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Nouvelles têtes
Souhaitons la bienvenue à Eve Copeland, Ruby S. Lucas & Thalie O. Lowell qui nous ont rejoint récemment. N'hésitez pas à passer par leur fiche de présentation pour leur souhaiter la bienvenue, ou sur leur fiche de liens.
Le calendrier de l'avent
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J’adorais venir ici avec Mery. D’une part pour passer du temps avec elle, mais aussi pour me soustraire à toute cette agitation. J’avais beau adorer mon job, il m’arrivait aussi d’apprécier d’être au calme, pour souffler et pour me permettre de mettre un peu de distance, ne serait-ce que pour un temps. Mery le savait, mais elle n’en demeurait pas moins la seule à avoir le privilège de venir jusqu’ici. Du moins c’était le cas jusqu’à aujourd’hui. Et c'est pour cette raison que j'avais l'impression de trahir ma cousine.
« - Moi un poète ? » J’en arrivais presque à rire tant cela me semblait absurde. J’étais trop rude et pas assez raffiné pour me prétendre poète et ce malgré les quelques fulgurances lyriques qu’il m’arrivait d’avoir à de rares occasions. « - Mais si ça marche sur vous peut-être que je devrais m’entraîner à manier davantage le vers. Poétique bien sûr ! » me sentais-je obliger de rajouter. Une maladresse ne venant pas seule, par la suite je ne pus m’empêcher d’être sincère en lui faisant savoir sans tourner autour du pot, que je pensais à elle. Je venais le faire en bafouillant, preuve que si la sincérité était de mise, l’aplomb demeurait défaillant. Mais qu’est-ce qui m’arrivait ? Jamais je ne m’étais encore senti aussi fébrile face à une femme. D’ordinaire, je me contentais de leur balancer quelques compliments, un ou deux sourires charmeurs et le tour était joué.
Par chance, la serveuse me permit et de me sortir de ce marasme à venir et de passer commande. Après tout, nous n’étions pas là pour draguer, mais bien pour savourer un chocolat chaud et une pâtisserie en prime. Silencieux après avoir passé mon habituelle commande, (sans la part de tarte malheureusement) je ne pouvais m’empêcher d’observer Roni, comme si tout d’un coup sa commande contenait des informations importantes, suffisamment pour l’écouter religieusement. Courtoise et polie, la belle attendit le départ de notre serveuse pour me faire entendre avec diplomatie et (je l’espère) une once d’ironie, qu’il était préférable que je ne fasse plus entendre que je pensais à elle.
« - Flippant à ce point ? » Mais elle venait de sourire, ce qui me laissa penser qu’elle était ironique et un brin moqueur. « - Eh bien si ça peut vous rassurer je vais arrêter de penser à vous. » Malheureusement pour elle (et aussi pour moi) ma sincérité avait à nouveau frappé au point de mettre en avant l’existence de quelques vieux démons.
« - Je suis désolé, je n’aurai pas dû vous déblatérer tout ça et encore moins vous parler de mes quelques soucis passés. » J’étais aussi mal à l’aise qu’elle, me demandant sans cesse pourquoi le connard flamboyant semblait avoir filé, au profit d’un couillon sincère ? Et alors que je m’imaginais sans mal creuser ma cervelle à l’aide d’une petite cuillère pour essayer de comprendre ce qui m’arrivait, ma délicieuse interlocutrice fit entendre quelque chose qui me marqua aussi anodine soit la réplique. « - Certaines choses ne changent pas ? » Elle ne pouvait plus se dérober à présent. Et effectivement, elle me confirma ce que dans le fond je savais déjà. Nous nous étions « brièvement croisés » par le passé.
« - Je suis désolé vraiment. » Et je l’étais, si bien que je ne savais plus où me foutre à présent. Par chance, la jolie serveuse vint à nouveau, sans le savoir, à notre secours en déposant sur notre table, la commande que nous avions passée au préalable. « - Merci beaucoup. » Petite consolation qui me permettait de ne pas trop me focaliser sur Roni pour l’instant. Et il ne m’en fallut pas plus pour boire une grande gorgée de chocolat, avec le surplus de chantilly maison comme je l’aimais. Mais que me resterait-il après ça si ce n’est un grand malaise face à une personne que j’avais à coup sûr maltraitée par le passé.
