un moyen de m'échapper de tout cela.

Comme je te l'ai dit, une nouvelle saison a commencé. Donc, de nouvelles fleurs ont fait leur apparition. Ce qui signifie de nouvelles créations, de nouveaux bouquets et de nouveaux dessins à ajouter à mon livre.
J'arrive, malgré les couleurs plus ternes, à en confectionner des vraiment jolis. Ils sont plus sobres que les premiers que j'ai pu créer en arrivant, c'est certain mais il faut s'adapter à la nature changeante.

Je confirme ce que j'ai dit plutôt, je n'aime pas cette saison. Je suis parfois obligée de rester plusieurs jours consécutifs dans ma cabane afin de rester au sec, il y a de la boue partout au pied de mon arbre.
J'ai donc avancé sur le dessin de ma carte et sur le dessin de mes bouquets. Je viens de finir le troisième carnet, je ne sais pas s'ils me serviront un jour mais je ne désespère pas complètement à partir d'ici.

La seule chose qui rend mon séjour ici un peu moins monotone et triste, ce sont mes planques à proximité du bateau échoué. J'épie le capitaine Crochet. Je l'ai surnommé comme ça à cause de sa main en crochet.
Je trouve que ça lui va bien. J'avoue que, de temps en temps, dans mes rêves les plus fous, je le déshabille de la tête au pied. Je sais que c'est contraire à l'éthique des fées, mais je ne peux m'en empêcher. Il est vraiment craquant...

Jour 300 :

Un nouveau mois vient de s'écouler. Plus que quelques jours avant de fêter ma première année d'exil. Première bougie que je n'ai vraiment pas hâte de souffler. J'espère sincèrement qu'il n'y en aura pas trop.
Mais pour le moment, je n'ai toujours pas trouvé une solution pour quitter cette maudite île. Et surtout, comment faire quoique ce soit sans mes ailes et sans poussière de fée ?

Même si cela fait dix mois que je me débrouille sans, certaines activités me sont encore impossible à réaliser sans mes pouvoirs. Ou peut-être que je n'ai pas encore trouvé la parade.
Certains jours, j'aimerais bien pouvoir disparaître. J'ai le sentiment d'être toujours sous surveillance. J'ai eu plusieurs fois l'horrible sensation d'être suivie, avec les poils du dos qui se hérissent.

Il faut croire que Peter Pan et ses enfants perdus épient mes moindres faits et gestes, j'en ai la certitude. Crochet ne sait pas que je suis sur l'île normalement, donc ça ne devrait pas être lui l'espion de mes mouvements.
Pourtant, je me plie aux exigences du maître des lieux. Je vais le retrouver régulièrement au rocher du Crâne pour lui faire un rapport de ce que j'ai vu durant mes balades dans chaque recoin de ce satané Pays Imaginaire.

Lors de notre dernier entretien, j'ai osé poser la question concernant ma surveillance rapprochée. Mon interlocuteur ne m'a pas répondu mais m'a fait un grand sourire carnassier qui m'a aussitôt fait dresser encore les poils.
Sur tout le trajet du retour vers ma cabane, j'ai créé de nouvelles cachettes un peu partout. J'ai disposé à de nombreux endroits des petits pochons de poudre de pavots.

J'ai aussi mis en place de plus en plus de pièges autour de mon refuge. Des systèmes d'alarme aussi. Je deviens de plus en plus paranoïaque et méfiante.
J'avoue que j'y reste aussi de plus en plus souvent. En ce moment, c'est le seul endroit où je me sens en sécurité. Au moins, j'en profite pour continuer les dessins de mes bouquets.

J'ai même trouvé une technique pour que les fleurs fanent moins vite, un mélange dans les composants dans lesquels je pique les tiges de mon bouquet. En tout cas, je ne me lasse absolument pas de faire des créations florales.
Je crois que j'ai vraiment trouvé une vocation au cas où je m'en sorte. Je pourrais toujours vendre mes services un peu partout dans la Forêt Enchantée ou ailleurs dans le Monde des Contes.

Sinon, je dors un peu mieux. Tout dépend de ce que j'ai fait dans la journée. Si j'ai eu la mauvaise impression d'avoir été surveillée, mes rêves étaient emplis de cauchemars en tout genre.
Si par contre, mes poils ne se sont pas hérissés dans la journée, alors ma nuit est sereine avec parfois des rêves agréables. Crochet était dans certains d'entre eux. Encore.

En parlant du ténébreux pirate, je suis retournée dans son bateau afin de voir si je trouvais encore quelque chose à lui piquer qui pourrait me servir. Contrairement aux autres fois, je n'ai rien trouvé de très intéressant.
Je suis revenue l'épier plusieurs fois mais cela fait quelques jours que j'évite l'épave qui lui sert de cachette. En effet, il a failli me voir une fois où j'ai écarté un peu trop une branche afin de mieux observer la scène qui se déroulait devant moi.

Enfin, bref, je vais rester au calme dans ma cabane encore quelques jours avant de repartir en vadrouille.