« - J’étais un connard et je le suis sûrement encore mais à une échelle moins conséquente. Je vois bien que vous êtes mal à l’aise et j’ai bien compris que vous ne vouliez pas épiloguer. Mais une fois encore, je tiens à m’excuser. Je vous ai sûrement traité n’importe comment. » Mâchoires serrées, je maudissais ce petit connard de Bobby qui au lieu de gérer son deuil s’était enfoncé dans l’alcool. « - Je vous ai fait de la peine n’est-ce pas ? Roni et si nous repartions à zéro vous et moi ? »
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Si ça marchait sur moi ? Mais… était-il en train de me draguer ? Je me sentais vraiment mal à l’aise, je ne savais pas comment réagir. Par chance, les commandes arrivèrent et je trouvai un peu de réconfort dans ce chocolat chaud qui, il fallait le reconnaître, était délicieux. J’avais remercié avec un sourire la serveuse avant qu’elle ne nous laisse face à nos boissons chaudes et pâtisseries. Bon, Bobby venait de promettre de ne plus penser à moi. Sérieusement…
- Non, soyez pas désolé. C’est bien d’être honnête et lucide sur les conneries qu’on a pu faire par le passé.
Mais je m’étais un peu trop grillée et il avait parfaitement compris que mes réticences à son encontre étaient dues au fait que nous nous étions déjà croisés par le passé. J’avais donc été dans l’obligation de le lui dire.
- Arrêtez de dire que vous êtes un connard, c’est bon là, le petit numéro de Caliméro, ça marche pas. Tout le monde fait de la merde à un moment donné, enfin peut-être pas tout le monde, mais beaucoup de personnes. Si vous regrettez et que vous faites des efforts pour changer, c’est déjà un bon début.
Il venait de s’excuser d’un comportement odieux dont il ne se rappelait pas. Était-ce légitime ? Au moins il avait l’air sincère, mais je ne pouvais pas non plus lui dire que ses excuses ne pouvaient pas suffire à effacer les vingt dernières années.
- J’ai pas envie de parler de ce que vous m’avez fait, d’accord ? J’accepte vos excuses, c’est sympa à vous de faire des efforts, et j’apprécie.
Je ne pouvais clairement lui dire qu'on avait passé une nuit ensemble, qu'il s'était comporté comme un goujat, et qu'en plus en avait résulté une grossesse menée à terme car apprise trop tard et que maintenant j'avais une fille de vingt ans à gérer toute seule. Repartir à zéro ? Est-ce que c’était vraiment possible ?
- Qu’est-ce que vous entendez par « repartir à zéro », au juste ? Je voudrais comprendre… J’ai du mal à vous cerner, qu’est-ce que vous attendez de moi ?
J’étais malgré tout méfiante, mais je n’étais pas non plus du genre à ne pas laisser une chance aux gens. Seulement, pouvais-je lui en accorder une, prendre ce risque alors qu’il y avait Lyna ? Je ne pouvais m’empêcher d’échafauder les pires scénarios, parce que j’étais une mère et qu’une mère se devait d’envisager le pire pour pouvoir protéger son enfant. Si je laisser un peu trop Bobby entrer dans ma vie, il finirait par rencontrer Lyna. Et si la vérité éclatait ? Bien au-delà de tout me prendre dans la gueule, s’il s’avérait que les efforts du flic ne suffisent pas et qu’il décidait encore une fois de se barrer, ma fille en pâtirait, et ça, je ne pouvais pas le permettre. D’un autre côté, ce regard bleuté de chien battu qu’il me lançait me serrait le coeur. J’attendis qu’il s’exprime sur le sujet, je voulais que tout soit clair, je voulais comprendre ce qu’il voulait. Pendant ce temps, je repris une gorgée de chocolat chaud, ça faisait du bien par ce froid, et je finis par goûter également à la pâtisserie qui était succulente. J’en venais même à me dire que je devrais en proposer au bar, quitte à passer commande à leur fournisseur.
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Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle avait du caractère, bien plus que toutes les femmes que j’avais « fréquenté.» Je l’avais compris au moment même où elle s’était saisie d’une batte. Roni Mills n’était pas le genre de femme à se laisser faire et il n’était pas né celui qui lui imposerait quoi que ce soit. Cette pensée furtive me fit sourire à nouveau avant que je ne me prenne un petit taquet suite à mes énièmes excuses quant à ce que j’avais pu lui faire par le passé.
« - J’suis pas le genre de gars à jouer les Caliméro pour votre gouverne. Et je ne suis pas non plus de ceux qui s’emmerdent à présenter des excuses. Là vous devez bien avouer que l’attitude est digne de celle d’un connard. Mais c’est vrai que malgré ça, j’essaie de faire des efforts. » Je me gardais de préciser que c’était en partie à cause d’elle que je me civilisais un peu plus que d’ordinaire. « - Ravi de savoir que vous acceptez mes excuses. Portons un toast chocolaté ! » Sans attendre et sans la quitter du regard, je fis claquer avec légèreté mon mug contre le sien. « - On ne parle plus du passé, c’est bien pour ça que je vous propose de repartir à zéro. » Je m’apprêtais à délester à nouveau ma tasse de plusieurs gorgées, quand soudain ma très charmante interlocutrice émit toute une salve de questions qui, je le crois, mettaient en exergue comme une sorte de méfiance que je ne pouvais ignorer sciemment. D’où mon petit froncement de sourcil.
« - Je vais goûter ma part de tarte avant les grandes tirades. » Ce que je fis sans attendre, instaurant bien malgré moi, un certain silence. Elle m’observait, me jaugeait et j’étais à peu près sûr que dans sa tête pleine, se jouaient tout un tas de scénarios. Elle entama elle aussi sa part de tarte et je ne pouvais que remarquer ce léger nuage de chantilly sur la commissure de sa lèvre supérieure. « - Vous avez un peu de chantilly… » commençais-je en pointant mon doigt vers sa lèvre inférieure. Voyant qu’elle peinait à trouver, je pris une serviette en papier pour la lui tendre. Nos doigts se frôlèrent. Que ce fut étrange ! Une légère décharge électrique à peine perceptible, m’arrêta dans mon élan. Je préférais toutefois laisser cette réaction chimique derrière nous, pour que le silence cesse de mettre à mal notre délicieux échange.
« - Quand je dis repartir à zéro c’est faire table rase sur ce qui s’est passé des années plus tôt. Je veux juste apprendre à vous connaître et je n’attends rien de vous. Vous avez accepté mes excuses, c’est déjà pas mal. » Je lui souris à nouveau avant de lâcher une bombe. « - En fait je dois être honnête, vous ne me laissez pas indifférent. Vous m’intriguez parce que d’ordinaire je fuis comme la peste les femmes de caractère. Mais pas cette fois de toute évidence. »
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Bon, je l’avais peut-être un peu cherché avec le coup du « Caliméro », et c’était peut-être aussi un peu gratuit, du moins pour cette nouvelle version de Bobby, parce que clairement pour celui que j’avais connu il y a un peu plus de vingt ans, c’était bien mérité.
- Vous savez, brandir le titre de connard comme un étendard, c’est pas très vendeur. Je vois pas pourquoi vous faites ça.
Malgré tout, je me voyais quelque peu contrainte, par ma propre conscience sans doute un peu trop gentille, à accepter ses excuses. Je le regardai trinquer en entrechoquant sa tasse de chocolat avec la mienne et cela me fit sourire.
Non, ne souris pas !
Pour compenser, je m’étais empressée de lui poser des questions quant à sa vision du terme « repartir à zéro ». Aussi, moi je me rappelais de notre première rencontre contrairement à lui, ce qui expliquait mon appréhension. Mais avant de parler, il voulut manger alors à mon tour, je pris ma fourchette et dégustai ma part de carrot cake qui, il fallait le reconnaître, valait son pesant d’or. Je restai donc silencieuse, puisque j’étais bien élevée et que je ne parlais pas la bouche pleine, quand soudain, il brandit une serviette vers ma bouche.
- Ah euh… merci, répondis-je en essuyant la trace sucrée. Et c’est du glaçage, pas de la chantilly. Ma parole vous n’y connaissez vraiment rien en gâteau ou je rêve ? Votre truc c’est plutôt les donuts, comme tous les flics ? demandai-je avec un léger sourire en coin.
Et enfin, il accepta de développer sur sa vision des choses et de ce « nouveau départ » qu’il voulait prendre. Je me sentais m’enliser malgré moi. Les réminiscences de cette soirée maudite vécue vingt ans auparavant me montrèrent néanmoins une réelle différence, et je me sentis soudain extrêmement méchante de ne pas lui laisser une chance. Il voulait me connaître et malgré tout ça m’angoissait, et je voulus lui demander pourquoi, mais il me devança. Je manquai d’en lâcher ma fourchette quand il déclara que je ne le laissais pas indifférent.
Eh merde…
- Je… quoi ? Ah… euh… je ne sais pas quoi répondre à ça, vous m’avez… prise de court.
Je pris une gorgée de chocolat chaud comme pour me redonner un peu de contenance avant de reprendre.
- Vous savez, je suis loin d’être un cadeau, vous pouvez demander à ma fille !
Zut, c’était sorti tout seul !
- Non ! Ne lui demandez pas ! Enfin je veux dire… C’est pas la peine, hein, vous me croyez sur parole.
Bordel je m’enlisais encore plus.
- C’est vraiment chouette ici.
La tentative la plus merdique du monde pour changer de sujet. Reprends une bouchée de gâteau, Roni...
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Elle me souriait, même si je savais qu’elle luttait en amont contre elle-même pour ne pas laisser voir ce magnifique spectacle. « - Il va neiger en enfer. » commençais-je sur le ton de la boutade. « - Vous m’avez rarement souri depuis qu’on se croise. Rien que pour ça, je vous promets de ne plus brandir l’étendard peu enviable du connard. » Et me voilà a trinqué à nouveau avec mon chocolat chaud, bien décidé pour une fois, me tenir à une résolution. Elle se mit alors à me demander ce qu’était ma vision du « repartir à zéro. » Je n’y avais pas vraiment réfléchi, tout n’était qu’improvisation, mais j’y croyais, j’avais vraiment envie de faire disparaître le mauvais pour repartir sur de bonnes bases.
Tu te donnes trop de mal.
C’est vrai que j’avais semblerait-il sorti les rames. Mais ça ne me dérangeait pas, moi qui étais du genre à aimer les défis. Et puis, pour une raison que j’ignore, ça me faisait du bien d’imaginer que cette perspective de bonne entente, m’amènerait à la revoir. Mais pour l’heure, je préférais me focaliser sur l’ici et maintenant et sur le carrot cake qu’elle dégustait avec sérieux, tellement qu’elle n’avait pas remarqué sur la commissure de sa lèvre, ce que je pensais être de la chantilly et qui n’était finalement que du glaçage.
« - Ah ! mille excuses Milady, je me suis fourvoyé. Perso, je suis plus doué pour coffrer les méchants que pour monter les blancs en neige. Mais, sachez que je réussis une fois sur deux les pancakes. Et que j’ai une sainte horreur des donuts. » Je lui souris en retour, ravi de voir que peu à peu, nous parvenions à communiquer sans hostilités. Et j’étais tellement à l’aise que bien malgré moi, je fus sincère, trop sincère malheureusement.
« - Je … je crois que… » commençais-je balbutiant. « - Wow, j’arrive à me surprise moi-même. » Je me passai une main sur le visage tout en me mordillant la lèvre inférieure. « - Je ne suis pas non plus un cadeau et j’imagine que vous avez une ado. Si c’est le cas, je ne me risquerai pas à aller lui demander si oui ou non sa mère est un cadeau. » Elle semblait tellement mal à l’aise, que je m’en voulais d’avoir peut-être été si con.
« - Hey Roni, ne soyez pas mal à l’aise. Il n’y a pas de soucis ou de bile. Je ne sais plus ce qu’on dit maintenant. Vous savez quoi ? On trouvait un sujet de conversation sur lequel on pourrait être à l’aise. Genre on repart aussi à zéro. Ça vous va ? Vous n'êtes pas obligé de dire oui, mais si vous dites non, je me sentirais peut-être un peu plus con. »
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Il avait remarqué mon sourire et n’avait pas pu s’empêcher de le dire à haute voix. Et moi, j’essayais de me convaincre que la moindre de ses paroles m’énervait, mais à la vérité, je commençais à le trouver char… non, il en faisait trop, voilà. A la vérité, je ne savais plus trop quoi penser de lui. Les faits passés étaient là, il était impossible de les nier puisque j’avais élevé Lyna toute seule. Je ne voulais pas qu’elle ait un géniteur qui aurait pris le parti de l’abandonner, ou pire, un père alcoolique. Ma fille était innocente et méritait ce qu’il y avait de mieux, et je faisais mon maximum pour essayer de le lui apporter. Mais alors pourquoi soudain Bobby avait-il fait sa réapparition après tout ce temps ? Pourquoi était-il sans arrêt sur ma route, et pourquoi s’efforçait-il de se montrer sympathique ? Il parvenait donc à me faire sourire, et même rire un peu en déclarant, outre ne pas être doué en pâtisserie, détester les donuts. J’écarquillai les yeux avec un petit rire.
- Non ?! Un flic qui déteste les donuts, ça c’est original ! Vous ramenez quoi à vos collègues le matin alors ? Ou quand vous allez en planque ? C’est bien comme ça qu’on dit ?
Pourquoi je m’y intéressais soudainement ? Ah que je me sentais idiote, j’avais envie de me gifler pour me remettre les idées en place. Et parce que j’étais vraiment trop stupide à baisser ma garde aussi facilement, j’avais évoqué Lynaya.
- Une jeune adulte, plutôt. Elle a 20 ans.
Stop ! Pas de détails ! Ça m’avait carrément déstabilisée d’évoquer ainsi ma fille alors que je ne voulais surtout pas qu’il s’en approche. Et voilà qu’il proposait qu’on se détende avec un sujet de conversation plus neutre, pour repartir à zéro. Il était si mignon à vouloir que je me sente bien… Je me sentis soudain un peu comme une guimauve, et je n’aimais pas du tout ça. Je repris une gorgée de chocolat chaud avant de m’accouder à la table.
- OK, faisons ça. Je m’en voudrais que vous vous sentiez un peu plus con. Alors euh… ça monte à combien une voiture de flic ? C’est vrai que vous avez des moteurs de compét’ ?
Parfois, j’étais un peu trop curieuse pour mon propre bien. J’attendis la réponse en reprenant une bouchée de carrot cake et prenant garde, cette fois, à ne pas m’en mettre sur le visage.
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Je faisais des efforts, beaucoup avec elle, si ce n’est trop. Jamais encore, je n’avais eu autant d’égard pour quiconque et encore moins pour une femme. Car je suis de ceux qui prennent et qui jettent sans se soucier le moins du monde de la peine engendrée par un tel comportement. Je suis de ceux qui refusent de s’attacher et qui dépendent des trésors d’énergie pour que cela soit réciproque des deux côtés. J’avais même fini par me convaincre que de toute façon, je n’avais rien de bon à offrir à quiconque – mais à une femme de préférence – et qu’être seul semblait être la meilleure des alternatives pour moi. Pourtant, « elle » était là, face à moi, à sourire de temps à autre, toujours pourvue d’une légère hostilité, comme si de toute façon, j’étais voué à la décevoir. Nous nous connaissions, du moins elle m’avait croisé à une époque où il aurait été préférable de passer son chemin. J’avais beau trifouiller ma mémoire rien n’y faisait, j’étais incapable de me rappeler où, quand, comment ? Et cela m’emmerdait plus que tout.
Le simple fait de la voir sourire à une de mes paroles, me semblait être la plus belle des victoires. J’appréciais et j’apprécie encore son attitude, cette façon qu’elle a de se mordre la lèvre inférieure, ce regard un tantinet pétillant et parfois passionné, son parfum discret et fruité qui je ne sais pas pourquoi, me rappelait l’été. Et merde… Je crois que… Non, ce n’est pas possible, pas moi…
« - Eh ouais ma petite dame, je suis un flic qui déteste les donuts. J’ai même un badge avec lequel je peux craner quand je vais aux… » Soudainement, je fus incapable de finir ma phrase, accablé par la honte de devoir admettre que je me rendais à des réunions d’alcooliques anonymes. « - Enfin bref, je peux craner et aussi faire des économies puisque d’ordinaire, c’est plutôt rare que je ramène des trucs à mes collègues le matin à part du café. Et encore ça dépend de mon humeur. Pour ce qui est de la planque qui est, bravo, le terme adéquat, en général je vais au plus simple et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus diet. Mais je vais quelquefois à la salle de sport bien sûr. » J’étais incapable de détourner mon regard du sien. Elle se mit alors à parler de sa fille et je compris bien malgré moi que ce sujet la gênait. Pas de problème, sortons la carte du sujet neutre. Du moment qu’elle était à l’aise, c’est tout ce qui comptait à mes yeux. Et me voilà donc à m’accouder à mon tour, ne me rendant pas compte que je m’étais rapproché d’elle, qui s’était également accoudée en me posant quelques questions pour alimenter notre nouveau sujet de conversation, neutre qui plus est.
« - Je suis touché par votre sollicitude et le fait que vous ne vouliez pas que je me sente un peu plus con. » Je me mordille le bout de la langue, toujours le sourire aux lèvres lorsque j’entendis ses interrogations que je trouvais (mignonnes) intéressantes. « - Si c’est vrai que nous avons des moteurs de compét ? Vraiment ? La ville a déjà du mal à nous filer les subventions que l'on demande, ne serait-ce que pour un nouveau distributeur. Alors des moteurs de compétition. Je crois qu’on peut gentiment s’asseoir dessus et ... » Je n’eus pas le loisir de terminer ma phrase, car déjà mon attention se focalisait ailleurs, entre autres sur un type louche qui zonait près de la caisse. Il portait des vêtements amples, regardait sans cesse par-dessus son épaule et venait de dissimuler ses mains. « - Vous savez garder votre sang froid Roni ? » J’attendis sa réponse tout en continuant à observer furtivement le type étrange. « - Le type qui est là-bas va surement essayer de voler la caisse. Je vais m’approcher et vous, vous appelez le 911 pour demander une unité de police. Ok ? Vous restez calme, ça va aller ! »
Je n’étais certainement pas un héros, mais bel et bien un flic et de ce fait, je ne pouvais me résoudre à rester les bras croisés alors qu’un hold-up allait très probablement avoir lieu sous mes yeux. Quittant la table et délaissant à regret Roni, je pris donc la direction du comptoir et c’est là que le type aux vêtements amples sortit son flingue provoquant l'effroi de tous. Intérieurement, je félicitais mon instinct de ne pas m’avoir trompé, mais loin de me reposer sur mes acquis, je devais à présent désarmer ce type pour nous éviter un drame. « - Hey ! » l’apostrophais-je en levant les mains pour lui signifier que je n’étais pas une menace, du moins pas dans l’immédiat.
« - Vu l’heure, il n’y aura pas grand-chose dans la caisse. »
« Ta gueule toi ! »
« - Il n’y a pas de soucis mon gars. Mais écoute, je pense que ce n’est vraiment pas une bonne idée. Tu as un casier, je suppose ? »
« Mais putain ferme ta gueule ! T’es flic ou quoi ? » Il pointa aussitôt le canon de son arme sur moi. Au moins, il ne menaçait personne d’autre pour le moment. Et me voilà à me contenter d’acquiescer avant de reprendre la parole sans rien montrer. « - Au mieux, tu te barres, sans rien et tu ne seras pas inquiété. Au pire, tu te fais attraper et comme je pense que tu récidiviste, tu risques de prendre cher. » Son attitude changea presque aussitôt. Il paniquait et pointait à nouveau le canon de son arme sur la personne qui se trouvait derrière la caisse.
« - Hey arrête ça tout de suite ! »
« J’veux pas retourner en taule, tu piges ? »
« - Ouais, je pige, mais si tu fais de la merde, tu vas y retourner. CQFD. Alors s’il te plaît, pose ton arme! Tu ne vas pas prendre autant de risques pour une poignée de billets merde. Tu as quel âge ? Vingt ans tout au plus. Tu veux prendre tout autant juste pour une centaine de dollars ? »
Les gens demeuraient paniqués autour de nous, mais dans l’action, je ne m’étais rendu compte de rien et surtout pas de l’agent de sécurité qui venait de faire irruption. Tout s’enchaîna vite, trop vite. Le gamin se mit à paniquer et voilà qu’un premier coup de feu retentit à l’intérieur de l’établissement. Je sentis une intense douleur enflammer mon épaule avant de comprendre que je venais de me prendre une balle. Le gamin, chassé par l’agent de sécurité, s’enfuit aussi vite qu’il put, tandis que moi je perdais l’équilibre, la main sur l’épaule déjà bien imbibée de sang.
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La conversation avec Bobby commençait à être plus légère, il fallait reconnaître que peu à peu je me détendais, et me plaisais même à plaisanter et le vanner un peu. Et par la même occasion, j’en apprenais un peu plus sur lui, me surprenant à ne pas trouver l’échange et ce que j’entendais désagréable. Je compris qu’il allait depuis un certain temps aux alcooliques anonymes. Donc il se soignait. Il ne buvait plus. J’imaginais combien il devait se détester d’avoir compris que notre rencontre avait été effacée de sa mémoire à cause d’un trop plein d’alcool. Je me contentai de sourire en hochant la tête. Il partageait rarement de la bouffe avec ses collègues, mangeait des trucs caloriques en planque et allait à la salle de sport. C’était noté. Merde, pourquoi j’enregistrais des info sur lui, moi ? Et puis comme une idiote, je me mettais à trop parler, la preuve que j’étais de plus en plus à l’aise avec lui. Néanmoins, je m’étais rapidement reprise lors que j’avais commencé à parler un peu trop de Lynaya. Heureusement, il n’avait pas fait son curieux à son sujet et nous avions pu passer à un autre sujet. Je me surpris même à poser des questions sur les voitures qu’utilisait la police de New York.
- Vraiment ? demandai-je sincèrement étonnée. Mais comment faites-vous alors pour poursuivre les bandits sans une caisse qui tienne la distance ?
J’étais déçue, ce n’était alors que dans les films qu’on voyait des super courses poursuites ? Et alors que je commençais à réellement adhérer à son attitude souriante et décontractée, quelque chose se produit. Il redevint soudainement sérieux et me demanda d’un air étrange si je savais garder mon sang froid. Je haussai un sourcil, étonnée.
- Bien sûr, pourquoi ?
La réponse ne se fit pas prier et je sentis mon coeur se serrer, bien que j’espérais que ce soit une blague que le flic me faisait. Visiblement non. Je hochai la tête à ses recommandations et sortis mon téléphone portable pour composer immédiatement le 911 alors qu’il se levait.
- Mais… murmurai-je.
Trop tard, Bobby s’éloignait en direction du jeune aux vêtements amples. De mon côté, on ne tarda pas à me répondre et je me tournai dos au malfaiteur, espérant qu’il ne m’entende pas. Je chuchotai donc l’adresse avec l’enseigne du café en disant qu’on était attaqués par une jeune homme qui voulait voler la caisse et qu’il était armé. Je m’empressai de raccrocher pour regarder Bobby qui tentait de parlementer avec lui alors qu’il avait sorti son arme. Tout le monde avait sursauté et même crié. Moi, je restai médusée face au calme olympien dont faisait preuve Bobby. J’étais presque admirative. Je demeurais silencieuse, observant l’échange entre le flic et ce jeune voyou qui braquait son arme de façon incertaine avant de finalement tirer sur Bobby au moment où un agent de sécurité entrait. Tout le monde poussa un cri, moi y compris, mais pas forcément pour la panique occasionnée, mais plutôt pour la douleur. Oui, je sentis quelque chose d’étrange, comme si la balle m’avait touchée moi aussi. Cette douleur ne dura qu’une seconde, mais elle était intense, c’était à n’y rien comprendre ! Pourtant, c’était Bobby qui s’était reçu la balle… Mon dieu, il avait reçu une balle, une vraie de vraie ! Sans réfléchir, je me précipitai à son chevet, essayant d’amortir sa chute au mieux pour ne pas qu’il se cogne la tête. Son épaule était déjà en sang, c’était assez impressionnant à voir ; Comme le tireur s’était enfui aussitôt, coursé par le type de la sécurité, tout le monde paniquait dans tous les sens.
- Appelez les secours ! Une ambulance !
Ça courait et ça ne m’écoutait pas. J’attrapai alors de ma main libre la jambe d’un gars qui dut s’arrêter.
- Appelez TOUT DE SUITE une ambulance, c’est clair ?
L’homme hocha la tête frénétiquement en sortant son téléphone, et je le lâchai pour reporter mon attention sur Bobby.
- Eh, gardez les yeux ouverts, d’accord ?
Je posai ma main qui ne tenait pas sa tête contre pour appuyer sur sa plaie pour limiter la fuite du sang, et parfois je tapotais sa joue quand il commençait à fermer les yeux.
- Dites donc, c’est animé quand on va prendre un goûter avec vous ! J’avoue que j’aurais préféré moins sanguinolent.
J’essayais de plaisanter, mais intérieurement j’étais terrorisée à l’idée qu’il ne meure. On pouvait mourir d’une balle dans l’épaule ? Ah si seulement Mary était là ! >Elle était infirmière, elle saurait, elle !
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♕ LOCALISATION : Le Chateau sombre, dans la Forêt enchantée
« Tu as encore voulu jouer les héros ? » C’était sa voix, celle de John, mais si lointaine que j’étais incapable d’entendre tout ce qu’il avait à me dire. La balle venait de se loger dans mon épaule. Je pouvais sentir la chaleur du métal qui s’enfonçait peu à peu dans ma chair. Quelques secondes s’écoulèrent avant que la douleur lancinante ne se mue en une douleur insoutenable paralysant l’ensemble de mon corps. Si bien que j’étais incapable de continuer à me tenir debout. Tout autour de moi commençait à se brouiller, aussi bien le son que l’image si bien que j’étais incapable de comprendre ce qui m’arrivait. D’autres voix, plus lointaines encore, se faisaient entendre alors que mon corps achevait de se soustraire à la gravité. J’avais beau chercher Roni du regard, je demeurais pour l’heure incapable de discerner les formes qui prenaient vie autour de moi. Il y avait du mouvement, j’en étais sûr, tout comme j’étais sûr qu’on venait d’amortir ma chute.
« - Roni… » articulais-je non sans mal. Peu à peu, l’image cessait d’être floue et les paroles un indicible brouhaha de fond. Elle était là, à mes côtés, à genoux cherchant à tout prix à se faire entendre. Le tireur s’était sûrement cassé, profitant de l’incertitude et de la panique qui régnait. « - Roni… » réitérais-je le sourire aux lèvres malgré le sang et la douleur qui paralysait encore la moitié de mon corps. « - J’vais pas mourir. » Et j’y croyais autant qu’elle flippait à en juger par son changement de tonalité en s’adressant aux gens autour de nous. Malgré tout, malgré la promiscuité, malgré mon sourire, malgré sa présence, je peinais à garder les paupières ouvertes.
« - Chantez…moi une berceuse… » Je sentis sa main derrière ma nuque et l’autre qui pressait mon épaule blessée. La voilà qui commençait ensuite à me tapoter la joue pour que je reste conscient. Elle me parlait aussi et rien que pour ça, je me battais contre une force invisible qui cherchait à m’emporter je ne sais où avec elle.
« - … On ne s’ennuie jamais… avec moi. » Je n’étais pas constant tant, je peinais à aligner deux mots. La douleur était intense assez pour que j’en sois rendu à serrer la mâchoire. « - La prochaine fois… » commençais-je « - … je vous sors …. le grand jeu. » Était-ce juste une promesse ou de quoi peupler notre conversation ? J'en sais rien et je m'en foutais. Tremblante, ma main chercha la sienne avant que mes paupières, trop lourdes, ne se ferment.
Noir.
We’re here now,and this is true.
Regina Mills de Locksley
Storybrookian
♕ LOCALISATION : 108 Mifflin Street, ou la mairie de Storybrooke
J’avais eu la trouille de ma vie, non pas à cause de l’arme à feu, ça j’en avais déjà eu sous le nez, mais parce que Bobby s’était fait tirer dessus. J’étais à présent à genoux au sol à ses côtés, essayant de le maintenir réveillé et surtout de comprimer sa plaie à l’épaule qui saignait affreusement. Il m’appelait, il répétait mon prénom et je sentais mon coeur se serrer.
- Je suis là, Bobby, tenez le coup, d’accord ?
J’avais aboyé sur un type pour qu’il appelle une ambulance.
- Les secours sont en route.
Je me déplaçai légèrement pour posé sa tête sur mes genoux afin d’avoir les deux mains de libres, une sur sa plaie et l’autre sur son visage.
- Non, vous n’allez pas mourir, ne vous inquiétez pas.
Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Il voulait que je lui chante une berceuse ?! Si la situation n’était pas aussi critique, j’aurai ri.
- Non, parce que c’est pas le moment de dormir, allez faites un effort, restez avec moi.
C’était incroyable tout le sang qu’il perdait ! J’essayais de ne pas trop me focaliser dessus.
- Ah ça c’est sûr, j’espère quand même que c’est pas comme ça à chaque fois ?
Ses réflexions me faisaient sourire. Le temps me paraissait affreusement long, c’était sûrement pire pour lui, le pauvre. La prochaine fois ? Je me surprenais à espérer qu’il y en ait une, car cela voudrait dire qu’il s’en sortirait. J’entendis du bruit, une sirène, les secours étaient là et mon sourire s’agrandit, je regardai vers la sortie et je vis des hommes en uniforme arriver avec une civière.
- Bobby, ils sont là !
Mais il venait de perdre connaissance. Rapidement, je laissai les professionnels oeuvrer, me relevant. J’étais couverte de son sang. L’un des secouristes me demanda si j’étais sa femme, et répondre « non » me parut bizarre. Je dus insister pour les accompagner, je ne voulais pas le laisser seul. Le trajet en ambulance ne fut pas du tout rassurant. Je les entendais parler en jargon médical, lui planter des aiguilles dans les bras, procéder à des pansements.
- Il va s’en sortir, pas vrai ?
Je crois que je n’entendis même pas la réponse. On me laissa patienter plusieurs heures en salle d’attente. Je tournais en rond avec mon jeans plein de son sang. Mais là tout de suite, mon attention était portée sur tout autre chose que mon apparence physique. Finalement, un médecin vint me dire que l’opération s’était bien passé, qu’ils avaient pu soigner les tissus, et qu’il allait se réveiller bientôt. Et que j’avais le droit d’aller le voir. Soudain, je me mis à hésiter. Avant de finalement le suivre. Le pauvre Bobby était là, dans cette chambre d’hôpital, inconscient. Il avait une perfusion et ses battements cardiaques étaient relatés par une machine. Je m’assis à côté de lui sur une chaise et attendis qu’il se réveille.
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Ven 15 Jan - 19:46
